GeoPortail vs Google Earth, deux visions ... des Systèmes d’Information
Paris, Capitale du Libre

Géoportail, suite - J+ 5

Jamais mon blog n’avait connu un tel niveau d’usage ; j’ai eu plusieurs milliers de visites sur mon texte qui parlait de Geoportail et Google Earth. Probablement les déçus de Geoportail qui sont venus sur mon blog : merci à Typepad d’avoir tenu le choc, lui !

J’ai attendu cinq, longues, journées, avant de réagir aux très nombreux messages reçus, par mail ou par blog.
Plutôt que de rajouter un nouveau commentaire, je pense plus raisonnable de publier un nouveau texte.

Que dire ?

Mes pronostics les plus sombres se sont, hélas, réalisés ; j’aurais été très heureux de pouvoir faire mon “mea culpa” et d’annoncer que mes réactions et craintes, à chaud, ne s’étaient pas réalisées.

Malgré des dizaines et des dizaines d’essais, à différentes heures de la journée et de la nuit, je n’ai toujours pas été capable de visualiser une seule image de Geoportail ; toutes les personnes qui ont laissé des commentaires sur ce blog sont dans la même situation.
Pagesjaunesfr_1 Seuls quelques informaticiens hyperpros, qui ne sont pas, à ma connaissance, les clients cibles de Geoportail, ont réussi à apercevoir quelques images !
Pagesjaunes.fr semble donc, pour le moment, la meilleure solution pour accéder aux images de l’IGN. France Télécom, qui envisage de vendre Pages jaunes, doit être ravi de cette publicité gratuite que lui fait l’IGN !

Les réactions... ahurissantes, de l’IGN !

Des excuses, des regrets, des propositions de solutions ? J’attends toujours !
L’innovation prend des formes surprenantes ; même si je ne les ai pas connus, il semble que la solution retenue par l’IGN ressemble aux coupons de rationnement alimentaire pendant la guerre de 40 , vous aurez droit à 30 minutes de Geoportail par semaine, aux heures imposées.
Oser proposer, dans un monde où il y a 1 000 millions d’internautes, des heures de visites, comme cela se passe dans les musées, j’avoue que cette idée saugrenue ne me serait jamais venue.

Les budgets

Les seuls chiffres dont je peux parler sont ceux qui ont été communiqués dans la presse, car je ne connais pas les détails de l’opération. Le chiffre qui circule le plus souvent est d’une dépense de 6 à 8 millions d’euros pour le seul développement du “service Web” Geoportail.  Les bases d’images utilisées existaient déjà.
Un responsable de l’IGN, cité par 01.net aurait dit : « On ne pouvait pas surdimensionner les machines, c'est quand même de l'argent public »
Je ne suis même pas sûr qu’il se soit rendu compte de l’énormité de sa déclaration : dépenser l’argent du contribuable pour développer une belle application, c’est bien.  En dépenser sur l’intendance, des serveurs d’infrastructures pour que ce Service Web soit accessible, ce n’est pas noble, ce n’est pas important.Nouveaux_centres_google_1

Ce que je disais sur le profond mépris pour les infrastructures se confirme, hélas.
Sur cette photo, on aperçoit le chantier de construction des nouveaux centres de traitement que prépare Google ; chaque rectangle blanc, et il y en aura trois, est de la taille d’un stade de football américain.
De quoi héberger quelques serveurs !

L’innovation ?

Tous les commentaires confirment que les images préexistaient et que Geoportail n’a pas eu à créer une base d’images nouvelles. C’est d’ailleurs comme cela que fonctionne Google Earth, en achetant des images existantes dans les différents pays.
Cette ré-utilisation d’un capital image me paraît une bonne idée encore que... d’après les commentaires très bien renseignés (merci NicolaG), l’âge de certaines images et leur non-cohérence en termes de formats et d’échelle puissent poser un jour problème (le jour, s’il arrive, où l’on pourra consulter les images sur Geoportail.)
Je n’ai rien lu de nos politiques qui relativisent l’innovation de Geoportail dans ce domaine. J’étais, comme beaucoup, persuadé qu’il s’agissait d’un grand effort national de création et mise à disposition d’images nouvelles.

La qualité des images

Les rares personnes qui ont eu accès aux images, avant l’ouverture au public et la fermeture opérationnelle du site, ont un sentiment “mitigé” sur la supposée supériorité technique de Geoportail par rapport à Google Earth.
Ille_sur_tet_pages_jaunes_ign J’ai recherché sur pagesJaunes les images IGN de mon petit village natal des Pyrénées, Ille / Têt.  Elles sont meilleures que celles de Google Earth, mais pas d’une qualité époustouflante.Ille_sur_tet_google_earth







Encore plus grave que ce que je craignais

Résumons :
- La base d’images utilisée était déjà disponible, et ne brille pas par sa fraîcheur et sa vitesse de mise à jour.
- Les seuls investissements (de 6 à 8 millions d’euros) ont été faits sur la nouvelle couche applicative Geoportail.
- Rien de sérieux n’a été fait, n’y n’est prévu, en termes d’infrastructures serveurs et réseaux, que ce soit en interne IGN ou en externalisation.
- Une inaccessibilité structurelle qui devrait durer tant que les Français auront la drôle d’idée de vouloir consulter Geoportail aux heures qui les intéressent et aussi souvent que cela leur fait plaisir. 
Où va-t-on, mon bon Monsieur, si on autorise l’utilisation d’Internet sans contraintes ?

J’aurai, heureusement, des sujets plus “positifs” à traiter dans les jours qui viennent.

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