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Alerte ! Cloud Computing is down !


Dark Cloud Dans cette nuit du mercredi 31 mars, le ciel c’est brusquement assombri sur le Cloud Computing mondial.

Devant l’urgence de la situation, j’ai choisi de ne pas mettre beaucoup d’images dans mon texte, comme j’ai l’habitude de le faire ; je prie les lecteurs de m’en excuser.

Brutalement, sans que rien ne le laisse présager, il semblerait que des équipes de hackers sino-russes aient réussi à pénétrer dans les grands Clouds publics mondiaux.

- Le virus «Cumulus Castellanus» a frappé en premier, vers 22h16, les Data Centers d’Amazon, en rendant inutilisables 95 % de leurs serveurs. Aux dernières nouvelles, à confirmer, toutes les instances EC2 ont été rendues inopérantes et les données stockées sur S3 seraient toutes effacées !

- Immédiatement après, à 22h 34, c’est un autre virus, encore plus violent, «AltoStratus», qui aurait envahi les Centres de Calcul Azure de Microsoft, rendant tout accès impossible. Interrogé, un représentant de Microsoft s’est dit incapable de savoir s’il sera possible de récupérer les données volatilisées.
C’est un remake, beaucoup plus grave, de la catastrophe «Danger», partenariat T-Mobile et Microsoft, du mois d’octobre 2009.

Page Web inaccess - Pendant que l’on écoutait les commentaires de Microsoft, une troisième attaque a été lancée, vers 23 h 04, contre le numéro un du Cloud, Google.
Le nom de code de cette attaque est «Cirrus Flocus».

Google a confirmé que 33 de ses 50 centres de calculs, et en particulier ceux situés en Europe, ont été touchés.
Les 140 millions d’utilisateurs de Gmail et les 2 millions d’entreprises qui ont choisi d’utiliser Google Apps auraient perdu toute capacité d’accès à leurs comptes, l’attaque ciblant en priorité les CName et les DNS.
Les équipes de Google travaillent d'arrache-pied pour essayer de sauver ce qui peut l’être, mais disent qu’il est trop tôt pour faire un diagnostic détaillé.

Pour le moment, Amazon, Microsoft et Google vous recommandent de ne surtout pas essayer d’accéder à vos ressources Cloud Computing ; cela risquerait de rendre encore plus problématique toute récupération ultérieure de vos données et rend plus difficile le travail des équipes de secours qui, chez chaque fournisseur, sont mobilisées pour trouver des parades.

Des nouvelles alarmantes continuent d’arriver, toutes les minutes. Des dizaines d’entreprises de vente sur Internet, de services basés sur le Cloud ne peuvent plus répondre aux demandes de leurs clients.
On découvre, brutalement, que le Cloud Computing n’est plus un concept fumeux, mais une plateforme opérationnelle indispensable pour des milliers d’entreprises, dans le monde entier.

Je souhaite établir l’inventaire des services qui se sont arrêtés ; merci de m’envoyer la liste de ceux que vous avez identifiés, en espérant que le site de mon blog ne va pas, lui aussi subir les conséquences de ces attaques.

Dès demain matin on entendra les commentaires acidulés de la cohorte des anti-Clouds qui pourront pavoiser en disant :

« On vous l’avait bien dit, il ne fallait pas faire confiance au Cloud Computing».

Zeppelin Ce 31 mars est vraiment un jour très sombre pour toutes les personnes qui pensaient que les grands acteurs du Cloud Computing avaient construits des Data Centers à l’abri de tout danger.

Dés demain, 1er avril, j’espère pouvoir, si mon blog fonctionne encore, vous donner des informations plus détaillées et précises sur l’étendue des dégâts.


 Poissons d'avril Mise à jour du 1er avril : bonne nouvelle pour tous les fans du Cloud. Il s’avère que «Cumulus Castellanus», «AltoStratus» et «Cirrus Flocus» avaient tous un grave défaut de fabrication et se sont transformés en ... petits poissons !




