Cloud Computing & SaaS, Software as a Service : différences, complémentarités
13/08/2008
Postulat : Cloud Computing et SaaS (Software as a Service) sont deux évolutions stratégiques majeures qui vont bouleverser les Systèmes d’Information des entreprises.
Mais
... je rencontre tous les jours des personnes qui me posent des
questions qui tournent toutes autour d’une même préoccupation :
Cloud Computing et SaaS : Bonnet-blanc ou blanc-bonnet ?
Je vous propose donc, dans les lignes qui suivent, de clarifier les différences et complémentarités entre ces deux concepts.
(Les pros du sujet m’excuseront de la simplicité de la présentation.)
Rappel : Infrastructures et Usages
Tout Système d’information se compose de deux composants :
-
Des infrastructures : postes de travail, réseaux, serveurs, outils de
développement... en pratique, tout ce qui n’intéresse pas les
utilisateurs.
- Des usages : Bureautique, jeux vidéos, ERP/PGI, Décisionnel, Wikis... qui apportent de la valeur aux utilisateurs.
- Un Système d’information performant suit une règle cardinale :
indépendance absolue entre infrastructures et usages.
L’exemple
des lunettes permettra d’illustrer l’importance de cette indépendance.
Jusqu’au milieu des années 90, toute monture de lunettes (infrastructures) imposait la
forme des verres (usages). Le changement de monture rendait obsolète les
verres. (partie basse du schéma joint)
C’est
en 1998 que l’entreprise silhouette a révolutionné les montures
en créant un modèle qui permettait de choisir des centaines de formes
différentes de verres pour un seul type de monture. (Partie haute du
schéma joint).
Des dizaines de fabricants ont depuis repris cette innovation.
Ces montures innovantes ont un “éneaurme” défaut : elles ne permettent pas d’afficher en très gros le logo d’une grande marque !
C’est, à mon avis, la principale raison qui fait que les montures traditionnelles se vendent encore !
J’ai
pu vérifier personnellement l’efficacité de cette révolution optique.
Il y a a quelques mois, j’ai cassé l’une des branches de mes lunettes
Silhouette, que j’avais achetées en Espagne. En moins de 2 heures, un opticien parisien a changé les montures, en réutilisant mes verres.
Quelle
était la probabilité de retrouver, en France, des montures strictement
identiques à des montures classiques que j’aurais achetées, 4 ans plus
tôt, En Espagne, et sur lesquelles j’aurais pu réutiliser mes verres ?
L’informatique des années 90 suivait le modèle des lunettes traditionnelles, liant infrastructures et usages. Je ne pouvais pas utiliser sur mon Macintosh un logiciel client/serveur Windows.
Aujourd’hui,
dans une informatique “silhouette”, Je peux accéder à tout usage Web à
partir de navigateurs modernes, sur mon PC, mon Mac ou mon smartphone Nokia.
Est ce que le phénomène “marques” va aussi jouer en l’informatique comme pour les lunettes ? Bonne question !
Cloud Computing = infrastructures, demain
Dans ce modèle “simpliste” des Systèmes d’information, le Cloud Computing, ce sont les infrastructures de demain.
Des millions de serveurs, gérés industriellement par Amazon, eBay, IBM
ou Google sont à notre disposition pour remplacer les serveurs
traditionnels que nous avions installé à l’abri, précaire, d’un
pare-feu.
DSI d’une PME ou d’une grande entreprise, je
n’aurais à investir que dans des objets d’accès, le plus souvent
mobiles, utiliser des réseaux fllaires et sans fil haut débit pour accéder à ce Cloud Computing.
Une récente série d’articles de BusinessWeek sur le sujet confirme la crédibilité croissante de ce concept.
SaaS : Software as a Service = Usages, demain
SaaS, ce sont les usages de demain. Au
lieu d’acheter des licences logicielles, de les installer sur mes
serveurs, de gérer leur maintenance, j’achète un service professionnel
qui répond à mes besoins, sans avoir à m’occuper de logiciels.
C’est le célèbre message de l’entreprise qui a fait le plus pour les solutions Saas, Salesforce.com :
No Software !
