R2I : la Révolution Industrielle Informatique - Troisième partie : les usages
25/09/2012
Rappel des « chapitres » précédents :
Première partie : les bases de la R2I.
Deuxième partie : les infrastructures.
C’est dans le domaine des usages que cette R2I sera la moins visible, mais c’est aussi dans ce domaine qu’elle aura le plus d’impacts sur l’amélioration du fonctionnement des entreprises.
SaaS : Software as a Service
C’est un thème que j’ai souvent traité dans mon blog ; il y a presque 2 ans, j’avais écrit un billet entièrement consacré au SaaS et, plus récemment, ce « coup de gueule » contre les usurpateurs du SaaS.
Je rappelle en quelques lignes ce qui fait la spécificité d’une véritable solution SaaS :
- Il suffit d’un navigateur, sur un PC, un Macintosh, une tablette ou un smartphone, pour y accéder : cohérent, bien sûr, avec ce que j’ai déjà écrit sur les infrastructures R2I.
- Facturée comme un service, au temps et au nombre d’utilisateurs.
- Hébergée sur un cloud public ou communautaire ; aucune solution SaaS ne peut résider dans un centre de calcul privé.
- Multi-tenant (multi-locataires) et mono-instance : une seule version du code logiciel est utilisée par toutes les entreprises clientes.
- Il n’existe, à un instant donné, qu’une seule version utilisable de la solution SaaS.
Toute solution logicielle qui ne possède pas ces 5 caractéristiques n’est pas une solution SaaS ; il n’y a aucune exception possible à cette règle de base.
Pour vous aider dans vos choix, je vous indique les « deux questions pièges » à poser à un éditeur pour dépister les faussaires SaaS :
- Est-ce que je peux aussi l’installer dans mon centre de calcul privé, abusivement appelé cloud privé ?
- Est-ce que je peux garder une version plus ancienne et changer à mon rythme ?
S’il répond oui à l’une de ces questions, vous avez affaire à un imposteur.
SaaS, un composant clef de la R2I
Vue par les entreprises clientes, la généralisation des solutions SaaS est une excellente nouvelle ; pour la première fois, dans l’histoire des applications professionnelles :
1 - L’hypothèse que l’application ne fonctionne pas n’existe plus ! Si je suis la 2587e entreprise à mettre en œuvre ce service, 2586 autres entreprises l’utilisent déjà avec succès.
2 - L’entreprise a immédiatement accès aux « meilleures pratiques » dans le domaine de l’application. Quand je mets en œuvre une application de gestion des déplacements telle que Concur, déjà utilisée par des milliers d’entreprises, je vais profiter de toutes les améliorations apportées à ces processus de gestion. Il est intéressant de noter qu’il en existe maintenant une version spéciale « secteur public » qui tient compte des spécificités de leurs processus.
3 - Les délais de mise en œuvre se mesurent en semaines ou en mois, pas en années.
4 -Le cauchemar des migrations disparaît : quand, par miracle, une entreprise arrivait à faire fonctionner une application artisanale traditionnelle, l’éditeur se faisait un malin plaisir de débarquer pour annoncer qu’il fallait « migrer vers la nouvelle version ». Ceci explique pourquoi la grande majorité des entreprises qui déploient un logiciel traditionnel n’utilisent pas les dernières versions, comme le montre ce graphique comparant une solution SaaS, Workday, à des solutions historiques bien connues.
5 - Que je sois une multinationale basée à San Francisco, une entreprise moyenne à Rome ou une PME en Roumanie, j’ai la possibilité d’utiliser la même application, la « meilleure possible ». C’est une opportunité extraordinaire pour les PME et pour les entreprises dans les pays en émergence, qui sont moins bloquées dans leurs évolutions de leurs SI par les Boulets ERP existants.
6 - A tout instant, je peux adapter mon budget à l’évolution de l’activité de mon entreprise, en achetant plus de services ou en renouvelant un nombre plus faible d’utilisateurs si nécessaire.
7 - Dans la grande majorité des cas, les coûts complets des solutions SaaS sont très inférieurs à ceux des solutions historiques. Je consacre un paragraphe complet à ce thème.
Difficile, quand on est directeur général, directeur financier, directeur métiers ou informaticien responsable de résister à ces sept avantages principaux des solutions SaaS.
Des applications industrielles, qui fonctionnent, en permanence à jour, à des coûts raisonnables et prévisibles... l’industrialisation des usages a du bon !
SaaS : pour quels usages universels
Les solutions SaaS ont un grave défaut : elles ne peuvent pas répondre à tous les besoins des entreprises, contrairement à ce qu’ont essayé de faire croire pendant trop longtemps les éditeurs historiques de « solutions intégrées ».
Ces solutions, et tout le monde les connait, me font toujours penser à ces gigantesques couteaux suisses disposant de dizaines de fonctions, oui, mais qui font tout... très mal.
Essayez d’élaguer votre forêt avec la scie de ce couteau, le plus grand « intégré » au monde ! Seriez-vous prêt à ouvrir une bouteille de Petrus avec ce tire-bouchon ?
La logique « industrielle » des composants s’impose enfin dans le monde du logiciel et plus aucun éditeur SaaS sérieux ne prétend répondre à tous vos besoins.
Une solution SaaS ne peut réussir que si elle répond aux attentes d’un grand nombre d’entreprises ; c’est toujours sur les grandes séries que l’on peut amortir des investissements industriels.
Sur ce schéma, j’ai représenté les principaux composants d’un Système d’Information.
- Les infrastructures, support des usages, auxquelles on accède avec un navigateur ou... un navigateur.
