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Internet mobile, dominant dans cinq ans

Alerte ! Mutation profonde à l’horizon !


Old Motorola En 2014, la majorité des accès à internet se feront avec des objets mobiles, en utilisant des réseaux sans fil.

C’est l’une des prévisions les plus fortes du rapport sur l’évolution des technologies proposé chaque année par la banque Morgan Stanley.

Depuis 1995, cette banque publie un document remarquable sur Internet, ses évolutions, ses acteurs dominants, ses dimensions économiques et techniques.

Mary Meeker Internet report 1995 Le premier rapport publié, en 1995, vient d’être mis gratuitement à la disposition de tous les internautes par Morgan Stanley.
Je vous encourage vivement à le lire ; la qualité des analyses et des prévisions sur un phénomène encore marginal en 1995, Internet, est impressionnante. Ceci donne encore plus de crédibilité à leurs prévisions de cette année.

Parmi les personnes qui avaient apprécié ce livre, Eric Schmidt disait :
«A great primer for anyone considering an investment in the many emerging segments of this dynamic market» – Dr. Eric Schmidt, chief technology officer, Sun Microsystems.
(« Une excellente introduction pour toute personne envisageant un investissement dans l’un des nombreux segments émergents de ce marché en rapide évolution.»)

Je ne sais pas si c’est la lecture de ce rapport qui l’a poussé à changer de job, mais il ne s’est pas trompé en devenant le CEO de... Google.


Mary Meeker et son équipe

Mary Meeker Web 2.0 summit Derrière ces études, il y a toute une équipe dirigée par Mary Meeker, l’une des plus brillantes analystes mondiales dans le domaine de l’informatique et d’Internet.

Ses interventions, comme cette année au Web 2.0 Summit, sont toujours suivies avec beaucoup d’attention par toute la profession.




2010 - 2014 : l’Internet Mobile prend le pouvoir

Morgan Stanley - Titre rapport Il est possible de télécharger, gratuitement, la dernière étude publiée par Morgan Stanley en 2009 ; armez-vous de patience si vous n’avez pas d’accès très rapide, car c’est un document de plus de 50 Mo.

Pour toute personne intéressée par les évolutions d’Internet, c’est une lecture indispensable !
Il vous faudra de nombreuses heures pour absorber l’extraordinaire quantité d’informations disponibles dans ce document de plus de 400 pages avec près de 700 graphiques et/ou tableaux.

Même les personnes qui ne sont pas très à l’aise avec l’anglais ont intérêt à se le procurer, car un grand nombre de graphiques sont très compréhensibles avec un tout petit vocabulaire anglais.

Devant ce déluge d’informations, toutes plus passionnantes les unes que les autres, je ne vais pas essayer de résumer cette étude ; je préfère en extraire quelques chiffres qui m’ont paru essentiels, pour vous donner envie de le lire dans son intégralité.

Les huit thèmes clefs sont les suivants :
Morgan Stanley - 8 thèmes clefs  
1 - Création de richesse, Internet Mobile, le cinquième cycle des dernières 50 années.

2 - Internet Mobile : une croissance plus rapide que le fixe ; sera plus important que ce que pense la majorité des personnes.

3 - Apple est aujourd’hui, encore, le leader en termes d’innovation.

4 - Les réseaux sociaux et la mobilité vont changer les règles du jeu en communication et plateformes de commerce.

5 - Le Japon a montré la voie en termes de croissance et de monétisation.

6 - La croissance massive des flux de données va piloter les investissements des opérateurs.

7 - Les marchés émergents représentent d’extraordinaires opportunités.

8 - Les régulateurs du marché peuvent accélérer ou ralentir les évolutions de l’Internet Mobile.


Quelques chiffres clefs

Cette sélection est très incomplète, personnelle et subjective. Chaque lecteur de ce rapport découvrira certainement des dizaines d’autres graphiques ou tableaux qui lui paraissent encore plus importants, et tant mieux.
Les lecteurs habituels de mon blog y trouveront souvent la confirmation des idées que j’y défends depuis longtemps !

Je vous propose de les regrouper par quelques thèmes forts.

La technologie n’est pas neutre

Les améliorations de performances et les réductions de coûts qu’elles induisent sont les vecteurs clefs de cette mutation annoncée vers un Internet Mobile dominant.

Amélioration de la vitesse des réseaux mobiles de nouvelle génération, LTE, Long Term Evolution.
Morgan Stanley - LTE evolution  
En 2014, la vitesse des réseaux mobiles LTE sera 20 fois plus rapide que celle des meilleurs réseaux HSPA actuels et 100 fois plus rapide que les réseaux HSDPA actuellement déployés en France.
En clair, un message ou un document que l’on obtient aujourd’hui en 2 minutes sera disponible en 1 seconde en 2014.

