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Le Cloud Computing est mort, vive le Cloud IT !

 

Cloud Computing written in cloudL’expression « Cloud Computing » est utilisée depuis 2007 ; 2007, c’est aussi l’année de naissance de ... Revevol !

Dans cette expression, le mot « Computing » est devenu trop restrictif, car il fait référence à une seule des dimensions des apports des solutions « Cloud », celle qui a trait à la puissance de calcul.

Aux Etats-Unis, l’expression « Cloud IT » remplace progressivement « Cloud Computing » ; c’est une bonne chose, car cela confirme que cette révolution a une dimension beaucoup plus large.

Ce problème ne se pose pas dans la langue française qui utilise l’expression « informatique dans les nuages ». Le mot informatique n’a pas d’équivalent direct en anglais et se traduit souvent par... IT, Information Technology. Au moins sur le plan de la linguistique, la France était en avance.

 

Cloud IT ?

Logo Cloud ITBasculer de Cloud Computing à Cloud IT est beaucoup plus qu’un simple changement de vocabulaire, c’est la reconnaissance que la révolution du « Cloud » touche maintenant toutes les facettes de l’informatique et des Systèmes d’Information : 

  • Infrastructures serveurs
  • Applications, usages
  • Sociétés de services
  • Equipes informatiques internes
  • Fournisseurs

La R2I, Révolution Industrielle Informatique, s’appuie beaucoup, mais pas exclusivement sur le Cloud IT. 

Cloud IT pentagon 5 dimensions
Je ne vais pas reprendre ici dans le détail des idées et des thèmes que j’ai déjà beaucoup développés dans ce blog.

Résumons-les en une seule phrase, pour chacune des cinq dimensions du Cloud IT :

  • Infrastructures serveurs : uniquement des clouds publics, jamais de cloud privé.
  • Applications, usages : priorité aux solutions SaaS et BPaaS, sur mesure dans le cas contraire.
  • Sociétés de services : la fin des projets mammouth, priorité aux projets d’ingénierie, courts, à forte valeur ajoutée.
  • Equipes internes : moins nombreuses, et avec de nouvelles compétences à acquérir.
  • Fournisseurs : prennent le virage Cloud IT ou disparaissent.

  

Cloud IT, l’essentiel des Systèmes d’Information, demain

Logo 2021En 2021, le Cloud IT ce sera imposé dans la très grande majorité des entreprises ; les petites et moyennes auront terminé cette mutation avant les plus grandes.

En 2021, il restera en France quelques centaines de grandes organisations qui auront encore des « centres de calcul privés », mais de taille très réduite par rapport à ceux qui existaient en 2013.

Ce sera en particulier le cas des entreprises qui utilisent encore des serveurs historiques, mainframe et iSeries IBM, serveurs Sun ou HP sous Unix. Les fournisseurs industriels d’infrastructures Cloud, Amazon, Google, Microsoft, ont tous fait l’impasse sur ces familles de serveurs.

EWeek mainframe 50 ansN’oublions pas que 96 des plus grandes banques et 9 des plus grands assureurs utilisent encore des serveurs Z d’IBM, comme le rappelle eWeek dans un texte qui célèbre le 50e anniversaire de cette famille de serveurs et le ... 55e anniversaire du Cobol.

En 2021, entre 60 % et 90 % du parc applicatif des entreprises auront été pris en charge par des solutions Cloud IT, SaaS ou BPaaS. Ne resteront, dans les grandes organisations, que les usages « cœur de métiers » vecteurs de compétitivité et pour lesquels les entreprises auront abandonné leurs ERP intégrés pour les remplacer par des applications développés sur mesure. 

Ces développements innovants utiliseront en priorité les outils « Open Source » proposés par les nouveaux leaders de l’offre informatique : Facebook, Google ou Amazon.

New Open Source develop toolsCombien d’ingénieurs logiciels dans vos équipes connaissent l’existence du langage de développement Go de Google, du langage Hack et de l’accélérateur de PHP Hip-Hop développés par Facebook, de la nouvelle base de données « puissance Cloud » WebScaleSQL ? Combien les maîtrisent ?

Ce sont quelques exemples des nouvelles compétences à acquérir d’urgence que j’évoquais plus haut.

 En résumé :

Le Cloud IT, ce n’est que ... le Système d’Information de vos entreprises, demain.

 


Ne plus ouvrir le capot !

 

Opening the hoodTous ceux qui conduisaient une voiture, il y a plus de vingt ans, savaient comment s’ouvrait le capot de leur voiture, rajouter de l’eau dans le radiateur, changer l’huile, vérifier les bougies,... Tous les conducteurs avaient l’obligation d’avoir un minimum de compétences techniques avant d’entreprendre un voyage de quelques centaines de kilomètres.

Aujourd’hui, la majorité des personnes conduisent des voitures de grande qualité et très fiables, sans jamais ouvrir le capot ; elles ignorent même souvent où se trouve le levier d’ouverture.

