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Le Très Haut Débit Mobile a .... gagné la guerre contre le FTTH


Odébit 2010 L’édition 2010 du salon sur le haut débit en France, Odebit 2010, se déroulera dans quelques jours à Paris La Défense.

Cet événement est une bonne occasion de faire le point sur les évolutions des technologies du haut débit (1 à 50 Mbit/s) et du très haut débit (> 50 Mbit/s).

 

2009-2010 : douze mois qui ont tout changé !

L’année dernière, j’avais publié un long billet sur ce sujet, mettant en évidence les risques que prenaient les responsables politiques et économiques en privilégiant uniquement le FFTH (Fiber To The Home), la fibre optique pour le «dernier kilomètre», quand on voyait poindre les «potentiels» du THDM, le Très Haut Débit Mobile.

LTE Logo On commençait à parler beaucoup de LTE, Long Term Evolution, la nouvelle génération de réseaux hertziens, et de ses potentiels. La majorité des commentaires avaient mis en doute mes hypothèses, considérées irréalistes ou trop optimistes.

Odébit 2010 thèmes En 12 mois nous sommes passés, à une vitesse stupéfiante, des promesses à la réalité. Des millions de personnes ont, aujourd’hui, accès à des réseaux mobiles LTE, dans plusieurs pays, comme on le lira dans le paragraphe suivant.
Quelle ne fut pas ma surprise en lisant sur le site officiel du salon Odebit la liste les thèmes qui seront abordés.
Cherchez l’erreur ; quel est l’absent ? LTE !!!


LTE : une réalité aujourd’hui, en 2010

LTE monde Juillet 2010 Des dizaines de réseaux LTE sont opérationnels, dans plusieurs pays, comme le montre cette carte des projets LTE en cours de déploiement, au milieu de l’année 2010.
J’ai choisi de privilégier les exemples des pays nordiques et de l’Allemagne, proches de la France.

Stockholm et Oslo ont été les premières villes équipées en LTE par TeliaSonera dès Noël 2009 ; j’en avais déjà parlé dans ce blog.

Modem LTE En août 2010, Computerworld a testé le réseau LTE installé à Stockholm en se promenant dans la ville avec un PC Vaio Z et une clef Samsung ; les mesures ont été réalisées dans 12 lieux très différents, des bâtiments, la rue et le métro. Les résultats obtenus sont les suivants :

- Vitesse en descente : moyenne de 33,4 Mb/s, allant de 9,6 Mb/s à 59,1 Mb/s selon les lieux.
- Vitesse en montée : moyenne 12,7 Mb/s, avec un maximum de 18,2 Mb/s.
- Coût actuel : $48 pour 30 GB de données.

Pour concurrencer TeliaSonera dans les pays nordiques. Tele2 et Telenor ont construit une joint-venture, Net4Mobility.
Leur plan de déploiement prévoit :
- 100 villes, fin 2011.
- 99 % de la population suédoise... fin 2013.

Tarifs Vodafone Un «petit acteur» du marché, Vodafone Allemagne, a profité du salon IFA de Berlin, début septembre 2010, pour faire des annonces intéressantes :
- 1000 villes couvertes... fin 2010.
- Toutes les villes allemandes couvertes... fin 2011.
- Encore plus intéressant, Vodafone a publié les tarifs publics, pour les particuliers (LTE Zuhause) :
   . 40 € = 7,2 Mbit/s et 10 Giga de données.
   . 50 € = 21,6 Mbit/s et 15 Giga de données.
   . 70 € = 50 Mbit/s et 30 Giga de données = le THDM en 2010 !
J’allais oublier : il faut rajouter 1€ pour la clef..

Toujours en Allemagne, un autre «petit acteur», Deutsche Telekom (DT) a lui aussi présenté ses projets LTE.
DT a choisi de privilégier le déploiement de LTE dans des zones rurales, pour réduire la «fracture numérique», en utilisant la bande de fréquence 800 MHz qui permet une couverture plus large par antenne, de l’ordre de 5 à 30 km. Fin 2010, DT a prévu ... 1 000 installations.

