Louis Naugès

Un jour faste : des nouvelles surprenantes !

Il y a des jours, fastes, pendant lesquels les nouvelles du monde informatique sont très nombreuses et surprenantes, et c’est le cas ... aujourd’hui.
En parcourant ce matin les Blogs, RSS et news, j’ai relevé un nombre inhabituel d’informations majeures ; ceci m’a amené à publier sans attendre ce blog.

Nouvelle version de Vista

Pour favoriser la sortie de la prochaine version de Windows, dont le nom de code actuel est OVNI (Open Vista New Instance), et pour éviter un nouveau délai de cinq années, Microsoft a annoncé que le code source de Windows Vista sera mis en licence Open Source GPL3 avant la fin de l’année 2007.

Microsoft compte ainsi s’appuyer sur la communauté Open Source pour permettre une recherche plus rapide des bogues.
Les premiers éléments de code OVNI devraient être disponibles dès demain sur le site SourceForge.

Le haut débit gratuit pour tous, en France

A trois semaines des élections présidentielles, lors d’un grand débat public, les principaux candidats en lice ont tous pris l’engagement de garantir une couverture complète, et gratuite, du territoire français en Wi-Fi ou WiMax avant la fin 2008.

Ils ont choisi de fédérer ces efforts sous le nom de GHOST :
Groupe Hautdébit Ouvert, Simple, pour Tous.

FON, la communauté des internautes qui mettent gratuitement à disposition leur réseau sans fil, a signé immédiatement un accord avec GHOST.
C’est Jean-Michel Billaut qui va être content !

Ce pacte Wi-FI gratuit s’ajoute au pacte écologique signé sous la houlette de Nicolas Hulot.

Le Cigref, la plus grande communauté de partage du monde ?

Le Cigref, Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises, qui réunit plus de 120 entreprises, vient de décider, en suivant les recommandations de son président Didier Lambert, de se transformer en une communauté qui mettra en commun tous les développements réalisés par leurs équipes internes et leurs sous-traitants. 
Cette démarche s’appuie sur les succès des communautés du logiciel Open Source.

Ceci évitera que des sociétés de services ne facturent 100 fois un même travail, tel que la création d’un pont entre la comptabilité SAP et une paye Oracle-PeopleSoft.
Il suffira de payer une cotisation annuelle de 1240 euros (HT) pour avoir accès à tout ce capital logiciel de composants.  Les entreprises non adhérentes au Cigref auront, bien sûr, accès à ce capital logiciel.
Wikis et blogs seront mis en place dans les jours qui viennent, par thèmes, pour faciliter les échanges entre les entreprises intéressées.

Accord entre la fondation Mozilla et les cinq grands fabricants de PC

Dell, HP, Acer, Toshiba et Lenovo viennent de signer, avec la fondation Mozilla, un accord qu’lis ont tous qualifié d’historique.
Ces cinq fabricants, qui représentent environ 50 % des PC vendus dans le monde, vont mettre à leur catalogue, à la rentrée de septembre 2007, des nouveaux modèles LCHQ (Low Cost, High Quality).

Ils ont choisi d’appeler cette association “Six Together”, en pensant probablement à la société que dirigeait, il y a peu, Loic Le Meur, Six Apart.
Tristan Nitot en sera, comme c’est logique, le président exécutif.

Chacun s’engage à promouvoir quatre machines LCHQ, toutes annoncées sur la première page de leur site Web.

Ces machines, deux desktops et deux portables, auront les caractéristiques de base suivantes :
- Navigateur Firefox 3. Lors de la grande fête d’annonce de Firefox 3, sur la place de la Concorde, avec un feu d’artifice qui sera financé par une souscription nationale, les cinq fabricants organiseront un grand tirage au sort avec 10 000 PC LCHQ à gagner.
- Une version de Linux : chaque fabricant sera libre de choisir la distribution qu’il préfère.
- Une carte réseau Ethernet 1000/100/10 et une carte Wi-Fi/n.
Les prix de vente seront compris entre 250 et 500 euros (TTC).

