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Internet Explorer aussi rapide que Chrome ! Une excellente nouvelle !


ZDNet sur Chrome


ZDNet France nous annonce une excellente nouvelle : Internet Explorer, dans toutes ses versions 6, 7 et 8, peut maintenant rivaliser en performances avec Chrome pour l’exécution de JavaScript !


Internet Explorer : le miracle !

Perfo navigateurs Javascript V8

J’avais encore en mémoire les résultats catastrophiques d’Internet Explorer dans ce domaine. Les tests les plus récents comparant la version 8 d’IE avec les concurrents modernes, Chrome, Firefox, Opera ou Safari montraient un retard impressionnant. (Graphique publié par Silicon.fr)

Les équipes de développement de Microsoft auraient-elles découvert la potion magique qui leur manquait ?
Hélas, non !

Google Chrome on IE small

Pour aider Microsoft qui n’arrivait pas à accélérer Internet Explorer, Google a fait «office» de bon samaritain et propose un plug-in gratuit, Open Source, sur la base de Webkit et de son moteur de rendu JavaScript, que l’on peut installer en quelques secondes dans Internet Explorer. Il s’agit du plug-in Google Chrome Frame, que l’on peut télécharger ici.

C’est Computerworld qui a fait les premiers tests et annonce une accélération de IE8 dans un rapport 10 (9,6 pour ceux qui préfèrent les chiffres exacts).
On peut simplement regretter que ComputerWorld annonce les résultats sans en publier les graphiques et les preuves.


Microsoft, la honte !

Logo IE 4

- La première version à succès d’Internet Explorer est arrivée, intégrée à Windows 98, en ... 1998.
- Internet Explorer 6 existe depuis 2001, une éternité dans le monde du Web.
- Internet Explorer 8 existe depuis le milieu de 2009.
Cela fait donc plus de dix ans que les équipes logicielles de Microsoft travaillent sur ce produit.

Chrome, le navigateur de Google, a été annoncé en septembre 2008, il y a juste 1 an.

Septembre 2009 : 1 an à peine après le lancement de Chrome, les équipes logicielles de Google, qui sont beaucoup moins nombreuses que celles de Microsoft, sont capable de proposer un accélérateur 10 x pour Internet Explorer 8. Ce n’est pas, faut-il le rappeler, leur activité principale;
Un tel score, en tennis, cela s’appelle une «roue de bicyclette».

Quelles conclusions en tirer ?
- Les développeurs logiciels de Microsoft sont archi-nuls ? Bien sûr que non !
- Les développeurs logiciels de Google sont géniaux ? Bien sûr que non !

La seule explication logique qui me vient est toute simple :
Microsoft ne souhaite pas que son navigateur soit performant, car cela pourrait accélérer la migration des entreprises vers les applications Web, telles que Google Apps !

Amy-barzdukas Microsoft

Amy Barzdukas est la responsable d’Internet Explorer chez Microsoft.
Dans un article récent,en août 2009, elle a dit, avec une franchise que j’admire :  « Friends don't let friends use IE6," said Amy Barzdukas, Microsoft's General Manager for Internet Explorer (IE)» (Les amis ne laissent pas leurs amis utiliser IE6...)

Elle explique quand même, un peu plus loin dans l’article, que IE6 reste une solution acceptable pour les entreprises !

Boulet IE6

Il faudra que l’on m’explique pourquoi les salariés sont condamnés par Microsoft au «bagne IE6» dans leur entreprise et encouragés à utiliser les versions plus récentes chez eux !


Ce n’est sûrement pas de cette manière que l’on va réconcilier les «digital natives» avec le monde de l’entreprise !

Dès l’annonce de Google Chrome Frame, c’est Amy qui est montée au créneau en utilisant l’alibi «sécurité», qui «pourrait» être mise à mal par ce plug-in. Quand on connaît les performances d’IE6 en termes de sécurité, cela laisse rêveur...

Google a immédiatement contre-attaqué en expliquant que la sécurité serait améliorée par ce plug-in.

Sur ce débat sécuritaire, difficile de se faire une opinion tant que les premiers incidents ne se seront pas produits.


Responsables informatiques, le salut !

Cette annonce va faire plaisir à beaucoup de monde !

