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Sommet mondial du numérique, à Paris


April in Paris FRDepuis plus de 40 ans, la France dispose avec le CIGREF de l’une des plus grandes associations de responsables informatiques de grandes entreprises au monde.

Vendredi 13 avril, le CIGREF a organisé à Paris le « Sommet Mondial du Numérique », une journée qui fut passionnante du début à la fin, avec une très grande variété d’intervenants et de thèmes traités. La société Jouve assurait, avec le CIGREF, l’organisation de cette journée.

J’ai fait un choix, forcément arbitraire, de quelques-unes des idées qui m’ont le plus intéressé et j’imagine que le CIGREF mettra rapidement sur son site un compte rendu détaillé de cette journée. Que ceux que je ne peux pas citer dans un texte qui essaye de rester de dimension raisonnable m’en excusent.

L’ouverture de la journée avait été confiée à Claudie Haigneré, la première cosmonaute française, aujourd’hui Présidente d’Universcience, la structure qui regroupe le Palais de la Découverte et la cité des Sciences.

Elle a aussi confirmé l’ouverture d’une chaîne de télévision scientifique Universcience.tv.

Elle a surtout beaucoup insisté sur le fait que la maîtrise des outils informatiques par les « digital natives » ne leur garantit pas pour autant une « digital wisdom », que je pourrais traduire par « sagesse numérique ».

L’essentiel de la journée a été occupé par des tables rondes permettant ainsi à un maximum de personnes de s’exprimer pendant la journée.

 

Table ronde 1 : nouveaux modèles de gouvernance

Table ronde 1 Tao ChiGilles Babinet, Président du Conseil National du Numérique a expliqué que le gouvernement britannique continuait à investir le double de la France dans les technologies informatiques, malgré la réduction forte des budgets publics ; j’ai senti qu’il aurait bien aimé que la France augmente son effort dans ce domaine !

J’ai été frappé de voir à quel point Danone prenait au sérieux la dimension numérique de ses activités : Bernard Hours, Vice Président du Conseil d’Administration a parlé des marques comme des « personnes » sur les réseaux sociaux et expliqué que Danone consacre déjà 10 % de ses budgets publicitaires à Internet.

Le représentant de l’Unesco, Jänis Kärlins, est un Lettonien qui s’exprimait parfaitement en Anglais et en Français ; beaucoup d’idées simples et fortes dans son exposé :

- Rajouter des ordinateurs dans les salles de cours, sans modifier les méthodes pédagogiques et la formation des enseignants ne fait ... qu’augmenter le coût de l’éducation.

- Toute ressource pédagogique financée par des fonds publics doit pouvoir être partagée.

- Il faut éviter un « Alzheimer numérique », en numérisant des contenus historiques, le challenge étant de sélectionner ce qui doit être numérisé, tout ne pouvant pas, ne devant pas l’être.

- Comment garantir que ce qui est numérisé aujourd’hui sera encore accessible dans 20 ans.

L’Unesco organise d’ailleurs en juin à Paris un « Open Educational Resources » autour de ces thèmes ; tout le monde peut s’y inscrire, gratuitement.

 

Table ronde 2 : innovation et croissance

Table ronde 2 MénardInnocentive est une entreprise qui rapproche l’offre et la demande dans le domaine de la recherche scientifique ; une entreprise propose un budget pour réaliser un travail précis et des chercheurs négocient leurs services. Simon Schneider, le représentant d’Innocentive, a beaucoup insisté sur l’un des principaux challenges dans ce métier, la gestion de la propriété intellectuelle des résultats de ces recherches.

Maxime Lombardini, Directeur Général d’Illiad, plus connu pour sa marque Free, a donné quelques explications intéressantes sur les raisons de leur succès très rapide :

- Développer nos propres outils, nos « box », en interne, pour rester près de nos produits et pouvoir innover en permanence, très vite.

- Nous ne faisons pas d’études de marché, nous écoutons nos 5 millions de clients actuels.

- Rester très focalisé sur une seule ligne de produits, rester simple, sont les clefs pour être plus innovant, plus rentable et offrir un meilleur service à nos clients.