Le monde de l’informatique s’apprête à vivre la même révolution / évolution...

  

L’ancien monde informatique : préindustriel

Cela fait presque 2 ans que je parle dans ce blog de la R2I, la Révolution Industrielle Informatique et des ruptures qu’elle va induire dans toute l’industrie informatique, dans tous les métiers des informaticiens.

Boite a outils voitureLe monde informatique actuel, encore majoritairement dans son ère préindustrielle, nécessite, pour fonctionner, des compétences très proches de la technique. Sur de nombreuses voitures anciennes, il y avait sur le marche-pied une... boîte à outils et les propriétaires avaient impérativement besoin d’un chauffeur-mécanicien pour les accompagner dans leurs déplacements.

Table de routage IPDe la même manière, les entreprises ont encore besoin d’informaticiens très proches de la technique pour mettre à jour une application sur un PC, modifier une table de routage dans leur réseau ou gérer l’avalanche de « pourriels » dans les logiciels de messagerie.

  

Le nouveau monde : R2I : Révolution Industrielle Informatique

Quand la R2I sera devenue une réalité, en 2021, ce sont les fournisseurs-industriels qui auront pris le relais et s’occuperont de l’essentiel des taches techniques réalisées aujourd’hui dans les entreprises clientes.

Du côté des infrastructures, la gestion des serveurs, des réseaux, des espaces de stockage sera assurée par Amazon, Facebook, Google, Microsoft ou quelques très grands acteurs, pour le compte de leurs clients. Les entreprises achèterons, en OPEX (coûts de fonctionnement), en IaaS, Infrastructures as a Service, toutes les ressources dont elles ont besoin.

Open Compute Qanta serverConnaissez-vous Quanta ? C’est devenu l’un des plus grands fabricants mondiaux de serveurs, car il produit les serveurs sur mesure de... Google, Facebook, RackSpace et quelques autres géants du Cloud, en suivant bien évidemment les spécifications « Open Compute Project » établies par Facebook.

Dans un marché des serveurs traditionnels en baisse (Dell, HP, IBM...) les nouveaux acteurs comme Quanta connaissent une croissance estimée par IDC à 45 %.

SaaS ModelDu coté des usages, les applications SaaS, Software as a Service sont développées, maintenues, mises à jour par des industriels du logiciel et les entreprises clientes auront basculé, là aussi, en OPEX, en payant uniquement pour les utilisateurs qui en ont besoin.

Des centaines de fournisseurs, de plus en plus spécialisés, « best of breed », proposent maintenant des solutions SaaS industrielles, prêtes à l’emploi, et que les entreprises peuvent déployer rapidement, en se libérant de l’enfer des migrations !

  

Abandonner des compétences existantes

Passer le relais nuageAu fur et à mesure que les entreprises confient aux industriels du Cloud leurs infrastructures et leurs applications, les activités informatiques « techniques » correspondantes sont prises en charge par ces fournisseurs. 

IT certificationsCeci a des conséquences majeures sur les équipes informatiques internes, qu’il est urgent d’anticiper et de gérer. Des dizaines de compétences, souvent acquises après des années d’expérience, de grands efforts pour obtenir des « certifications » de grands acteurs comme Cisco ou Microsoft, deviennent... inutiles, car elles correspondent à des activités que l’entreprise ne gère plus en interne.

Il est essentiel de faire rapidement le bilan des compétences existantes dont l’entreprise n’aura plus besoin, et d’établir un calendrier réaliste, compétence par compétence, pour éviter de ce retrouver, dans quelques années, avec des collaborateurs sans activités.

 

Développer des compétences nouvelles

Comme toute mutation industrielle, la R2I détruit des emplois et crée, en même temps, des métiers nouveaux, souvent à plus forte valeur ajoutée.

Le Cloud Computing ne fera pas exception à cette règle

Torque pro application AndroidJe reprendrai encore une fois l’exemple de l’automobile. Mes fils n’ouvrent plus le capot de la voiture, mais ils utilisent une application Android, Torque pro, qui leur permet d’avoir en permanence une connaissance très complète de tous les paramètres de fonctionnement du moteur.

ODB II Bluetooth adapterUn simple boitier au standard ODB II, branché sur la prise correspondante, transmet par Bluetooth toutes les informations sur leur smartphone ou leur tablette.

Torque pro screensLa richesse des données disponibles est impressionnante, largement supérieure à ce qu’il était possible d’obtenir avec les voitures anciennes.

Ceci permet de vérifier ce que l’on appellerait en informatique le SLA (Service Level Agreement) du fournisseur !

 

Cet exemple automobile illustre l’une des compétences nouvelles passionnantes que va demander l’arrivée du Cloud et des solutions SaaS. Les équipes internes auront la capacité, bien meilleure qu’avant, de piloter le Système d’information en temps réel, pour vérifier que les services rendus à tous les clients, externes et internes, sont en permanence au meilleur niveau.