Réduction du coût du Mb/s
Morgan Stanley - Cost reduction Mobile data by techno
La première génération LTE est déjà 50 fois moins chère au Mbit que EDGE.
Cette baisse continuera de manière exponentielle avec les nouvelles générations LTE.

Les objets mobiles d’accès vont marginaliser les PC de bureaux

Morgan Stanley - Notebooks =Smarphones vs desktops
C’est en 2006 que, pour la première fois, les ventes de PC portables et de smartphones ont dépassé celles des PC de bureaux.
En 2013, les ventes de PC de bureaux ne représenteront plus qu’environ 15 % du marché mondial des objets d’accès à Internet.

Le couple iPhone + iTouch d’Apple a eu la plus rapide croissance du nombre d’unités vendues de tous les temps.
Morgan Stanley - iphone vs Nintendo vs RIM
Même des produits grands publics tels que la console Wii ou la PSP de Sony ont grandi moins vite.
La comparaison avec l’iPod et le BlackBerry est ... édifiante !

Les flux de données marginalisent les flux voix
Morgan Stanley -AT&T data traffic increase
Depuis que le réseau américain AT&T est le distributeur exclusif de l’iPhone dans ce pays, le volume de données transmises a été multiplié par 50, en trois ans.

Morgan Stanley -Data vs voice traffic Japan
Au Japon, qui, comme le souligne ce rapport, est le pays où l’Internet Mobile a une très grande avance par rapport au reste du monde, Europe et Etats-Unis compris, l’opérateur NTT a vu son trafic voix décroitre de 2 % par an alors que le trafic des données a été multiplié par 6 en quatre ans.

Les usages mobiles commencent à dépasser les usages fixes

L’important, ce ne sont pas les technologies, mais les changements d’usages qu’elles induisent.
Morgan Stanley - Japan Social networking mobile
Une fois encore, le Japon montre la voie : sur Mixi, le principal réseau social de ce pays, les accès depuis un PC fixe sont passés de plus de 80 % en 2006 à 26 % au début 2009.
Les 2/3 des accès à ce réseau social ont lieu, aujourd’hui, au travers d’un réseau mobile.

Il ne vous reste plus, maintenant, qu’à analyser les 400+ autres graphiques que contient ce rapport !

Synthèse

En 2014, nous serons... 2 800 millions de personnes à utiliser des réseaux mobiles pour accéder à Internet.
Morgan Stanley 3G subscribers 2014
Ce rapport estime que l’année de basculement sera celle qui démarre dans quelques jours, 2010.

J’en profite donc pour vous souhaiter :

Un excellent Internet Mobile en 2010 !


Internet worldstats septembre 2009 Pour mémoire, la dernière étude Worldstats sur Internet estime que, fin septembre 2009, il y avait dans le monde 1 700 millions d’internautes, toutes technologies confondues.

En clair, cela signifie que le nombre d’internautes mobiles en 2014 sera 1,5 fois plus élevé que celui de tous les internautes, fin 2009.

Pour essayer de résumer cet ensemble d’analyses et de prévisions, je vous propose un seul message :


« En 2014,  40 % de la population mondiale,

soit près de 3 milliards de personnes,

utiliseront des réseaux et objets mobiles pour accéder à Internet,

avec des vitesses qui pourront dépasser le Gbit/s»


J’espère que tous les décideurs économiques et politiques de notre pays vont lire, étudier et analyser ce rapport.
Toutes les clefs de la réussite dans la technologie dominante de demain, l’Internet Mobile, y figurent.

En 2010, plus aucun décideur ne pourra dire : «Je ne savais pas !».

Toute mauvaise décision, et j’en vois hélas beaucoup poindre à l’horizon, sera uniquement imputable à l’incurie de nos décideurs ou à une vision à court terme qui ne prennent pas en compte les extraordinaires potentiels et challenges de cette prochaine domination de l’Internet Mobile.

Une dernière précision : je n’ai strictement aucun lien professionnel ou financier avec Morgan Stanley.

Le très haut débit mobile, une réalité en 2009, mais pas en France !

Je me suis trompé ! 

Stockholm J’avais pronostiqué, il y a quelques mois, que le très haut débit mobile (plus de 50 Mbit/s) arriverait en 2010. "...Les premiers réseaux LTE seront opérationnels dès 2010..."

Les habitants de Stockholm et Oslo y ont droit depuis le ... 14 décembre 2009

Quel beau cadeau de Noël pour nos amis suédois et norvégiens !


LTE, opérationnel en 2009

Telia first 4G TeliaSonera, opérateur important des pays nordiques, Suède, Norvège, Finlande, a publié le 14 décembre un communiqué de presse triomphant, et avec raison, pour annoncer que les villes de Stockholm et Oslo étaient les premières au monde à disposer d’une couverture mobile très haut débit en LTE (Long Term Evolution).