- L’équipe de management est très stable et de petite taille, autour de 200 personnes.

- Le vrai patron de la maison, c’est le ... CTO, le Chief Technical Officer.

Bruno Ménard, DSI de Sanofi et ancien président du CIGREF, a évoqué la possibilité de faire appel au « crowdsourcing » pour aider la recherche pour des maladies qui les concernent, pour lesquelles ils sont très « impliqués ».

C’est un axe de réflexion important, car les personnes sont vraiment prêtes à s’investir beaucoup pour faire avancer la recherche qui ne resterait plus confinée dans les seuls centres de recherche des laboratoires.

Lagouge Danone et Brocheteau Disneyland ParisPour innover, il vaut mieux être David que Goliath ! Cette phrase a donné pas mal d’échanges, surtout quand on sait que le CIGREF regroupe les DSI des plus grandes entreprises de France, comme par exemple Jean-Marc Lagoutte de Danone ou Bruno Brocheton de Disneyland Paris.

 

L’industrie du livre au USA

La matinée c’est terminé par l’exposé de Len Vlahos, Directeur Général de l’association BISG, Book Industry Study Group. Le BISG est le seul organisme américain chargé de mesurer tout ce qui se passe dans l’industrie du livre, aussi bien analogique que numérique.

Len était l’un des seuls à utiliser un vidéoprojecteur, mais c’était parfaitement justifié au vu de l’intérêt des données.

Croissance marché ebooksJ’en ai extrait juste 2 graphiques et j’envisage d’en faire un billet séparé, car le sujet est passionnant.

La croissance du marché des ebooks est spectaculaire, comme le montre le premier graphique. Ces chiffres correspondent à l’année 2010, car ceux de 2011 ne sont pas encore disponibles. Len a précisé que les résultats préliminaires dont il dispose montrent que cette croissance a continué en 2011.

Book sales USA - plateau for ebooksEn commentant ce deuxième graphique, plus récent, car il donne des chiffres pour fin 2011, Len a fait remarquer que l’on semble assister à une stabilisation du marché des ebooks, lié selon lui à une « saisonnalité » des achats de contenus au cours du premier trimestre de l’année, après la vente des lecteurs pendant les fêtes de fin d’année.

 

Table ronde 3 : Bits et Atomes.

Table ronde 3 Eileen GittinsIl était fascinant de constater que les trois intervenants ont tous insisté sur la complémentarité du monde numérique, les bits, et du monde physique, les atomes.

Eileen Gittins, fondatrice et CEO de Blurb, a fait un exposé passionnant sur son métier, autour de ce qu’elle appelle le « livre liquide » !

Blurb permet à tout le monde de créer un livre imprimé, le nombre minimum d’exemplaires étant... un !

Comme elle le disait très bien, c’est en étant « ignorant » d’un sujet que l’on peut rendre possible ce que d’autres pensent impossible.

Avec Blurb, un auteur peut créer lui-même, sur Internet ou sur son poste de travail, un livre illustré, un album de photos de très bonne qualité et le distribuer sous forme papier « atomes » ou « bits », ebook, toute l’adaptation étant faite automatiquement par Blurb. Eileen est persuadée que ceci va permettre de créer des échanges encore plus forts entre les auteurs et les lecteurs.

Steve Rosenblum, le représentant de Pixmania a expliqué comment sa société était née de la nécessité de passer du monde analogique au monde digital pour les photos et l’avait amené naturellement à distribuer des appareils de photos numériques, qui ont été à l’origine de leur nouveau métier.

Il a en même temps reconnu que le marché demandait de plus en plus un mélange entre les atomes et les bits, ce qui amène une fois de plus Pixmania  à adapter son mode de fonctionnement. 

Comme l’expliquait Arnaud Caplier, Smartbox, qui a commencé par distribuer ses boîtes cadeaux en mode atome, évolue maintenant vers le digital à la demande de ses clients.

Tous les intervenants ont été d’accord pour reconnaître que le « mix atomes-bits » changeait tout le temps et qu’il leur faudrait en permanence s’adapter aux évolutions des attentes des clients.