L’Europe face aux défis des infrastructures Cloud Computing


Decennie Cloud 3 nuages La décennie 2010 - 2020 sera celle du Cloud Computing ; c’est un message que je répète sur ce blog depuis longtemps et il est maintenant bien accepté par tous les fournisseurs, y compris les «historiques», par la grande majorité des responsables informatiques.

Les deux composantes techniques majeures de cette révolution Cloud Computing sont les infrastructures et les usages, en mode SaaS, Software as a Service. Pour ces deux composantes, les conditions de la réussite sont très différentes.

Je suis extrêmement pessimiste sur la capacité de l’Europe à réussir dans les infrastructures Cloud, et ... raisonnablement optimiste dans les usages.
Je vais me concentrer, dans ce texte, sur les infrastructures, les fondations du Tsunami Cloud Computing.


Infrastructures Cloud : les conditions de la réussite

Industry Amazon et Google ont montré la voie ; d’autres acteurs, comme IBM ou Microsoft on prit, plus tardivement, le même chemin, et les conditions de la réussite sont maintenant bien comprises.
Un adjectif résume leur approche : industrielle !

- Des investissements massifs : un nouveau Data Center rajouté à une infrastructure Cloud représente un investissement compris entre 500 millions et un milliard de dollars.

Map Google Data Centers - Une distribution géographique mondiale : Amazon a ou aura des implantations dans tous les grands continents ; le nombre d’implantations de Google dépasse les quarante sites.

- L’utilisation de logiciels très spécifiques, tous Open Source, dont j’ai déjà parlé plusieurs fois, et qui ont pour nom Linux, MapReduce, Hadoop, Traffic, HipHop et quelques autres.  Ce sont les seuls outils qui permettent de gérer efficacement la fiabilité, la redondance et la performance de ces mégas usines informatiques.

- Des équipes humaines très compétentes qui travaillent en permanence à l’optimisation des infrastructures, pour qui gagner un millième de seconde sur une opération est un succès majeur. Ce n’est pas par hasard que le CTO de ces entreprises (Chief Technical Officer) y occupe toujours une position stratégique au plus haut niveau, comme c’est le cas de Verner Wogels chez Amazon.

Un texte récent de Craig Labovitz montre à quel point les investissements de Google en serveurs, réseaux et autres OS sont stratégiques dans sa stratégie.

Containership Un autre élément clef de la stratégie des grands acteurs actuels du Cloud est de ne pas créer une fenêtre d’opportunité tarifaire pour leurs possibles concurrents. Amazon et Google ont choisi de faire profiter leurs clients de leurs économies d’échelle en ayant une politique de prix très agressive.

Pour un nouvel entrant, Il devient extrêmement difficile, voire impossible, de proposer des services d’infrastructures de Cloud Computing à des prix compétitifs avec ceux de ces leaders sans perdre beaucoup d’argent !


Des infrastructures Cloud européennes : peut-on y croire ?

Internet World stats sept 2009 - Regions Il y a en Europe plus d’internautes qu’aux USA, 418 millions contre 253 à la fin du mois de décembre 2009 (source Internetworldsats) ; ce n’est donc pas le marché qui manque.

En ce début d’année 2010, li n’existe aucune infrastructure Cloud Computing digne de ce nom en Europe ; chaque pays dispose bien sûr d’acteurs capables d’assurer des hébergements de serveurs, mais aucun n’a atteint une taille critique et une présence internationale forte.
image répartition Internautes
Il est évident pour moi, et je l’espère aussi pour la majorité des lecteurs, que toute approche «nationale» du Cloud Computing serait suicidaire ; c’est à l’échelle de l’Europe qu’il faut travailler, et vite.

L’Europe dispose des principales ressources qui lui permettraient de combler son retard dans le domaine des infrastructures Cloud Computing :
- Une excellente compétence en logiciel, avec des milliers d’informaticiens formés et capables de maîtriser tous les outils logiciels nécessaires. Comme en plus ils sont tous Open Source, il n’y aurait aucune possibilité de rétention de compétences par les États-Unis.
- Des ressources financières suffisantes : il suffirait de 3 à 4 milliards d’euros par an pendant les dix ans qui viennent pour construire un réseau de centres de calcul compétitifs.
- Dans une majorité de pays, des réseaux haut débit filaires et sans fil plus performants et moins chers que ceux des États-Unis.

