La révolution industrielle ... Informatique
24/04/2010
En 2010, l’informatique fête ses 50 ans, si l’on considère que l’arrivée des IBM 360, premiers ordinateurs universels de grande diffusion en marque la véritable naissance.
50 ans, c’est beaucoup, 50 ans, c’est peu
Au cours de ce demi-siècle, nous avons vécu des progrès extraordinaires, des avancées techniques que même les plus grands scientifiques des années 60 ne pouvaient pas imaginer.
Le premier disque magnétique, créé par IBM, pesait plusieurs centaines de kilos et pouvait mémoriser, sur 20 plateaux ... 5 Mo, mille fois moins qu’une banale clef USB en 2010.
Tous les dix ans, des innovations de rupture ont déclenché une vague de profonds changements dans les usages professionnels de l’informatique, comme le montre cette analyse de Morgan Stanley.
Dans le monde professionnel, les trois dernières sont, selon moi :
- 2000 : Internet dans les entreprises.
- 2010 : le Cloud Computing.
Nous entrons dans la décennie du Cloud Computing. En 2020, même les entreprises les plus conservatrices, qui se posent encore aujourd’hui la question de savoir si elles doivent y aller, auront migré l’essentiel de leurs applications dans les «nuages».
Quelle sera la suivante ? On en reparlera en 2019 !
Au-delà des technologies du Cloud, aujourd’hui bien maîtrisées, c’est l’industrialisation de la construction de son Système d’Information qui va marquer la véritable révolution de cette décennie Cloud Computing.
R2I : La Révolution Industrielle Informatique
Tout n’a pas été rose lors du début de la révolution industrielle ; conditions de travail, sécurité... il a fallu attendre longtemps avant de répondre raisonnablement bien à ces préoccupations majeures.
Faudra-t-il attendre aussi longtemps pour la révolution industrielle informatique ?
Je ne le pense pas, car nous avons appris de nos erreurs anciennes.
Au contraire, toutes les conditions sont réunies pour que cette R2I soit une réussite rapide et spectaculaire :
- Les standards du Web se sont imposés à tous.- Les solutions et les fournisseurs «industriels» existent aujourd’hui, comme on le verra plus loin.
- L’interopérabilité des solutions a fait des progrès spectaculaires, XML oblige.
Même nos amis de chez Apple, pourtant peu suspects d’être des fans de l’ouverture, viennent d’accepter que l’on puisse installer Opera, un autre navigateur que Safari, sur un iPhone !
Cette R2I annonce :
La fin du bricolage informatique, ou ...
La fin de l’artisanat informatique, si on préfère une expression plus positive.
R2I dans les infrastructures
Les infrastructures sont les fondations du Cloud Computing ; c’est là que l’industrialisation va être la plus spectaculaire, la plus forte et la plus rapide.
Il n’y a plus vraiment d’incertitudes sur les grandes tendances de cette industrialisation :
- Les postes de travail, devenus les objets d’accès au Système d’Information auront, pour l’essentiel, les caractéristiques suivantes :
- Mobiles.
- Un navigateur moderne et performant.
- Un OS à minima.
- Aucune application installée.
- Fiable, économique, sécurisé.
Avant la fin de l’année 2010, les netbooks et tablettes équipés de Chrome OS seront les premiers représentants de cette nouvelle génération d’objets d’accès industriels, 100 % Cloud.
Les usines informatiques construites par Amazon, Google, IBM ou Microsoft et quelques rares autres grands acteurs du marché, hébergeront l’immense majorité des applications, en mode SaaS ou dans des «nuages privés».
Des réseaux très rapides, majoritairement sans fil, disponibles partout et à des coûts raisonnables assureront le lien entre ces usines informatiques et les objets d’accès allégés.
R2I dans les usages
S’appuyant sur ces nouvelles infrastructures industrielles, cette mutation industrielle des usages sera... moins «visible» mais plus profonde.
Tous les usages transverses, universels, devenus des «commodités », seront pris en charge par des solutions SaaS, Software as a Service, proposées par un petit nombre d’industriels du logiciel :
- Spécialisés dans un domaine de compétences.
- Mondiaux.
