L’avenir du Web 2.0, vu par Microsoft
01/08/2007
À chaque séminaire que j’anime sur le Web 2.0, et les profondes évolutions que cela implique pour les Systèmes d’Information professionnels, on me pose la même question :
“Que va faire Microsoft pour répondre à ces menaces ?”
J’ai toujours répondu que Microsoft disposait des ressources et des hommes pour proposer à ses clients des solutions Web 2.0 de qualité.
Le vrai challenge est celui du calendrier :
- En annonçant trop vite leurs solutions Web 2.0, Microsoft crédibilise le concept auprès de ses clients les plus fidèles et cannibalise ses produits phares, Office et Windows qui dégagent, chacun, une marge de 10 milliards de dollars par an. Je comprends qu’ils hésitent !
- En prenant trop de retard, Microsoft laisse à ses challengers, Salesforce, Amazon, Google et autres le temps de phagocyter ses marchés. Difficile à accepter quand on est l’un des leaders actuels !
De nouveaux éléments de réponse, passionnants, ont été fournis, le 26 juillet 2007, lors d’une réunion destinée aux analystes financiers.
Tout l’état major de Microsoft était présent : Bill Gates, Steve Ballmer, Ray Ozzie, Jeff Raikes, Craig Mundie et quelques autres.
L’ensemble des documents utilisés pour ces présentations, les Powerpoint et la transcription en Word des exposés est disponible sur le Web de Microsoft.
J’encourage fortement tous les DSI à lire ces documents ; ils fournissent de premiers éléments de réponse à la question posée plus haut.
CIS : Cloud Infrastructures Services
Bravo aux équipes marketing de Microsoft ! Avec l’expression “Cloud Infrastructures Services” (CIS), elles ont lancé un nouveau concept qui regroupe, en trois mots, l’essence de la dimension technique du Web 2.0.
- Cloud. “On the Cloud” est le nouveau buzz Word pour parler de l’internet. Quand on me pose la question : “Où sont hébergées mes messages lorsque j’utilise Google Apps ?” je réponds : “On the cloud !”.
Ceci signifie simplement que mes messages sont “quelque part”, dans l’un des très nombreux centres de calcul de Google, que je ne sais pas exactement où, et que cela n’a aucune importance.
Je ferais la même réponse si une personne me demandait : “D’où provient l’énergie électrique qui alimente mon ordinateur ? De quel type de centrale ? De quel pays ?” Je serai incapable de répondre !
- Infrastructures. Le Web 2.0 a remis sur le devant de la scène les infrastructures, serveurs très puissants et réseaux rapides, qui servent de fondation à tous les usages Web 2.0.
Microsoft a pris conscience de son retard dans ce domaine ; les investissements dans de nouveaux Data Centers ont doublés l’année dernière. Microsoft espère ainsi rattraper Google, qui investit massivement dans ses propres infrastructures depuis plus de six années.
Services. La démarche “Services” est l’un des piliers du Web 2.0. Entreprises et particuliers trouvent de plus en plus naturel de se voir proposer des services de courriel, des services de CRM, des services d’archivage de vidéos ou de photos...
Windows Live et Office Live sont les deux familles de services proposés par Microsoft les plus connus, aujourd’hui.
Des Services hébergés sur des Infrastructures “on the Cloud”.
Microsoft a très bien compris où va le marché !
Microsoft est parfaitement capable, dans les deux ans qui viennent, d’avoir les moyens de ses ambitions.
S+S : Software plus Services
Un autre concept a été repris par plusieurs dirigeants de Microsoft, lors de cette conférence : celui de Software plus Services (S +S).
Dans la logique de Microsoft, c’est une idée qui tombe sous le sens. Oui aux services hébergés, mais en complément des logiciels présents sur le poste de travail.
Microsoft oppose sa vision S+S à la démarche SaaS, Software as a Service, qui fait table rase du passé et propose de substituer des services Web aux logiciels classiques sur PC.
Dans cette logique de services, Microsoft a annoncé que, rapidement, il mettra à disposition ses data centers pour :
- Les clients, en direct : ce qui fait déjà Amazon avec ses services S3 et EC2.
- Héberger des services de sociétés tierces, ce que fait déjà Salesforce.com avec ses solutions Appexchange.
- Proposer ses propres services logiciels, Windows live et Office live, ce que font déjà Google et tous les autres fournisseurs SaaS.
Steve Ballmer a même réussi la gageure de présenter l’ensemble de l’offre de Microsoft sur une seule slide S+S !
Bonne lecture, bon décodage !
En faisant ces annonces importantes, Microsoft n’innove pas et confirme le bien fondé des choix faits par les acteurs actuels du Web 2.0 en proposant des services comparables.
Cette légitimation des Services Web 2.0 par le principal fournisseur de logiciels sur PC est une étape importante dans la stratégie de Microsoft.
Ce n’est pas un hasard si c’est Ray Ozzie qui en a été le principal défenseur. Dans le match qui l’oppose à Steve Ballmer, que je suis avec passion, il marque un point important.
Il y a quelques mois le score était : Ballmer 1, Ozzie 0 : Ozzie vient de gagner la deuxième manche.
Ray Ozzie 1 - Steve Ballmer 1
Web 2.0 : Un champ de bataille sans merci
Microsoft vient d’annoncer clairement la couleur : je n’ai pas l’intention de laisser le champ libre à mes adversaires ; je débarque sur le territoire Web 2.0, avec des ambitions fortes, et les moyens de mon ambition.
Sur CIS, Cloud infrastructures Services, le consensus des grands acteurs du Web 2.0, est acquis.
Amazon, eBay, Yahoo, Google et Microsoft jouent sur le même terrain et investissent tous massivement dans des centres de calcul aux puissances colossales.
A l’inverse, les divergences seront très fortes sur les démarches SaaS ou S+S.
Microsoft est, aujourd’hui, le seul à penser que S+S est la meilleure approche, ce qui se comprend très bien, vu sa domination sans partage sur les postes de travail lourds.
Les nouveaux acteurs, sans attaches historiques, vont tous privilégier les solutions SaaS, accessibles depuis un simple navigateur.
CIS : Cloud Infrastructures Services
S+S : Software + Services
Nous n’avons pas fini d’en entendre parler !