Avec autant de points positifs, pourquoi s’inquiéter ?


Pessimisme : Les trop nombreux échecs récents

J’ai, hélas, beaucoup plus de motifs d’inquiétude que d’optimisme.

Net 2010 - Cloud rupture ou mirage En Europe, la prise de conscience que le Cloud Computing était la prochaine grande mutation de l’industrie informatique a été très tardive. Il y a encore beaucoup de responsables politiques ou économiques qui n’en sont pas convaincus : le titre de la prochaine réunion du Club AFNET, ce vendredi 26 mars, est très révélateur de cet état d’esprit.

Mais le plus grave c’est l’accumulation d’échec des grands projets technologiques européens. j’en citerai simplement deux :

- Quaero, le moteur de recherche «concurrent» de Google. Les Allemands et les Français (Jacques Chirac en 2005) avaient lancé un projet qui alliait nous permettre de créer le meilleur moteur de recherche du monde. Les deux premières années ont été perdues pour des guerres stratégiques sur le choix du pays qui abriterait le siège de cette nouvelle organisation. On connait la suite.

Logo Galileo - Galiléo, lancé en 2001, est le projet européen qui devait libérer l’Europe de la dépendance du GPS américain ; le retard de ce projet est d’au moins dix années et ce nouveau service «pourrait» voir le jour en 2014, au plus tôt. La bonne nouvelle est qu’il existe déjà un .... logo du projet.

Tout est perdu ? Non, mais il faudrait agir très vite !
Comment ? Je vous propose une démarche qui serait, selon moi, la seule réaliste.


Une fédération européenne d’infrastructures Cloud

Au vu des échecs successifs des grands projets européens, il y a deux pistes à abandonner :
- Création d’un nouvel organisme international "ECCCC", l’European Cloud Computing Coordination Consortium.
Leadership - Confier le leadership du projet à un seul pays. L’annonce récente d’un Cloud français regroupant Orange, Thales et Dassault Systèmes est l’exemple parfait de ce qu’il faut éviter à tout prix. Ce consortium a pour premier objectif pratique de grappiller quelques centaines de millions d’euros de ce qui reste du «grand emprunt».

La réponse ?
Se mettre d’accord, très vite, sur une plateforme logicielle «Open Source» commune autour des meilleures solutions du marché.
Ce ne serait pas très compliqué, car tous les acteurs majeurs actuels du Cloud Computing,  Google, Amazon, Facebook,Yahoo!... utilisent les mêmes, que j’ai déjà cités plus haut.
Il faudra surement rajouter un peu d’intelligence logicielle supplémentaire, définir quelques API d’accès.... Nous avons toutes les ressources humaines nécessaires pour formaliser cette plateforme commune en moins de 12 à 18 mois.

Toute entreprise qui construira un centre de calcul sur cette plateforme logicielle commune pourra le connecter aux autres centres de calcul de ce réseau européen.
Les grands opérateurs téléphoniques, tels que Telefonica, Orange, DT ou BT seraient les premiers intéressés et pourraient constituer, avant 2015, une première infrastructure Cloud européen crédible.
Ils ont de longues expériences de collaboration, de gestion du «peering» et des refacturations croisées ; elles sont très proches de celles qui seront nécessaires pour gérer cette fédération de Centres de calcul.

Cette démarche est-elle techniquement et financièrement jouable ? Oui.

Verra-t-elle le jour ? Je crains fort que non.


Un choix «Cornélien» pour les entreprises utilisatrices

Choice Si l’Europe est incapable de proposer, avant la fin de 2015, des infrastructures Cloud Computing cohérentes et concurrentielles, les entreprises «clientes» seront face à un choix «Cornélien» :

- Utiliser les infrastructures Cloud proposées par les grands acteurs américains, pour maintenir leur compétitivité. Cette «dépendance» infrastructures peut rapidement devenir plus grave et plus dangereuse que la dépendance pétrolière actuelle de pays comme la France ou l’Allemagne.

