Est ce que j’aurais soudainement acquis un don de devin ?
Dans mon papier, publié le 19 février 2011 sur la stratégie Cloud Computing au niveau du gouvernement fédéral américain, je faisais part de l'un de mes souhaits :
«Ce document a été écrit par Vivek Kundra, DSI du gouvernement américain. J’attends avec impatience qu’un tel poste soit créé en France !»
J’ai donc été à la fois surpris et ravi de découvrir, dans le Journal officiel de la République Française un décret, publié deux jours après, le 21 février 2011, qui annonce la création d’une :
... Direction interministérielle des systèmes d'information et de communication de l'Etat placée sous l'autorité du Premier ministre et rattachée au secrétaire général du Gouvernement. Je vous promets que je n’étais pas dans le secret des dieux et que cette annonce a été une grande surprise pour moi.
Objectifs
J’aurais mauvaise grâce à faire la fine bouche devant une annonce qui répond à mes attentes. Il va surement y avoir des commentaires négatifs ou acides après cette annonce ; je n’ai pas envie de rentrer dans cette dynamique négative.
Ce décret trace la feuille de route de ce DSI et lui fixe des objectifs : “... oriente, anime et coordonne les actions des administrations de l'Etat visant à améliorer la qualité, l'efficacité, l'efficience et la fiabilité du service rendu par les systèmes d'information et de communication.”
Il sera aussi chargé : «.... d’organiser et de piloter la conception et la mise en oeuvre des opérations de mutualisation entre administrations de l'Etat, ou entre celles-ci et d'autres autorités administratives, de systèmes d'information ou de communication d'usage partagé.”
Rien à redire : ce sont des objectifs clairs, et qui s’appliquent très bien à tout DSI d’une grande organisation, publique ou privée.
Challenges et risques
Créer le poste, c’est bien, mais le plus dur reste à faire : trouver qui en sera la ou le premier titulaire ! Les compétences nécessaires pour réussir dans cette mission sont complexes et rares.
Je suis quand même un peu inquiet en apprenant que le nouveau ministre français de l’agriculture, Bruno Le Maire, interviewé à la télévision, n’a pas su répondre à une question d’une extraordinaire complexité : «C’est quelle surface, un hectare ?». Pour aggraver son cas, il s’est excusé en disant qu’il n’avait jamais été bon en mathématiques !
Espérons que les candidats sélectionnés seront soumis à quelques tests de connaissances minimales dans le domaine de l’informatique et des télécoms.
Espérons aussi que l’on ne nous tiendra pas un discours du genre : «avoir des compétences techniques minimales en informatique et en télécoms n’est pas nécessaire pour ce poste.». Je me suis toujours inscrit en faux contre le mythe du DSI qui n’a que des compétences en management et ignore les fondamentaux techniques sur lesquels sont construits les Systèmes d’Information modernes.
Quels pouvoirs ?
Il suffit de voir les difficultés pratiques auxquelles se heurtent les DSI «groupe» dans les grandes organisations pour coordonner les S.I. des différents métiers, des différentes filiales, pour comprendre combien ce métier de DSI de l’état français va être difficile.
L’argent étant, en informatique comme ailleurs, le nerf de la guerre, le premier test sérieux de l’efficacité potentielle de ce DSI de l’état français sera celui de la maîtrise des budgets d’investissement et de fonctionnement des différents ministères à coordonner. S’il n’a aucun moyen d’action ou de pression sur ces budgets, que son rôle reste purement consultatif, je crains fort que la création de cette DSI de l’Etat français ne devienne «contre-productive» en ajoutant un échelon de plus dans les processus décisionnaires.
Je reviens sur ce qui se passe aux USA. Le CIO fédéral, Vivek Kundra, avait publié en septembre 2010 une note relative à la migration IPV4 vers IPV6. son texte est très clair : le gouvernement fédéral doit (must) migrer et je vous donne deux ans pour le faire. J’espère que notre DSI national aura, lui aussi, les pouvoirs suffisants pour imposer des décisions importantes du même type.
SI ce nouveau Tsar (ou Star) des Systèmes d’Information du secteur public français envisage, comme je le souhaite, de faire un usage intensif et immédiat des solutions «Cloud Computing», je me mets à sa disposition pour l’aider dans cette mission ! Ce sera un beau et grand challenge, et toutes les énergies et les bonnes volontés seront nécessaires.
Le 8 février 2011, le gouvernement fédéral américain a publié un document, disponible ici, qui présente sa stratégie Cloud Computing.
Ce document a été écrit par Vivek Kundra, DSI du gouvernement américain. J’attends avec impatience qu’un tel poste soit créé en France !
