Web 2.0 : La marginalisation, définitive, de Windows sur les PC
Au théâtre ce soir, un DSI sur scène !

Digital Natifs en entreprise, des opportunités en or ?


Petit rappel

Girl Digital millenial  Dans un texte de 2006, j’avais pour la première fois évoqué la trilogie des générations définie par Mark Prensky.
Résumons en quelques lignes ces trois familles :

- Digital Natif : né avec le téléphone mobile, l’iPod et la photo numérique. N’utilise plus l’email, mais le chat et le SMS.
- Digital Immigrant : a connu le courrier papier et le fax. Est devenu un accro de l’email et il lui arrive même ... de les imprimer.
- Analogiste : a décidé de rester sur ses outils des années 50. Fait imprimer ses emails par son assistante avant de les lire et d’y répondre par courrier papier.


Le calme qui précède la tempête !

Aborigène Les entreprises sont aujourd’hui habitées par des tribus “professionnelles ” qui appartiennent soit à la race des immigrants, soit à celle des analogistes. Ces derniers voient leur nombre se réduire de manière inquiétante, frappés par des épidémies de conversion au monde immigrant, de mise à la retraite anticipée ou des plans de départs volontaires.

Landing boat  Ces tribus professionnelles scrutent avec curiosité et/ou inquiétude les mers environnantes sur lesquelles elles voient apparaître de très nombreux engins de débarquement chargés de personnes “bizarres”, qui communiquent entre elles avec des outils et les langages qu’elles ne comprennent pas !


A lire d’urgence, pour se préparer : Born Digital

Born Digital book C’est l’un des tous premiers ouvrages qui abordent le thème de cette nouvelle “race” humaine, les personnes nées dans un monde numérique.

Chapters Born Digital  Que vous soyez parent, professeur ou futur employeur, la lecture de ce livre s’impose ; très complet, bien renseigné, bien écrit par deux chercheurs dont l’un est européen, il vous préparera au choc que représentera l’irruption, dans votre espace de travail, d’une population dont les modes de fonctionnement et les attentes ne sont pas... les vôtres.
La liste des thèmes abordés vous donnera, je l’espère, envie de le lire.


Alerte ! les digital natifs débarquent dans nos entreprises.

Bastille A moins de bloquer toutes les embauches ou de fixer une limite d’âge minimale à l’entrée dans votre entreprise, ce qui est tout à fait illégal, vous allez ouvrir les portes de votre entreprise à ces “Digital Natifs”.

Comment les accueillr ?
Il y a au moins trois scénarios possibles :
Troisième age - Leur demander de s’adapter aux pratiques et aux outils des tribus anciennes, les vôtres. A la première opportunité, ils quitteront ces rives inhospitalières et vous laisseront transformer, progressivement, votre entreprise en résidence du troisième age.

Cohabitation - Les ignorer, mais leur donner les “joujoux” qu’ils réclament, chat, accès ouvert à Facebook et YouTube (Que vous considérez comme des gadgets sans valeur professionnelle). Il se créera un espace de “cohabitation”, plus ou moins pacifique, entre deux mondes qui s’ignorent ; dommage !

Ces deux démarches sont, à long terme, suicidaires pour les entreprises qui vont se couper du monde de demain et d’un sang frais indispensable à leur renouvellement et à leur survie.

C’est, bien sûr, une troisième voie qui est la réponse intelligente à ce challenge !


D’un conflit de générations à une collaboration constructive

Young & Old C’est une première, les nouveaux embauchés, digital natifs, ont beaucoup à ... apprendre à leurs aînés, immigrants et analogistes.
En même temps, comme tous les jeunes qui rentrent dans la vie active, ils ont beaucoup à apprendre de ces mêmes aînés.

Organiser, promouvoir, gérer un transfert de compétences “bi-directionnel”, entre les digital natifs et les digital immigrants, c’est peut-être l’un des meilleurs investissements que peut faire, en 2009, une entreprise.

Les digital natifs ont deux apports potentiels importants :
- La maîtrise des outils numériques
- Une grande familiarité avec les usages collaboratifs.
Comment en tirer parti, intelligemment ?


La maîtrise des outils numériques

 Un digital natif n’a jamais lu le mode d’emploi de son appareil de photos numérique, de son téléphone mobile, de son iPod ou de son PC portable. 

Ce sont des extensions naturelles de leurs mains ou de leurs cerveaux.  Observez-les dans le métro ; ils composent des SMS sans regarder le clavier tout en dialoguant avec leurs amis. N’essayez SMS nonnes pas de les imiter, vous auriez l’air ridicule !

Par contre, l’entreprise pourra, chaque fois qu’elle installera un nouvel outil numérique, en ...  confier l’acculturation aux digital natifs !