Création d’AMYB

Des rumeurs ont filtré hier à la bourse de New York sur un possible rapprochement entre Amazon, Yahoo et IBM. 
Le cours de ces trois actions a été momentanément suspendu en attendant une confirmation.  Si, comme le pensent les analystes financiers, ce bruit est fondé, on verrait naître ainsi une coalition capable de freiner la croissance de Google, dont le cours avait atteint hier le niveau record de 980 euros, ce qui correspond à une capitalisation boursière supérieure à 300 milliards de dollars.
Le symbole de cette entreprise au NYSE sera : AMYB

Les DRM hors la loi ?

Enfin, et c’est sûrement l’information la plus surprenante de la journée, L’ONU, la CEE, la Chine et l’Inde ont signé une convention qui a pour objectif de mettre hors la loi toutes les protections DRM, dans un horizon de 12 mois.
Sous la pression de George Bush, les États-Unis n’ont pas accepté de signer ce document. Par contre, les principaux candidats démocrates, Hillary Clinton et Barack Obama, l’ont mis à leur programme d’actions prioritaires en 2008.

J’aimerais qu’il y ait beaucoup de jours comme celui-ci, porteurs de bonnes nouvelles.
Ce jour faste est, vous l’aviez remarqué, le 1er avril 2007 !

Web 2.0 : la “N” génération (Nous génération)

Encore un conflit de générations en vue ?
- Oui, si rien ne change dans les entreprises.
- Non, si les entreprises sont suffisamment intelligentes pour tirer parti des compétences des nouveaux arrivants.

Nos amis américains raffolent des classements générationnels ; tous les dix ans, ils inventent un nouveau sigle pour la génération qui arrive ; la “We” génération débarque !
Je propose d’utiliser, dans la langue de Molière, la “Nous” génération, ou pour faire plus court, la N génération !
Au-delà des modes, des codes et des symboles, il y a une réelle évolution des comportements qu’il est important de comprendre et d’anticiper.

La N génération : spécificités ?

Les “digitaux natifs” ont tourné la page de la génération “moi”.  L’essentiel des outils et services qu’ils utilisent est tourné autour de communautés, nombreuses, diversifiées, mondiales.
Je pourrais aussi utiliser l’expression : génération WWW.
- We : Nous existons en communauté
- Wii : Nous jouons, ensemble
- WoW (World of Warcraft) : Nous jouons, ensemble, online

J’ai choisi de mettre en avant, en quelques lignes, quatre spécificités de la N génération.

- Communication
La N génération communique en permanence, en instantané, en multitâches.
En pratique, cela signifie que le chat se substitue à la messagerie. J’ai ouvert un compte Gmail à mes trois garcons, âgés de 12 à 16 ans : réponse du plus âgé :” si cela te fait plaisir, mais je ne m’en servirai très peu” et c’est vrai !

- Garder le contrôle de leurs activités
La N génération accepte de moins en moins de se faire imposer des solutions centralisées, unitaires.  TiVo pour s’affranchir des grilles télévisuelles standards, Pandora pour écouter leur musique favorite, quand ils ont en envie et la faire partager à leurs communautés sont deux exemples des réponses à leurs attentes.

- Créer et partager
YouTube, Myspace, Flickr, les blogs : des dizaines de millions d’acteurs de la N génération ont appris à créer des images, des vidéos, des textes et à les partager.  Ils utilisent Wikipedia, et y contribuent.
Une étude de Médiamétrie, en février 2007, a montré que plus de 75 % des blogs sont créés par des personnes de moins de 25 ans, la N génération.

- Mobilité
La N génération est mobile, le sera de plus en plus et n’envisage même pas de ne pas accéder à leurs usages en tous lieux, à toute heure.
Les usages “non-voix ” des téléphones portables sont dominants : chat, SMS, photos, jeux...

En résumé, la N génération est une génération... formidable !
Ils collaborent, partagent, maîtrisent les outils numériques, n’ont pas besoin d’assistance, découvrent eux-mêmes les nouveaux outils, les nouveaux usages....

Les entreprises, les mondes éducatifs et politiques ont tout intérêt à bien accueillir la N génération ; sont-ils prêts ?

Monde éducatif : bien accueillr la N génération

Inutile de vous le cacher ; je suis très, mais très pessimiste sur ce point !
Le milieu éducatif devrait être le premier à accompagner ce mouvement de fond, à aider la N génération. Ce n’est, hélas, pas le cas.
Deux raisons principales :
- Le manque cruel de moyens, que l’on pourrait encore régler avec quelques investissements.
- Le choc culturel, beaucoup plus long et difficile à régler.