 

Table ronde 4 : nouvelles technologies, nouvelles diffusions.

Table ronde 4 BuffardCette table ronde réunissait des entreprises de grande taille, toutes nées il y a longtemps, dans un monde 100 % analogique. Il était intéressant de voir que ces « Goliath » n’hésitaient pas à se remettre en question et abordaient le monde numérique avec optimisme, mais sans pour autant en occulter les risques.

Ralph Büchi représentait le groupe de presse allemand Axel Springer, surtout connu pour le journal Bild, aux 12 millions de lecteurs de sa version papier.

Le site Web du Bild a maintenant plus de visiteurs, 13 millions, que le journal, et j’ai bien aimé son commentaire sur la « mauvaise habitude » des lecteurs du Web qui considère que les contenus doivent être gratuits !

Heureusement, a-t-il ajouté, je fonde beaucoup d’espoir sur les accès depuis les smartphones ; il est beaucoup plus facile de faire payer les personnes depuis un mobile, car ils paient la communication, les applications et ... les contenus. 

Bernard Emsellem, Directeur Général Délégué Ecomobilité de la SNCF, a donné de cette « grande dame » une vision moderne, très tournée vers le futur.

La SNCF c’est positionnée en leader de la démarche Open Data en France, et a lancé un concours d’applications capables d’utiliser ces données mises à la disposition du public.

La partie la plus passionnante de son exposé concernait le long terme, en présentant la SNCF comme un « logisticien » du transport personnel, capable demain de proposer des options incluant le partage de voiture en plus du train.

Est ce que, à long terme, le prochain concurrent de la SNCF n’est pas ... Google ? Le simple fait de poser cette question montre bien que la SNCF aborde son avenir dans le long terme en comprenant bien que le « numérique » va y jouer un rôle de plus en plus fort.

Pascal Buffard, Président d’AXA Group Solutions a montré comment on pouvait transformer les métiers de l’assurance, à priori « not a very sexy business » en prenant une approche plus orientée clients, comme AXA l’a déjà fait par exemple avec la communauté des « bikers ».

AXA va accélérer ses déploiements dans les marchés en forte croissance, quitte à être plus « sélectif » sur les marchés actuels, à faible croissance.

 

Résumé

Pascal Buffard s
C’est Pascal Buffard, en reprenant sa casquette de Président du CIGREF, qui a clôturé cette journée passionnante en disant qu’il y en aurait surement d’autres dans les années qui viennent, ce qui est une excellente nouvelle, compte tenu de la qualité et de la richesse des échanges de cette première édition.

Remarque importante : le contenu de ce billet n’engage que moi, et non les personnes que j’ai citées ; il s’appuie uniquement sur les notes que j’ai prises pendant cette journée avec tous les risques d’interprétation que cela induit. 

 


Smartphones : quel avenir pour Windows Phone 7 & RIM BBX ?

 

HTC Titan & Nokia Lumia 900 WM7Le 8 avril 2012, AT&T, l’un des deux grands opérateurs mobiles aux USA, a commencé la commercialisation de deux nouveaux téléphones fonctionnant sous Windows Phone 7 (WP7), le Nokia Lumia 900 et le HTC Titan II.

Nokia était totalement absent du marché américain et tout le monde s’accorde pour dire que le lancement de ce smartphone est la dernière chance pour Nokia de se faire une place, même petite, sur ce marché.

8 avril : c’était le dimanche de Pâques ! Le moins que l’on puisse dire et que c’est une date surprenante pour un lancement ! Comme le faisait remarquer le New York Times, il était «très difficile» d’acheter un Lumia 900 ce jour-là :

Sur les 39 points de ventes AT&T aux environs de Times Squares à New York, où avait lieu un concert pour le lancement du Lumia 900 :

- 37 étaient fermées et certaines diffusaient un message sur leur répondeur vantant les mérites de ... l’iPhone 4S.

- Les deux qui étaient ouvertes n’avaient pas le Lumia 900 en stock !

