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Du PC = Personal Computer au ... PC = Personal Cloud

Logo Gartner GroupLe Gartner Group est l’un des cabinets d’analyse de l’évolution des technologies informatiques et la majorité des grandes entreprises mondiales sont abonnées à ses études.

Leurs études sont réservées aux entreprises qui payent, cher, pour y avoir accès. Heureusement, le Gartner publie aussi de temps en temps, gratuitement, des extraits de ces études qui commencent toujours par la phrase «Gartner says...».

Le titre de ce document public, publié le 12 mars 2012, était :

« The Personal Cloud Will Replace the Personal Computer as the Center of Users' Digital Lives by 2014».

(D'ici à 2014, le «Nuage Personnel» remplacera l’ordinateur personnel comme centre de la vie numérique des utilisateurs).

Je partage l’avis du Gartner sur ce sujet et cette évolution a déjà bien avancé dans le grand public ; un mouvement identique va se produire dans les entreprises, mais avec un décalage de 2 à 5 années, comme c’est le cas actuellement pour toutes les innovations dans le domaine informatique.

 

La migration vers le Personal Cloud, un mouvement très rapide

Post PC BulletDans ce document, Gartner confirme que nous sommes entrés dans l’ère «Post PC», sujet que j’ai aussi abordé récemment.

Comme le suggère cette image, beaucoup d’internautes ont déjà commencé à se libérer des liens forts avec leur PC en local, qui n’est plus le point central de leur vie numérique.

Comment définir un Personal Cloud : un espace où l’essentiel de nos contenus et de nos applications est disponible, en permanence, accessible depuis n’importe quel objet, en tout lieu.

Du PC au Personal CloudLa principale rupture vient du fait que ce sont maintenant les «services clouds» auxquels on accède, contenus et applications, qui deviennent essentiels, les objets permettant d’y accéder perdant leur rôle central.

Une remarque «linguistique» : pour la majorité des utilisateurs grand public, Cloud, Internet, le Web, c’est ... la même chose et tant mieux. Des millions de personnes utilisent le «nuage» avec Yahoo!mail, Gmail, Picasa ou Flickr sans même en connaître le nom.

 

Des centaines de services personnels déjà disponibles 

C’est depuis le milieu des années 2000 que les services Cloud à l’usage du grand public ont pris leur essor. 

Personal Clouds solutionsSur ce graphique apparaissent quelques leaders du marché. J’ai privilégié les outils qui permettent de partager des contenus :

- Vidéo avec YouTube.

- Présentations avec SlideShare.

- Photos avec Flickr ou Facebook. 

- Musiques avec iCloud, Amazon Cloud Drive ou Google Music.

- Contenus divers avec Dropbox, Box ou Google Drive.

Il faudrait citer aussi toutes les applications de communication et collaboration comme Hotmail, Gmail, Skype ou WhatsApp. 

Je n’ai pas trouvé de statistiques sur ce sujet, mais je pense qu’il n’est pas déraisonnable d’estimer que chaque internaute utilise en moyenne entre 5 et 10 services Cloud personnels différents, proposés par des fournisseurs différents. Chacun d’entre nous pourra essayer de calculer le nombre de services qu’il utilise.

 

La dynamique des deux cercles, services et objets d’accès

Les personnes vont de plus en plus utiliser différents objets mobiles, qui leur appartiennent ou qu’ils vont emprunter à des amis quand nécessaire pour accéder au Cloud, ce que j’ai représenté par le cercle intérieur.

Personal Cloud - 2 CirclesElles vont aussi répartir leur «vie numérique» sur de très nombreux services Cloud différents, le cercle extérieur de ce schéma.

Imaginons que ces deux cercles sont mobiles, et chaque personne souhaitera, exigera bientôt, pouvoir aligner un objet d’accès avec un service de manière transparente, selon l’endroit où elle se trouve ou les réseaux disponibles. 

Cette indépendance entre le cercle intérieur, objets d’accès et le cercle extérieur, les services utilisés, n’est pas encore totale. Trop souvent, un service est encore lié à un outil d’accès, comme c’est le cas avec «appstores», sujet que j’ai parlé il y a peu.

La variété des objets d’accès et des services disponibles va continuer à augmenter au cours des prochaines années et va rendre cette indépendance de plus en plus essentielle.