La N génération s’ennuie mortellement quand on lui présente la géographie sur une carte murale des années 50 alors qu’ils viennent de survoler leur région avec Google Earth.
La N génération ne comprend pas que leurs professeurs les condamnent au mono-tache quand ils sont en permanence multi-activités dans leur vie quotidienne.

Les rencontres d’Autrans 2007 ont cruellement illustré le décalage français.
Quelques dizaines de jeunes canadiens francophones, de 12 à 16 ans, avaient été invités à y participer.
J’ai été, comme beaucoup des enseignants qui étaient présents à Autrans, frappé par deux choses :
- Leur maîtrise naturelle de la technologie ; l’immense majorité était équipée de leur Powerbook et utilisait en permanence le réseau Wi-Fi, gratuit évidemment.  Un concours d’utilisation de la console de jeu Wii, ouvert à tous, a été gagné par un ... jeune canadien !
- Beaucoup plus que leur maîtrise de la technologie, c’est leur capacité à travailler en groupe, à s’exprimer en public, à émettre des opinions claires qui a marqué l’assistance. Ils sont encouragés par leurs professeurs, depuis leur plus jeune age, à travailler en groupe, à partager, à présenter.
Le contraste avec l’exposé d’un professeur d’université de médecine, essayant d’innover pour ses étudiants de première année, dans le contexte d’une totale rigidité nationale, était saisissant, et cruel.

Entreprises : bien accueillir la N génération

La N génération : ce sont vos futurs salariés, vos futurs clients ; sachez les accueillir. Comment ?
Je vous propose deux axes d’action prioritaires :
- Mettre à disposition les Services Web 2.0 qu’ils considèrent comme indispensables et “naturels”.
Vous les connaissez : Wikis, blogs, chat, webmail, webagenda ...
Chaque fois que vous lancerez un projet pilote dans ces domaines, n’oubliez surtout pas d’y faire participer des collaborateurs issus de la N génération !

- Les mettre à contribution en leur demandant d’être les formateurs des salariés existants, qui ne sont pas nés avec ces outils.
Ceci a un double avantage.
En responsabilisant la N génération, en lui montrant que leurs compétences ont de la valeur dans l’entreprise qui les accueille, vous facilitez leur intégration :Vous augmentez aussi la probabilité de les voir participer, plus et plus vite, à tous les groupes de travail auxquels ils appartiennent.
En vous appuyant sur les compétences internes, vous réduisez les coûts de formation et d’accompagnement des “digitals immigrants”.  Il faudra quand même régler quelques problèmes culturels : vos cadres dirigeants, de 40 années ou plus, accepteront-ils facilement qu’un jeune salarié de 25 ans découvre leur “incompétence technologique” ?

La N génération : et “nos” politiques ?

Quand j’écoute certains candidats à l’élection présidentielle, je constate qu’ils sont vraiment encore de la génération précédente !

Le “Je” omniprésent de Ségolène Royal, pensant naïvement qu’elle peut convaincre seule les Français de la N génération qu’elle peut répondre à leurs attentes est pitoyable.
L’entendre clamer à la télévision “je” n’ai pas besoin de “notre” parti socialiste, “je” n’ai pas besoin du soutien de “nos” responsables est, à mon avis, une preuve d’immaturité politique et d’enfantillage grave, surtout si elle souhaite rallier à sa candidature la N génération, qui croit beaucoup aux vertus du collectif.

La “bronca” généralisée qu’a déclenchée Nicolas Sarkozy en décembre 2006 sur la blogosphère lors de la conférence Web3 en faisant un exposé “Je, je et je” et en refusant toute question en est une autre illustration. 
Je ne comprends toujours pas comment Loïc Le Meur, qui connaît bien son public, très N génération, a pu laisser Sarkozy faire une erreur aussi enfantine !

A l’inverse, à cette même conférence Web3, François Bayrou, qui était encore très loin dans les sondages, a fait l’effort de parler et répondre partiellement en anglais  Il a, surtout, accepté de dialoguer avec les centaines de blogueurs présents dans la salle.  Serait-il plus en phase avec la N génération ? Est-ce l’un des secrets de sa popularité croissante auprès des jeunes ?

