Université d’été du Medef - Première journée
30/08/2007
Invité par Frédéric Chevalier du Medef, les 50+ blogueurs étaient présents à la première journée de l’Université d’été du Medef.
Mes premières impressions
- Très pro ! L’accueil, l’organisation, une salle de presse réservée aux blogueurs, les salles de conférences, le réseau Wi-Fi sur l’ensemble des lieux, tout a très bien fonctionné.
- Une affluence record. Que ce soit pendant les plénières ou dans les ateliers auxquels j’ai participé, les salles étaient en permanence combles.
Le public était attentif, applaudissait souvent, riait de bon cœur quand les orateurs faisaient de l’humour.
Un exemple de cet humour facile, mais efficace :
Laurence
Parisot, pendant son discours d’ouverture a dit que participer aux
Universités d’été du Medef avait aidé la carrière de nombreux
conférenciers, et de rappeler que...
- Nicolas Sarkozy était venu plusieurs fois, y compris en 2006 et...
- Ségolène Royal avait été invitée plusieurs fois et avait toujours refusé cette invitation.
- Convivialité
: Je ne sais pas si c’est le lieu, le soleil ou la période de la fin de
l’été, mais tout le monde avait l’air de bonne humeur. Les pauses, le
dîner permettait des échanges agréables avec tous les participants
- Sécurité
: Après la découverte d’engins incendiaires sur le campus d’HEC, je
m’attendais à une présence policière forte ; elle était en fait très
discrète.
La situation risque d’être différente le deuxième jour, avec la présence de Nicolas Sarkozy !
- Une forte couverture médiatique : Radios et télévisions étaient omniprésentes, pour interviewer les participants ou retransmettre les principaux ateliers
Quelques conférences
Il était bien sûr impossible d’être présent dans tous les ateliers ; j’ai choisi de parler de deux exposés qui m’ont marqué.
La séance d’ouverture a donné la parole à ... l’international,
avec la présence de Omar Konaré, président de la commission de l’Union
Africaine et Shashi Tharoor, diplomate indien, ancien secrétaire
général adjoint de l’ONU.
L’opposition des styles, des discours et des messages de ces deux conférenciers était fascinante.
Omar Konaré a parlé, bien de l’Afrique, dans un style théâtral, avec des messages très forts. Ceux qui m’ont le plus frappé :
-
La situation est catastrophique, et les responsabilités sont partagées
entre les pays eux-mêmes et les anciennes puissances coloniales
-
Les grands challenges : l’eau, le climat, la pauvreté, la faim et les
... échanges de population interpays africains, plus graves que celui
de l’émigration vers l’Europe.
- L’économie : Les programmes d’aide
ne fonctionnent pas ; il faut donner à l’Afrique les moyens de se
prendre en main avec, comme principaux remèdes :
+ L’annulation complète de la dette
+
La suppression des aides agricoles aux USA et en Europe, sur le coton
et autres produits de base. Il a cité des chiffres impressionnants sur
la baisse du cours des matières premières, café, cacao, coton. Les
subventions américaines à 30 000 planteurs de coton sont 100 fois
supérieures à celles versées aux millions de planteurs africains.
- Un message d’espoir,
pour l’avenir. Parlant devant des chefs d’entreprises, il les a
fortement incités à investir massivement en Afrique, qui sera le plus
grand chantier mondial des trente prochaines années. (Pont sur le
détroit de Gibraltar, autoroutes Sud Nord et Est Ouest..)
Shashi Tharoor,
passant avec finesse et élégance du français à l’anglais, deux langues
qu’il maîtrise très bien, a parlé du sous-continent indien, 60 ans
après son indépendance.
- Des inégalités fortes : malgré ses succès économiques impressionnants, plus de 60 % de la population indienne est pauvre.
-
Un éloge de la démocratie : c’est, pour lui, l’une des raisons
essentielles des succès de son pays. Malgré la bureaucratie, la
corruption, c’est quand même la meilleure manière de gérer un pays. Il
a aussi beaucoup insisté sur l’extrême décentralisation du gouvernement
indien, indispensable selon lui dans un pays aussi divers.
- L’accès
à Internet. C’est encore un élément clef de fracture numérique en
Inde, malgré la présence de toutes les grandes SSII indiennes. Un gros
effort doit être fait dans ce sens.
- La révolution douce : j’ai beaucoup aimé cette définition de la démarche indienne, dans tous les domaines. Gandhi avait montré le chemin, lors de l’indépendance. Il semble que, à l’inverse de la Chine ou de la Russie, autres membres du club BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), l’Inde a choisi de jouer la carte de la révolution douce, de la finesse, y compris dans le monde des affaires.
- Friedman a tort : il a beaucoup cité Thomas Friedman (The world is flat). Dans son style “soft”, il a réfuté la thèse de Friedman selon lequel c’est l’économie qui domine le monde aujourd’hui. Tout ne s’explique pas en termes économiques, les conflits sont plus portés par les sentiments que par la logique, et les états auront encore pendant longtemps un rôle clef à jouer.
Pendant la majeure partie de cette première journée, un participant
qui ne connaissait pas le Medef aurait été incapable d’imaginer que
l’organisateur de cette manifestation était une association patronale
française.
C’est, pour moi, un grand compliment et une première
réponse aux personnes qui avaient laissé des commentaires sur mon blog
précédent, craignant que nous, les blogueurs, soyons les otages des
“patrons” !
Vous pouvez trouver tous les blogs de l'université d'été du Medef, y compris ce texte sur le blog collectif du Medef ; bonne lecture.