L’industrie du logiciel face aux défis du Cloud : Retour de la conférence «SIIA on Demand» à San José (Californie)
02/11/2009
Fin octobre et début novembre 2009, la Silicon Valley accueillait de nombreuses conférences qui faisaient la part belle au Cloud Computing.
L’avantage concurrentiel de la Silicon Valley reste donc fort, même si le Web nous permet de partager plus facilement contacts et connaissances.
La participation à des rencontres dans le monde «réel» offre encore des avantages majeurs en termes de convivialité et d’interactivité ; même Google Wave que nous testons chez Revevol n’est pas encore le substitut idéal aux rencontres dans un monde bien physique.
Il va sans dire que le Wi-Fi, gratuit, était omniprésent partout où je me suis déplacé. J’ai aussi vérifié qu’il y avait de nombreux réseaux publics gratuits «downtown», mis en œuvre par les municipalités.
La première conférence à laquelle j’ai participé était organisée par SIIA (Software & information Industry Association) les 29 et 30 octobre à San José, sur le thème : «Driving revenues in a recovering economy»(Augmenter son CA dans une économie qui redémarre)Participants et thèmes principaux
SIIA on Demand est un lieu de rencontres de l’offre de solutions ; les utilisateurs y sont donc minoritaires.
J’ai retrouvé avec plaisir quelques-unes des «leaders» du Cloud, que je connais bien et dont j’ai souvent parlé dans mon blog, tels que Phil Wainewright ou Bill McNee (à droite) de Saugatuck.
Nous sommes encore un petit «club» de professionnels du Cloud Computing et j’espère qu’il va rapidement s’agrandir.
Il y avait environ 300 participants à cette conférence, et beaucoup d’entreprises étaient représentées par leurs CEO ou Présidents.
La dernière séance de travail était d’ailleurs réservée aux «CEO» et ils m’ont demandé de ne pas écrire sur ce qui s’y est dit, car c’était une réunion «private», et je respecte bien sûr mes engagements. Il était quand même fascinant d’entendre les dirigeants d’une vingtaine de fournisseurs, parmi les plus importants du secteur Cloud/SaaS, échanger librement sur leurs stratégies marketing, leurs alliances et leurs difficultés.
Quelques idées-forces
Il y avait souvent des conférences en parallèle : il m’est donc impossible de faire un compte rendu exhaustif de toutes les interventions. Je vous propose de résumer en quelques lignes les messages les plus forts, les plus universels et de mettre plus en valeur les exposés qui m’ont le plus apporté.
- Le Cloud est là pour durer.
Je n’ai pas croisé une seule personne qui mette en doute la pérennité du Cloud Computing.
- Urgence à s’y préparer, si l’on vient du monde du logiciel historique, «Pré-Cloud».
IBM, Microsoft, Novell, Cast iron Systems, SAP.... étaient quelques-uns des représentants de l’informatique historique qui intervenaient, sponsorisaient ou avaient un stand.
- Les solutions «d’intégration» SaaS fleurissent.Boomi, Pervasive, Savvion... et quelques autres proposent d’aider les entreprises à «intégrer» les SaaS entre eux et avec les applications qui restent derrière le firewall.
- De très nombreux nouveaux acteurs tentent leur chance sur le Cloud.
Plusieurs séances étaient consacrées à des présentations de 5 minutes maximum par de jeunes sociétés telles que Aha! Software, Clarizen, etouches, Gist, Kaulkin Information Systems, Longjump, Nolio, MarketBright, Smartvault, Widen Enterprises ou Zetta.
- La vente indirecte, par un canal de revendeurs, va s’imposer.
Une session entière était consacrée à ce thème ; pour grandir vite, la majorité des fournisseurs de solutions choisissent de s’appuyer sur des réseaux de revendeurs.
La table ronde consacrée au «Marketing 2.0» a aussi insisté sur cette dimension indirecte ; c’était aussi la seule et unique fois que j’ai pu écouter un intervenant féminin ! Le Cloud Computing doit aussi faire des progrès dans ce domaine !
- La grande majorité des éditeurs de solutions SaaS, américains, s’implantent très vite à l’international.
Contrairement aux solutions traditionnelles, qui demandent des implantations géographiques lourdes dans chaque pays, il est possible de distribuer des solutions SaaS dans le monde entier avec des structures très légères, car l’essentiel des activités peut se faire sur le Web.
Je vous propose maintenant de faire le point sur quelques moments forts de la conférence.
SuccessFactors : quelques chiffres
Lars Dalgaard, né au Danemark, CEO de SuccessFactors était le premier «keynote». Très offensif, fier et sur du succès de son entreprise, il a donné quelques chiffres qui mettent en évidence les avantages de la démarche SaaS/Cloud par rapport aux approches historiques.