 

Se préparer au même changement, dans les entreprises 

Un mouvement similaire va se produire dans le monde de l’entreprise, c’est une évidence, mais avec un décalage qui sera de l’ordre de 2 à 5 ans selon les entreprises et les services.

Gauss Décalage Grand public Entreprise Gmail Google AppsSur ce graphique, j’ai pris l’exemple de la messagerie Web, qui est le plus facile pour illustrer le décalage grand public - entreprise :

- Gmail grand public a été annoncé en 2004.

- Google Apps professionnel est arrivé sur le marché en 2007, 3 ans plus tard.

- Fin 2011, 8 ans plus tard, on estime qu’il y a environ 350 millions d’utilisateurs de Gmail, car aucun des grands acteurs du Webmail ne communique le chiffre exact du nombre d’abonnés actifs. 

Les services Clouds professionnels universels mis en œuvre seront très proches de ceux du grand public ; de nombreuses entreprises utilisent déjà Box ou DropBox pour leurs documents.

Il y aura bien sur, en plus, de nombreux services professionnels spécifiques tels que le CRM, la gestion des Ressources Humaines ou les budgets.

Le Gartner Group annonce 2014 pour le «Personal Cloud» ; en prenant un décalage moyen de 3 années, on peut donc pronostiquer qu’il faudra attendre 2017 pour pouvoir parler de la migration :

Du PC= Personal Computer au ...PC = Professional Cloud

 


Une adresse email pour tous : un droit universel pour les salariés ?

 

Email Fracture Numérique

Beaucoup de personnes sont surprises quand je leur annonce, pendant mes séminaires, qu’environ la moitié des salariés des entreprises n’ont pas d’adresse email au nom de leur entreprise.

Cette situation crée une véritable fracture numérique au sein des entreprises entre ces deux populations et je suis persuadé qu’elle doit se résorber, et le plus vite possible ! 

L’existant

Dans de grands secteurs d’activité économique comme l’industrie ou la distribution, de 40 à 70 % des collaborateurs n’ont pas d’adresse mail professionnelle, alors que ce pourcentage est très faible dans d’autres secteurs comme la banque ou l’assurance. 

50 50

Pour la France, où le nombre de personnes qui ont un emploi salarié est de l’ordre de 24 millions, ceci signifie que :

- 12 millions de personnes utilisent des emails professionnels, Microsoft Exchange et IBM Notes Domino se partageant l’essentiel du marché.

- 12 millions de personnes n’ont pas accès à un email pour leurs activités professionnelles, mais la majorité d’entre eux utilise un Webmail pour ses activités personnelles, Yahoomail, Orange, Hotmail et Gmail étant les leaders de ce marché.

 

Toutes les «bonnes raisons» pour ne pas les équiper 

Quels sont les principaux arguments utilisés par les défenseurs du statu-quo ?

YES -Yen, Euro Dollar

Les coûts : l’argument était très valable quand les seules solutions logicielles disponibles demandaient l’usage d’un PC et de solutions lourdes et chères, Exchange, Outlook ou Lotus Notes. Utiliser un PC Windows pour ces seules fonctions de messagerie et d’agenda représente une charge déraisonnable quand le taux d’utilisation quotidien se mesure en minutes et non en heures.

«Ils» n’en ont pas besoin : en apparence, c’est une évidence : un ouvrier sur une chaîne de production, une caissière de grand magasin a une activité opérationnelle dominante qui lui laisse peu de temps pour échanger des emails ou mettre à jour son agenda. Mais la réalité est plus complexe ; ces mêmes personnes ont suffisamment de périodes de pause, de moments disponibles pour pouvoir consacrer, sur leurs lieux de travail de 15 à 30 minutes par jour pour l’utilisation de leur messagerie, ce qui est probablement largement suffisant. N’oublions pas non plus qu’il leur est possible d’y accéder à distance, depuis un smartphone ou à leur domicile.

Cartoon - Computer you got mail

«Ils» ne sauront pas s’en servir : c’est un argument que j’entends encore trop souvent, et qui est «insultant» pour l’immense majorité de ces opérationnels privés d’adresse email d’entreprise. Leur maîtrise de ces outils, dans leur environnement personnel, est souvent supérieure à celles de nombreux dirigeants qui osent encore faire imprimer leurs emails par leur secrétaire, les lire sur papier et... les archiver dans de grands dossiers.  Oui, cette situation est beaucoup plus fréquente qu’on se l’imagine !