Carte perforée

C’est génial pour les malheureux utilisateurs de IE6, que l’on ne rencontre plus que dans quelques informatiques attardées de grandes entreprises (Si, si, j’en connais hélas encore quelques-unes, heureusement en voie de disparition !).

Les DSI de ces entreprises ont maintenant trois options :

- Equiper IE 6 avec le plug-in Google Chrome Frame ; c’est une solution transitoire possible.

- Installer un deuxième navigateur, tel que Firefox ou Chrome, sur les PC de leurs «clients». C’était, jusqu’à présent, la seule solution raisonnable pour permettre aux utilisateurs «captifs» de disposer d’un navigateur décent.

Logo Codeplex foundation

Exiger de Microsoft qu’ils installent en natif le moteur Javascript de Chrome. Maintenant que Microsoft est devenue un fan de l’Open Source, comme le montre la création récente, en septembre 2009, de la «CodePlex foundation», leurs équipes seront ravies de pouvoir mettre en pratique le discours de la maison.
J’ai une autre bonne nouvelle pour Microsoft, ceci ne va pas faire exploser leur budget de développement, car c’est, évidemment, un outil gratuit !

Cette amélioration ne s’adresse hélas pas aux «très rares entreprises» qui se refusent encore à donner des accès internet à leurs «clients» internes et qui, naturellement, ne voit aucun intérêt à installer un navigateur performant.

Sleeping beauty

Ce sont les mêmes qui, il y a 20 ans, refusaient l’accès au téléphone national ou international. Leurs DSI, «Belle au bois dormant», se sont endormis il y a vingt ans, après l’arrivée des PC Windows et ignorent encore que 1 700 millions de personnes utilisent quotidiennement un truc nommé ... Internet.

Et si Chrome devenait leur «Prince charmant » pour les ramener à la vraie vie, à la réalité ?


Caveat :
Il y a par contre un point majeur à souligner : cette augmentation spectaculaire de performances n’est possible que lorsque les sites visités auront rajouté une petite balise au début de la page.
Pour les «hyper-pro» du développement, voici le code à rajouter : 

<meta http-equiv="X-UA-Compatible" content="chrome=1">

Ce n’est pas très grave pour les grandes entreprises, car il leur faudra bien tout ce temps-là pour accepter l’idée, se décider et la mettre en œuvre !

Complément du 27 septembre 19h.

Acid3 results

A la suite de quelques commentaires sur la version de mon blog publiée aussi par ZDNet.fr, je rajoute un graphique, aussi publié par Silicon.fr dans l'étude déjà citée, sur la compatibilité des principaux navigateurs avec les standards du Web. Il s'agit du test le plus complet, ACID3 ; là aussi, les résultats obtenus par IE 8 sont catastrophiques !

Mise à jour du 28 septembre

Merci à ZDNet.fr d'avoir rapidement testé les performances du tandem Internet Explorer avec le plug-in Chrome et d'avoir publié les résultats. Ils confirment les spectaculaires augmentation de performances annoncées.


Responsables informatiques : “Cloudifiez” vos infrastructures, immédiatement !


Clouds

Cloud par ci, Cloud par là, les “nuages” ont envahi le jargon de l’informatique et j’en assume une, petite, part de responsabilité.

Depuis le début de l’année 2009, tout le monde parle de Cloud Computing, y  compris sur ce blog.

Conférence IDC Cloud

Dans quelques jours, le 24 septembre, lors de la journée sur les infrastructures organisée par IDC à Paris, à laquelle sont invités, gratuitement, les responsables informatiques et d’infrastructures, je vais intervenir sur le thème :

Migrer ses infrastructures vers le "Cloud Computing : potentiels, domaines d'actions, calendriers et risques.


En préparant cette conférence, j’ai analysé quelques informations récentes qui m’ont conforté dans ma vision d’un avenir très «cloudy» pour les infrastructures de toutes les entreprises.


Cloud Computing : les infrastructures de demain... aujourd’hui

DataCenter 1

Les fondements du Cloud Computing sont avant tout des ... infrastructures, et des serveurs, il ne faut pas l’oublier !

C’est un sujet qui intéresse toutes les entreprises qui gérent aujourd’hui des infrastructures informatiques, depuis un ou deux serveurs à des centres de calculs importants.
C’est prioritaire pour les grandes entreprises qui ont beaucoup à gagner, et rapidement.

