Transformer un vieux PC en... CWR moderne !
08/05/2006
J’aborde aujourd’hui un sujet que je considère d’une grande importance. J’espère que beaucoup d’entre vous partageront cet avis et m’aideront à diffuser largement ce document auprès de toutes les personnes, informaticiens ou dirigeants, qui peuvent influer sur les décisions relatives aux postes de travail. D’avance, merci.
Un vieux PC, c’est quoi, en, 2007 ?
Réponse : un ordinateur incapable de faire fonctionner Vista/Office 2007, ne disposant pas de 1Go de mémoire centrale et d’une carte graphique vous permettant de profiter des “transparences” de Vista.
Même si le Gartner Group annonce de nouveaux retards (voir aussi mon blog “hasta la vista”), les grandes entreprises pourraient envisager une migration vers Vista, fin 2007.
Confirmant cette situation, Silicon.com publie aujourd'hui, en Anglais, un texte qui reprend les conseils du Yankee Group, recommandant aux entreprises de ne pas migrer vers Vista avant... 2008.
Amis DSI, tous les vendeurs de PC viendront alors frapper à votre porte pour vous faire des démos superbes et essayer de vous convaincre que vos collaborateurs en ont besoin.
"Petit" problème : plus de 50 % des PC existants dans les grandes entreprises ne seront pas capables de supporter cette transplantation d’OS !
Un Client Web Riche (CWR), c’est quoi, en 2007 ?
Réponse : un objet d’accès Internet/intranet, capable de faire fonctionner un navigateur moderne et tous les plug-ins nécessaires.
Un CWR peut utiliser intelligemment des composants d’infrastructures de puissance “raisonnables”, processeur, mémoire, disques, cartes réseaux... pour garantir un confort d’usage optimal de tous les Services Web 2.0. Comme pour les PC traditionnels, il existe deux grandes variétés de CWR, les fixes et les mobiles.
Un CWR est, par contre, allergique à toute application héritage client/serveur Windows et ne supporte pas leur contact !
Vieux PC ---> CWR : Mode d’emploi
Je vous propose une succulente recette simple, rapide, pour réussir cette transformation :
- Récupérer un vieux PC, que vous étiez sur le point d’éliminer. Ceci est valable pour les deux
espèces, de bureaux et portables.
- Videz ses entrailles de tous les logiciels propriétaires ; rincez abondamment, pour éviter des problèmes potentiels de licences !
- Vérifiez que toutes les parties nobles, carte mère, disques, mémoire, sont encore vivantes et ne sont pas atteintes d’une maladie incurable.
- Farcir la mémoire des composants de base suivants :
* Un Linux, Open Source : Debian, Fedora, Unbuntu...
* Firefox, navigateur, Open Source
* Thunderbird, gestionnaire de courriels, Open Source.
* Les condiments indispensables, plug-ins tels qu’Acrobat reader, Flash et une JVM.
- Rajouter, éventuellement, quelques autres épices Open Source pour adapter le CWR à votre goût, à vos attentes. (Attention à ne pas dénaturer une bonne recette en rajoutant trop de saveurs différentes !)
- Décorez de couleurs sympathiques (éviter le gris !) avec quelques compléments tels que le logo de votre entreprise.
- Collez une étiquette “Web 2.0 ready”. (Merci aux lecteurs ayant des dons de graphiste de me proposer leurs projets pour ce logo)
- Rajouter une date de péremption (T+3 ans) pour que le consommateur sache qu’il ne s’agit pas d’un produit périmé.
- J’allais oublier ; il sera souvent nécessaire d’ajouter une dose d”OpenOffice, Open Source, pour que le sevrage des “Office dépendants” ne soit pas trop brutal !
Vous avez maintenant réussi la recette et disposez d’un parc de CWR, flambant neuf, prêt à rendre de bons et loyaux services Web 2.0 pendant plusieurs années.
Quel est le pourcentage prévisible de succès de cette recette ? Selon la qualité du parc de vieux PC, j’estime que l’on peut récupérer de 70 à 80 % de CWR opérationnels.
Les PC vraiment réformés seront détruits selon les règles de l’art, en suivant la réglementation française relative au recyclage des déchets électroniques.
Une recette proche a été mise au point par Renault avec la Logan. Partant de composants industriels
existants, chaînes de montage, moteurs, chassis, boîtes de vitesse, que les consommateurs “haut de gamme” ne jugeaient, plus dignes d’eux, Renault construit une voiture de qualité, allant à l’essentiel, avec trois ans de garantie (Un de plus que les modèles les plus récents !).
Bravo, les consommateurs raisonnables : c’est la seule voiture de la gamme Renault avec liste d’attente.
Un CWR, pour qui ?
La plus grossière erreur de marketing que pourrait commettre un DSI serait de présenter les CWR à ses clients comme des produits de seconde zone.