«Ils» vont perdre leur temps : le risque est très faible, car leur emploi du temps ne leur permet pas de s’en servir plus que quelques minutes par jour !

Et si cet argument était plus pertinent pour les personnes aujourd’hui équipées et qui passent souvent des heures à envoyer ou lire des courriels ?

 

Toutes les «bonnes raisons» pour les équiper 

3 € email

Les coûts : le seul argument valable contre l’équipement des opérationnels était le coût des solutions historiques. Il tombe complètement maintenant que d’excellentes solutions Webmail professionnelles s’appuyant sur des clouds publics existent. Dépenser 3 euros par mois et par personne, ce que coûte par exemple Google Apps dans sa version professionnelle, ce n’est plus un coût «majeur» et déraisonnable !

Les bénéfices : cet «éneaurme» investissement est en plus très rentable ! Dans la majorité des grandes entreprises, l’existence de cette double population, équipée et non équipée, oblige les équipes de développement à maintenir deux applications pour la même activité. De très nombreux processus, tels que demandes de congés ou accès aux consignes de sécurité existent en versions «intranet» pour les personnes ayant un email et en version papier pour les autres.

L’élimination progressive de tous ces doublons permet très vite de récupérer son investissement.

Chromebook

Dissocier l’objet d’accès de l’ouverture d’une adresse email : c’est un point clef de la démarche ! Dans une informatique moderne, je ne suis pas obligé d’équiper d’un PC classique à une personne pour qu’elle puisse accéder à sa messagerie : tout objet, mobile ou fixe, disposant d’un navigateur moderne, peut être utilisé.

Mettre des PC légers ou des ChromeBooks en libre service dans différents lieux de l’entreprise, permettre à ces collaborateurs qui n’étaient pas équipés d’utiliser leurs smartphones personnels ou leurs ordinateurs installés chez eux permet de multiplier les options d’accès à cette messagerie professionnelle.

L’immense majorité de ces personnes font des réservations de train ou d’avion par Internet et consultent déjà leur messagerie personnelle.


Dimension humaine et culturelle : travailler dans une entreprise et n’y avoir aucune identité numérique, est-ce raisonnable en 2012 ? L’attribution d’une adresse email à tous les collaborateurs ne peut qu’accroître le sentiment d’appartenance à l’entreprise. On élimine en même temps la frustration, qui peut aller jusqu’à l’humiliation, d’être considéré comme un «sous-collaborateur» qui n’est pas digne d’appartenir à la classe supérieure qui a droit à avoir son nom dans l’annuaire de l’entreprise.

3 euros par mois et par personne pour donner à tous la «fierté» d’appartenir à l’entreprise, d’en être un acteur numérique à part entière, est-ce un prix déraisonnable à payer ?

 

Un projet de Direction Générale

Board meeting

Une adresse email pour tous, c’est un projet de changement culturel dans une entreprise. Il est important qu’il soit porté par la Direction Générale, avec l’aide de la DRH, de la direction de la communication et de la DSI.

 Comment réagissent ces «non équipés» quand on leur propose d’accéder pour la première fois à une adresse email professionnelle telle que Google Apps ? Les expériences que j’ai vécues donnent des résultats passionnants :

- Le niveau de résistance au changement est minimal : sauter directement sur les solutions du futur se passe très bien, d’autant plus qu’il n’y a pas de «mauvaises habitudes» à perdre ! Un bon produit, c’est toujours mieux que ... rien !

- En démarrant en priorité par les «non équipés», on transmet aussi des signaux forts aux utilisateurs actuels des solutions historiques ; vous n’êtes plus les seuls, les nouvelles solutions Cloud fonctionnent très bien et vous pourriez aussi en tirer profit. 

- Ceci a souvent pour effet de réduire, un peu, les résistances au changement que l’on rencontre toujours avec les personnes qui doivent changer leurs modes de travail, marqués par des années d’utilisation d’Office et autres Outlook.

Alors, 100 % des collaborateurs de votre entreprise avec une adresse email professionnelle avant la fin de 2012 ? Un beau projet, à mettre à l’ordre du jour le plus rapidement possible !