TeliaSonera est aussi présent dans d’autres pays tels que l’Espagne (Yoigo) et en Russie.

Quels sont les points clefs de cette réalisation :

- Une couverture complète des deux villes.

- TeliaSonera a choisi deux fournisseurs différents pour ces premiers réseaux, Ericsson à Stockholm et Huawei à Oslo. Le constructeur qui sera choisi pour l’industrialisation de ces réseaux n’est pas encore annoncé.

- Ce réseau est déployé dans la bande des 2,6 Ghz. La Finlande devra attendre le 1er trimestre 2010 pour y avoir droit.

Clef 4G Samsung - Une clef 4G, fabriquée par Samsung, est livrée à chaque utilisateur. Elle sera remplacée gratuitement, au deuxième trimestre 2010, par une clef 3G/4G permettant d’utiliser les deux familles de réseaux mobiles.

- Un tarif de démarrage très sympa ! Pendant les 6 premiers mois, les utilisateurs vont payer 4 SEK par mois (0,4 €), et la clef 4G est fournie gratuitement.

- A partir de juillet 2010, le prix «normal» sera de 599 SEK, soit environ 57 € TTC, et il faudra en plus acquérir la clef 4G/3G.

Des commentateurs ont mis en évidence les «graves» limites de ce projet :

- Il n’existe pas de terminaux «natifs» 4G et seuls les utilisateurs de PC et Netbooks peuvent en profiter. Est-ce bien grave, quand la couverture voix et 3G est déjà l’une des meilleures du monde ?

- La couverture est très limitée. Oui, mais en 2010, rien que pour la Suède, 25 grandes villes et zones de villégiature seront aussi équipées.

LTE pays nordiques TelaSonera prévoit une couverture à 90 % de ces trois pays à la fin de l’année 2013, dans moins de 4 ans.

Bravo, les nordiques ! Et si nous suivions le même chemin ?

Avant de revenir à la France, je vous propose un rapide point sur LTE, la technologie réseau la plus révolutionnaire des 5 prochaines années.


LTE ?

LTE Logo LTE, Long Term Evolution, est l’étoile montante des technologies de réseaux sans fil.

Ce standard est encore en évolution, mais la «release 8» est aujourd’hui bien stabilisée.

Les caractéristiques essentielles de LTE sont :

- Vitesse minimale de 100 Mbit/s en descente.

- Vitesse minimale de 50 Mbit/s en montée.

- Très faible latence (important pour la TV et l’interactivité).

- Disponible sur un très grand nombre de fréquences, de 700 MHz à 2 GHz.

- Protocole TCP/IP natif : jusqu’à présent, les réseaux 2G et 3G n’étaient pas TCP/IP natifs. Ce point est essentiel ; tous les réseaux mobiles modernes, WiMax et LTE seront demain TCP/IP natifs.

- Plusieurs solutions sont encore en discussion pour savoir comment transporter... la voix sur LTE ! 

Volga forum logo Parmi les options en concurrence, il y a VoLGA (Voice over LTE via Generic Access) et One Voice Initiative, ou VoLTE (Voice over LTE). 

Les fournisseurs sont répartis en deux groupes et la bagarre promet d’être chaude !

One Voice Initiative, Logo Ceci met clairement en évidence la principale différence entre un réseau LTE et un réseau 2G/3G :

- Un réseau 2G/3G est construit nativement pour transmettre la voix et l’on y rajoute ensuite les données.

- Un réseau LTE est nativement prévu pour les données ; la seule manière de l’utiliser pour la voix est de passer en ... VoIP (Voice Over IP).

Lte-a logo Et... nous n’en sommes qu’au début !

La deuxième mouture de LTE, LTE Advanced, est déjà sur les rails.


Je n’en donnerai qu’une seule caractéristique : la vitesse minimale en descente sera de 1Gbit/s ; oui, vous avez bien lu :

1Gbit/s en mobilité totale !


Un chemin tout tracé, pour la France ?

J’avais, en septembre 2009, tiré le signal d’alarme en parlant de la vision très «filaire» de la France chaque fois que l’on parlait du Très Haut Débit, comme si la fibre optique était la seule et unique solution.

La situation a-t-elle beaucoup changé, depuis ? Je n’en suis hélas pas convaincu.

Sarkozy grand emprunt La présentation officielle du «grand emprunt national», depuis devenu plus «petit» a eu lieu le lundi 14 décembre 2009.

4,5 milliards € sont alloués au domaine de l’économie numérique, répartis en :

- 2 milliards pour le très haut débit. Je cite : »au total ce sont 2 milliards d'euros qui seront alloués à l'accélération du déploiement des infrastructures à très haut débit.»