C’est, hélas, ce qui se passe trop souvent, actuellement. Des grandes entreprises font souvent “don” de leurs vieux PC à des associations, pleines de bonne volonté, qui font travailler des jeunes en difficulté pour les restaurer.
Le paradoxe est que la demande est trop faible. Ces vieux PC retapés, qui ont une image de produits recyclés, “cheap’, dont on se débarrasse, trouvent difficilement preneur.
L’une des associations les plus performantes dans ce domaine est Internethon, une émanation de l’AFNET.
Il faut, au contraire, expliquer aux clients que les CWR sont des solutions d’avenir, modernes, préparées pour Web 2.0. Demain, un utilisateur de CWR moderne regardera avec condescendance les personnes utilisant des PC obèses en disant :
“ Tu utilises encore ces machins surdimensionnés ? Je te plains ! regardes les performances de mon CWR !”
Les CWR répondent bien aux attentes des clients “normaux" qui ne sont pas :
- Boulimiques d’informatique et qui ne peuvent absorber que des PC obèses, en étant attirés par la dernière recette, même s’ils savent que c’est mauvais pour leur santé.
- Anorexiques, en pensant qu’un client léger est déjà trop lourd à digérer.
Les CWR modernes seront utilisés par deux grandes familles de clients
- Les entreprises d’où provenaient les PC anciens. Plus de 50 % de ces CWR devraient retourner dans l’entreprise ; ils seront en priorité affectés aux personnes qui font un usage raisonnable des outils informatiques. Ils pourront aussi servir de premier équipement pour les “SBF”, sans bureaux fixes, ouvriers, commerciaux, technicens d’entretien...
- Les associations et autres organismes a qui seront proposés, à des prix très bas, des CWR, outils de travail modernes dont la durée de vie utile devrait dépasser trois années.
Une démarche gagnante pour les entreprises
Utiliser de vieux PC pour les transformer en CWR modernes est une démarche que tous les DSI devraient étudier sérieusement.
Elle présente de nombreux avantages :
- Economiques : Ces CWR peuvent être utilisés au minimum 3 ans. Le paradoxe est que, plus le temps avance, plus les services Web 2.0 se généralisent, donc plus les CWR deviennent la solution idéale !
En 2006, environ 5 millions de personnes utilisent encore un Minitel ; 25 ans de bons et loyaux services, peu de PC peuvent en dire autant !
- TCO : Il n’y a pratiquement pas d’applications résidentes sur un CWR. Ceci réduit fortement les coûts de maintenance, d’assistance, de Help Desk, composants les plus onéreux du TCO d’un poste de travail.
- Gestion opérationnelle plus efficace et plus rapide, car centralisée.
Une démarche gagnante pour l’économie nationale
- Réduction des coûts informatiques des entreprises et organisations publiques? :par les temps qui courent, personne ne peut être contre !
- Sensible réduction des importations de PC neufs, qui sont pour l’essentiel, importés. Il c’est vendu environ 7 millions de PC en France en 2005, le marché professionnel représentant de l’ordre de 50 % du total, soit 3,5 millions d’unités.
Si, en période de croisière, 30 % de ces ventes sont remplacées par la réutilisation de CWR modernes, ceci représente 1 million de PC. Sur la base d’un prix de vente moyen de 700 euros (fixes et mobiles), il y a un potentiel de réduction des importations de 700 millions d’euros.
- Diminution des coûts de recyclage des PC anciens.
- Mise à disposition des associations et autres organismes à budgets très réduits de CWR modernes à faible coût. Dans ce cas aussi, le marketing est important : il est plus facile pour une association de recevoir un CWR si elle sait que les mêmes objets d'accès sont réutilisés dans les entreprises.
- Une démarche gagnante pour l’économie durable
- Réduction forte du volume des déchets électroniques. Plutôt que de dépenser beaucoup d’argent pour se débarrasser des PC anciens, on réduit d’autant le volume des déchets électroniques. Personne ne s’en plaindra !
- Dimension sociale : cette activité donnera à des jeunes l’opportunité d’acquérir des compétences de base dans un domaine d’avenir.
Pour conclure, provisoirement.
Transformer un vieux PC en CWR moderne n’est pas la seule solution.
On peut aussi construire des CWR en partant de PC neufs. Intel travaille en ce moment dans ce sens sur le projet “eduwise”, pour être capable de proposer un PC portable neuf pour environ 400 euros.
Les obstacles à cette démarche seront nombreux, difficiles à surmonter : ce seront les fournisseurs de PC neufs, de logiciels obèses, les formateurs qui attendaient avec délectation les utilisateurs qui auraient du se former aux nouveaux outils...
Très optimiste de nature, j’ose espérer que cette démarche vieux PC vers CWR moderne deviendra, rapidement, la norme.