Cloud Computing - SaaS : rôles respectifs
Je vous propose maintenant un tableau très (trop ?) simple, pour clarifier les rôles respectifs du Cloud Computing et du SaaS.
Il servira de base à toutes les explications qui suivent.
J’ai représenté dans ce tableau les quatre options possibles pour les infrastructures et les usages.
- Aujourd’hui : l’essentiel des infrastructures sont “in house”, en Intranet et l’essentiel des usages sont construits avec des logiciels classiques, avec licences.
- Demain : Double mutation ! Les infrastructures sont majoritairement “On the Cloud” et les usages en SaaS.
-
“Zones Interdites” : L’un des intérêts de ce tableau est de mettre en
évidence les deux zones rouges, qui sont des aberrations :
- Installer des usages SaaS sur des infrastructures “In house”.
- Proposer des logiciels traditionnels “On the Cloud”.
La migration de la case “Aujourd’hui” à la case “demain” est un double challenge, pour l’offre et pour la demande.
Migration : challenge pour l’offre
Les
fournisseurs d’infrastructures, les fournisseurs d’usages savent tous
que cette migration est inéluctable et qu’ils doivent s’y préparer.
Ce
n’est pas un hasard si les fournisseurs jeunes, qui n’ont pas à
défendre leurs “vache à lait” des solutions traditionnelles, sont les
plus actifs dans ce double mouvement Cloud Computing et SaaS.
L’analyse du marché met en évidence différentes familles d’offres “demain” :
- Fournisseurs d’infrastructures Cloud Computing. L’IPO récente de Rackspace illustre l’intérêt que suscite ce marché pour les financiers.
- Fournisseurs SaaS avec leur propre Cloud Computing : Salesforce.com.
- Fournisseurs SaaS qui s’appuient sur les infrastructures Cloud Computing d’autres acteurs comme Amazon ; c’est le cas de la majorité des start-ups SaaS telles que 37Signals.
- Fournisseurs de solutions SaaS et de Cloud Computing : Google en est un bon exemple avec Google Apps pour les usages et Google Engine comme infrastructures de développement.
Les
fournisseurs leaders de solutions “Aujourd’hui” sont dans une situation
complexe : ils savent qu’il leur faut évoluer, mais à un rythme pas
trop rapide pour ne pas détruire leurs sources actuelles de revenus.
Devant ce dilemne, ils ont choisi des stratégies différentes, que je vais illustrer par trois exemples pris parmi les leaders actuels :
- Oracle fait partie des fournisseurs d’usages qui ont clairement annoncé qu’ils font pour le moment l’impasse sur SaaS. Cette position a au moins le mérite de la clarté !
-
Microsoft s’essaye à une stratégie "Software + Services".
C’est, sur mon schéma, l’une des “zones interdites” et il n’est pas difficile d’en prévoir le “non- succès”.
- SAP a lancé, avec le “succès” que l’on sait, son offre SaaS, BBD, alias Business By Design. Le seul fait que SAP propose à ses clients de pouvoir migrer ensuite d’une solution SaaS à une solution classique montre à quel point SAP n’a strictement rien compris aux offres SaaS.
Le combat des anciens et des modernes pour la maîtrise des infrastructures et des usages sera sans merci.
- Combien d’anciens seront encore leaders, demain ?
- Combien de modernes se feront avaler par des anciens ?
On en reparlera souvent, dans ce blog !
Migration : challenge pour la demande, donc les DSI
Pour les entreprises et leur DSI, la stratégie gagnante est toute tracée :
Migrer, le plus vite possible, de la case “Aujourd’hui” à la case “Demain” !
Reste toute une série de questions :
- Par où commencer ? Infrastructures ? Usages ?
- Quel calendrier ?
La première décision, conservatoire, à prendre à la veille de cette rentrée de septembre, est très simple :
Interdiction définitive de tout investissement dans une nouvelle solution qui ne soit pas dans la case “demain” :
- Infrastructures : Cloud Computing
- Usages : SaaS
Bonne rentrée Cloud Computing & SaaS !