Enseignants, dirigeants et responsables politiques doivent, rapidement, apprendre à vivre avec la N génération.
Ils ont tout à y gagner !
Sont-ils prêts ?

Microsoft : Steve Ballmer 1, Ray Ozzie 0

Il y a quelques mois, j’avais exprimé l’espoir que m’inspirait l’arrivée de Ray Ozzie aux postes de commande de Microsoft ; il prenait la place de Bill Gates comme CSA - Chief Software Architect.

Ray Ozzie est un innovateur brillant, à l’origine de produits tels que Lotus Notes ou Groove Networks.  Il a une forte culture Web, collaborative, ouverte, multiplateformes.
Il représente le futur de Microsoft, Steve Ballmer étant l’homme des solutions “legacy”, autour des PC, de WIndows et Office.

La mauvaise pente ?

Le Technology Investment Symposium, est un séminaire de haut niveau, organisé par Goldman Sachs, les 26 &  27 février 2007 à Las Vegas.  Parmi les intervenants, il y avait Rich Templeton, CEO de TI (Texas Instruments) et... Ray Ozzie .
PCWorld était présent et a fait un bon résumé de son exposé.

J’ai repris le texte complet, long, en anglais de cette présentation dans un “Google Document” .

J’en ai extrait les points qui m’ont le plus interpellé, venant d’une personne censée représenter les visions innovantes de Microsoft.
L’essentiel des questions posées par les analystes présents concernait Google, qui venait d’annoncer, une semaine auparavant, son offre Bureautique 2.0 professionnelle.

J’ai eu le sentiment que Ray Ozzie était obligé de privilégier le court terme, en protégeant les vaches à lait Windows et Office. Ceci l’amène à dire que les solutions d’avenir, à base de services Web, ne sont que des “compromis”.
Les arguments avancés sont, hélas, aussi classiques qu’éculés :
- Les réseaux n’ont pas la performance nécessaire.
- Il n’est pas possible de travailler quand on est non connecté, “off-line”, et Outlook est donc indispensable.

Tout professionnel honnête de l’informatique, capable d’anticiper ce qui va se passer dans les 12 à 18 mois qui viennent, sait que ces arguments ne tiennent pas.

Chemin de Damas

Le 27 juillet 2006, lors d’une présentation faite par Microsoft aux analystes financiers, Ozzie parlait, très bien du futur et du rôle cler qu'allaient jouer les Services Web dans la stratégie de Microsoft. Le texte complet est disponible sur le site de Microsoft.

J’en ai extrait un court paragraphe :

“Je pense fermement que les services Internet vont jouer un rôle essentiel pour Microsoft dans le futur.  J’ai donc pensé que j’allais consacrer tout mon temps, aujourd’hui sur ce sujet spécifique...En premier, pourquoi je crois qu’un virage fondamental vers les services et une piste d’action nécessaire et appropriée pour toutes les entreprises technologiques en ce point d’inflexion...”

Je comprends le dilemme de Microsoft : il est difficile de scier la branche sur laquelle on est assis quand elle rapporte 20 milliards de dollars par an !

Je suis aussi déçu et triste de voir que Ray Ozzie est obligé de tenir un discours qui ne peut pas ne pas aller contre ses convictions.

Demain ?

Le match n’est pas terminé ; il reste encore quelques rounds avant le verdict final. Il a mal commencé pour Ray Ozzie.
C’est une mauvaise nouvelle pour les clients, les salariés et les actionnaires de Microsoft.

C’est aussi une bonne nouvelle pour les concurrents de Microsoft, qui peuvent continuer à gagner des parts de marché en aidant les entreprises innovantes à préparer leur entrée dans le Web 2.0 sans avoir à se battre contre un acteur majeur de l’informatique qui leur laisse, pour le moment, le champ libre.

Petite mise à jour : Les commentaires de Steve Ballmer !

Le 14 mars, devant les étudiants de l'Université de Standford, Steve Ballmer a, gratuitement, donné ses conseils aux dirigeants de Google en leur disant :

"Google should reinvent itself" (Google doit se réinventer).

Je pense qu'il a fait un lapsus et qu'il voulait dire :
"Microsoft should reinvent itself",
ce que tente de faire Ray Ozzie, contré en permanence par Steve Ballmer !