En 40 pages, il définit la stratégie que tous les organismes fédéraux des États-Unis doivent suivre, concernant le rôle que doit jouer “le nuage” dans leurs systèmes d’information respectifs.
C'est tellement bien écrit que je n’ai aucun besoin de reformuler son contenu.
Pour vous donner envie de lire ce remarquable document, j'en ai simplement extrait quatre paragraphes. J’ai gardé pour chacun la version originale, en anglais et une traduction raisonnable en français ; ceci permettra aux lecteurs de choisir la langue qui leur convient le mieux.
Existing state ot IT technology:
“The Federal Government’s current Information Technology (IT) environment is characterized by low asset utilization, a fragmented demand for resources, duplicative systems, environments which are difficult to manage, and long procurement lead times.These inefficiencies negatively impact the Federal Government’s ability to serve the American public.”
Situation actuelle de l’informatique :
«La situation actuelle de l’informatique du gouvernement fédéral est caractérisée par un faible taux d’utilisation des matériels, une demande fragmentée des ressources, des systèmes redondants, des environnements qui sont difficiles à gérer, et de longs délais d'approvisionnement. Ces inefficacités impactent négativement la capacité du gouvernement fédéral à servir le public américain."
Potentials of Cloud Computing:
“Cloud computing has the potential to play a major part in addressing these inefficiencies and improving government service delivery.The cloud computing model can significantly help agencies grappling with the need to provide highly reliable, innovative services quickly despite resource constraints.”
Potentiels du Cloud Computing:
«Le Cloud Computing a le potentiel pour jouer un rôle majeur dans la lutte contre ces inefficacités et l'amélioration de la fourniture des services gouvernementaux. Le modèle cloud computing peut considérablement aider les organismes aux prises avec la nécessité de fournir des services avec une grande fiabilité, innovants, plus rapidement, en dépit des contraintes sur les ressources."
Next steps:
“Following the publication of this strategy, each agency will re-evaluate its technology sourcing strategy to include consideration and application of cloud computing solutions as part of the budget process.Consistent with the Cloud First policy, agencies will modify their IT portfolios to fully take advantage of the benefits of cloud computing in order to maximize capacity utilization, improve IT flexibility and responsiveness, and minimize cost.”
Prochaines étapes :
"Suite à la publication de cette stratégie, chaque agence devra réévaluer sa stratégie de fourniture de technologie de manière à inscrire l'examen et l'application de solutions de cloud computing dans le cadre se ses processus budgétaires. Consistent avec la politique de priorité au Cloud, les agences devront modifier leurs portefeuilles de solutions informatiques pour profiter pleinement des avantages du cloud computing afin de maximiser l'utilisation des ressources, améliorer la souplesse et la réactivité, et minimiser les coûts."
Benefits for citizens:
“Cloud computing will enable a fundamental shift in how we serve the American people.Citizens empowered to see their homes’ electricity use in real-time will be able to make more intelligent consumption choices.Citizens able to access their health records electronically will be able to easily share them with doctors and providers, and thus improve their healthcare.Citizens able to create and share performance dashboards will be able to shine a light on the government’s performance as easily as they create and share YouTube videos today.”
Avantages pour les citoyens :
«Le Cloud Computing va permettre un changement fondamental dans notre façon de servir le peuple américain. Les citoyens, à qui l’on permettra de suivre en temps réel leur usage domestique d’électricité, seront en mesure de gérer leur consommation de manière plus intelligente. Les citoyens, en mesure d'accéder à leurs documents sanitaires par voie électronique, seront en mesure de les partager facilement avec les médecins et les fournisseurs, pour améliorer ainsi leur santé. Les citoyens seront capables de créer et de partager des tableaux de bord qui mettent en évidence les performances du gouvernement aussi facilement qu'ils créent et partagent aujourd’hui des vidéos YouTube. "
Pragmatisme
Ce rapport est aussi très pragmatique, il ne dit pas que tous les systèmes informatiques dans l'administration fédérale doivent migrer dans le Cloud.
Il estime que 25 % de l'ensemble des dépenses fédérales peut aujourd'hui être envoyé sur le cloud.
Il ya une autre idée dans ce rapport qui m’a fait très plaisir : n'attendez pas la solution idéale !
Commencez par ce qui est déjà disponible et vous apporte une valeur ajoutée forte immédiate.
Tous les sujets importants concernant le Cloud Computing sont traités dans ce document :
La sécurité.
Les normes.
La gouvernance
...
Il y a un dernier point que j'ai été agréablement surpris de trouver dans ce document : il n’oublie pas "la dimension internationale du cloud computing”.