SuccessFactors, c’est :
5,4 millions d’utilisateurs, dans 185 pays.
2850 clients, un logiciel en 31 langues.
La signature du plus gros contrat SaaS du monde avec 420 000 utilisateurs chez Siemens.
Et tout ceci fonctionne avec .... 150 serveurs, à un coût qu’il estime inférieur de 80 % à ceux d’Amazon.
Ses expériences européennes antérieures l’ont aidé à trouver la meilleure implantation de leur centre de calcul en Europe, Amsterdam, terrain neutre ! Il a expliqué à nos amis américains, pas toujours au courant des subtilités de la politique européenne, que l’implanter à Paris aurait mécontenté les allemands et vice-versa.
Google, les clefs de la réussite pour vendre les solutions Cloud.
Michael Lock, responsable des ventes entreprises aux Etats-Unis, était le dernier «keynote», pendant le déjeuner très frugal (Panini et pomme) de vendredi.
Tout le monde sait que Google Apps est de 5 à 10 fois moins cher que les solutions historiques concurrentes, Exchange ou Lotus Notes. Il était donc intéressant de l’entendre proclamer que le prix n’était pas le principal facteur de succès !
Il a mis la vitesse en tête des critères de réussite, et de nombreux autres conférenciers ont émis la même idée.
Pour Michael, un déploiement de Google Apps doit se réaliser en moins de trois mois, quel que soit le nombre de personnes concernées.
Le cas ... NetSuite
NetSuite est l’un des grands succès du marché SaaS, avec une stratégie unique ; NetSuite, dont l’un des grands actionnaires est Oracle, est la seule offre significative d’ «ERP intégré» en mode SaaS.
Zack Nelson, son CEO, a présenté les grandes lignes de sa stratégie, qui a le mérite de l’originalité dans un monde où la majorité des acteurs sont persuadés que seules les solutions spécialisées «Best of breed» peuvent s’imposer.
Sur ce tableau qui liste les entreprises leaders, celles qui souffrent et celles qui voudraient bien y aller, les chiffres sont éloquents :
Pour réussir le ticket d’entrée est un investissement de plusieurs dizaines de millions de dollars, et cela ne garantit pas le succès, comme le montrent les résultats de Intacct et Workday, sans parler de ...SAP !
L’autre idée-force de NetSuite est de croire au succès des SaaS verticaux, par secteurs d’activités. Zack, et c’est logique avec sa démarche, pense que les sociétés de services ne peuvent apporter de la valeur à NetSuite qu’en choisissant un secteur d’activité vertical et en adaptant la suite intégrée à ce secteur spécifique.
L’avenir dira s’il a vu juste.
Les marchés financiers... adorent le Cloud Computing.
Brendal Barnicle est VP et analyste chez Pacific Crest, l’une des plus grandes banques d’investissement spécialisées dans le secteur informatique.
Il y a quelques jours, Bill McNee avait publié un graphique important mettant en évidence les performances relatives des éditeurs de logiciels traditionnels face aux éditeurs SaaS.
Même en période de crise économique, les résultats sont spectaculaires ; SaaS l’emporte haut la main.
Le discours de Brendal était encore plus optimiste ; les marchés financiers adorent le cloud computing !
Selon lui, c’est la bien meilleure «prédictibilité » des résultats qui intéresse les investisseurs et explique qu’ils appliquent aux éditeurs SaaS des multiples plus importants.
Ceci, couplé à un taux de renouvellement des contrats qui dépasse le plus souvent les 90 %, donne aux entreprises du Cloud Computing un avantage à long terme déterminant sur les marchés financiers.
Comme en plus les clients sont ravis et fidèles, tout est en place pour assurer la victoire finale, par KO, du Cloud Computing !
Une conférence majeure sur le Cloud, en mai 2010 à San Francisco
Lors de la deuxième journée, SIIA et OpSource, qui organisaient des conférences sur le Cloud Computing de manière indépendante, ont décidé d’unir leurs efforts pour proposer, en mai 2010 à San Francisco, dans un lieu emblématique, l’hôtel Westin St Francis, une conférence commune sur le thème :
«All about the Cloud» «Tout sur le Cloud»
Je pense que c’est une excellente idée, car le nombre d’événements sur ce sujet avait une fâcheuse tendance à exploser, une preuve de plus du succès du Cloud Computing.
Je vais maintenant faire un «long» voyage de 15 miles pour aller à la conférence «Cloud Computing et virtualisation» organisée par Sys-Con à Santa-Clara, du 2 au 4 novembre.
Ce sera le sujet de mon deuxième blog californien.