- Capables de s’interconnecter de manière transparente aux autres grands industriels SaaS.
On les trouvera en priorité dans deux grandes familles d’usages :
- Participatique : outils universels
Quelle entreprise peut encore justifier de gaspiller ses ressources humaines et financières pour gérer des serveurs de messagerie en interne ?
Quelle entreprise peut encore se permettre le luxe d’installer sur des milliers de postes de travail des outils bureautiques obèses tels qu’Office de Microsoft, qu’il faut ensuite mettre à jour tous les trois ans ?
Google aujourd’hui, Cisco, Facebook, IBM et Microsoft demain se répartiront cet immense marché mondial, de plus d’un milliard d’utilisateurs.
Quels seront, en 2020, les grands vainqueurs ? Chacun aura ses favoris...
- SaaS, pour tous les processus support
Qui peut encore oser dire que les solutions du marché ne «correspondent pas à leurs besoins» quand des dizaines de milliers d’entreprises, des millions de personnes utilisent quotidiennement des solutions SaaS ?
Tous les grands processus support sont maintenant couverts par d’excellentes solutions SaaS ; quelques exemples :
- Gestion des processus commerciaux (CRM) : Salesforce, opérationnel depuis 10 ans, est utilisé aussi bien par des «petites» organisations telles que la banque postale au Japon (60 000 personnes) ou les 15 000 commerciaux de Dell que par des milliers d’entreprises de moins de 100 salariés.
- Pilotage des performances humaines : SuccessFactors a pris en 5 ans une position de leader mondial dans ce domaine ; Siemens utilise cet outil pour gérer la performance de plus de 400 000 salariés.
- Processus budgétaires : Adaptative planning permet, en quelques semaines, d’industrialiser les bricolages actuels réalisés dans de très grandes entreprises qui essayent de répondre à ce besoin en faisant circuler par email des feuilles de calcul Excel, avec l’efficacité que l’on connait !
- Suivi de projets : Basecamp pour les petits projets, Clarizen pour les projets complexes, sont des outils industriels qui permettent de gérer tout type de projet, beaucoup mieux, beaucoup moins cher qu’avec de vieux outils tels que Microsoft Project.
Je pourrai multiplier à l’infini ces exemples.
Le nouveau postulat industriel de gestion des processus de soutien est très simple :
«il existe toujours au moins une solution SaaS
qui répond très bien à mes besoins»
La nouvelle stratégie industrielle informatique des entreprises
Une DSI, devenue DS2I (Direction des Systèmes d’Information Industriels), peut construire sa stratégie autour de quelques idées fortes et simples :
- J’achète des composants industriels pour mes infrastructures :
- Postes de travail allégés, mobiles, Web, sans applications.
- Ressources serveurs fournies par les grandes usines informatiques d’Amazon, Google, IBM ou Microsoft (Azure).
- Réseaux haut débit sans fil et filaires.
- J’achète en SaaS tous mes usages «Participatique».
- J’achète en SaaS tous mes processus support.
- Je construis, industriellement, et souvent sur mesure, mes seuls usages informatiques cœur de métier qui sont les facteurs clefs de réussite de mon entreprise et qui, par nature, ne peuvent pas exister en mode SaaS industriel.
- J’assemble, j’agrège tous ces composants, pour construire le Système d’Information spécifique de mon entreprise.
Ceci est une évidence dans les grandes entreprises, et le sera de moins en moins pour les PME et TPE.
Je pronostique l’apparition rapide d’ensembles industriels spécialisés par grands métiers, proposés en mode SaaS à ces PME et TPE qui n’ont pas de ressources informatiques internes suffisantes pour réaliser elles mêmes ces agrégations de composants SaaS.
La solution Atland, pour les coopératives agricoles, de la société maferme, récente lauréate du trophée EuroCloud 2010, en est un bon exemple.
L’énergie, les ressources financières et humaines économisées en industrialisant les infrastructures, les usages participatique et les processus support peuvent être réaffectées sur les usages cœur de métier.
Industrialiser ce qui peut l’être, construire ce qui doit l’être, c’est le métier de tous les industriels du monde, dans tous les secteurs d’activités.
Informatique, bienvenue au club des Industries !