- 2, 5 milliards sont réservés au développement : 

« de grandes centrales numériques de calcul et de stockage » dédiées à l'informatique en nuage (cloud computing), ou à « la maîtrise des technologies de base du numérique » ou encore au « développement de logiciels, d’usages et de contenus numériques innovants, en particulier dans le domaine de l’e-santé et des réseaux intelligents pour le transport et l’énergie ».

Cela fait quand même beaucoup de domaines pour se partager ce montant, malgré tout peu important. 

Je rappellerai simplement que Google et Microsoft investissent chacun, tous les ans, plus que cette somme pour leurs centres de calcul, dont le prix unitaire flirte avec le milliard de dollars.

Ce n’est pas moi qui me plaindrais que le «Cloud Computing» soit cité !

Maitre renard Est-ce vraiment une surprise si, le 17 décembre, Orange Business Services déclarait sa flamme pour le «Cloud Computing».

Maître Etat, sur un arbre perché,

    Tenait en son bec un grand emprunt.

Maître OBS, par l’odeur alléché,

    Lui tint à peu près ce langage :

Mais revenons au sujet principal de ce texte, le Très Haut Débit.

On avait déjà annoncé, en 2006, un chiffre «ambitieux» de 4 millions de personnes en fibre optique d’ici à 2012. Nous en sommes encore très loin !

La nouvelle annonce «ambitieuse» est d’atteindre, en France :

«Le Très haut débit en 2020 pour 70 % de la population»

France Haut Débit 2020 En cherchant des signaux positifs, j’ai trouvé :

- Cette rubrique sur le blog de l’ancien sénateur, René Trégouët, qui connait bien le sujet et parle positivement du THD mobile, et en particulier de LTE.

- L’annonce par Bouygues Télécom de tests de solutions LTE avec Alcatel-Lucent.

Les signaux négatifs sont, hélas, dominants :

- On fixe un horizon très lointain : 2020.

- Un pourcentage de la population couverte limité à 70 %.

- Aucune indication que LTE fait partie des options retenues.

La comparaison des deux cartes, Europe du Nord et France, laisse perplexe : 

Pourquoi nous faudrait-il attendre 10 ans pour atteindre un objectif moins ambitieux que nos amis nordiques, en 4 ans ?

2020 ou 2013 ? Dans nos métiers, ce décalage est gigantesque ! A quelle vitesse seront les suédois en 2020 s’ils sont déjà à 100 Mbit/s en 2013 ?


Quel rôle possible pour Free-Iliad ?

Logo Free mobile J’ai aussi repensé à l’attribution, le 17 décembre, de la 4e licence mobile à Illiad-Free. C’est une excellente nouvelle, car la concurrence est le plus souvent une source d’accélération du progrès.

Free s’est engagé à mettre en œuvre son réseau, 3G, avant la fin de 2012 et je ne serais pas étonné qu’il aille plus vite.

Course levriers Mobiles Et si ce nouvel acteur des réseaux mobiles poussait LTE ? Et s’il devenait le premier à le faire et obligeait les trois autres à lui emboîter le pas ?

Ce serait peut-être la seule chance pour la France de ne pas se laisser distancer dans cette course au Très Haut Débit, dans la mesure où les pouvoirs publics continuent à privilégier les investissements en fibre optique.

Mise à jour du 21 décembre : 

Net4Modernity, une collaboration entre Telenor et Tele2 Suède, concurrents de TeliaSonera, vient d'annoncer qu'ils vont couvrir... 99% de la population suédoise en LTE d'ici 2013.

En clair, chaque suédois aura le choix entre deux opérateurs LTE, d'ici la fin de 2013 ; ceci devrait être très bénéfique en termes de coûts pour les clients !


Quand Microsoft, SAP et autres «historiques» pensent Cloud et SaaS !

Oiled-bird  La double révolution Cloud Computing et SaaS est menée par des fournisseurs innovants, tels que Salesforce, Amazon ou Google ; ils ne sont pas englués dans des solutions historiques, en fin de vie, autour des architectures client/serveur des années 90 et des postes de travail obèses.

Les fournisseurs informatiques «legacy», encore largement dominants dans les entreprises, commencent à réagir et à préparer leur défense, car ils ont tous compris que le Cloud Computing était tout sauf une mode passagère.


La querelle des anciens et des modernes

Cloud I want you  L’immense majorité des fournisseurs informatiques historiques ont annoncé, en 2009, leur «adhésion» au mouvement Cloud Computing.

HP, Oracle, Unisys et beaucoup d’autres ont présenté des offres, souvent intéressantes telles que le CRM «Oracle on Demand» ou les «private clouds» hyper-sécurisés d’Unisys.

Mais, le plus souvent, il est difficile de décoder ces annonces et de savoir ce qu’elles représentent réellement, si le fournisseur y croit vraiment ou s’il essaye de récupérer un mouvement dangereux pour son avenir.