Malheureusement, tous les fournisseurs informatiques se sont emparés de l’expression Cloud Computing, ce qui a pour principale conséquence de créer une grande confusion dans l’esprit des responsables.

Confused bp

Et si l’on essayait d’y voir clair ?

Je vous propose donc une première typologie des «clouds», en quatre familles :
- Public Cloud, ou «Nuages publics».
- Private Cloud, ou «Nuages privés».
- VPC, Virtual Private Cloud, ou «Nuages privés virtuels».
- Hybrid Cloud ou «Nuages hybrides»

Dans la suite de ce texte, je garderai les expressions anglaises, en espérant que nous pourrons rapidement utiliser des équivalents français.


Public Cloud

Amazon risky bet

Les Public Clouds sont à l’origine du mouvement Cloud Computing et en constituent les éléments fondateurs ; beaucoup considèrent, et j’en fais partie, que ce sont les seuls véritables Clouds.

En allant à l’essentiel, (Wikipédia pour plus de détails), un «Public Cloud» possède les caractéristiques suivantes :

- Des serveurs et autres ressources informatiques proposées comme un service par un fournisseur.
- Les clients utilisent des ressources qui ne leurs appartiennent pas, qu’ils ne contrôlent pas.
- Ces ressources sont facturées au temps passé, et les clients ne paient que les ressources qu’ils ont consommées.
- Un client peut disposer de ressources, en pratique infinies, de 1 à des milliers de serveurs, en fonction de la variabilité de sa demande.

Amazon, avec AWS, Amazon Web Services, est depuis 2006 le principal fournisseur de Public Cloud. Microsoft, avec Azure, devrait, à partir de 2010, proposer une offre concurrente.


Private cloud

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Confrontés à l’émergence d’une concurrence très dangereuse pour leur survie, tous les acteurs traditionnels de l’infrastructure, et en particulier les fournisseurs de serveurs et les éditeurs de solutions de virtualisation, ont une une idée de «génie» : ils sont devenus, par un coup de baguette magique, les principaux promoteurs du Cloud Computing ! Oui, mais du ... Private Cloud.

Sun, HP, VMWare, Dell... ne tarissent plus d’éloges sur les avantages du Cloud Computing, version private.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’un abus de langage !
Ce n’est en réalité qu’une nouvelle étiquette pour parler des infrastructures traditionnelles !

Les private cloud, ce sont :
- Des infrastructures qui appartiennent à une entreprise, qui en contrôle les évolutions.
- Des infrastructures qui représentent un investissement pour l’entreprise, et dont les coûts sont, pour l’essentiel, indépendants du niveau d’usage.
- Des infrastructures gérées par l’entreprise ou par un hébergeur.
- Un domaine où les réductions de coûts et les amélioration d’efficacité sont possible grâce à une recentralisation et à la virtualisation des serveurs.


VPC, Virtual Private Cloud

Amazon vpc

Début septembre 2009, Amazon a présenté VPC, Virtual Private Cloud ; c’est, à mon avis, une annonce majeure, qui va rassurer tous les responsables informatiques qui hésitaient encore à utiliser les clouds publics, malgré leurs avantages évidents. En pratique, VPC permet à une entreprise d’utiliser le Cloud Public d’Amazon en y créant un espace virtuel, protégé, qu’elle sera seule à pouvoir accéder pendant tout le temps de l’existence de cet espace virtuel.
En reliant ses infrastructures, pardon, son «private cloud», au VPC d’Amazon au travers d’un VPN (Virtual Private Network), une entreprise peut disposer de toute la puissance du Cloud Amazon, chaque fois que nécessaire, mais avec un sécurité maximale.
Tous les détails de cette offre sont disponibles, ici.


Hybrid Cloud


Private, VPC & public cloud

A l’exception des PME, qui peuvent, immédiatement, migrer 100 % de leurs infrastructures sur un Public Cloud, les  grandes organisations vont utiliser pendant de nombreuses années un «mix» de ces trois différents clouds, un Hybrid Cloud.

Quels usages, sur quels Clouds ? A quelle vitesse ? Quels seront les fournisseurs dominants ? Faut-il choisir un ou plusieurs fournisseurs de Public Cloud ?
Beaucoup de questions en suspens, auxquelles les responsables d’infrastructures devront rapidement répondre.