Un bien étrange lancement....

Nielsen market share smartphones USA Q4 2011C’est aussi un test majeur pour WP7 qui n’avait que 1,4 % de part de marché aux États-Unis à la fin de l’année 2011, comme le montre cette étude Nielsen.

Il y a deux questions à se poser aujourd’hui, sur le marché des smartphones : - est-ce que WP7 peut réussir et venir concurrencer les deux leaders actuels, iOS et Android ? 

- Quel peut être l’avenir des nouveaux smartphones sous le nouvel OS BNX de RIM - BlackBerry, prévus à la fin de l’année 2012 ?

Vous aurez la réponse à ces deux questions en lisant ce billet...

 

Rappel : le modèle de l’innovation de Christensen

Je suis un grand fan de Clayton Christensen, dont les ouvrages ont profondément modifié notre compréhension des raisons du succès ou de l’échec des innovations. L’un de mes premiers billets sur ce blog, en 2006, présentait en détail sa démarche.

Je propose en quelques lignes, de résumer la démarche de Christensen, qui, 10 ans après, reste totalement d’actualité et me servira à analyser les probabilités de succès de WM7 et RIM BNX.

Schéma Christensen explicatif(Les personnes familières avec les idées de Christensen peuvent sauter au paragraphe suivant.)

- Les innovations continues (en noir) : évolution normale de toute technologie dont les performances s’améliorent avec le temps : vitesse d’un processeur, capacité d’un disque dur... 

- Besoins et attentes des utilisateurs (en bleu) : augmentent aussi, mais moins vite que les performances des outils.

- Point B = performances des outils inférieures aux attentes : toute amélioration de la technologie est attendue par le marché et immédiatement acceptée.

- Point A = performances des outils supérieures aux besoins : beaucoup d’efforts sont nécessaires pour essayer de convaincre le marché que les nouvelles versions d’un produit sont «indispensables».

- Première idée majeure de Christensen : il est impossible de battre un produit en B, leader de son marché, par un produit qui propose des services équivalents.

- Deuxième idée majeure de Christensen : pour battre un produit B, il faut créer une innovation de rupture (en rouge).

- Un produit de rupture peut commencer en C, très en dessous des attentes des utilisateurs, car ils acceptent un produit différent, innovateur, même si ses fonctionnalités sont insuffisantes.

- Rapidement, un produit C se rapproche de la demande, et atteint le point D, où il répond bien aux attentes de la majorité. A ce moment, les produits de type B perdent la guerre face à D.

Avant d’appliquer ce schéma au monde des téléphones mobiles, je vous propose de regarder ce qui c’est passé avec les PC classiques.

 

Une bonne illustration du modèle Christensen : PC Windows + Office

Au début des années 2000, avec l’arrivée de Windows XP et Office 2003, les besoins de base des utilisateurs normaux d’un PC étaient raisonnablement bien couverts, et toutes les versions suivantes, Windows 7 ou Office 2007, deviennent des produits A au sens de Christensen.

Modèle Christensen- Windows PCA partir de ce moment, toutes les tentatives pour remplacer Windows et Office sur le poste de travail étaient vouées à l’échec, que ce soit Linux ou OpenOffice ; j’ai écrit un autre billet sur la bataille perdue par Linux sur le poste de travail traditionnel.

Pour battre Office, les innovations de rupture se nomment Google Apps ou Zoho, des solutions Cloud Computing qui ne cherchent pas à faire la même chose, mais proposent des innovations fortes, de rupture, comme l’accès depuis un navigateur sur tout objet mobile ou la collaboration native. 

Google apps vs Office 365Annoncées en 2007, ces produits sont, à la fin de 2011, proches du point D de Christensen et Microsoft l’a bien compris, qui propose maintenant Office 365 pour essayer de contrer ces nouveaux attaquants.

ChromeOS logoPar contre, aucun produit n’a été, pour le moment, capable de remplacer Windows sur un PC, fixe ou portable. ChromeOS de Google, annoncé en juin 2011, est l’un des premiers produits de rupture, beaucoup plus léger et rapide, qui pourrait réussir, mais il est encore trop tôt pour le dire.

