Création d’une DSI de l’Etat français
23/02/2011
Est ce que j’aurais soudainement acquis un don de devin ?
Dans mon papier, publié le 19 février 2011 sur la stratégie Cloud Computing au niveau du gouvernement fédéral américain, je faisais part de l'un de mes souhaits :
«Ce document a été écrit par Vivek Kundra, DSI du gouvernement américain. J’attends avec impatience qu’un tel poste soit créé en France !»
J’ai donc été à la fois surpris et ravi de découvrir, dans le Journal officiel de la République Française un décret, publié deux jours après, le 21 février 2011, qui annonce la création d’une :
... Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication de l'Etat placée sous l'autorité du Premier ministre et rattachée au secrétaire général du Gouvernement.
Je vous promets que je n’étais pas dans le secret des dieux et que cette annonce a été une grande surprise pour moi.
Objectifs
J’aurais mauvaise grâce à faire la fine bouche devant une annonce qui répond à mes attentes. Il va surement y avoir des commentaires négatifs ou acides après cette annonce ; je n’ai pas envie de rentrer dans cette dynamique négative.
Ce décret trace la feuille de route de ce DSI et lui fixe des objectifs :
“... oriente, anime et coordonne les actions des administrations de l'Etat visant à améliorer la qualité, l'efficacité, l'efficience et la fiabilité du service rendu par les systèmes d'information et de communication.”
Il sera aussi chargé :
«.... d’organiser et de piloter la conception et la mise en oeuvre des opérations de mutualisation entre administrations de l'Etat, ou entre celles-ci et d'autres autorités administratives, de systèmes d'information ou de communication d'usage partagé.”
Rien à redire : ce sont des objectifs clairs, et qui s’appliquent très bien à tout DSI d’une grande organisation, publique ou privée.
Challenges et risques
Créer le poste, c’est bien, mais le plus dur reste à faire : trouver qui en sera la ou le premier titulaire !
Les compétences nécessaires pour réussir dans cette mission sont complexes et rares.
Je suis quand même un peu inquiet en apprenant que le nouveau ministre français de l’agriculture, Bruno Le Maire, interviewé à la télévision, n’a pas su répondre à une question d’une extraordinaire complexité : «C’est quelle surface, un hectare ?».
Pour aggraver son cas, il s’est excusé en disant qu’il n’avait jamais été bon en mathématiques !
Espérons que les candidats sélectionnés seront soumis à quelques tests de connaissances minimales dans le domaine de l’informatique et des télécoms.
Espérons aussi que l’on ne nous tiendra pas un discours du genre : «avoir des compétences techniques minimales en informatique et en télécoms n’est pas nécessaire pour ce poste.».
Je me suis toujours inscrit en faux contre le mythe du DSI qui n’a que des compétences en management et ignore les fondamentaux techniques sur lesquels sont construits les Systèmes d’Information modernes.
Quels pouvoirs ?
Il suffit de voir les difficultés pratiques auxquelles se heurtent les DSI «groupe» dans les grandes organisations pour coordonner les S.I. des différents métiers, des différentes filiales, pour comprendre combien ce métier de DSI de l’état français va être difficile.
L’argent étant, en informatique comme ailleurs, le nerf de la guerre, le premier test sérieux de l’efficacité potentielle de ce DSI de l’état français sera celui de la maîtrise des budgets d’investissement et de fonctionnement des différents ministères à coordonner.
S’il n’a aucun moyen d’action ou de pression sur ces budgets, que son rôle reste purement consultatif, je crains fort que la création de cette DSI de l’Etat français ne devienne «contre-productive» en ajoutant un échelon de plus dans les processus décisionnaires.
Je reviens sur ce qui se passe aux USA.
Le CIO fédéral, Vivek Kundra, avait publié en septembre 2010 une note relative à la migration IPV4 vers IPV6. son texte est très clair : le gouvernement fédéral doit (must) migrer et je vous donne deux ans pour le faire.
J’espère que notre DSI national aura, lui aussi, les pouvoirs suffisants pour imposer des décisions importantes du même type.
SI ce nouveau Tsar (ou Star) des Systèmes d’Information du secteur public français envisage, comme je le souhaite, de faire un usage intensif et immédiat des solutions «Cloud Computing», je me mets à sa disposition pour l’aider dans cette mission !
Ce sera un beau et grand challenge, et toutes les énergies et les bonnes volontés seront nécessaires.