En créant Google Apps Premium Edition, qui peut (et va ?) faire disparaître demain 80 % des ventes que fait Microsoft avec Office et Exchange, il me semble que Google n'a pas attendu Ballmer pour se réinventer !

L’économie française face à la révolution du Web 2.0

Le 4 avril 2007, l’ANDESE, Association Nationale des Docteurs és Sciences économiques et en Sciences de Gestion, organise un colloque sur le thème :

L’économie française face à la révolution du Web 2.0

Le programme du colloque, et la fiche d’inscription “legacy”, papier, sont disponibles sur le site de l’ANDESE, en PDF.
Il est aussi possible de s’inscrire en ligne, en payant avec Paypal !

A quel coût ? 110 euros (TTC) pour tous, 55 euros pour chercheurs, enseignants....

Il est réconfortant, à quelques jours de l’élection présidentielle, de constater que les impacts potentiels du Web 2.0 sur la compétitivité de l’économie française sont pris en compte par la plus grande association d’économistes de notre pays.

Les deux axes majeurs des conférences sont :
- Impacts sur l’offre et l’industrie des TIC.
- Nouveaux usages et impacts sur l’entreprise.

Les conférenciers

Plus de 20 intervenants, d’horizons et de profils très variés, seront présents.
Cette diversité est très intéressante : du choc des cultures différentes, devraient naître des débats animés !
Parmi les intervenants, j’ai choisi quelques noms (en m’excusant auprès des autres) :
- DIdier Lambert, DSI d’Essilor et Président du Cigref.
- Pierre Baudoin (Wikimedia)
- Tariq Krim, Netvibes
- Laurent Lasserre, Google Enterprise
- Pierre Soria, Salesforce.com
- Jacques Delplanck, IBM France
- Anne-Valérie Bach, Banexi Ventures
- Jean-Michel Billaut, Atelier BNP-Paribas
- . . .

L’ANDESE a choisi un lieu prestigieux pour cette réunion, la Sorbonne à Paris.

Un déjeuner buffet et un cocktail, à la fin du colloque, permettront de continuer les échanges entre participants et conférenciers. (Ils sont compris dans... le prix d’inscription !)

Un thème passionnant, de très nombreux conférenciers de qualité, un lieu prestigieux, un coût raisonnable, toutes les conditions sont réunies pour faire de ce colloque un événement intéressant et utile.

J’espère vous y retrouver, nombreux !

Wi-Fi : Hôtel de luxe, comportement de gangsters !

50 euros par jour !

C’est le prix insensé auquel un grand hôtel parisien, le Marriott Paris Forum Rive Gauche, souhaitait me vendre un accès à son réseau Wi-Fi !

J’étais arrivé en avance dans la salle de conférence, par sécurité, pour m’installer avant de commencer l’animation d’un séminaire de trois journées.

Mon Powerbook détecte rapidement un bon signal Wi-Fi et je lance Firefox pour me connecter.

Je vous laisse lire le message que j’ai découvert sur mon écran ! 
La seule option qui m’était proposée était de payer 50 euros (TVA comprise, quelle générosité !), pour une période de 24 heures. 

Devant parler pendant 8 heures, je ne pouvais pas utiliser cet accès plus d’une heure dans la journée ; 150 euros pour 3 heures de connexion en 3 jours, il y a des chiffres qui passent mal !

Vous dire que cela m’a mis de mauvaise humeur est un “understatement”.
J’ai quand même demandé, poliment, mais fermement au responsable commercial que j’ai rencontré de me trouver une solution plus raisonnable.
A commencé alors une explication comme je les adore : "Je ne suis pas responsable, ce n’est pas l’hôtel qui fixe les tarifs, mais notre opérateur IBahn“.
Je ne suis pas prêt à avaler des balivernes de ce type et lui ai demandé une réponse immédiate, qui n’est jamais venue.
Quel remarquable pouvoir de décision, quelle merveilleuse souplesse pour répondre à une demande légitime d’un client !

Heureusement que le réseau Edge de Bouygues Telecom était disponible ; j’ai pu travailler, moins vite, mais à un coût marginal zéro, car je dispose d’un forfait illimité.