Samsung netbook LTE Dans le domaine des objets d’accès au réseau LTE, l’offre est encore très réduite et se concentre en priorité, ce qui est logique, sur les clefs USB. Les premiers smartphones et Netbook sont annoncés, comme ce modèle de Samsung, pré-équipé 3G et LTE.

LTE est une réalité en 2010 ; difficile, maintenant, de le nier !


LTE : dominant, demain, avant 2015

L’autre accélérateur du mouvement sera la très rapide croissance des vitesses de LTE.

Morgan Stanley - LTE evolution Dans sa célèbre analyse annuelle, Morgan Stanley a publié fin 2009 un document qui estime que les vitesses maximales possibles en 2014 seront de 1 000 Mb/s en descente et 500 Mb/s en montée.

Oui, ce sont des débits maxima théoriques, oui ce sont des débits partagés, c’est pourquoi je propose comme hypothèse réaliste des débits pratiques de l’ordre de 200 Mb/s et 100 Mb/s respectivement en 2015 ... dans les pays qui se seront équipés LTE.

Tweets per day Internet, téléphones mobiles, Facebook, Twitter... Le taux de croissance de ces technologies ou services est impressionnant et s’accélère comme le montre le nombre de «Tweets» émis chaque jour dans le monde.

Je pronostique que la diffusion et les usages de LTE vont suivre des courbes similaires entre 2010 et 2015.

LightSquared 1 L’un des projets les plus ambitieux est celui de LighSquared, aux USA.
Leur plan : 260 millions de personnes ayant accès à LTE en 2015, les 100 millions étant atteints fin 2012, en investissant $7 milliards ; LightSquared vient de recevoir un nouveau financement de $1 700 millions pour accélérer le déploiement ! Tout le monde n’est pas convaincu qu’ils vont réussir.

Toujours selon Morgan Stanley, le nombre d’utilisateurs de réseaux HDM et THDM devrait approcher les 3 milliards de personnes à la fin de 2014.

Old-telephone Depuis que les outils de communication existent, les solutions sans-fil ont toujours marginalisé les solutions filaires, dès que les performances étaient au rendez-vous.
Qui acceptera encore, en 2015, d’avoir un «fil à la patte» pour communiquer quand il disposera du 100 Mb/s minimum, partout, à toute heure, sur tout objet d’accès ?


FFTH, une impasse technologique

Nexans fiber cable Que ce soit clair : la fibre optique est la meilleure solution pour les cœurs d’infrastructure des réseaux d’opérateurs et pour les zones à très forte densité de population ; on le sait depuis des dizaines d’années.

La réutilisation d’une infrastructure existante est aussi une bonne idée et les réseaux de données l’ont très souvent fait :
- ADSL sur paire de cuivre, prévue pour la voix analogique.
- CPL sur paire de cuivre, prévue pour le courant électrique.
- Internet sur câble destiné à la télévision.

Oui, mais quand l’infrastructure n’existe pas, que fait-on ?
Tous les pays de l’ancienne Union Soviétique, tous les pays d’Afrique ont fait directement le saut sur la téléphonie mobile, car il n’y avait pas d’infrastructures filaires existantes.
Tous les pays où la fibre optique FFTH n’existe pas ou très peu (tous sauf la Corée du Sud et le Japon) vont faire l’impasse sur la solution FTTH en dehors des zones de population à très haute densité.

Datar Fibre 2014 H1 Une étude financée par la Datar donne la carte de France «fibre» en 2014, si on laisse faire l’économie de marché ; un très beau ... désert !

Le LTE est à l’absence de fibre optique ce qu’a été le GSM à l’absence de réseau téléphonique cuivre.


FTTH : un désastre financier annoncé

Il est intéressant de constater que la demande ne suit pas : le dernier rapport publié par l’ARCEP, recense ... 75 000 foyers équipés FTTH fin mars 2010.

Datar coûts Fibre fonction % population Cette même étude de la Datar a calculé le coût d’un déploiement FTTH en fonction du pourcentage de la population pouvant y accéder.
Pour arriver à 80 % de la population, les investissements nécessaires sont évalués à... 15 milliards d’euros. Il faudrait aussi attendre 2025, au plus tôt, pour atteindre cet objectif.

