R2I : la Révolution Industrielle Informatique : quels rôles pour les dirigeants ?
27/12/2012
Rappel des « chapitres » précédents :
Première partie : les bases de la R2I.
Deuxième partie : les infrastructures.
Troisième partie : les usages
Quatrième partie : les fournisseurs
Cinquième partie : DSI
Aujourd’hui, pour la dernière partie de cette longue série, je m’adresse en priorité aux dirigeants, en espérant qu’ils seront nombreux à lire ce texte.
En une phrase : vous êtes les mieux placés pour impulser la R2I dans vos organisations !
Le rôle clef des dirigeants en Informatique
L’absence de compréhension des potentiels et challenges de l’informatique par les dirigeants est un danger mortel pour les entreprises. Il y a quelques années, ceci a conduit des dirigeants à abdiquer et à donner les clefs de leur informatique à des « outsourceurs » avec des contrats pluriannuels qui se chiffraient en milliards d’euros ou de dollars.
Cette abdication a été une véritable catastrophe pour les entreprises qui ont perdu le contrôle de l’évolution de leur Système d’Information.
De nombreuses entreprises ont été contraintes de racheter leurs contrats pour reprendre la main.
C’est encore plus essentiel en 2013, avec l’arrivée de la grande rupture de la R2I, mais je suis raisonnablement optimiste sur la capacité actuelle des dirigeants à comprendre les challenges et à faire des choix intelligents.
En confirmation de mon optimisme, la société KPMG vient de publier une étude encourageante sur « qui décide » dans le domaine des usages SaaS, Software as a Service.
Elle démontre que les CEO, COO et CFO (Présidents, directeurs généraux et directeurs financiers) ont, à plus de 50 %, un rôle influent. Les responsables informatiques, CIO et CTO sont, et c’est logique, plus impliqués dans les décisions.
R2I : une excellente nouvelle pour les entreprises
Toutes les enquêtes le montrent et le démontrent, les solutions industrielles, à forte dominante « cloud », apportent des avantages majeurs aux entreprises, comme le rappelle cette étude de Saugatuck Technology.
La liste ci-dessous est un rapide résumé des principaux avantages :
- Une réduction forte, rapide et durable des coûts informatiques.
- Des applications industrielles, qui fonctionnent « out of the box ».
- Une flexibilité accrue
- Une vitesse de déploiement qui se mesure en semaines ou en mois.
- La prise en compte des potentiels des objets mobiles.
Oui, mais rien de cela n’est possible sans une rupture forte avec l’existant, que ce soit en matière d’infrastructures, d’usages, de fournisseurs de solutions et de services.
R2I : une rupture forte ... à anticiper et à gérer
On peut se demander, quand les bénéfices sont si clairs et évidents, pourquoi toutes les entreprises ne se précipitent pas vers les solutions R2I.
Cette classique résistance au changement est alimentée en priorité par les comportements des acteurs de l’Ancien Monde.
Je constate tous les jours, et souvent pendant mes conférences, un risque majeur de collusion, souvent inconscient, entre certains DSI de grandes organisations et les fournisseurs historiques pour protéger le statu quo et ralentir au maximum la migration inéluctable vers le Nouveau Monde R2I.
J’ai représenté sur ce schéma tous les niveaux de technologies, depuis les bases des réseaux en allant vers les services, en passant par les infrastructures et les usages.
A la gauche, « Ancien Monde », j’ai placé les logos d’une petite partie des acteurs principaux, cités à titre d’exemple. Tous ensemble, ils représentent plus de 90 % du Chiffre d’Affaires de l’industrie informatique et encore plus, si l’on tient compte de la base installée. Les coûts, les inefficacités de ces solutions participent à l’enrichissement de tout l’écosystème ; il faut beaucoup de monde, beaucoup de temps, beaucoup d’argent pour les mettre en œuvre, changer de versions, les maintenir...
A ma droite, « Nouveau Monde » R2I, on trouve des acteurs jeunes, qui viennent souvent du grand public, qui représentent un tout petit pourcentage des dépenses informatiques des entreprises et qui n’ont pas encore obtenu leur « brevet de respectabilité » dans le monde des grandes entreprises.
En plus, ces solutions ont le grand défaut de... fonctionner très vite et de demander peu de ressources pour les mettre en œuvre, comme je l’ai montré dans la quatrième partie de cette série sur la R2I.
L’une de mes citations favorites de Machiavel dans « Le Prince » s’applique remarquablement bien à la situation actuelle du monde informatique :
« Les innovateurs se créent des ennemis de tous ceux qui bénéficiaient du système ancien et ne disposent que d’un soutien “mou” de ceux qui pourraient bénéficier du nouveau système. »
Dirigeants, vous allez devoir prendre des décisions qui iront contre les conseils et les recommandations de l’immense majorité des acteurs informatiques existants ; ce sera tout sauf facile !
N’oubliez pas, non plus, qu’un fournisseur n’est jamais un ami, un partenaire, mais... doit rester un fournisseur.
Ce ne sont plus eux qui doivent définir la stratégie informatique d’une entreprise, mais... ses dirigeants !
R2I : situation actuelle
Une fois de plus, la courbe de Gauss de l’innovation me permet de mieux anticiper le calendrier prévisionnel de diffusion de la R2I.
Les dates indiquées sur ce graphique sont indicatives, mais représentent un calendrier raisonnable et réaliste.
L’essentiel de la migration vers un monde R2I se fera dans la deuxième moitié de cette décennie, à partir de l’année 2015, quand les deux majorités, initiale et tardive, auront rejoint le mouvement.
A l’aube de l’année 2013, ce seront encore les entreprises innovantes, « early adopters » qui mèneront la charge.
Dans les grandes organisations, il faut au moins un an ou deux pour préparer une migration de cette ampleur ; 2013 sera donc une année charnière pour les entreprises de la « majorité initiale ».
Les « bonnes résolutions » R2I pour 2013
Dirigeants, permettez-moi de vous proposer une première liste de décisions Systèmes d’information à prendre pendant cette année 2013 :
- Sensibiliser tous les décideurs, métiers et informaticiens aux potentiels de la R2I.
- Rencontrer les fournisseurs de la « nouvelle vague » pour mieux comprendre leurs offres, leur vision du futur et surtout les grandes différences avec les offres historiques.
- Préparer votre stratégie R2I pour l’horizon 2017 - 2018.
- Démarrer, courant 2013, par la mise en œuvre d’une première solution R2I dans chacun des deux domaines clefs : infrastructures et usages.
Bonne année 2013, sous le signe de la Révolution Industrielle Informatique !