- Les usages informatiques structurés « cœur métiers » : ce sont ceux pour lesquels il existe rarement des solutions SaaS et que je traite dans le prochain paragraphe.
- Les usages informatiques structurés « fonctions support » : CRM, pilotage RH, budgets... Aujourd’hui, d’excellentes solutions SaaS sont disponibles pour 99 % des les fonctions supports.
- Les usages « participatique » : messagerie, agenda, traitement de texte, tableur, blogs, wikis... Pour ces usages, les solutions SaaS s’imposent.
- L’informatique flexible, permettant de développer très rapidement des applications légères de BPM (Business Process Modeling) ou de décisionnel (Business Intelligence). Il existe depuis peu d’excellentes solutions SaaS telles que RMP pour le BPM ou BIME pour le décisionnel, deux jeunes et brillantes sociétés françaises qui concurrencent fortement les solutions historiques traditionnelles.
Dans cette logique de « composants logiciels », à la base de la démarche usages R2I, les décisions stratégiques deviennent très simples :
- La seule réponse industrielle à une demande fonction support = SaaS ou SaaS, sur cloud public.
- La seule réponse industrielle à une demande participatique = SaaS ou SaaS, sur cloud public.
- La seule réponse industrielle à une demande « informatique flexible » = SaaS ou SaaS, sur cloud public.
Reste à régler le problème des applications cœur métiers...
Les usages cœur métiers
Toutes les entreprises nécessitent des applications qui répondent à des besoins très spécifiques : gestion d’une raffinerie de pétrole, équilibrage en temps réel d’un réseau de transport d’énergie électrique, transactions boursières, « yield management » pour les compagnies aériennes... Ce tableau est un exemple des tarifs qui me sont proposés par la compagnie aérienne Vueling pour le vol Paris Valencia en octobre ; ils varient entre 50 et 110 € selon les jours. Je ne suis pas certain que cette application intéresse beaucoup une banque ou une société de distribution alimentaire ; c’est la caractéristique de base d’une application métier.
Pour ces usages métiers, il existe maintenant deux réponses possibles :
- Une solution SaaS sur cloud communautaire. En restant dans l’exemple du transport aérien, la société Amadeus fournit à des centaines d’entreprises du secteur des transports une application métier SaaS industrielle de très haute qualité, capable de traiter 100 millions de réservations par mois. Ces applications communautaires ne sont possibles que si l’application métier concernée n’est pas une source potentielle d’avantage compétitif. C’est le cas avec Amadeus qui s’occupe en priorité du processus de réservation, une fois que le client a fait ses choix de compagnie aérienne et de prix.
- Une solution propriétaire, unique, non industrielle, installée dans le centre de calcul de l’entreprise ou hébergée par une société tierce. Cela restera encore, pendant de nombreuses années, la réponse la plus fréquente, surtout pour les grandes organisations. Dans cette situation, je pronostique et espère la renaissance des applications vraiment sur mesure, construites avec des outils industriels, Java, PHP, HTML5... Cette démarche est, à long terme, plus efficace et plus rentable que d’essayer de bricoler un ERP universel pour essayer de l’adapter à des processus métiers qui sont spécifiques et différents de ceux de la concurrence.
J’ai une très bonne nouvelle pour les entreprises :
Aujourd’hui, entre 60 et 80 % des usages peuvent être pris en charge par des applications industrielles SaaS.
Dimensions économiques : SaaS vs solution traditionnelle
Dans le garage d’un chef d’État « démocratique » récemment disparu, on a trouvé une voiture unique au monde, une Fiat 500 estimée à 200 000 €.
Les « garages informatiques » des grandes entreprises sont eux aussi remplis d’applications et d’ERP uniques au monde, assemblés à grands frais, sur des périodes de plusieurs années et qui, en plus, sont en permanence en révision !
Tous les grands cabinets d’analyse, Gartner, Forrester, Nucleus... ont publié des études sur le ROI des solutions SaaS. Sans surprise, et quelles que soient les méthodes de calcul, les résultats obtenus démontrent que les solutions SaaS sont beaucoup moins chères. En voici trois exemples, parmi des centaines, par Forrester sur Concur et Google Apps et Nucleus sur la plus célèbre des solutions SaaS, Salesforce.
J’ai résumé ces résultats sur ce petit tableau très simple qui donne le ROI et la période de retour sur investissements dans les trois cas ; à montrer, sans modération, à votre Directeur Général ou votre DAF !
Tous ces tableaux, tous ces chiffres ne font que confirmer ce qu’un peu de bon sens rend évident : une solution industrielle, quel que soit le secteur d’activité, coûte toujours moins cher qu’une réalisation artisanale.
Pour une entreprise, les avantages financiers des solutions industrielles SaaS sont nombreux :
- Pas de CAPEX, uniquement des OPEX.
- Des dépenses prévisibles, année après année.
- Des ROI très élevés.
- La capacité d’arrêter un projet qui ne donne pas satisfaction.
- Des dépenses qui s’adaptent facilement aux évolutions de l’activité de l’entreprise.
Des usages informatiques industriels, c’est ... aujourd’hui.
Cette révolution industrielle des usages est aux portes des entreprises ; pour le moment, seules les plus innovantes ont fait le saut dans ce Nouveau Monde du SaaS et en tirent des avantages concurrentiels majeurs.
Comme le montre clairement ce graphique, dans la première moitié du XXe siècle, l’industrialisation du secteur automobile américain a permis de diviser par trois, en dollars constants, le prix de vente d’une voiture.
Il n’y a plus aucune raison pour que l’on ne puisse pas faire un graphique similaire, représentant la baisse des coûts des applications informatiques, sur la période 2010 à 2020.