- Rester sur des solutions d’informatique interne «artisanales», hors de prix et peu fiables, avec le risque d’être incapables de disposer d’un Système d’Information compétitif en termes de fonctionnalités, de coûts et de réactivité.

L’Europe saura-t-elle réagir, vite, unie et efficacement ?
Poser la question, c’est, hélas, y répondre !

Quand les DSI rencontrent Amazon, un géant du Cloud Computing


Bravo le CIGREF (Club Informatique des Grandes Entreprises Françaises) !

Vogels 1b Dans la lignée de ses activités de promotion de l'innovation, le CIGREF avait invité le 3 mars 2010 dans ses locaux le Dr Werner Vogels, CTO (Chief Technology Officer) d'Amazon à un petit déjeuner de travail.

Pendant 2 heures, devant une vingtaine de représentants des plus grandes entreprises françaises (les règles de confidentialité du CIGREF m'interdisent de citer leurs noms ou de publier leurs photos), il a présenté les activités d'AWS (Amazon Web Services) et sa vision sur les potentiels du Cloud Computing pour les grandes entreprises.

Je suis sorti de cette présentation encore plus optimiste (si c'est possible !) sur les potentiels du Cloud Computing pour les entreprises et en particulier pour les plus grandes.
Cet exposé était d’une très grande richesse ; j'ai choisi de mettre en lumière quelques chiffres, quelques exemples, quelques idées qui m'ont paru les plus représentatives de la maturité de ce marché.


Amazon Web Services, aujourd'hui

AWS usage of bandwith AWS n'existait pas il y a quatre ans ! On a du mal à l'imaginer, quand on constate la croissance vertigineuse de ces services, comme le montre ce graphique sur la consommation de bande passante par AWS.

C'est un exemple supplémentaire de la capacité des meilleures entreprises du secteur informatique à inventer, créer de toutes pièces de nouveaux marchés qui représentent rapidement des milliards de dollars de CA alors que d'autres se sont endormies sur leurs lauriers !

AWS c'est :
- 120 milliards d'objets stockés dans S3 (Simple Storage Services).
AWS partners - Des centres de calculs dans 4 grandes régions : USA Ouest et Est, Union Européenne et Asie, chaque région avec un minimum de 3 Data Centers.
- Des clients grandes entreprises comme NASDAQ, Forbes ou Bild en Allemagne. Comme beaucoup de fournisseurs du Cloud, Amazon pensait au départ que ces clients principaux seraient des petites entreprises ; dans la pratique, et très vite, ce sont les grands clients qui représentent l’essentiel de ses revenus.
- Des grands éditeurs comme Oracle, IBM, Red Hat... qui ont porté leurs outils sur AWS.


Le «modèle économique» d’Amazon Web Services

AWS pricing Werner Vogels a clairement présenté le fonctionnement économique d’Amazon Web Services, et c’est spectaculaire.

Amazon a été créé il y a une dizaine d’années sur une culture «low cost» pour son site de ventes ; cette même culture se retrouve sur AWS.
AWS fonctionne avec de très faibles marges, mais avec de très gros volumes d’activité. Toute réduction de ses coûts internes se traduit immédiatement par une réduction des prix de vente comme cela vient de se produire pour EC2 ; le prix de base pour une heure de processeur est passé de 10 centimes à 8,5 centimes de dollar.

AWS pricing spot instances Europe Dans la même logique, AWS propose maintenant le prix «spot», qui permet aux entreprises qui ont de gros besoins de calcul non urgents de proposer un prix d’achat inférieur au prix officiel ; lorsque la demande est faible, AWS est prêt à vendre ses ressources moins chères, aux prix proposés par ses clients.

