Néphophobie ?
30/05/2011
Non, ce n’est pas un néologisme de plus que j’aurais inventé lors d’un voyage dans un pays à risques !
Néphophobie vient du grec nephos qui signifie, vous l’aviez peut-être deviné, nuages et de phobie, bien connue.
Il s’agit d’une maladie, inconnue il y a 4 ans, et qui se répand à très grande vitesse sur la planète informatique : la peur du «nuage».
Néphophobie, les symptômes de la maladie
Qu’ils soient informaticiens, fournisseurs ou utilisateurs de solutions informatiques, les personnes atteintes de néphophobie ont un comportement très caractéristique et facile à identifier.
Prononcez devant eux l’expression «Cloud Computing» et, de manière immédiate et automatique, pavlovienne, toute une série d’expressions va sortir de leur bouche :
- Sécurité
- Confidentialité
- Perte des données
- Espionnage industriel
- Perte d’indépendance nationale
- Impérialisme des grands fournisseurs américains.
Comme beaucoup de phobies, la néphophobie induit des comportements impulsifs chez les personnes qui en souffrent. Les néphophobes n’arrivent pas à contrôler leur maladie et toute argumentation logique se heurte au mur de l’irrationnel.
La néphophobie est-elle une maladie grave et contagieuse ? Oui !
La néphophobie est-elle une maladie incurable ? Non !
Néphophobie, les vecteurs du virus
Si l’épidémie de néphophobie c’est développée aussi rapidement, cela tient au grand nombre de vecteurs possibles de ce virus très contagieux ; des recherches cliniques m’ont permis d’en identifier rapidement les principaux :
- Des oiseaux de mauvais augure qui se délectent du moindre incident «cloudesque» et en profitent pour claironner : «je vous l’avais bien dit». Après plus de 70 ans d’existence, l’aviation commerciale, devenue le plus sur de tous les moyens de transport, continue à avoir ses détracteurs.
La forte croissance des usages du Cloud est du pain béni pour ces apôtres «anti-cloud», qui s’appuient sur la croissance logique des incidents qui frappent les grands acteurs du Cloud. Je peux citer, par ordre alphabétique :
- Amazon, dont une panne dans une partie des centres de calcul (Côte est des USA), a privé de nombreuses entreprises de leur informatique.
- Google, qui a perdu pendant quelques jours, les données de plusieurs milliers d’utilisateurs de gmail. Toutes les informations ont été récupérées, mais le mal était fait.
- Microsoft, qui depuis plusieurs semaines, a des soucis avec sa solution BPOS.
A l’image de ce qui se fait pour les compagnies aériennes, je propose que l’on crée rapidement une liste noire des sociétés du Cloud Computing avec lesquelles il est dangereux de «voyager dans les nuages»
- Des fournisseurs historiques de l’informatique (j’aurai la décence de ne pas les nommer, et en plus la liste serait trop longue).
Qui sont-ils ?
Ce sont vos fournisseurs préférés actuels ; ils sont : spécialistes des OS obèses, des progiciels intégrés, des serveurs, du déploiement des grands projets ERP, des logiciels à installer sur les postes de travail....
Le Cloud Computing va détruire rapidement une grande partie de leurs activités et de leurs sources de revenus ; il est logique qu’ils essaient par tous les moyens de répandre le virus de la néphophobie.
- Des informaticiens qui ont compris que leurs compétences historiques allaient perdre toute valeur dans un univers nuageux et qui n’ont pas le courage de se remettre en question pour découvrir les nouveaux métiers, passionnants, d’informaticien dans les nuages.
- Des spécialistes de la sécurité qui y trouvent un nouvel axe de croissance pour leur juteux business de la peur.
Je reçois chaque semaine plusieurs invitations à des événements qui parlent du Cloud Computing. L’immense majorité associe Cloud Computing à des mots tels que sécurité, confidentialité, risques, pertes de données...
Je ne désespère pas de recevoir un jour une invitation à une conférence dont le thème pourrait être :
«Cloud Computing, l’avenir de l’informatique, vecteur clef de la compétitivité des entreprises, une opportunité majeure pour les informaticiens»...
On peut toujours rêver !
Néphophobie, les remèdes
Heureusement, comme je l’écrivais plus haut, la néphophobie n’est pas une maladie incurable ; des remèdes existent, ils sont très efficaces, et peuvent faire disparaître rapidement cette maladie informatique.
- Un minimum de bon sens : les entreprises ne sont pas obligées de migrer immédiatement 100 % de leurs applications sur le Cloud. C’est un sujet que j’ai souvent abordé dans ce blog. Les axes d’action prioritaires, pour lesquels la valeur du Cloud n’est plus a prouvé sont bien connus : Participatique, CRM, pilotage RH...
- La capacité à analyser, sereinement, les avantages et les inconvénients des solutions Cloud Computing. Aucune solution informatique, Cloud ou pas, n’a que des bénéfices et aucun défaut. Travailler «off-line» est encore un problème pour les usages Cloud Computing, en attendant la généralisation de HTML5.
- Une acceptation raisonnée d’un niveau de risque minimum. C’est certainement ce qui manque le plus aux néphophobes, accepter que le risque zéro n’existe pas, et que les solutions «on premise», comme les solutions Cloud, aient aussi des failles, comme l’a montré par exemple l’attaque récente sur le Ministère des Finances.
- Choisir des fournisseurs dont c’est le métier, qui ont apporté la preuve de leur sérieux et de leur volonté d’améliorer en permanence la qualité de leurs services. Dans ces métiers, il n’y a pas de place pour les «amateurs», et ils sont nombreux à vouloir jouer dans la cour des grands sans en avoir les moyens.
La néphophobie, demain
La néphophobie sera le thème de mon intervention à la conférence Sys-con Cloud Computing de New York, à partir du 6 juin, où sont attendus environ 10 000 visiteurs.
Les solutions, les problèmes du Cloud sont universels, à Paris comme à New York.
Pendant combien de temps serez-vous encore «néphophobe» ?
Pendant combien de temps pourrez-vous vous permettre le luxe de rester «néphophobe» ?