Il restait encore une difficulté majeure à résoudre pour permettre aux entreprises de migrer vers des solutions Cloud Public ou VPC ; les transferts de données entre ces différents clouds étaient très pénalisées par le protocole TCP/IP d’Internet.
Une fois de plus, Amazon innove en adoptant rapidement un nouveau protocole, FASP, Fast And Secure Protocol.


FASP : Fast And Secure Protocol

FASP est un nouveau protocole Internet, mis au point par la société Aspera, pour accélérer les échanges de gros volumes de données. Il élimine les principales limites de TCP ; une présentation détaillée des avantages de FASP est disponible ici.
Technology Review en fait aussi une analyse indépendante et très claire.

Le principe de base est simple : FASP envoie des paquets plus volumineux, fait l’hypothèse qu’ils vont arriver à bon port et n’attend pas un accusé de réception pour envoyer le paquet suivant. Seuls les paquets qui ne sont pas arrivés sont ré-émis.
Les résultats obtenus sont spectaculaires, comme le montre ces deux graphiques.

FASP vs FTP

Le premier compare FTP (File Transfert Protocol) et FASP sur une liaison Gigabit Ethernet dans deux situations :
- Liaison courte de qualité : FASP est 22 fois plus rapide.
- Liaison longue de faible qualité : FASP est dans ce cas plus de 800 fois plus rapide !

FASP transfer times

Le deuxième graphique présente différents temps de transferts FASP en fonction de la qualité et de la vitesse de la liaison. Sur une ligne à 100 Mbit/s, il faut 1m24s pour transférer 1 Go de données. 

Le protocole FASP était déjà utilisé par quelques entreprises innovantes ; le fait qu’il soit «adoubé» par Amazon devrait lui donner ses lettres de noblesse et en faire, très vite un véritable standard.

Tout sera alors en place pour démarrer une migration rapide vers une infrastructure Cloud Computing véritable, en privilégiant les solutions Public Cloud et VPC.

C’est une excellente nouvelle pour les responsables informatiques !

Vous pouvez commencer à "Cloudifier" vos infrastructures, pour le plus grand bonheur de votre Direction Générale et de vos clients.


Très haut débit : et si la France se trompait d’époque ?

Broadband world Forum Paris Fin septembre 2009, Paris aura été l’hôte de deux salons consacrés au très haut débit.

Le premier, “Broadband World Forum”, comme son nom l’indique clairement, était un événement international et a eu lieu du 7 au 9 septembre.

Salon Odébit 2009 Le second, “ODEBIT 2009”, très centré sur l’équipement du territoire national français, aura lieu les 22 et 23 septembre 2009.
Je m’y suis inscrit, bien sûr, car c’est un sujet stratégique sur lequel je travaille beaucoup.

En lisant le programme, quelle ne fut pas ma surprise en constatant qu’il n’était question, pour l’essentiel, que de la fibre optique !

Je suis très inquiet, car j’entends actuellement en France un discours simpliste sur ce sujet :
- La France est en retard sur le Très Haut Débit, oui.
- Les pays qui sont en avance, Japon, Corée du Sud ont déployé de la fibre optique, oui.
- Donc, il faut déployer de la fibre optique en France !

Et si ce raisonnement, en apparence logique, était erroné ?
C’est ce que je vous propose d’analyser avec moi.


Les atouts de la France, aujourd’hui

Remarque : ce que j’écris sur la France est valable pour la grande majorité des pays développés.

Haut débit en France 7_2009La France n’a pas à rougir de sa position concernant les accès à Internet :

- Elle est très bien placée en Europe dans le haut débit, entre 1 et 10 Mbits. Une récente enquête de l’ARCEP, l’organisme de régulation des télécoms, montre que près de 19 millions de foyers étaient connectés à Internet, fin juillet 2009.

- Les tarifs pratiqués pour les accès Internet, en majorité ADSL, sont très compétitifs, grâce à une forte concurrence entre les principaux acteurs.


Les retards de la France, aujourd’hui

Horloge en retard Nous avons un très grand retard dans le déploiement du très haut débit (THD),
Dans la suite de ce texte, je prendrai comme hypothèse de travail que le THD commence à 50 Mbit/s. D’autres préfèrent parler de 100 Mbi/s minimum, mais je considère que 50 Mbit/s permettent déjà un saut qualitatif majeur en termes d’usages de l’Internet.