NetFix, leader américain de la VOD, Video On Demand, est le principal concurrent d’Amazon dans ce métier ; cela ne l’empêche pas... d’utiliser les services Spot d’AWS pour faire tous les transcodages des fichiers vidéos dans les 45 formats différents nécessaires.

En réponse à une question sur le CA d’AWS, Werner a refusé de répondre, pour respecter les règles de la société. Il a quand même indiqué que c’est un «excellent business» et  que le CA est du même ordre de grandeur que celui de l’activité e-commerce.

Cette démarche «low cost» a une conséquence immédiate : elle crée une barrière à l’entrée très efficace pour gêner les concurrents. Microsoft l’a bien compris, qui a été obligé d’aligner ses prix sur ceux d’Amazon.
Dans le domaine des IaaS, Infrastructures as a Service, les petits acteurs auront beaucoup de mal à se faire une ... "place au soleil du Cloud".


Pourquoi les entreprises choisissent AWS d’Amazon

AWS domaines usages Après 4 ans d’expériences et de réalisations, Werner Vogels a expliqué que les «best practices» d’usages du Cloud sont maintenant bien connues.

Les motivations des entreprises clientes d’AWS peuvent se regrouper autour de 4 familles principales, et comme l’a précisé Werner, il n’y a pas de «hiérarchie» dans cette liste :
- Agilité : Les entreprises peuvent, très vite, déployer de nouvelles applications, tester des usages nouveaux ou faire évoluer leurs offres au gré de demandes fluctuantes. Les clients d’AWS n’ont aucun engagement de durée et peuvent, à tout instant, arrêter d’utiliser les services proposés.
Key Benefits AWS Cloud - Flexibilité vis-à-vis de la charge de travail : une entreprise peut faire monter ou descendre, en quelques heures, les ressources informatiques dont elle a besoin.
- Dimensions financières : pas d’investissements initiaux, budgets de fonctionnement à la place de dépenses d’investissements, coûts d’usages très compétitifs, dépenses qui évoluent au même rythme que la demande (pay as you go)...
- Performances : de 1 à 1 000 serveurs, processeurs mono-cœur ou avec 24 cœurs, les entreprises trouvent chez AWS une capacité de calcul «infinie» qui peut varier heure par heure.

De nombreux exemples ont été cités, parmi lesquels j’ai choisi :
- Facebook : 7 des 10 applications les plus utilisées sont...des jeux (voila une information qui va faire plaisir aux responsables informatiques qui bloquent Facebook !). Ceci correspond à 75 millions de joueurs actifs, et ils sont tous sur ... AWS.
- L’éditeur de logiciels LAWSON a porté la nouvelle version SaaS sur AWS.
- TurboTax est le logiciel le plus utilisé pour faire sa déclaration d’impôts aux USA. La date limite de déclaration est le 15 avril ; comme en France, l’immense majorité des contribuables américains attend le dernier jour pour faire sa déclaration. AWS était la seule solution raisonnable permettant à TurboTax de tenir une charge aussi forte sur une très courte durée.
- L’anneau de vitesse d’Indianapolis est utilisé pour les grandes courses de stock-cars... 3 jours par an. Pendant cette courte période, les retransmissions font un usage intensif du multimédia, avec des dizaines de canaux vidéo différents ; toute cette puissance de calcul est fournie par AWS.


Les avantages compétitifs d’AWS

Amazon risky bet Le lancement en 2006, par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, d’AWS était un pari... gagné depuis.

Alors que les concurrents commencent à poindre le bout de leur nez, tels qu’Azure de Microsoft, AWS maintient un avantage compétitif fort, ce que Werner c’est fait un plaisir de rappeler :
- AWS a un pouvoir de négociation très fort avec tous les fournisseurs.
- Cet avantage se retrouve aussi dans les achats de bande passante, ce qui permet à AWS d’en faire profiter ses clients.
- AWS a la possibilité de choisir les meilleurs outils, Linux, Hadoop ou MapReduce, dans lesquels ses équipes ont acquis une compétence très forte.
- AWS innove en permanence et a développé des outils logiciels spécifiques pour maintenir une longueur d’avance sur la concurrence. C’est vrai au niveau des outils de virtualisation, de la gestion des routeurs et switches...
- Amazon, comme Google, utilise en interne les outils qu’il propose à ses clients, ce qui est un gage fort de pérennité des solutions.
Au passage, Werner Vogels a rassuré les personnes présentes dans la salle : «Non, nous l’allons pas couper les services AWS en période de Noël, pour faire face à nos besoins propres !»