Cet exemple «historique» permet de mieux anticiper ce qui va se passer sur le marché des smartphones.


Les smartphones : innovation de rupture par rapport aux «features phones»

Lorsque, début 2007, Steve Jobs a annoncé l’arrivée de l’iPhone, Apple n’avait jamais encore fabriqué un seul téléphone et le marché était dominé par des géants qui avaient pour nom Symbian de Nokia, RIM BlackBerry ou Windows Mobile. 

Modèle Christensen- WM 7 1
Ils commercialisaient tous ce que l’on appelle aujourd’hui des «features phones», en clair des téléphones mobiles classiques.

Le premier iPhone est arrivé sur le marché en juin 2007 ; il était clairement en position C sur la courbe de Christensen ; c’était le premier «smartphone» de rupture, tactile et équipé d’un navigateur correct, mais il n’était que 2G alors que les réseaux 3G existaient déjà.

L’iPhone 3G est arrivé un an plus tard et l’iPhone 4, en juin 2010 répondait bien aux attentes de la majorité des consommateurs.

Le premier smartphone Android est arrivé en octobre 2008 et les smartphones Android actuels sont eux aussi très raisonnablement en phase avec les attentes des utilisateurs.

US = 50% of smartphones:featuresEn février 2012, pour la première fois, les ventes de smartphones ont atteint aux USA 50 % du marché et dépassent maintenant celles des «features phones», comme le montre cette étude de Nielsen.

Comme le modèle de Christensen le prévoyait, en 5 ans, Android et iOS ont gagné la bataille et marginalisé les anciens leaders, Symbian, Windows Mobile ou BlackBerry. Le graphique Nielsen présenté au début de ce billet donne les chiffres des nouvelles ventes au 4e trimestre 2011 :

- Android = 52 %

- iOS = 37%

- RIM Blackberry = 6 %

- Fin 2011, Android et iOS représentent donc près de 90 % du marché des nouveaux smartphones. 

Stockmarket 12 months Apple vs RIMS’il fallait encore une preuve de plus de cette mutation très rapide, l’évolution du cours de bourse d’Apple comparée à celle de RIM est très parlante :

- 60 % pour Apple.

- 70 % pour RIM.

 

Le marché des smartphones en 2012

Début 2012, la situation du marché est totalement différente de celle de 2007.

Croissance iOS Android EntreprisesMême dans le marché des entreprises, toujours plus long à adopter les nouvelles technologies, les smartphones iOS et Android se sont imposés, alors que BlackBerry y régnait en maître, il y a encore 2 ou 3 ans, comme le confirme cette étude de Changewave Research ; en février 2012, Android et iOS sont présents dans plus de 90 % des entreprises.

Les smartphones sont maintenant les produits leaders et les iPhones actuels ainsi que les téléphones Android sont au-dessus de la demande de la majorité des utilisateurs, comme je le montre sur ce nouveau graphique «Christensen».

L’iPhone 5 est attendu vers le mois d’octobre 2012 et de nouveaux modèles Android très performants sont annoncés tous les mois.

Modèle Christensen- WM 7 2Les premiers smartphones WP7 arrivent maintenant sur le marché et RIM a annoncé, pour la fin 2012, ses premiers smartphones de nouvelle génération sous le système d’exploitation BNX.

Par un extraordinaire renversement de situation, Microsoft se retrouve maintenant sur le marché des smartphones dans la position de... Linux essayant de remplacer Windows XP, en l’occurrence iOS et Android ! 

La majorité des analystes sont d’accord pour dire que WP7 est un «bon» OS mobile et que le Nokia Lumia 900 est aussi un «bon» téléphone, même s’il n’est pas aussi performant que ces meilleurs concurrents avec, par exemple, un processeur monocœur 1,4 Ghz et un écran de définition moyenne, 480x800 pixels, alors que de nombreux smartphones Android sont déjà bi ou quadricœurs avec des écrans de 1280x800 pixels comme le Samsung Note.