De son côté, l’équipementier chinois ZTE a publié en juin 2010 une étude pour calculer le coût d’équipement LTE d’un pays européen «moyen» de 50 M d’habitants et 400 000 km2.
Une couverture à 75 % de la population reviendrait à 400 M€, ou 500 M€ si on extrapole au cas de la France, avec ses 550 000 km2 et 65 M d’habitants.

500 M€ pour LTE, 15 000 M€ pour FTTH avec des taux de couverture comparables !
Un rapport de 1 à 30 !
Et je croise encore des fanatiques de la solution FTTH ...


Urgence : réorienter les crédits «fibre» du «Grand Emprunt» vers LTE

Par rapport à la majorité de ses voisins européens (Allemagne, Espagne...) la France a pris du retard dans le basculement vers la TNT, Télévision Numérique Terrestre ; il faudra attendre la fin de l’année 2011 pour éteindre les dernières télévisions analogiques.

Frequencies LTE Ceci a un impact négatif sur les possibles déploiements LTE, car ces bandes de fréquences ne pourront pas être disponibles avant 2012.
Il est possible de déployer LTE :
- Dans les fréquences hautes, autour des 2,6 GHz, ce qui est parfait pour les zones denses.
- Dans les fréquences basses, autour des 800 MHz, beaucoup mieux adaptées aux zones à faible densité de population ; c’est d’ailleurs ce que font les Allemands dont j’ai déjà parlé.

La France peut encore rattraper ce retard, raisonnable ; la recette est simple :
- Zero euro du grand emprunt pour des projets FTTH ; les acteurs économiques sauront trouver les zones où c’est rentable. Il faut donc réallouer les budgets déjà réservés sur le LTE.
- Financement et démarrage immédiat des tests en zones peu denses, dans les régions où la TNT est déjà généralisée. 200 M€ sont largement suffisants pour amorcer le déploiement.
- Financement et démarrage immédiat des tests en zones denses, mais en donnant priorité aux villes moyennes. 200 M€ sont largement suffisants pour amorcer le déploiement.

Lièvre LTE vs escargot FTTH En misant immédiatement sur LTE, mettre le THDM à la disposition de 95 % de la population française en 2015, c’est :
- Techniquement possible.
- Economiquement raisonnable.
- Ne pas prendre un retard technologique dramatique.
- Répondre à la demande des entreprises et des particuliers dans un délai court.

Escargot FFTH contre lièvre LTE : le choix me parait simple...


Cloud Computing : pas de place pour les amateurs

USB faucet Quand on active un interrupteur électrique, on s’attend à ce que la lumière arrive, immédiatement.
Quand on ouvre un robinet, on s’attend à ce que l’eau commence à couler, immédiatement.
Quand on lance une application SaaS (Software as a Service), on s’attend à ce que l'information soit disponible, immédiatement.
C’est,  au moins, ce que les utilisateurs de Cloud Computing et de solutions SaaS attendent de leurs fournisseurs.


Trois années avec Google Apps

Chez Revevol, nous utilisons Google Apps depuis 2007 et avons vécu deux perturbations de service en trois ans.
J'avais d’ailleurs écrit un texte sur mon blog à la suite de l’incident de février 2009.
A cette époque, nous utilisions déjà l’outil Google Gears, qui permettait de travailler en mode “off-line”, ce qui fait que l'impact réel de cet incident avait été très limité.

Karaté BPOS vs GAPE En 2020, toutes les organisations auront migré leurs outils de communication et de collaboration sur des “nuages publics”. Microsoft est très conscient de cette évolution irréversible et a lancé, il y a quelques mois, une nouvelle solution, BPOS (Business Productivity Online Service), qui est essentiellement une version de ses outils de communication installée sur Azure.
BPOS la réponse de Microsoft à la grande menace que représente GAPE, Google Apps Premier Edition.