AWS et la sécurité

AWS security Depuis 10 ans, Amazon utilise Internet et a un long historique de fiabilité et de très grande sécurité dans ses activités ; cette expertise est réutilisée par AWS pour ses clients.

La sécurité est un thème omniprésent dès que l’on parle de Cloud Computing : là encore, les réponses de Werner ont été pleines de bon sens :
- La sécurité est plus un problème émotionnel que technique.
- 90 % des failles de sécurité viennent de l'intérieur des organisations.
- Tout le système d'Amazon est ouvert sur l'extérieur, depuis le premier jour ; la sécurité est stratégique pour nous.
- Amazon travaille beaucoup sur des outils d’automatisation des procédures de sécurité, pour éliminer au maximum le facteur humain ; ils utilisent ASPEN, un langage spécifique de gestion de la sécurité.
- Amazon est «Safe Harbor compliant» pour tout ce qui concerne les données mémorisées aux USA.
- Les entreprises peuvent choisir dans quelle zone géographique leurs données et leurs processus sont localisés.
- Il n’a pas occulté la question «Patriot Act», qui permettrait à des organismes gouvernementaux américains d’essayer d’accéder à des données sans l’aval de la justice ; Werner a été très clair : nous luttons contre ces pratiques, mais nous sommes bien sûr respectueux des lois, comme le sont toutes les entreprises.

AWS VPC diagram Il a aussi parlé d’une des offres les plus récentes d’AWS, le VPC, Virtual Private Cloud. Cette démarche permet à une entreprise de :
- Disposer de ressources réservées, qui ne peuvent communiquer qu’avec un seul client.
- D’adresses IP spécifiques.
- D’accès par VPN, Virtual Private Networks.
VPC, pas de coûts additionnels
- L’utilisation d’un VPC n’entraine aucun coût supplémentaire pour les entreprises.
- Un VPC, ce n’est pas plus de sécurité, mais un meilleur niveau de contrôle pour l’entreprise.


Comment se préparer au Cloud Computing ?

Pour clôturer son exposé, Werner a proposé aux responsables informatiques présents une démarche à la fois stratégique et pragmatique pour tirer des avantages immédiats du Cloud Computing.

Comme beaucoup d’acteurs natifs du Cloud, Amazon a une vision très tranchée sur ce que les fournisseurs «historiques» ont nommé les clouds privés ; il l’a résumé en une phrase :

«A Private Cloud is not a Cloud!»

AWS new IT strategy J’en ai retenu quelques idées fortes :
- Une analyse préalable de son existant est indispensable ; tout ne peut pas migrer sur le Cloud.
- Il faut segmenter son SI pour pouvoir passer à l’action, par étapes ; une démarche tout ou rien n’a aucun sens.
- Les applications Internet sont des candidats évidents, «a no brainer», une évidence.
- Utiliser les «cycles de vie» de l’informatique comme des opportunités pour aller sur le Cloud : renégociation de licences, fin de vie de versions de logiciels...
- Quelques exemples cités par Werner : porter Sharepoint sur le Cloud, le backup de ses bases de données Oracle..;
- Ce qui est pour moi l’essentiel : toute la «nouvelle informatique» doit être «Cloud ready», prête pour pouvoir être portée sur le Cloud.
 

Synthèse

Vogels LN 2 Oui, Amazon est un acteur majeur et innovant du Cloud Computing et les services AWS ont atteint en 2010 un excellent niveau de maturité, et j’ai été heureux de pouvoir assister à cette présentation exceptionnelle.

