Météo informatique : Tsunami Cloud/SaaS à l’horizon ! Deuxième partie : serveurs
23/07/2009
Les deux familles de “Cloud”, Public et Private
Dans une démarche Cloud Computing “native”, les entreprises clientes ne contrôlent pas les serveurs qu’elles utilisent ; elles consomment de la puissance informatique à la carte.
Rien n’est plus faux, mais le marketing fait des miracles !
Depuis que l’informatique existe, des entreprises ont construit des centres informatiques privés où elles hébergent leurs serveurs.
Elles ont aussi, souvent, confié la gestion de ces centres informatiques à des sociétés spécialisées en les faisant héberger par de grands acteurs tels qu’IBM ou Orange.
l’expression “Private Cloud” permet de redonner un nom plus moderne à l’existant informatique des entreprises, ni plus, ni moins.
Evolution des “Private Cloud”
L’un des exemples emblématiques français est celui d’Essilor, qui, après avoir virtualisé ses serveurs, en utilise... 20 fois moins !
Ce n’est pas, on s’en doute, une très bonne nouvelle pour les constructeurs de serveurs !
Evolution du Cloud (public)
Face aux “minicentres de calcul” du “Private cloud”, les grands acteurs du Cloud Computing, Amazon, Google et Microsoft (bientôt avec Azure) construisent de véritables usines informatiques très puissantes.
Ces serveurs seront, soit construits par les acteurs du Cloud, soit achetés par dizaines de milliers à des prix très bas.
Ils seront utilisés à 90 % de leur potentiel, ou plus.
Encore une bonne nouvelle pour les vendeurs de serveurs traditionnels !
Les marchés de serveurs, demain
Pour mieux comprendre l’étendue du désastre qui va être causé aux fournisseurs de serveurs par le Tsunami Cloud/SaaS, je vous propose une analyse des quatre principaux marchés impactés.
- Grand public
Comme souvent, le grand public a montré aux entreprises la voie à suivre !
En novembre 2008, il y avait déjà 3 milliards de photos sur Flickr et... 10 milliards sur Facebook.
Il reste encore un “ersatz ” de serveur dans les foyers, sous la forme des disques durs pour copie de sécurité. Dans ce domaine aussi, les performances des outils d’archivage Web vont rapidement les réduire à la portion congrue.Des dizaines de services, tels que icloud ou boxnet sont opérationnels.
Les nouvelles clefs USB, qui dépassent déjà les 256 Go, seront utilisées pour de l’archivage court terme, en substitut des disques durs traditionnels.
- TPE/PME
Aujourd’hui, une forte majorité de TPE/PME utilise ou achète encore des serveurs, ce qui est une quadruple aberration, technique, écologique, économique et sécuritaire.
- Techniquement : ces serveurs sont utilisés, au mieux, à 5 ou 10 % de leur capacité de traitement, calculée sur 365 jours, 24h/24.
- Ecologiquement : le ratio de l’énergie utilisée pour faire fonctionner ces serveurs (et souvent les refroidir) par rapport à l’énergie informatique produite est catastrophique. Ce ratio est de 20 à 100 fois plus mauvais que celui des grands centres informatiques des acteurs du Cloud Computing.
Google a publié récemment un tableau qui montre qu’il arrive à un ratio PUE (Power Usage Effectiveness) de 1.3, ce qui signifie que 30 % seulement de son énergie électrique n’est pas utilisée par les serveurs.
- Economiquement : les coûts de gestion de ces serveurs, le prix de revient monstrueusement élevé du “kw/h informatique” utilisé sont tels que les responsables de TPE/PME vont, je l’espère, redevenir raisonnables et arrêter les frais de leurs “danseuses informatiques”.
Reste le fallacieux prétexte de la confidentialité, quand ce sont ceux qui sont le plus exposés au vol de données confidentielles, soit par des accès des informaticiens internes soit au travers d’attaques extérieures.
Demain (dans 5 ans ?), 90 %¨des TPE/PME auront abandonné leurs “centres de calcul jouets” et utiliseront de la puissance informatique venant du Cloud (public).
- Grandes et très grandes entreprises
Ces entreprises disposent d’excellents professionnels pour gérer leurs centres de calcul ; ils ont déjà obtenu de très bons résultats et vont les améliorer de deux manières, en virtualisant leurs “private cloud” et en externalisant une partie de leurs applications sur le Cloud (public).
Quels impacts sur les ventes de serveurs
Une fois de plus, je risque l’ire des lecteurs en tentant des prévisions, car je vais me risquer à estimer la réduction du nombre de serveurs qui seront commercialisés dans les 8 à 10 ans qui viennent.
Commençons par les “Private Clouds” des grandes entreprises qui vont souhaiter garder la maîtrise d’une partie de leurs serveurs, soit chez elles, soit en mode hébergé ; je fais l’hypothèse que cela concerne 50 % des serveurs existants.
Les progrès de la virtualisation devraient, à minima, réduire par 5 le nombre de serveurs nécessaires pour réaliser les tâches conservées.
Deuxième estimation, ces grandes entreprises vont basculer sur des “Public Clouds” les 50 % de leurs serveurs correspondant aux applications de type processus soutien (CRM, RH...) ou “Participatique (Bureautique 2.0, Wikis, réseaux sociaux...).
Un rapide calcul donne les résultats suivants :
- Pour 50 % des applications, le nombre de serveurs gardés est divisé par 5.
- Les 50 % d’autres serveurs disparaissent.
Résultat brutal : le nombre de serveurs nécessaires est divisé par ... 10.
Ces ventes pour les “Public Clouds” ne vont donc plus représenter qu’une faible source de revenus, et de bénéfices, pour les vendeurs de serveurs traditionnels, tels que Dell, Sun-Oracle, HP ou IBM.
Pour contrebalancer ces chiffres catastrophiques, je vais faire l’hypothèse que les besoins de serveurs pour de nouveaux usages vont être multipliés par 4 sur cette période de 10 ans.
- Ventes aux grandes entreprises divisées par 2,5.
- Ventes aux PME/TPE, éliminées.
Je ne connais pas les pourcentages de ventes entre grandes entreprises et PME/TPE, et je ferai l’hypothése 50 / 50.
Le nombre de serveurs vendus dans le monde pourrait donc être réduit de .... 80 %.
Je suis prêt à accepter une fourchette de 60 à 90 %, sachant que mes estimations sont fausses, mais pas forcément plus fausses que celles des grandes sociétés d’étude de marché qui, souvent, appuient leurs prévisions sur la continuité des tendances existantes.
Étonnez-vous ensuite que les fournisseurs de serveurs ne soient pas des grands fans du Cloud Computing !