Les avantages de cette démarche sont évidents :
Young surfer  - Les formateurs ont une maîtrise innée des outils.
- Confier, très tôt, à de jeunes embauchés, la responsabilité de former leurs “anciens”, va leur faire découvrir que, transférer des compétences, ce n’est pas aussi simple que cela !
- Les personnes formées le seront par des personnes de leur entourage, à qui elles pourront, ensuite, demander de l’assistance chaque fois que cela sera nécessaire.
- Les coûts de ces actions de formation sont très bas.

- Est-ce que la culture de votre entreprise est prête à relever ce challenge ?
- Est-ce qu’un cadre de 35 à 60 ans est prêt à montrer à un “gamin” de 22 à 27 ans à quel point il est nul en technologie ?
- Est-ce que les digital immigrants ne vont pas craindre de perdre leur “autorité” en mettant à nu leurs limites devant leurs jeunes collaborateurs ?
Ce sont ces questions, organisationnelles et humaines, qui pourraient, éventuellement, bloquer de telles initiatives.


Grande familiarité avec des usages collaboratifs

Collaboration Un profil sur Facebook, l’écriture d’un blog ou des commentaires sur ceux de leurs “copains”, la rédaction en groupe de la réponse à un cas rédigé avec Google Apps, la liste est longue de ces usages collaboratifs qui leur paraissent naturels ; ne leur dites surtout pas que c’est du travail collaboratif, ils ne vous comprendraient pas ! Pour eux, c’est un mode d’échange et de travail “normal”.

Logo sharepoint Quand on sait à quel point il est difficile aujourd’hui, dans l’immense majorité des entreprises, de promouvoir des usages collaboratifs, quand on a vu d’innombrables échecs d’implantation d’outils logiciels, dit collaboratifs, on mesure mieux à quel point l’apport des digitals natifs peut être décisif dans ce domaine.

Nénuphars Pour réussir un projet de réseau social, de wiki ou de bureautique 2.0, une entreprise intelligence choisira donc comme “noyau” du groupe des digital natifs.
Comme des nénuphars sur un lac, le réseau social, le wiki pourra accroître sa surface en y ajoutant les digital immigrants qui se trouveront pris dans une dynamique de croissance.

Cette familiarité des digital natifs avec les usages collaboratifs a encore plus de valeur que leur maîtrise des outils.  C’est probablement la clef du succès de la diffusion de ces usages dans des entreprises qui n’en n’ont pas, aujourd’hui, la culture.


Transferts compétences métiers

Speed_limit  Les digital natifs ont aussi de très nombreuses limites, comme toute personne qui commence une vie professionnelle ; elles sont exacerbées par leur culture numérique, qu’ils croient souvent, naïvement, retrouver dans l’entreprise qui les accueille.

Dans ce transfert de compétences vers les digital natifs, quels sont les axes d’action prioritaires :

- La non-compréhension de la technologie sous-jacente ! Je suis souvent surpris de leur ignorance totale des infrastructures qui rendent possibles ces usages collaboratifs, et de leurs contraintes en terme de sécurité, confidentialité et fiabilité.

- L’ignorance des contraintes organisationnelles, des règles du pouvoir, des minima de procédures dont ont besoin les entreprises pour fonctionner.

- Leur expliquer qu’ils ne sont pas plus armés pour leurs activités métiers, de banquiers, de commerciaux ou d’ingénieurs qu’avant et que la maîtrise des outils n’est pas une garantie de compétence métier !

Quoi de neuf, me direz-vous ? Cela, les entreprises le font depuis fort longtemps !
La question à laquelle il est aujourd’hui difficile de répondre, au vu du peu de recul historique, est simple :
Est-ce que la création d’un processus symétrique d’apprentissage entre les digital natifs et les digital immigrants peut améliorer significativement l’apprentissage des deux groupes ?
J’aurais envie de répondre oui ; j’espère que les prochaines années vont confirmer la justesse de ce diagnostic.


Le futur ?

IBrain book  Au moment de terminer ce texte, je viens de découvrir un ouvrage publié par un médecin, iBrain (le cerveau internet ?) qui fait l’hypothèse que notre cerveau humain va être, rapidement, modifié par nos usages intensifs des outils numériques.

C’est aussi l’une des thèses principales de notre grand philosophe Michel Serres, lorsqu’il démontre que l’écriture et Gutenberg ont profondément changé la manière dont nous utilisons notre cerveau.

Je viens de commander ce livre et cela me donnera, peut-être, l’occasion d’écrire un nouveau texte sur un sujet qui n’a pas fini de créer des débats :

Digital natif : un mutant ? Un nouveau mode de pensée, d’utilisation de nos capacités cognitives ?

Je ne résiste pas au plaisir de poser une dernière question :

Brain & WWbrain Est ce que, dans quelques dizaines d’années, déconnecter un digital natif d’Internet aura le même effet que celui qui consiste aujourd’hui à déconnecter un frigidaire du réseau électrique, c’est à dire le transformer en ... un objet sans valeur !

Utopique ? Inquiétant ? Inéluctable ?

Commentaires