Querelle anciens modernes

  En ce début décembre 2009, trois annonces, presque simultanées, ont confirmé ce soudain intérêt des «anciens» pour les solutions «modernes» :

- Naissance de l’ECBC, une association de fournisseurs.

- Création chez Microsoft d’une division unique, regroupant serveurs et Cloud.

- Ralliement de SAP aux solutions Microsoft pour son offre SaaS.


Création de l’ECBC, Enterprise Cloud Buyers Council.

TM Forum on Cloud  Quelques grands fournisseurs informatiques historiques, tels que Cisco, HP, IBM ou Microsoft, qui appartiennent au TM Forum, ont annoncé, début décembre 2009, la création de l’ECBC, Enterprise Cloud Buyers Council.

Dans le préambule du document d’annonce, ils constatent que : 

« La demande en services de Cloud Computing présente un énorme potentiel pour l'industrie, mais nous n'en sommes qu'au tout début »

Current Entreprise Cloud Forum  Le schéma joint à cette annonce présente les avantages d’une architecture Cloud centralisée comparée aux centres de calcul indépendants des entreprises.

Un hasard ? Aucun des acteurs opérationnels et leaders actuels du Cloud Computing (Amazon, OpSource...) ne fait partie de ce nouveau Club Cloud.

On peut donc faire confiance à ce club pour mettre beaucoup plus en avant la dimension «évolution» que «révolution» du Cloud Computing.

Quel sera son véritable objectif : 

Aider au développement du Cloud ou essayer de contenir son expansion pour les fournisseurs «Cloud natifs» ?

On y verra plus clair à la fin de l’année 2010, au vu des premières décisions et actions de l’ECBC.


Microsoft regroupe serveurs et Cloud (Azure)

Azure est le nom de l’offre Cloud de Microsoft, annoncée depuis longtemps, souvent retardée et devant, en principe, être commercialisée au premier trimestre 2009.

New SCD division in Ms  Avant même son lancement officiel, Azure a perdu son indépendance en étant «fusionné» avec la division serveur actuelle sous le nom SCD, Microsoft Server & Cloud Division.

Que faut-il en penser, au-delà du discours officiel qui n’y voit que des avantages ?

Dans son analyse de cette annonce, Joe Wilcox, un blogueur influent qui suit de très près les évolutions de Microsoft, pose beaucoup de questions, en essayant d’y voir clair, ce qui, même pour lui, est difficile !

Je vous recommande tout particulièrement son analyse de la nouvelle responsabilité des pouvoirs au sein de cette division SCD ; si vous y comprenez quelque chose, vous êtes vraiment très doué !

RayOzzie  L’une de ses anticipations les plus intéressantes, pour moi, est la suivante : 

"Is Ozzie being pushed aside? Perhaps the reorganization signals his coming exit from Microsoft?"

(est-ce que Ray Ozzie est mis au placard ? Est-ce que cette réorganisation annonce son prochain départ de Microsoft ?)

Dans son analyse, toujours aussi pertinente, Phil Wainewright pose lui aussi beaucoup de questions et l’une de ces interrogations résume bien son opinion :

"Est-ce qu’Azure n’est pas autre chose qu’un «nuage à moitié cuit ?» (Half baked Cloud)."

Je ne résiste pas au plaisir de citer sa dernière phrase, d’un humour très britannique :

«... Windows Azure will become a kind of rest-home in the cloud where applications go, not to be rejuvenated, but merely to be made more comfortable in their declining years.»

«... Windows Azure deviendra une maison de retraite sur le Cloud où les applications iront, non pas pour être rajeunies, mais pour vivre plus confortablement leurs années de déclin.»

Windows Azure platform  C’est probablement un pas de plus dans la stratégie Software + Services, qui vise à faire du Cloud Computing une simple extension des solutions historiques de Microsoft. N’oublions pas que toutes les solutions du Cloud Azure, absolument toutes, sont celles utilisées par Microsoft depuis longtemps dans son environnement «legacy».


La stratégie Cloud de SAP

SAP BBD  Il y a deux ans, SAP faisait, avec tambours et trompettes, son entrée dans le marché du SaaS avec l’annonce «la plus importante de son histoire».

BBD a été, et de loin, le plus grand échec des SaaS des deux dernières années, comme je l’avais hélas prévu.

400 à 500 M$ d’investissements pour un CA qu’un spécialiste financier rencontré à San Francisco il y a un mois, lors de la conférence SIIA on Demand estimait à ... $ 100 000. Il est clair que SAP ne communique pas beaucoup sur ses résultats avec BBD.l

Ce n’était malheureusement pas très difficile à anticiper, tant SAP avait accumulé le maximum d’erreurs possibles pour BBD. Cet échec est maintenant pudiquement renommé «long test de son ERP en version SaaS».