Venant d'une organisation publique américaine, c’est un changement que j’apprécie beaucoup.
Conclusion
Ce document est «à lire» par tous les professionnels de l'informatique dans le secteur public, dans tous les pays du monde, et bien sûr en France.
Il peut aussi être lu... par tous les professionnels de l'informatique, dans tous les autres secteurs de l'économie !
90 % de son contenu et de ses recommandations ont aussi une très forte valeur pour les entreprises privées, non gouvernementales.
Nous avons tous un souvenir extraordinaire du discours fait en 1963 par Martin Luther King, également à Washington : «I have a dream»
Moi aussi, “j’ai fait un rêve" : avant la fin de l’année 2011, je voudrais pouvoir écrire un nouveau papier sur :
Le 11 février 2011, sans grande surprise, Nokia et Microsoft ont présenté ensemble un «accord stratégique», dont l’un des points clefs concerne les smartphones. Sur ce segment du marché, Nokia a annoncé que Windows Mobile 7 (WM7) sera dorénavant son système d’exploitation principal.
Ce projet d’accord est important, comme l’ont indiqué les principaux médias, dont ZDnet.fr.
Pour mieux en évaluer les impacts potentiels (il ne s’agit pour le moment que d’un «projet» d’accord), il est important de comprendre quelle était la situation du marché, fin 2010, et de revenir sur quelques annonces faites en ce début 2011.
Dans la suite de ce texte, je propose de nommer cette nouvelle collaboration entre Nokia et Microsoft : «NoMicros»
Ce n’est pas un choix anodin ; il indique clairement qu’il n’y a plus de place pour les microordinateurs traditionnels dans le futur de l’informatique.
La situation, fin 2010
J’ai choisi quatre analyses pour résumer la situation sur les postes de travail à la fin de 2010 :
- Pour la première fois dans l’histoire de l’informatique, la part de marché des PC classiques de bureau, portables ou netbooks, est passée sous la barre des 50 %. Cette étude, réalisée par Deloitte, montre que smartphones et tablettes sont maintenant majoritaires.
- Les parts de marché des cinq principaux fournisseurs de smartphones ont fortement évolué en 2010, comparées à 2009. Ces chiffres, publiés par Gartner, indiquent que Nokia et RIM ont perdu des points, qu’Apple est resté stable et que Samsung et HTC, tous deux avec Android, ont pratiquement doublé leur part de marché.
- Une autre étude, réalisée par Canalys, montre qu’Android est devenu l’OS mobile le plus vendu au 4e trimestre 2010. Les «quatre mousquetaires», Android de Google, iOS d’Apple, Nokia et RIM se partagent 94 % du marché, ne laissant que des miettes aux autres, y compris Microsoft qui est à 3 %, en additionnant Windows Mobile, 6 et 7.
- Ce tableau, publié par Gartner, présente les ventes mondiales de tous les téléphones mobiles et pas seulement les smartphones. On s’aperçoit que les «feature phones», en clair les téléphones de base, sont encore largement majoritaires. Nokia reste leader avec un petit tiers d’un marché mondial qui représente plus de 1 500 millions de téléphones, un chiffre impressionnant.
Premières évolutions du marché, début 2011
Les positions évoluent très vite sur le marché des OS mobiles, très instable !
Ce graphique, publié par Morgan Stanley fin 2010, montre que les deux «nouveaux», iOS d’Apple et Android de Google, ont pris, en moins de 4 ans, plus de 40 % du marché des smartphones aux acteurs historiques, Nokia, RIM et autres Windows Mobile.
Lors du CES 2011, principal salon mondial de la technologie de ce début d’année, Intel, qui ne veut pas se faire «plumer» par ARM sur le marché des objets mobiles, le seul en croissance, a annoncé qu’il allait porter l’OS qui monte, Android, sur sa plateforme x86. N’oublions pas non plus qu’Intel était le partenaire «stratégique» de Nokia, avec l’OS MeeGo, avant l’annonce de l’accord «stratégique» avec Microsoft. Stratégie, quand tu nous tiens...
Deux jours avant l’annonce du rapprochement Nokia Microsoft, HP avait organisé une grande conférence de presse pour présenter les nouveautés de WebOS, l’OS qu’il avait racheté à Palm pour 1,2 milliard de dollars.
Il y avait bien sur deux nouveaux smartphones, une tablette 10 pouces pour concurrencer l’IPad, mais ce qui a été pour moi le plus surprenant a été l’annonce que WebOS serait porté sur ... les PC classiques, de bureau et portables. N’oublions pas qu’HP est le premier vendeur mondial de PC Windows ! Cette annonce a certainement créé quelques vagues à Richmond, chez Microsoft.
