SOA 2007, la raisonnabilité retrouvée ?
06/10/2007
La conférence SOA 2007, organisée par IDG (Le Monde Informatique, CIO) a réuni le 4 octobre 2007 à Paris plus de 250 participants et environ 50 représentants des exposants.
Bravo IDG ! Il est de plus en plus difficile de créer un événement qui regroupe autant de personnes : était-ce le thème ? Était-ce la qualité de l’organisation ?
Même le réseau Wi-Fi d’Eurosites, lieu de la conférence, accessible gratuitement, a fonctionné ... pendant 50 % de la durée du séminaire, en net progrès par rapport à l’année dernière ; tout sera parfait pour SOA 2008.
Un premier signe positif m’attendait à l’arrivée ; sur la page de couverture du “Monde Informatique” qui était remis à chaque participant un grand titre annonçait :
“SOA, démarrer petit pour ne pas s’essouffler” ; un premier exemple de ‘raisonnabilité”.
Introduction, par Forrester Research
On prend les mêmes et on recommence ; IDG avait confié à Henry Peyret, du Forrester Research, le soin d’introduire le sujet. Ce n’était pas une bonne idée.
J’ai retrouvé les mêmes défauts que l’année dernière.
Tout d’abord, l’inadmissible désinvolture de ces cabinets anglo-saxons qui récupèrent des slides en anglais et qui ne font pas l’effort de les traduire ou adapter au public français ; je propose que l’on se cotise, l’année prochaine, pour aider Forrester Research à payer un traducteur pour une vingtaine de slides, touffues, souvent illisibles, et que le présentateur ne maîtrisait pas toujours.
J’ai quand même noté une innovation majeure dans la présentation :
DBA signifiait en 2006 Digital Business Applications.
En 2007, cela devient : Dynamic Business Applications !
Parmi les autres innovations linguistiques qui donnent de la consistance à toute présentation d’un analyste, j’ai relevé :
- Organic IT : pour dire informatique “on demand”, à la carte.
- Pervasive Interactions : là j’ai été estomaqué ; cela veut simplement dire, si j’ai bien compris, accès aux Services SOA depuis des postes de travail variés.
Bref, un exposé à oublier.
Table ronde : SOA et technologies
BIen animée par Bertrand Lemaire, de lmi.fr, cette table ronde réunissait des éditeurs, des SSII et ... un utilisateur, Robert Chevalier, de Bouygues Telecom. il était déjà présent en 2006 ; faut-il en conclure qu’il n’y en pas eu de nouvelles réalisations SOA en 2007 ?
J’y ai noté une profonde évolution par rapport à 2006, et c’est probablement le message le plus positif que j’ai retenu de cette journée ; pour les spécialistes de SOA, ... MashUp n’est plus un mot banni !
Je me souviens des échanges animés que j’avais déclenchés l’année dernière en osant comparer les deux approches !
Guillaume Plouin, responsable de la veille technologique chez SQLI. a donné ce qui me semble la meilleure analogie possible :
MashUp = PHP
SOA = Java
(un petit rappel, pour ceux qui n’ont pas de grandes connaissances en informatique :
- Java est un langage objet très puissant, qui exige des développeurs de fortes compétences ; Java est très bien adapté au développement d’applications complexes, cœur de métier.
- PHP est un langage issu du Web, interprété, plus simple à maîtriser. Il est utilisé par des millions de développeurs.)
J’ai cru me retrouver il y a une dizaine d’années, quand PHP a commencé à percer ! Les mêmes arguments, les mêmes débats ont eu lieu sur SOA vs Mashup.
Pour résumer la position des ‘traditionalistes”, les anciens, les sérieux, les experts venant des fournisseurs et des grandes SSII :
- Mashup, c’est bien pour des petits projets, pas pour les projets sérieux !
- Mashup, c’est bien pour prototyper !
- Mashuip, attention à la sécurité !
- Mashup est tactique, SOA est stratégique.
Je vous laisse imaginer les variantes de ce discours.
Je poserai une seule question :
En 2007, quelle décision mettrait le plus vite à mal le Web ?
- Arrêter tous les programmes PHP ?
- Arréter tous les programmes Java ?
On pourra se reposer la même question, en 2010, en remplaçant PHP par MashUp et Java par SOA.
Les exposés des “sponsors fournisseurs”
IBM, Oracle Gemini, SAP..., sponsors du Forum SOA 2007 avaient droit à un temps de parole, ce qui est logique.
Heureusement, IDG a eu la sagesse de limiter à 15 minutes le créneau réservé à chaque fournisseur ! Même si la grande majorité à dépassé le temps alloué, cela a limité les dégâts.
Amis fournisseurs, êtes-vous incorrigibles ? Pourquoi faut-il que vous utilisiez des slides illisibles, des codes bizarroïdes, des concepts flous ?
C’est vraiment dans ce domaine que je l’espère, SOA 2008 saura faire des progrès. Il faudra obtenir des fournisseurs qu’ils essaient de répondre aux attentes des professionnels qui sont dans la salle en parlant sérieusement, concrètement, de ce que l’on peut faire ou pas avec SOA.
Je conseille aux fournisseurs de filmer l’assistance pendant leur exposé et de les visionner ensuite ; ce traitement de choc leur sera bénéfique !
Je vous propose un extrait des florilèges entendus :
- SOA est complexe, reste un voyage.
- PaaS : Process as a Service.
- “Collaborative design” entre MOA et MOE.
- Smart SOA.
- BPP : Business Process Platform.
Gouvernance et méthodologie SOA
La gouvernance était le nouveau must de l’année 2007 ; il faut organiser la gouvernance de SOA, à ne surtout pas confondre avec la gouvernance de l’entreprise ou la gouvernance du Système d’Information. J’attends avec jubiliation les prochains schémas qui vont nous montrer les interactions entre ces trois gouvernances !
Ce thème a déclenché aussi un débat autour de la pertinence de la démarche MOA/MOE, spécifique à la France, dans le contexte SOA,,comme l’ont confirmé tous les intervenants étrangers.
Dés qu’une nouvelle démarche émerge, on parle...méthodologie. Pour le moment, le monde SOA est dans la phase ”naissances multiples”. SAP, Software AG et d’autres poussent leurs méthodologies propriétaires. Il est encore trop tôt pour savoir si un vainqueur émergera pour SOA 2008.
Avant de conclure, je voudrais saluer ... le dernier numéro du journal Le Monde Informatique. Quand vous lirez ce texte, le dernier numéro sera sorti ; gardez le, se sera un “collector”.
C’est toujours avec une grande tristesse que l’on voit disparaître un journal ; j’y avais publié de nombreux articles.
Le mensuel CIO reste le dernier support papier du groupe IDG ; je lui souhaite beaucoup de succès et longue vie.