Web 2.0 : un nouveau risque : Musarweber ?
28/04/2007
Rassurez-vous ! Il ne s’agit pas d’un nouveau virus !
Nos amis anglo-saxons ont identifié un nouveau risque du Web, auquel ils ont donné le nom de “Wilfing”.
Cette expression vient de Wilf :
What it is I was looking for ?
(Qu’est ce que je pouvais bien chercher ?)
En langage simple : Wilfing = perdre son temps sur le Web.
Une enquête récente, menée en Grande-Bretagne, a mis en évidence les risques du Wilfing. Plusieurs journaux, dont le Guardian, se sont fait l’écho de cette étude.
Quelle traduction pour Wilfing ?
J’avoue ne pas avoir été séduit par ce néologisme anglais. Je me suis immédiatement mis au travail pour en trouver un équivalent en Français. Souvent, nos amis canadiens sont plus rapides que nous dans ce domaine ; je vais essayer de les prendre de vitesse !
Perdre son temps sur le Web, naviguer au hasard, sans but, visiter des pages qui a priori n’ont aucun intérêt, professionnel ou personnel, quel mot peut-on utiliser pour illustrer ces activités ?
J’ai envisagé plusieurs options :
- LecheWeber : Leche vitrines
- Oisiweber : Oisiveté
- Louvoyweber : louvoyer
- Musarweber : musarder
J’ai choisi : musarweber.
Musarder ayant une tonalité “sympathique”, on évite ainsi une connotation trop forte, en négatif ou positif, du mot musarweber.
On peut commencer à le décliner sous d’autres formes :
- Musarwebeur : personne qui se livre à cette activité
- Musarwebie : forme maladive de cette activité.
Si vous n’êtes pas séduit par le mot musarweber, n’hésitez pas à proposer d’autres idées, à mettre votre créativité à contribution !
Musarweber, une tentation permanente !
Armé d’un simple navigateur, vous pouvez, en quelques clicks, accéder à plus de 20 milliards de pages Web. Quelle tentation, quelle aubaine, quelle richesse de connaissances, d’informations, d‘images, de vidéos nous sont ainsi proposés, sans bourse délier dans la majorité des cas.
La généralisation des flux RSS ne peut qu’accroître la tentation ; armé de son Netvibes favori, un internaute peut, dès qu’il découvre une source d’information qui l’intéresse, s’y abonner et recevoir en permanence des alertes qui, souvent, vont l’inciter à musarweber.
A qui n’est-il jamais arrivé, en recherchant à titre professionnel ou privé, d’avoir l”oeil attiré par une image, une publicité ou un lien, et de se retrouver, en quelques secondes, en train de consulter des informations sur un sujet qui n’avait plus rien à voir avec l’objet initial de la recherche ?
Muzarwebie, une maladie professionnelle ?
Pour construire un système d’information Web 2.0, un accès permanent au Web est indispensable. Dans beaucoup d’entreprises, j’imagine déjà des “contrôleurs” en tout genre faire circuler ce texte pour alerter leur hiérarchie sur ce nouveau risque que font courir les musarwebeurs à la compétitivité de leur entreprise.
Une fois encore, la difficulté sera de trouver un équilibre entre une légitime curiosité intellectuelle, qui vous fera découvrir des informations utiles pour vos activités professionnelles, et une errance Web qui vous fera perdre beaucoup de temps sans en tirer aucun bénéfice.
Quel pourrait être le niveau acceptable, recommandé, autorisé ou toléré de temps passé, dans son entreprise,à musarweber ?
Si vous répondez 0 %, vous allez à la catastrophe ; c’est faire l’autruche devant un phénomène inévitable.
Une fourchette de 2 à 5 % du temps de travail me paraît raisonnable, bien sur très variable selon les métiers des personnes.
Muzarwebie, une maladie domestique ?
Plus de 50 % des foyers français disposent aujourd’hui de l’outil indispensable pour musarweber, un accès Internet haut-débit, forfaité, au coût indépendant du taux d’utilisation.
Pour beaucoup de parents et d’enfants, le temps passé ensemble devient une ressource rare, et qui risque de disparaître encore plus vite que les réserves de pétrole de la planète.
Que se passera-t-il si chacun, seul devant son écran, consomme une grande partie de ce temps à musarweber dans son coin ?
Je crains que les ravages de la musarwebie soient plus importants dans le monde domestique que professionnel. Ses impacts seront plus insidieux, car non mesurés en termes économiques, comme ils peuvent l’être dans les entreprises.
Comment favoriser la curiosité, l’éveil intellectuel, l’enrichissement culturel que musarweber peut déclencher sans créer des risques graves de réduction du temps disponible pour des échanges familiaux ?
Une possible réponse serait de “co-musarweber” : parents et enfants pourraient, en suivant les “errances” Web de l’un ou de l’autre, découvrir, ensemble, des “terra incognita” du Web. On retrouve, dans cette idée, la dimension "collaborative" du Web 2.0 !
Utopiste ? Je n’en suis pas sûr, car je l’ai déjà pratiqué avec mes enfants, sur les sujets les plus divers.
Êtes-vous atteint de Musarwebie ?
Vos navigateurs enregistrent fidèlement l’historique des adresses de toutes les pages Web que vous visitez.
Faites le test du “musarwebeur” :
Prenez la liste de toutes les pages Web que vous avez visitées au cours des 10 derniers jours, dans votre entreprise et chez vous.
Classez dans une colonne Musarweber les pages dont vous êtes certain que vous les avez consultées sans en avoir l’idée au départ.
Vous obtiendrez ainsi un pourcentage des pages Musarweb/pages vues.
A partir de quel pourcentage peut-on dire que l’on est malade de la Musarwebie ?
Je suis, aujourd’hui, incapable de répondre à cette question. Si je devais donner un chiffre, j’aurais envie de choisir 30 % comme seuil d’alerte.
Quels remèdes contre la “musarwebie” ?
Les mauvais remèdes sont connus : hypercontrôle, surveillance, filtrage extensif. Ces techniques ont le plus souvent fait la preuve de leur faible efficacité, car les personnes qui souffrent de musarwebie trouveront toujours une parade.
Une démarche d’Auto-contrôle me semble plus efficace. Des services tels que Websense permettent de donner, à chaque collaborateur, un retour personnel sur ses usages du Web, indiquant quels sont les sites les plus visités, le temps passé..
Cette démarche incitative est probablement la plus performante pour aider l’immense majorité des salariés, qui souhaitent travailler efficacement, à prendre conscience des pertes d’efficacité induites par leur éventuelle musarwebie.
Faudra-t-il bientôt que nous disions tous :
Je suis un musarwebeur, mais je me soigne !
Mise à jour du 29 avril.
Le JDN, Journal du Net, vient de publier une étude très riche de renseignements sur les usages du Net dans les entreprises ; elle répond en partie aux questions que l'on se pose sur la musarwebie dans les entreprises