En résumé, tous les acteurs clefs du marché historique du PC, conscients qu’il deviendra de plus en plus secondaire, ont compris qu’ils devaient rechercher des relais de croissance sur les plateformes du futur, smartphones et tablettes.
Plus aucun accord historique n’est tabou : Intel-Microsoft, Microsoft-HP...
Pour les lecteurs qui ne seraient pas convaincus, l’étude de Canalys, présentée plus haut, démontre que les PC de bureaux, avec 150 millions d’unités vendues, représentent maintenant moins de 20 % du marché mondial.
Microsoft, totalement marginalisé sur ces marchés en croissance, devait réagir, de toute urgence !
Microsoft et Nokia, deux acteurs en difficulté
Deux «grands corps malades» ont annoncé un rapprochement ; pourquoi ?
- Microsoft WM7 a connu un succès « très mitigé» à son démarrage, avec 2 millions de smartphones annoncés vendus, mais ... aux opérateurs ; aucun chiffre sur les ventes aux véritables clients finaux n’a été communiqué, ce qui n’est pas très bon signe !
Nokia est absent du marché américain où les ventes de smartphones sont les plus importantes. Au niveau mondial, il a été marginalisé par iOS et Android.
- Le nouveau PDG de Nokia, Stephen Elop, nommé il y a 6 mois est un ancien dirigeant de ... Microsoft.
J’ai retrouvé, et cela ne manque pas d’humour, une vidéo d’août 2009 où Stephen Elop, encore chez Microsoft, annonce une première «alliance stratégique» avec... Nokia !
Cette annonce du portage de Microsoft Office sur Nokia Symbian a connu, comme on le sait tous, un succès planétaire extraordinaire !
Sur la courte vidéo publiée sur YouTube, filiale de Google, pour annoncer NoMicros, Stephen Elop est maintenant... le représentant de Nokia.
Lors de la conférence de presse et des échanges qui l’ont suivi, Elop et Ballmer ont parlé d’un accord beaucoup plus large, touchant tous les métiers de Nokia et Microsoft. Comme le dit Ballmer dans cette vidéo, avec son humour inimitable, cet accord apportera aux clients de Nokia les marques qu’ils aiment... Bing et Zune !
Si cet accord est un succès, il pourrait, selon certains commentateurs, être le prélude à une fusion entre Nokia et Microsoft.
Les premières réactions des marchés financiers ne sont pas très encourageantes ; le titre de Nokia a perdu 14 % après cette annonce.
Les acteurs en présence
(Je fais ici l’hypothèse que cet accord deviendra effectif.)
Dans ce contexte, cinq plateformes sont en concurrence, en ce début 2011.
Bravo Apple ! Sa démarche de plateforme «fermée», regroupant logiciels et matériels, a fait école. Ils seront maintenant quatre à proposer une stratégie similaire :
- Apple, le leader actuel, avec iOS, iPhone et iPad.
- RIM-Blackberry, avec son nouvel OS QNX, le smartphone torch et la tablette Playbook.
- HP, avec WebOS, les smartphones Pre 3 et la tablette touchPad.
- NoMicros, avec WM7 et ... aucun produit ! Les smartphones et tablettes seront disponibles dans les trimestres qui viennent, probablement en 2012.
Il ne reste donc plus qu’une seule plateforme ouverte importante, autour de l’OS Open Source de Google, Android !
Il est évident que tous les fournisseurs d’objets mobiles qui ne font pas partie de la «bande des quatre» ne vont pas continuer très longtemps à proposer des solutions WM7 ou WebOS ; ils vont tous pousser Android à fond.
La situation est «intéressante» !
Sur le marché du PC classique, il y avait une plateforme ouverte dominante, Windows, avec plus de 90 % du marché, en concurrence avec une plateforme fermée, MacOS d’Apple.
Sur le marché du futur, celui des objets mobiles, on se retrouve avec quatre plateformes fermées en concurrence avec une seule ouverte.
Il sera passionnant de suivre ce marché et voir si, au cours des 2 ou 3 prochaines années, la solution ouverte, Android, est elle aussi capable de s’imposer face aux solutions fermées ; ce sera LE grand combat d’ici à 2015.
Les enfants abandonnés de Nokia
L’annonce NoMicros vient de faire deux victimes, deux enfants abandonnés par leur mère Nokia, Symbian et MeeGo.
Que vont-ils devenir ?
Nokia avait essayé, sans succès, d’intéresser d’autres constructeurs de mobiles au développement de Symbian, en créant une fondation Open Source autour de cet OS.