L’échec retentissant du premier plan câble, suivi d’un déploiement “anémique” de la fibre optique font que, aujourd’hui, la France est dans le peloton de queue des pays où le THD est déployé.
Une des nombreuses études publiées récemment sur le sujet place la France en 23e position pour le débit descendant, et 37e pour les débits montants, devant les Etats-Unis, mais loin derrière les leaders.

Ce retard est-il sérieux ? Oui !
Est-il important de le combler rapidement? Oui !

Dans le contexte de ce blog, centré sur les usages professionnels des outils informatiques, je suis persuadé que les entreprises ont beaucoup à gagner, en termes de productivité et de compétitivité, si elles peuvent proposer un accès THD à leurs collaborateurs.


La fibre optique pour tous, un combat d’arrière-garde ?

Salon Odébit 2009 Conférences FTTH FTTB, FTTO, FTTx, (Fiber To The Building, Office, anywhere...) ! Ce sont les thèmes omniprésents de la conférence ODEBIT 2009.

Au début des années 90, de très nombreux pays étaient en retard pour les réseaux téléphoniques filaires, Pologne, Maroc, Sénégal...
Se sont-ils précipités pour installer des fils de cuivre partout ? Non, ils ont eu l’intelligence de sauter une génération technologique et de passer directement au GSM, téléphonie sans fil.  Dans tous ces pays, le taux d’équipement est très élevé et dépasse souvent les 60 à 80 %  de la population.

Au début des années 2010, la France, et beaucoup d’autres pays se trouvent devant une situation identique, concernant les fibres optiques.

Seront nous aussi intelligents que les pays en émergence des années 90, seront nous capables de sauter une génération et de faire, pour le THD, ce qu’ils ont fait pour la voix, c'est-à-dire déployer directement des réseaux  Très Haut Débit.... sans fil.

C’est une question stratégique majeure, au moment où des décisions d’investissements importants vont être prises.

Prenons l’exemple de notre déjà célèbre Grand Emprunt National.
Investir dans des infrastructures du futur, c’est, si j’ai bien compris, son objectif prioritaire et je trouve cela une excellente idée.
Mais quand je lis , et , que la fibre optique serait la solution retenue, j’ai envie de crier “casse-cou”.

Le discours de Jean-Ludovic Silicani, Président de ‘l’ARCEP, le 10 septembre 2009 à l’occasion du séminaire “Numérique : investir aujourd’hui pour la croissance de demain”, confirme mes inquiétudes. Il y parle des moyens de financer la fibre, selon la densité de la population et donne cette définition du THD :

“....vers le très haut débit qui se caractérise, quant à lui, par l’arrivée de la fibre optique jusqu’aux logements.”

Dans ce même discours, il annonce aussi que “ Ce chantier représentera un surcroît d’investissement considérable : plusieurs dizaines de milliards d’euros.”

Pour plus d’informations sur ce séminaire “politique”, je vous conseille le blog d'Olvier Ezratty, qui a écrit trois textes très détaillés sur cet événement.

Installation Fibre optique Creuser des dizaines de milliers de kilomètres de tranchées pour installer des fils ! En 2010 !

Quelle ringardise ! Quel gâchis financier !

Et si l’on sautait, directement, dans l’ère du THDM, Très Haut Débit Mobile ?

Attention, il ne s’agit pas de nier l’intérêt de la fibre optique, indispensable, et depuis longtemps, pour les infrastructures internet en moyenne et longue distances.  Dans ce domaine, tout est déjà prêt ; on estime que plus de 80 % des fibres optiques déjà installées en France ne sont pas utilisées. Elles pourront être mises en service pour relier tous les émetteurs THDM que l’on peut installer au cours des 5 prochaines années.


Le Très Haut Débit pour “presque tous”, oui, mais ... mobile !

Les priorités étaient totalement différentes au “Broadband World Forum” ; les réseaux sans fil étaient omniprésents dans tous les discours. Le nouveau CEO d’Ericsson, Hans Vestberg, dans son exposé prévoit que “In five years] we will almost have 3 billion mobile broadband subscribers”  (dans 5 ans (en 2014), il y aura presque 3 milliards d’abonnés haut débit mobile.)