Un autre handicap de WP7 est lié au nombre d’applications disponibles sur sa boutique, plus faible que le nombre d’applications sur les AppStore et AndroidStore, renommée depuis peu Google Play.

Le problème, comme l’a si bien expliqué Christensen, c’est que pour déloger des leaders, il ne sert à rien d’être aussi bon qu’eux, il faut être ... différent et proposer des innovations de rupture, ce qui n’est absolument pas le cas.

Nokia Lumia Ballmer, Stephen Elop et Ralph de la VegaMalgré leur grand sourire, les trois patrons de Microsoft, Steve Ballmer, Stephen Alop de Nokia et Ralph de la Vega d’ AT&T, ne peuvent pas faire grand-chose contre cet état de fait ; WP7, un bon OS mobile, ne pourra plus inquiéter les leaders actuels, iOS et Android.

Le cas de RIM Blackberry est encore plus désespéré ; même si leur nouveau smartphone BNX arrive comme prévu fin 2012, il devra affronter non seulement iOS et Android, mais aussi WP7 qui aura probablement pris, d’ici là entre 3 et 5 % de part du marché des smartphones. 

Ce retard de RIM est probablement une bonne nouvelle pour WP7 car il permettra à Microsoft de grappiller quelques points de part de marché à RIM, en perdition en ce début d’année 2012.

En 2012 et 2013, les parts de marché des smartphones vont donc rester raisonnablement stables :

- iOS et Android garderont, ensemble, autour de 90 %.

- Tous les autres OS mobiles se partageront les 10 % restant.

Reste la question intéressante, à laquelle je n’ai pas de réponse :

Quelles seront les innovations de rupture qui vont arriver sur le marché, en 2012 ou en 2013, et qui feront que les smartphones de 2012 deviendront les «features phones» de 2017 ?

Je vous propose quelques pistes de réflexion :

- Ecrans flexibles ou pliables.

Sergey glasses- Affichage en «réalité augmentée» comme le propose le projet Google Glass ; on voit sur cette image Sergey Brin, l’un des deux fondateurs de Google, portant un prototype de ces lunettes d’un nouveau type !

Il y pourtant une chose dont je suis convaincu : avant la fin de 2013, un nouveau fournisseur, qui peut-être ne fabrique pas aujourd’hui de smartphones, proposera un nouveau produit de rupture, un «cleverphone» qui fera que nos smartphones actuels prendront immédiatement un coup de vieux !

Qui ? Quand ? Comment ? L’avenir nous le dira, certainement !

 

Dernière minute : 10 avril 2012

Noka Lumia GlitchNokia confirme que le Lumia 900 a des difficultés qui empèche l’accès aux données, à la suite d’un bug logiciel, et propose une remise de $100 pour tous les clients, jusqu’au 21 avril, le temps que la mise à jour logicielle arrive, le 16 avril.

Rappel : le prix de vente avec un contrat de 2 ans est de $99, ce qui veut dire en pratique que Nokia met le prix de vente à $ 0.

Une petite touche d’humour anglais ! La campagne TV pour le Nokia Lumia 900, qui vient de commencer, dit : « l’époque des smartphones ß (bêta) est terminée : remplacez votre Android ß pour un “vrai” smartphone ; le Lumia 900 ».

 MAJ du 11 avril 2011

Nokia s'effondre en bourseLe bug du Lumia 900 a eu un impact immédiat sur le cours de bourse de Nokia, qui chute dans la journée de plus de 18 %.

Ce n'est vraiment pas une bonne journée pour le tandem Nokia - Microsoft !


Cloud Computing : faux et usage de faux

Cloud Computing Expo Paris 3:2012Fin mars 2012, un salon Cloud Computing c’est tenu à Paris, auquel je n’ai pas pu assister, car j’étais en déplacement à l’étranger.

Par contre j’ai reçu de nombreux messages liés aux annonces faites lors de ce salon, et beaucoup d’entre eux m’ont fait ... sursauter ! Les mots Cloud et SaaS étaient utilisés à tort et à travers, souvent à la limite de la publicité mensongère.