SAP clear Path Forward  Les 8 et 9 décembre 2009, SAP a réuni plus de 200 «influenceurs», en clair les Gartner et autres Forrester du monde, plus quelques blogueurs influents (je n’étais pas invité !), pour leur présenter sa nouvelle stratégie : Clear Path forward» (Un chemin clair vers le futur).

Qu’en ont pensé les participants ? Saugatuck, le cabinet d’analyse spécialisé Cloud Computing et SaaS que je respecte beaucoup, a publié un premier document, réservé aux abonnés, avec un titre qui est, pour le moins, en opposition claire avec le nom de la réunion !

«SAP Influencer Summit Reveals Cloudy Strategy, Path, and Challenges...» (La réunion SAP met en évidence une stratégie brumeuse, les étapes et les challenges...)

Oliver Marks, un autre blogueur de ZDNet, parle de résultats «légèrement schizophréniques» car SAP tente le grand écart entre «les solutions ERP legacy et la réalité du Cloud Computing».

L’une des rares informations précises qui est sortie de ce sommet, et qui a été mise en évidence par tous les participants, est le rapprochement de SAP et Microsoft dans le domaine du Cloud Computing ; quelle surprise !

SAP et Microsoft avaient déjà sévi en s’associant dans l’informatique «legacy» avec des solutions aussi dangereuses que Duet, qui en liant l’ERP de SAP et Office, élimine en pratique tout espoir de pouvoir se libérer un jour du joug de ces deux géants.

Lors de ce sommet, SAP a confirmé son intention de relancer BBD, avec la version 2.5, une évolution de la solution actuelle, attendue au milieu de l’année 2010 et la véritable nouveauté, la version 3.0, prévue en 2011 ; c’est vraiment loin.

Web prison  Cet alignement de SAP-BBD avec les outils de Microsoft se traduit par l’utilisation de la plateforme de développement Visual Studio, Eclipse étant éliminé et surtout par le choix de Silverlight comme interface riche RIA.

C’est une décision «géniale», pour garantir la non-universalité de la solution BBD dans un Web ouvert, en fermant définitivement la porte à des millions de PC et d’objets mobiles sur lesquels il n’existe pas de Silverlight installé.

N’oublions pas aussi que Silverlight et Flash seront bientôt rendus inutiles avec la prochaine banalisation de HTML 5 !

Bravo à SAP et Microsoft pour continuer leur combat historique pour la fermeture de leurs solutions et pour essayer de le transposer dans le Cloud Computing ! 

Espérons simplement que l’échec de BBD va continuer et que personne ne se laissera tenter par cet archaïsme technologique.


L’aveugle et le paralytique

Aveugle-paralytique  Les véritables fournisseurs professionnels du Cloud et du SaaS peuvent continuer à dormir tranquilles tant que des historiques aussi potentiellement dangereux que Microsoft et SAP feront le maximum pour ... ne pas réussir leur entrée sur le Cloud.

Je vous laisse choisir : à votre avis, qui est l’aveugle, qui est le paralytique ?


L’Open Source a perdu la bataille du PC obèse. L’Open Source va gagner la guerre du futur, celle de la mobilité


France perdu une bataille

«La France a perdu une bataille, mais la France n’a pas perdu la guerre»

Général de Gaulle




La bataille perdue : le poste de travail obèse

Je vais faire de la peine à mes amis de l’Open Source, et faire plaisir aux équipes de Microsoft en disant tout haut ce que tout le monde sait, mais fait semblant d’ignorer.
Sur le PC classique, en version Desktop ou portable, Microsoft a, depuis longtemps, gagné la guerre des logiciels installés.
Stat counter OS nov 2009 Un grand nombre des chiffres que je vais utiliser pour étayer ma position sont fournis par StatCounter, l’un des organismes les plus professionnels en ce qui concerne la mesure des parts de marché des OS et des navigateurs. Je prendrais systématiquement les résultats relatifs à l’Europe.

En ce qui concerne les OS, la situation est bien connue : les différentes versions de Windows dépassent 90 % de part de marché, le seul concurrent significatif étant un autre OS propriétaire, MacOS.

Linux, Open Source, reste scotché autour du 1 %, malgré des efforts très importants depuis 10 ans.

Obèse Microsoft et OSS Sur l’immense majorité des PC professionnels, on trouve trois logiciels «obèses» installés, tous fournis par Microsoft. Ce sont des produits aux fonctionnalités très, trop, nombreuses, dont la majorité des personnes utilise une infime partie.

Pour «remplacer» chacun de ces logiciels, la communauté Open Source a développé d’excellentes alternatives, qui sont :
- Linux vs Windows.
- OpenOffice vs Office.
- Thunderbird vs Outlook.

Ces solutions Open Source, qui tentent de déloger des leaders ayant plus de 90 % de part de marché, en proposant des solutions «quasi identiques », n’ont aucune chance de les remplacer, comme l’a démontré brillamment Clayton Christensen dans ses ouvrages sur l’innovation, dont j’ai souvent parlé dans mon blog.