Quand on connaît le prix des chambres (environ 200 euros/nuit) et des locations de salons dans ces hôtels parisiens, il est inadmissible de rançonner ainsi les clients qui, comme moi, ont besoin d’un réseau Internet rapide pour ... travailler.
Un boycott de ces hôtels qui se croient tout permis devient urgent ; j’espère que nous serons de plus en plus nombreux à refuser de payer ces tarifs de gangsters.

Je propose de lancer le :
Concours du lieu où le Wi-Fi a le coût le plus absurdement élevé.

Je pense avoir trouvé un premier champion ; avez-vous mieux ?

Mise à jour du 5 avril 2007.

À la suite de ce post, J’ai reçu une réponse positive d’iBAHN ; j’en parle en détail dans un autre texte.

 

Dell, à l’écoute de ses clients ?

Success-story des 25 dernières années, Dell traverse depuis plusieurs mois une période difficile :
- Renvoi de son Directeur Général, Kevin Rollins, parti avec un chèque de 5 millions de dollars.
- Baisse du cours, comme le montre ce graphique des 3 derniers mois.
- Baisse du CA et des résultats.
- Perte de sa place de numéro 1 des PC, conquise par HP (avec une nouvelle stratégie, un nouveau CE0, un nouveau CIO)
- Des difficultés avec les autorités financières américaines.
- ....

Michael Dell, son fondateur, a donc repris le poste de CEO et embauché des dirigeants de haut rang, chez Motorola, Solectron ou AMR, pour apporter du sang neuf à son entreprise.

Une stratégie à repenser ?

Depuis sa création, Michael Dell avait appliqué, avec beaucoup de réussites, une stratégie forte et originale :
- Vente directe.
- Fabrication des PC dans ses propres usines.
- Standardisation : accord exclusif avec Intel et Microsoft, même s’il avait commencé, récemment à faire de premières exceptions en flirtant avec AMD et Google..
- Optimisation permanente des processus internes.

Cette stratégie ne fonctionne plus.  Tout a changé : le marché professionnel, le marché grand public, les attentes des clients, la concurrence...
Michael Dell a pris la décision qui s’imposait : changer de stratégie, bien résumée par la phrase suivante :
Don’t look back ! (ne pas regarder en arrière)

Interroger publiquement ses clients

L’une des premières décisions a été de lancer une enquête sur les attentes du marché, en créant le site ideastorm (tempête d’idées).
Dans une démarche participative, très Web 2.0, Dell a ouvert un site où tout un chacun pouvait s’exprimer, émettre une idée ou voter pour une idée déjà proposée.
Tout le monde pouvait participer, client ou non de Dell ; je l’ai fait.

Les résultats de cette expérience sont instructifs :
- Plus de 100 000 personnes ont répondu.
- Quelques idées-forces se sont clairement imposées.
- Ce ne sont pas forcement celles qu’attendait ou espérait Dell, comme le montre l’idée qui est arrivée largement en tête !

Je ne ferai aucun commentaire sur le profil des personnes qui ont répondu, car je ne le connais pas ; je ne suis pas sûr que Dell a des informations précises à ce sujet.

L’analyse des demandes arrivées en tête démontre que les « répondants » ont des idées très claires :
- Nous voulons des alternatives aux solutions Microsoft.
- Nous souhaitons des solutions Open Source.
- Nous voulons pouvoir acheter des PC pré-équipés avec Linux.
- Nous souhaitons OpenOffice pré-installé, en deuxième position.
- Nous aimerions trouver au catalogue un PC de bureau, petit, simplifié, économique, optimisé pour des usages Web, en troisième position. (Ce n’est pas moi qui vais dire le contraire, cela correspond tout à fait à ce que j’appelle de tous mes vœux, un CWR, Client Web Riche).

Écouter ses clients ?

Questionner, c’est bien, mais arrive immédiatement la partie difficile : écouter et... répondre aux attentes.

Dell a eu le mérite de répondre très rapidement, sur son blog.

La réponse a aussi le mérite de la clarté : nous vous avons entendu, mais... nous ne répondons pas, pour le moment, à vos attentes.

Un tout petit mouvement est fait dans la « bonne direction », mais Dell n’a pas annoncé de changement de fond dans sa stratégie :
- Des PC sans OS seront commercialisés ; c’était déjà le cas.
- Des PC avec Linux seront commercialisés ; c’était déjà le cas.
- Pas de support pour les PC livrés avec Linux ; c’était déjà le cas.