Abandonné sur le marché des smartphones, Symbian restera chez Nokia l’OS de référence pour le marché des téléphones de base, les «feature phones», qui se vendent encore très bien dans les marchés émergents tels que l’Afrique ou l’Inde. Mais, dans ces pays, Nokia est très attaqué par des constructeurs «low cost», encore peu connus en Europe, tels que Lava ou Spice et qui s’appuient sur ... Android.
MeeGo avait comme autre parent Intel, qui voulait en faire l’OS léger lui permettant de concurrencer, avec MeeGo-Atom, le duo Android-ARM. MeeGo est un OS Open Source, basé sur Linux, comme WebOS et Android.
Dans ce tableau de synthèse, j’ai représenté les grands acteurs du marché, avec, en rouge, les plateformes fermées et en bleu celles qui sont ouvertes.
Pour chaque famille d’objets mobiles, smartphone, tablet, netbook ou laptop, il existe déjà cinq OS possibles ! C’est beaucoup, c’est probablement trop.
Si Intel continue à développer MeeGo, cela ferait une sixième option, au succès très incertain, et difficile à positionner sur le marché.
Quelles sont les options qui restent ouvertes pour Intel, après l’annonce NoMicros ?
- Abandonner ses efforts sur MeeGo, qui serait mort avant d’avoir existé.
- Continuer, seul, son effort : peu efficace et échec probable.
- Apporter ses compétences, sa puissance et une partie du code développé à une plateforme existante. Dans ce cas, Intel pourrait choisir comme OS de substitution un ou plusieurs des trois candidats en présence : Android, ChromeOS ou WebOS.
Il doit y avoir aujourd'hui, chez Nokia beaucoup de personnes qui s’estiment trahies par Stepen Alop, «l’étranger» venu de Microsoft et qui a tué deux des rejetons de la famille.
Demain ?
L’annonce NoMicros va accélérer une redistribution des cartes dans le domaine des OS pour objets mobiles.
Parmi les scénarios possibles, on peut citer :
1 - L’Accord Nokia Microsoft n’est pas entériné.
On a déjà connu beaucoup de ces accords annoncés en fanfare et qui ne débouchent sur rien ; le texte publié sur le site de Microsoft est très clair :
«Nokia and Microsoft have entered into a non-binding term sheet. The planned partnership remains subject to negotiations and execution of the definitive agreements by the parties and there can be no assurances that the definitive agreements would be entered into.»
En clair, rien n’est signé, rien n’est confirmé.
2 - NoMicros n’arrive pas à s’imposer sur le marché.
C’est une hypothèse plausible : n’oublions pas qu’il faudra attendre environ un an pour voir arriver les premiers produits, une éternité dans ce métier et que les, rares, défenseurs actuels de WM7 vont abandonner la barque immédiatement.
De nombreux commentaires ne sont pas tendres avec Nokia. Dans ce texte, Stephen Elop est nommé le «Lord Mountbatten du mobile». (Pour ceux qui l’auraient oublié, il a été le dernier Vice-Roi des Indes)
N’oublions pas non plus que cette semaine se déroule à Barcelone GSM World, le plus grand congrès mondial du secteur mobile et que d’autres annonces-surprises peuvent se produire !
Face à la marginalisation progressive du marché des «PC classiques», une guerre sans merci va se dérouler dans les 3 ans qui viennent pour la maîtrise du marché des objets mobiles, et les OS seront les armes clefs de ce combat.
Il ne s’agit, ni plus ni moins, que de savoir qui, demain, contrôlera les postes de travail des entreprises, qui seront mobiles à plus de 80 %.
Un enjeu planétaire, des combats sans merci, des places à perdre, des places à prendre !
A suivre, ce sera passionnant !
Mises à jour du 15 février 2011.
Lors de GSM World, NoMicros à confirmé que les premiers smartphones Nokia sous WM7 seront opérationnels en 2012.
Leur annonce que, d'ici là, les autres fournisseurs de smartphones WM7 vont occuper le marché en 2011, paraît, pour le moins, optimiste. Les parts de marché de Windows Mobile, 6 et 7, devraient donc continuer à baisser en 2011, et rendre le redémarrage éventuel en 2012 encore plus difficile.
Stephen Elop est très attaqué, personnellement, car il est le 7eme plus gros actionnaire de Microsoft et ne possède pas d'actions Nokia, d'où des conflits d'intérêts... intéressants.
Stephen Elop a confirmé que Microsoft va verser des milliards de dollars à Nokia dans le cadre de cet accord. Mon sentiment est que Nokia a acheté une bouée de secours à court terme mais a en même temps hypothéqué fortement son avenir à moyen terme ; c'est dommage.