Shuttleworth sur Ubuntu -VIsta Dans un entretien avec 01 informatique, réalisé lors de l’Ubuntu Party à Paris les 28 et 29 novembre 2009, Mark Shuttleworth, qui a mis une partie de sa fortune au service d’Ubuntu, ne disait pas autre chose !

J’ai deux messages forts pour la communauté Open Source :

- La mauvaise nouvelle : vous ne gagnerez jamais la bataille du poste obèse.

- La bonne nouvelle : le poste obèse deviendra marginal, demain, et sera remplacé par une nouvelle génération de postes de travail, mobiles et allégés, sur lesquels les solutions Open Source vont... gagner la guerre.


Rappel : Open source, des succès en priorité sur les infrastructures

Les logiciels Open Source ont pris, progressivement, le leadership dans un grand nombre de domaines des infrastructures informatiques.
Trois exemples illustrent ces succès :

Netcraft Apache november 2009 - Apache est, depuis 1995, le premier serveur de page Web, loin devant IIS de Microsoft, comme l’indique le graphique que publie tous les mois Netcraft.

- Firefox : depuis son lancement il y a 5 ans, le navigateur Open Source de la fondation Mozilla a réussi une percée remarquable.
Stat counter Browsers nov 2009 Il représente maintenant près de 40 % du marché européen et devrait passer, en Europe, devant Internet Explorer avant la fin de 2010.

- Les OS Open Source, essentiellement Linux, sont très présents sur les serveurs Intel X86, alors qu’ils ne percent pas sur les postes de travail.

La prochaine bataille de l’infrastructure va se livrer sur les objets d’accès à Internet et... elle prendra une toute autre tournure !


L’avenir de l’informatique : des objets d’accès mobiles

(Laptop, Netbook, MID, smartbook... désolé pour les anglicismes, mais tout n’est pas encore traduit !)

IDC Desktop vs Laptop 2007 - 2012 Sur le marché des PC classiques, les desktops (PC de bureau) deviennent minoritaires, comme le confirme une étude récente d’IDC ; il est important de remarquer que, sur ce graphique, les desktops et les serveurs sont regroupés, ce qui masque la forte chute des ventes des desktops !

Netbook sales: Laptop En même temps, le succès des Netbooks ne se dément pas ; toutes les enquêtes indiquent qu’ils vont représenter une part croissante du marché des PC portables, alors même que le marché des portables dans son ensemble continuera sa marche en avant.

Netbook World Summit Il va d’ailleurs se tenir à Paris, le 8 décembre 2008, un sommet mondial sur les ... netbooks.

N’oublions pas les smartphones, qui ont aussi le vent en poupe !

Smartphone-sales-beat PCs Aussi extraordinaire que cela puisse paraître à nos amis informaticiens pour qui les PC sont «l’alpha et l’oméga » des postes de travail, une étude récente de RBC annonce que le nombre de smartphones vendus devrait dépasser celui des PC dès 2011, demain donc.

 Si l’on y ajoute les nouvelles familles d’objets mobiles qui devraient arriver en 2010, les MID, Mobile Internet Devices, si cher à Intel et les smartbooks, tout est prêt pour :

«une invasion ... pacifique des objets d’accès mobiles»

Reste une question clef : quels seront les OS dominants sur ces objets mobiles ?


Quels OS sur les objets mobiles, demain ?

Pour équiper tous ces objets mobiles de processeurs, Intel et ARM vont se livrer une guerre acharnée. Intel descend en gamme avec Atom alors qu’ARM fait le chemin inverse avec  SnapDragon. 

Plateformes processeurs Mobiles Pendant les cinq prochaines années, ces deux familles de processeurs vont se répartir le marché des objets mobiles, chacun mettant en avant ses avantages. Il ne devrait pas y avoir un vainqueur et un vaincu, leurs parts de marché respectives devraient rester similaires.

Comme le montre ce schéma, ARM devrait garder l’essentiel du marché des smartphones et Intel celui des laptops puissants ; c’est sur les objets de puissance intermédiaire que la guerre ARM / Intel fera rage.

La bataille la plus stratégique va se jouer, non pas sur les processeurs, mais sur les OS qui vont les piloter. Ces objets d’accès mobiles seront en priorité utilisés pour des usages «Cloud Computing» et les applications installées localement seront soit inexistantes soit très peu nombreuses.


Quels seront être les acteurs principaux ? Les gagnants ? Les perdants ?


Sur ce schéma j’ai mis en bleu les OS propriétaires et en jaune les OS Open Source.
Plateformes OSS Mobiles
 Commençons par les solutions dominantes aujourd’hui, toutes propriétaires, comme l’indique StatCounter.