Le mot «Cloud» étant à la mode, il est maintenant mis à toutes les sauces et il devient de plus en plus difficile pour les non-spécialistes de s’y retrouver.

De nombreux fournisseurs pourraient être sanctionnés pour usage intempestif des expressions Cloud et SaaS, Software as a Service.

Comment séparer le bon grain de l’ivraie ? Après avoir lu ce billet, vous devriez être capable de décoder les annonces des fournisseurs et ne pas tomber dans le piège des annonces «inexactes».

 

Infrastructures : hébergement, Cloud public et privé

IaaS : Infrastructures as a Service ; c’est l’expression utilisée par les spécialistes du Cloud pour parler des infrastructures, en clair des serveurs utilisés par les entreprises.

Quelles sont les trois grandes familles de solutions pour gérer ses serveurs ?

Hébergement

OVH Home PageDepuis plus de 20 ans, des entreprises ont créé des centres de calcul pour héberger les serveurs pour leurs clients. Il y en a des dizaines en France et 

il est facile de trouver des listes de ces hébergeurs, ici ou . 1&1, Ikoula ou OVH font partie des entreprises les plus connues en France. 

Tous les opérateurs téléphoniques ont aussi développé cette activité d’hébergement les serveurs de leurs clients.

Le mode de facturation le plus classique est au mois, et au nombre de serveurs hébergés. Ce service d’hébergement conserve toute sa valeur pour beaucoup de clients, mais, comme le mot hébergeur ne fait plus très «moderne», tous ces hébergeurs se croient obligés de renommer leur activité «Cloud», comme le montre cette page d’accueil d’OVH. 

Remarque : pour illustrer mon propos, je vais citer dans ce billet quelques fournisseurs, mais ils sont très nombreux à tenir les mêmes discours et ceux que j’ai choisis ne sont que des exemples parmi beaucoup d’autres.

Cloud Public : 

Lorsque l’expression Cloud Computing a commencé à être utilisée, au début des années 2007, il n’y avait qu’une seule «espèce» Cloud, qui est devenue aujourd’hui le Cloud public.

Un Cloud public, ce sont des ressources serveurs et de stockage que je ne gère pas et que j’utilise à la demande. Le leader actuel du Cloud public reste Amazon, avec AWS, Amazon Web Services, qui a démarré en 2006.

AWS EC2 types of serversLe client d’un Cloud public peut choisir à tout instant :

- Quels types de serveurs il peut utiliser ; chez AWS, en avril 2012, il y a dix options différentes pour EC2, Elastic Compute Cloud.

- Quels systèmes d’exploitation : Linux, Unix ou Windows Server.

- Quelle durée : l’unité d’œuvre est l’heure ; un client paye uniquement le nombre d’heures dont il a besoin.

Number objects in AWS S3Le succès des Clouds publics a été immédiat comme le montre la croissance du nombre d’objets stockés sur S3, Simple Storage Services, d’AWS.

Drawsomething nb draw:s in 1 monthL’un des exemples les plus récents et les plus spectaculaires de l’intérêt d’un Cloud public est celui de la société OMGPOP, éditrice du logiciel de dessin sur mobile DrawSomething. Sa croissance a été météorique, comme le montre le nombre de dessins réalisés par seconde, multiplié par 1000 entre le 12 février et le 8 mars 2012. Aucune infrastructure classique n’aurait pu absorber une telle croissance, et c’est le fait d’avoir choisi depuis le début de s’appuyer sur un Cloud public qui a permis à OMGPOP d’être immédiatement rachetée pour 200 M$ par Zinga.

Cloud Privé :

Le succès immédiat des Clouds privés publics a semé la panique chez les fournisseurs historiques de serveurs et dans quelques équipes informatiques qui géraient des centres de calculs d’entreprise ; et si par malheur les Clouds publics allaient réduire fortement nos activités ?

Ils ont donc inventé un contre-feu qui a pour nom ... Cloud privé. Cela permet de donner un coup de jeune aux solutions qui existaient depuis toujours. 