Speed Mobile networks:fixed Les progrès réalisés par les réseaux sans fil, 3G+ et HSPA aujourd’hui, LTE et/ou WiMax demain, sont spectaculaires ; comme le montre très bien ce graphique, leurs performances se rapprochent aujourd’hui de celles des réseaux filaires.

J’ai publié sur ce blog, en avril 2009, cinq textes sur les réseaux haut débit, filaires et sans fil. Le premier est et celui qui parle plus spécialement des réseaux très haut débit sans fil, ici.

Je ne vais donc pas reprendre en détail ce sujet, mais aller à l’essentiel.

Dès 2010/2011, les réseaux sans fil LTE permettront de proposer des vitesses de transfert, en descente, de l’ordre de 100 Mbit/s.
Forrester Utilisateurs Internet Mobile 2014 En clair, ces réseaux sans fil auront les mêmes performances que la fibre optique FTTH dont la France envisage de s’équiper.
Le cabinet d’études Forrester prévoit, lui aussi, une très forte croissance du nombre d’utilisateurs haut débit mobile en Europe.

Une question simple : quand un réseau sans fil propose les mêmes performances qu’un réseau filaire, quel est celui qui va gagner, celui qui aura les faveurs du public, celui qu’il faut privilégier ?

Vous connaissez la réponse !


Un plan d’action Très Haut Débit Mobile pour la France : comment ?

La France souhaite investir dans les infrastructures, tant mieux ; une opportunité extraordinaire se profile à l’horizon :

Devenir, en 5 ans, l’un des premiers pays au monde à proposer du Très Haut Débit Mobile pour 90 % de la population.

J’entends déjà les arguments de tous ceux qui vont lutter contre cette idée :
- Ce n’est pas possible.
- Aucun pays ne l’a fait.
- Les antennes sont dangereuses pour la santé.
- Les technologies LTE ou WiMax ne sont pas opérationnelles
-....

Il y a bien sûr une part de risques, raisonnables, à ce lancer dans ce projet d’investissement, mais les signes encourageants sont très nombreux :
 - La Suède a annoncé un projet dans cette direction.

LTE chip - Les premiers modems LTE à 100 Mbit/s arrivent sur le marché.

- Tous les acteurs industriels du marché sont conscients du potentiel de ces technologies.

3G Modem WiFi - On peut déjà acheter des “modems” qui transforment le signal HSPA ou LTE en Wi-Fi, partageable par plusieurs personnes. Ces petits boitiers pourraient, demain, remplacer les “box” ADSL, en offrant en plus la possibilité de les transporter dans sa maison de vacances ou son camping favori ! Autre avantage, le coût de l’abonnement LTE sera partagé par tous les utilisateurs de ce boitier.

Le plan d’action que je propose est simple, trop simple peut-être :

Mains partenariat - Partenariat Public / Privé : cela tombe bien, il y a trois, bientôt quatre opérateurs mobiles en France qui vont, de toute façon, investir sur LTE. Le Grand Emprunt National peut, en versant une somme raisonnable de l’ordre du milliard d’euros à chacun, donner un très fort coup d’accélérateur à ces investissements.

- Libérer le plus vite possible les fréquences de la télévision analogique pour ces réseaux ; dans ces bandes de fréquences, relativement basses, il faut moins d’antennes pour couvrir le territoire national.

- Donner priorité à la couverture des zones géographiques de faible et moyenne densité au démarrage du projet, car ce sont celles qui en ont le plus besoin. Les opérateurs mobiles n’ont pas besoin d’aides de l’État pour financer les espaces à très haute densité de clients.

- Ne pas financer le déploiement de la fibre optique FTTH ou FTTO. Les opérateurs sont parfaitement capables de déterminer dans quelles zones, à forte densité, il est rentable pour eux de proposer des solutions FTTH pour les particuliers ou FTTO pour les entreprises.

Transformer un retard en opportunité ; c’est ce que peut faire aujourd’hui un pays comme la France en misant sur le Très Haut Débit Mobile.

FTTx ou LTE pour le Très Haut Débit : un choix simple, un choix stratégique, un choix qui peut profondément impacter la compétitivité de notre économie.

Espérons qu’une grave erreur d’investissement ne soit pas commise dans les semaines qui viennent !