Stat counter mobile OS nov 2009 - Windows : Uniquement présent sur les processeurs Intel, a beaucoup de mal à s’adapter aux objets mobiles légers, malgré des efforts tels que les versions Starter Edition de Windows 7. Windows restera par contre largement dominant sur les PC portables haut de gamme, un marché qui va rester significatif pendant de nombreuses années.

- MacOS : grâce à l’iPhone, MacOS couvre les deux familles de processeurs et toutes les gammes de puissance. Il sera aussi utilisé sur la prochaine «tablette» d’Apple.

- RIM/OS : cette solution qui équipe les «Blackberry» n’est disponible que sur processeur ARM.

Aucun de ces trois OS ne va mourir au cours des 5 prochaines années, même si leurs parts de marché respectives vont plonger devant l’arrivée des nouveaux entrants, tous ... Open Source.

Et Windows Mobile ? Il va, vite disparaître du paysage, sa version actuelle 6.5 n’étant absolument pas dans le coup et la la nouvelle version annoncée, 7, n’arrivant pas avant la fin de 2010, trop tardivement pour permettre à Microsoft de redevenir compétitif sur un marché qui évolue très vite.


Les nouveaux OS pour objets mobiles, tous Open Source !

Je ne peux pas citer tous les OS qui vont essayer de se faire une place sur le marché des objets mobiles ; ils sont trop nombreux (LiMo...) et auront beaucoup de mal à gagner quelques pourcentages de part de marché. Les OS dominants seront ceux en jaune sur le schéma précédent.

- Ubuntu : Je l’ai choisi comme le challenger le plus efficace des Linux traditionnels qui tentent, depuis plusieurs années, de déloger Windows, mais sans succès. Il devrait continuer à grappiller quelques parts de marché sur les PC fixes et mobiles haut de gamme.

Symbian community - Symbian : Nokia, encore leader sur le marché des téléphones mobiles classiques, a pris la décision courageuse de mettre en Open Source son OS, pour ne pas se couper de la communauté des développeurs d’applications pour objets mobiles.

About Moblin - Moblin (Mobile Linux) : Intel développe un OS Open Source, avec l’aide de la Linux Foundation ! Les quatre membres du comité de pilotage du projet sont tous des collaborateurs d’Intel.

Si l’on avait annoncé il y a deux ans que le Intel de «Wintel» allait faire concurrence à Windows, de son partenaire de 20 années, Microsoft, tout le monde vous aurait pris pour un doux illuminé !

D’où vient ce revirement, qui n’a pas dû faire très plaisir du côté de Seattle ?
La réponse est, pour moi, évidente : Intel souhaite que sa plateforme Atom dispose d’un OS léger, moderne, compétitif et gratuit pour ne pas laisser le champ libre à ARM. Intel a parfaitement compris que Windows ne sera pas l’arme qui lui permettrait de gagner cette guerre.
J’en avais déjà parlé, longuement, dans ce texte.

AlienWare Android Android : Lorsque Google a lancé Android, il y a environ deux années, c’était sa première incursion dans le monde des OS. Fin 2009, plus de 20 modèles de smartphones utilisent Android, proposés par la majorité des grands fabricants tels que HTC ou Motorola.

Il y a déjà eu quelques tentatives pour porter Android sur des processeurs Intel, mais ces efforts devraient s’arrêter rapidement après l’annonce de Chrome OS.
Fin 2009, sa part de marché reste faible, loin derrière MacOS de l’iPhone et Symbian ; je prévois qu’Android fera partie du trio de tête avant la fin de l’année 2010.

- Chrome OS : j’ai longuement parlé de ce petit nouveau dans deux textes récents, ici et là. Comme le montre mon graphique, Chrome OS sera le principal OS Open Source à couvrir les deux familles de processeurs, ARM et Intel.
Sur ARM, Google dispose maintenant de deux OS ; vont-ils se faire concurrence ? Oui, bien sûr, mais je pronostique que les fabricants de smartphones vont privilégier Android et les fabricants de «Smartbooks ARM» Chrome OS.
 
Les deux grands OS disponibles à la fois sur ARM et Intel sont MacOS et Chrome OS ; on comprend de mieux en mieux pourquoi Eric Schmidt, Président de Google, a démissionné de son poste d’administrateur d’Apple !


Open Source : la victoire est certaine, et ... proche !

Victory Projetons-nous en 2013 - 2105 :
- Les objets d’accès mobiles représentent 90 % du marché.
- Les laptops haut de gamme représentent moins de 20 % de ce marché.
- Les OS Open Source équipent plus de 70 % de ces objets d’accès mobiles.

En tenant compte de ces hypothèses, raisonnables, un peu d’arithmétique simple permet donc d’anticiper quand les OS Open Source vont dominer le marché des objets mobiles :

Fin 2015, plus de 50 % des objets mobiles
seront pilotés par des OS Open Source.