Infrastructures - Avant, Après CloudCe schéma de synthèse présente l’évolution qui c’est produite depuis 2007 ; la seule innovation réelle est celle du Cloud public, le Cloud privé, qui garde son intérêt pour certains usages, n’étant que le nouveau nom des anciennes solutions

Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet, j’ai publié il y a environ 1 an deux papiers, ici et , qui parlent en détail de ces deux familles de Clouds et aussi des Clouds communautaires.

 

Applications : ASP, SaaS et «on demand».

ASP logoCela fait aussi plus de 20 ans que des entreprises peuvent faire le choix de demander à un tiers d’héberger pour elles des applications ;  on parlait alors d’ASP, Applications Services Providers. Cette démarche a tout son sens pour les entreprises qui confient ainsi à des professionnels la gestion de leurs applications et des mises à jour lorsque de nouvelles versions arrivent.

Saas-imageAu début des années 2000, une véritable révolution a démarré dans le monde des applications avec l’arrivée des solutions SaaS, Software as a Service, Salesforce.com en étant l’exemple le plus emblématique. 

Pourquoi parler de révolution pour le SaaS ? il y a quatre différences majeures par rapport aux logiciels historiques et traditionnels :

- Multi-tenant : une même instance du logiciel est utilisée par tous les clients

- Mono-version : à un instant donné, tous les clients utilisent la même version du logiciel

- Facturation d’un service, au nombre d’utilisateurs et au temps, mois ou année le plus souvent.

- Accès depuis un navigateur : tout PC, Macintosh, smartphone ou tablette équipé d’un navigateur moderne peut accéder à une application SaaS.

Une application qui ne répond pas à ces quatre règles n’est PAS SaaS, et il n’y a pas d’exception !

Panique à bord pour les éditeurs historiques et les ASP ! Les solutions SaaS révolutionnent l’industrie du logiciel et mettent à mal tous les modèles économiques classiques. 

Face à cette menace, leurs réponses sont inadmissibles, à la limite de la publicité mensongère ! Ils prennent leurs clients pour des imbéciles s’ils pensent qu’il suffit de rebaptiser en «mode SaaS» une application traditionnelle pour la parer de tous les avantages d’une véritable application SaaS.

Je ne résiste pas au plaisir de publier quelques-unes de ces annonces que j’ai reçues ces derniers jours, mais il y en a beaucoup d’autres !

SAGE CRM en mode SaaSASPaway qui propose «en mode SaaS» Sage et Microsoft Dynamics ! Le nom de l’entreprise est pourtant clair, ASP... 

CapHosting SaaS impostureAcropolis qui promet, par un coup de baguette magique aux éditeurs de transformer leur solution «en mode SaaS». la phrase qui est en début de cette page est un petit chef-d’œuvre de duplicité : « SAAS CapHosting - Solution d’Hébergement SaaS (Software as a Service).

«On demand» !

Certains acteurs du marché ont ressorti l’expression «on demand» pour éviter un trop gros mensonge, lié à l’utilisation frauduleuse du mot SaaS.

Cloud Applicatif Flow LineC’est le cas de Flowline qui invente le «cloud applicatif», autre nom ambigu pour remplacer ASP, qui n’a plus la cote.

SisypheIl est temps de redonner un semblant de clarté dans ce marché ou l’on dit de plus en plus n’importe quoi. Facturer un logiciel traditionnel mensuellement n’a jamais transformé une application ancienne en application SaaS, contrairement à ce qu’osent écrire certains prestataires de services.

Transformer une application historique, mono-tenant et multi-instance en application SaaS, multi-tenant et mono-instance est ... tout sauf simple, pour ne pas dire impossible.

Loup en grand mèreAlors, messieurs les fournisseurs, un peu d’honnêteté intellectuelle ne ferait pas de mal !

- Hébergeur je suis, hébergeur je reste ; c’est un beau métier.

- Application traditionnelle j’ai développé, application traditionnelle je commercialise, sans essayer de faire croire que le loup c’est transformé en gentille grand-mère.

Tout le monde sera gagnant, les fournisseurs et les clients.