BPOS en panne

Mary Jo Foley est l'une des blogueuses les plus connues, spécialisée sur les solutions Microsoft. Le 7 septembre, elle a écrit un long billet sur les nombreuses pannes subies par les clients BPOS au cours de ces dernières semaines.
Bluescreen Curieusement, ces incidents n'ont pas été beaucoup commentés sur le Web, contrairement à ce qui c'était passé en 2009 quand Google Apps a été indisponible pendant deux heures. Il y a eu quelques commentaires, ici ou , mais j’ai trouvé peu de commentaires sur ces problèmes dans des sites Web grand public, à l’exception de ZDNet France qui a publié un article sur le sujet.

Est-ce parce que chacun s'attend à avoir des problèmes avec les solutions Microsoft ?

La réaction initiale de Microsoft a été de minimiser les problèmes, comme Marie-Jo le faisait remarquer :
“We experienced two brief service issues today affecting a portion of users in North America. From 8:40am– 9:05am PST, and then at 1:50pm for about 15 minutes, some users may have experienced slower network connectivity, which mostly affected the sign-In service”
«Nous avons connu deux brefs problèmes de service aujourd'hui, qui ont affecté une partie des utilisateurs en Amérique du Nord. Entre 8:40 et 09h05 PST, puis aussi à 13h50, pendant environ 15 minutes, certains utilisateurs peuvent avoir ressenti des accès réseaux plus lents, ce qui a surtout impacté les services d’authentification"

Mais, sur le Cloud, la seule réponse possible est la transparence totale.
BPOS official blog Microsoft  a rapidement compris qu'ils ne pouvaient pas conserver longtemps cette position ; ils ont réagi rapidement et Morgan Cole, l'un des responsables de BPOS, c’est excusé publiquement sur un blog officiel de Microsoft :
“We appreciate the serious responsibility we have as a service provider to you, and we know that any issue with the service is a disruption to your business – and that’s not acceptable”
«Nous sommes conscients de nos importantes responsabilités en tant que prestataires de services pour vous, et nous savons que tout problème avec ces services perturbe votre activité - et ce n'est pas acceptable. "

Des garanties de service (SLA)

Service Guarantee Un fournisseur ne sera jamais la promesse que sa solution SaaS n’aura aucune interruption de service ; le SLA pour la version professionnelle de Google Apps est aujourd'hui de 99,9%. Je pronostique qu’il va rapidement passer à 99,99%, ce qui correspond à une amélioration dans un rapport 10, mais je ne m’attends pas à voir arriver une promesse de SLA à 100 % !

Espérons que les incidents sérieux et répétés que vient de subir BPOS n'auront pas trop d’impacts négatifs sur la croissance des solutions SaaS, mais ils risquent de laisser une empreinte permanente dans l'esprit des dirigeants et des DSI. Pourquoi ?
-  Microsoft est le coupable : si même l'un des plus grands acteurs potentiels du Cloud n'est pas en mesure d'offrir un niveau raisonnable de services, qui en sera capable !
-  Aujourd'hui, la messagerie est l'un des usages les plus stratégiques de l'informatique dans toutes les organisations ; ils exigent, et sont en droit d’obtenir un niveau de services impeccable pour ce service.

Plane-crash Des entreprises, grandes et petites, aux États-Unis, en Europe ou ailleurs dans le monde, transfèrent une partie importante de leur système d'information sur des nuages publics gérés par des fournisseurs tels que Salesforce, Google ou SuccessFactors.

Elles seront de moins en moins prêtes à accepter un niveau de service qui n'est pas «presque parfait».


Un apprentissage... douloureux

Excellence L’excellence “industrielle” sur le Cloud, pour des usages en mode SaaS, ne s’improvise pas. Il n’est pas inutile de rappeler quelques dates :
- Le CRM de Salesforce est opérationnel depuis l’année 1999.
- Amazon propose ses services depuis 2006.
- Google Apps a été annoncé début 2007.

Soyons un peu indulgents pour les “bizuths”, les fournisseurs qui font leurs premières armes sur le Cloud, oui, mais... pas trop longtemps.
Dans ces métiers, les clients sont impatients, et exigeants ; ils ont maintenant l’habitude de travailler avec des fournisseurs qui sont capables de garantir des niveaux de services exceptionnels.
En résumé :
         "Dans le Cloud, il n'y a pas de place pour les amateurs."