Les commentaires sur le blog de Dell n’ont pas tardé ; ils sont très instructifs.
Le moins que l’on puisse dire et que la grande majorité d’entre eux reflètent fortement l’opinion que les demandes des utilisateurs n’ont pas été sérieusement prises en compte.

Gagnant-Gagnant ou Perdant-Perdant ?

La démarche entreprise par Dell est sympathique, mais très risquée, comme le montrent les premiers résultats.
Dell se trouve maintenant coincé entre le « marteau et l’enclume », ses fournisseurs traditionnels et ses « nouveaux clients »!

Les fournisseurs héritages
Une enquête financière est en cours pour déterminer si Dell a bien reçu 1 000 millions de dollars de « marges arrières », en clair de commissions, de la part d’Intel.

Point n’est besoin d’être Sherlock Holmes pour imaginer qu’une pratique similaire existe « peut-être » entre Dell et Microsoft.

Il suffit pour s’en convaincre de lire la page d’accueil de IdeaStorm qui commence par : « Dell recommande Windows Vista ... ».

De plus, ces « nouvelles » offres sont pour le moment réservées aux États-Unis, rien de similaire n’est prévu en Europe ou en Asie.

Les nouveaux clients
Ils sont de plus en plus « digitaux natifs », très au fait des solutions disponibles et des difficultés pratiques telles que l’existence ou non de drivers Linux pour certains composants des PC Dell.
Il sera difficile de leur vendre un PC sans OS ou avec Linux, plus cher qu’avec Windows ! C’est ce qui se passe aujourd’hui.
Cela ne peut qu’alimenter, chez les acheteurs, la légitime suspicion d’une collusion entre Dell et Microsoft !

La démarche actuelle suivie par Dell, des petits pas, va à mon avis dans le sens du ...  Perdant-Perdant. 
Dell s’est déjà mis à dos les nouveaux clients potentiels, à qui il fait miroiter la possibilité d’obtenir ce qu’ils souhaitent, mais sans répondre aux attentes exprimées.
De l’autre côté, Il ne serait pas étonnant que des appels téléphoniques «musclés », venant de Microsoft, aient été reçus par des responsables de Dell.

Le “c..” entre deux chaises

En agissant comme il l’a fait, Dell se retrouve dans une situation ... inconfortable.
Ce sera de plus en plus le cas pour les fournisseurs héritages qui ont du mal à choisir entre la sécurité de leurs liens traditionnels avec des grands fournisseurs et l’aventure que représentent les nouveaux acteurs du Web 2.0.

J’imagine assez mal Mozilla ou Open Office verser des dizaines de millions de dollars à Dell pour que leurs produits, gratuits, soient préinstallés.

Corriger le tir ?

J’ai envie de proposer à Dell une décision immédiate et raisonnable :
Proposer sur son site, et l’annoncer en première page, les deux produits suivants, de la nouvelle gamme,
LCNG « Low cost Next Gen » :
- Un PC de bureau et un portable.
- Une configuration « entrée de gamme », en termes de processeurs, cartes graphiques et disque dur.
- Une version de Linux, Ubuntu par exemple, pré-installée.
- Livrés avec Firefox et Open Office.
- Disposant de la garantie et de l’assistance normale de Dell.

En visitant le site de Dell France, j’ai remarqué deux produits proches de ma demande :
- Un PC fixe, Dimension  C 521, à 299 euros (garanti 1 an)
- Un PC portable, Inspiron 1501, écran 15,4 pouces à 529 euros (garanti 90 jours, un peu juste à mon avis !)
Ces deux PC sont livrés avec Windows Vista édition familiale.

Je verrais donc bien les deux ordinateurs LCNG ci-dessus commercialisés à environ 250 euros pour le fixe et 470 euros pour le portable, mais avec une garantie de 1 an pour les deux.

Ceci pourrait, rapidement, aider Dell à se réconcilier avec les personnes qui ont pris le temps de participer à l’enquête IdeaStorm.

Ceci permettrait aussi à Dell de répondre à la demande de nombreuses associations de consommateurs qui luttent contre la vente liée des PC et de leurs logiciels.

Amis DSI : Seriez-vous preneur ?
Moi, oui !