Les responsables informatiques présents à cette matinée du CIGREF ont eu l’extraordinaire opportunité d’écouter le responsable mondial d’AWS et de comprendre ce que le Cloud Computing peut proposer de plus abouti aujourd’hui, aux niveaux IaaS (Infrastructures as a Service) et PaaS (Platform as a Service).

High jump AWS est devenu, en moins de 4 ans, «La» référence dans ces domaines. La barre est déjà placée très haut, et tous les concurrents potentiels d’AWS sont face à un challenge majeur s’ils veulent challenger AWS en rentrant aussi sur ces marchés.
Une fois de plus, cette présentation a confirmé une idée forte que partagent tous les professionnels du Cloud Computing :

«Cloud Computing : pas de place pour les amateurs !»

Microsoft adore le Cloud Computing ! Message officiel de Steve Ballmer.


Microsoft Cloud is great 4 En écrivant il y a quelques jours mon dernier texte sur «pourquoi Microsoft voue une haine viscérale au Cloud Computing» qui a déclenché de nombreux commentaires enflammés, je ne savais vraiment pas que Steve Ballmer, CEO de Microsoft allait animer une conférence sur le Cloud Computing, pour proclamer le grand amour de Microsoft pour le Cloud !

Il l’a fait, le 4 mars 2010, à l’Université de Washington, qui est très proche de Microsoft, géographiquement que culturellement.


Steve : sa déclaration d’amour pour le Cloud Computing

Vidéo Ballmer Je n’avais jamais entendu Steve Ballmer prononcer aussi souvent le mot Cloud dans un discours ; plus d’une centaine de fois !

La vidéo de cette présentation est disponible (si vous avez Silverlight installé).

Si vous avez 1h30 disponible, vous pouvez visualiser toute la vidéo.
Si vous êtes plus pressé, vous pouvez lire le compte rendu «live» fait par Ina Fred sur Cnet.com. A la fin de son résumé, il y a aussi un lien vers la même vidéo.

Je vous laisse décider si ce long discours représente un réel virage dans la stratégie de Microsoft.
A titre d’exemple, j’ai retenu deux phrases qui sont révélatrices de ce nouvel amour pour le Cloud :
«We are betting our company on the cloud» : Nous parions l’avenir de notre entreprise sur le Cloud.
«90 % des développeurs de Microsoft travaillent sur des projets qui, d'une façon ou d'une autre, ont un lien avec le Cloud.»

Ray Ozzie at Ballmer speech Il avait même invité Ray Ozzie, le Chief Software Architect de Microsoft, à assister à sa présentation, en faisant référence à son email qui, il y a cinq années, avait alerté Microsoft sur l’importance du Cloud.

Dans son discours, Steve a mis en évidence 5 éléments clefs du Cloud Computing. Je ne suis pas sûr d’avoir vraiment compris de quoi il parlait, mais je dois avoir du mal à comprendre sa position.
A vous de juger de la pertinence de cette démarche.


We are all in (Nous sommes dedans)

Were all in Logo Pendant que Steve Ballmer parlait, un nouveau site a été mis en ligne par Microsoft sur Microsoft Cloud Services.


Ce nouveau logo, ce nouveau message vont surement être très présents dans la communication de Microsoft des prochains mois.

Microsoft Web Site We are all in 2 Le message est à la fois puissant et simple : tous les produits de Microsoft sont dans le Cloud.

C’est un signe supplémentaire qui ne trompe pas ; Microsoft a vraiment compris que la décennie qui vient sera celle du Cloud.

C’est au moins un point sur lequel je suis tout à fait d’accord avec Microsoft !


Alors, qui croire ?

Love hate image Amour du Cloud comme le clame Steve Ballmer ?
Haine du Cloud comme je l’ai écrit ?

Difficile d’imaginer positions plus contrastées !

Ceci permettra, à tous ceux qui ont des convictions fortes sur le sujet, de trouver un point de vue qui conforte leur opinion.
Ceci permettra, à tous ceux qui sont perplexes sur la stratégie Cloud de Microsoft, d’avoir deux points de vue opposés, et de, peut-être, y voir plus clair.