  

Résumé : entre nostalgie et modernité

Il existe de nombreux clubs d’amateurs de voitures anciennes, amoureusement entretenues par leurs propriétaires.

Rallye vieilles voitures ParisIls sont heureux de se retrouver lors de rassemblements sympathiques, suivis par des milliers de personnes, comme moi, qui n’ont ni le temps ni les compétences pour entretenir ces objets anciens qui demandent de très fortes compétences techniques pour continuer à circuler.

Verra-t-on un jour des clubs du même style pour les nostalgiques d’une informatique artisanale qui demandait des compétences très pointues pour fonctionner ? Ce n’est pas impossible...

 


L’effet WhatsApp : un milliard de clients, sinon rien...

 

19 B $ Watering Facebook19 milliards de dollars pour une entreprise née il y a 4 ans, avec 55 collaborateurs et un chiffre d’affaires de 20 M de dollars... L’annonce du rachat de WhatsApp par Facebook a surpris des millions de personnes et fait rêver tous les créateurs de start-up.

Je ne connais pas beaucoup de ratios comptables classiques qui pourraient justifier une telle valorisation, de 1 000 fois le Chiffre d’Affaires.

De nombreux commentateurs, ici ou , ont évoqué l’absurdité de ce chiffre, le retour de la bulle Internet....

Et si Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, avait fait une bonne affaire ?

C’est de cela que je souhaite parler dans ce billet.

 

Microsoft : un précurseur

Bill Gates 1980Au début des années 80, il y a plus de 40 ans, Bill Gates, le fondateur de Microsoft, a défini la « mission » de son entreprise par un objectif très ambitieux pour l’époque : 

« A computer on every desk and in every home. » (Un ordinateur sur chaque bureau et dans chaque maison.)

Ce pari, immense, a été gagné ; Microsoft a été la première société de logiciels au monde à passer la barre du milliard de clients avec ses deux produits phares, Windows et Office.

C’est d’autant plus exceptionnel que ce succès est venu dans un monde « Client/Serveur », avant que l’Internet ne prenne le dessus.

 

Téléphonie mobile et Internet : des milliards de clients

A la fin de l’année 2013, il y avait :

  • 7,1 milliards de personnes sur terre.
  • 6, 7 milliards d’abonnements à la téléphonie mobile.
  • 2, 8 milliards d’Internautes.

Mobile subscriptions : World regionLe nombre d’abonnements mobiles n’est pas celui du nombre d’utilisateurs, car de nombreuses personnes possèdent 2 ou 3 cartes SIM. C’est cependant un chiffre impressionnant, surtout quand on sait que la téléphonie mobile a vraiment démarré en 1995, il y a 20 ans.

Ce que montre aussi clairement ce graphique, c’est que l’Europe de l’Ouest et l’Amérique du Nord sont des ... nains dans ce domaine. Il y a pratiquement autant d’abonnés au Moyen-Orient et en Amérique du Nord !

Internet users: 100 habitantsA l’inverse, les internautes sont, pour le moment, plus nombreux dans les pays développés. 

Comme le montre ce graphique :

  • 39 % de la population mondiale avait accès à Internet en 2013.
  • Ce pourcentage atteint 77 %, presque le double, dans les pays développés.
  • Il n’est que de 31 % dans les pays en émergence.

World Map Internet : number usersCe décalage est bien mis en évidence par cette carte du monde où la surface de chaque région est proportionnelle au nombre d’Internautes.

En comparant ces deux familles de statistiques, les grands acteurs mondiaux de l’Internet, Google, Facebook... ont bien compris que la croissance de leurs marchés viendrait :

  • Des pays en émergence.
  • De l’Internet mobile.

  

A la chasse aux 3 milliards de nouveaux internautes

Comment permettre à ces 3 milliards de « non-internautes » d’avoir un accès à Internet ? En créant des réseaux d’accès mobiles à faible coût dans les zones non couvertes par les solutions traditionnelles.

Google et Facebook en sont convaincus et ont lancé de nombreuses initiatives dans ce domaine.

O3B couvertureGoogle est l’un des principaux sponsors du projet « O3B », Other Three Billion : ce réseau de satellites basse altitude couvrira l’espace Equateur +/- 45 °, c’est-à-dire toute l’Amérique centrale et du Sud, toute l’Afrique, une grande partie de l’Asie et toute l’Océanie, en clair les pays où se trouvent les 3 milliards de « non-internautes ». 

Les premiers satellites seront opérationnels cette année, en 2014. Le premier lancement, par Arianespace avec une fusée russe Soyuz, de quatre satellites fabriqués par Thales, a eu lieu en juin 2013.

 Plus récemment, Google a démarré le projet LOON ; il s’agit d’envoyer des centaines de ballons, à 20 km d’altitude, pour fournir des accès Internet à des zones géographiques mal couvertes. Les premiers essais ont eu lien en Nouvelle-Zélande et le premier réseau complet de ballons devrait circuler le long du 40° latitude Sud.

De son côté, Facebook a lancé, en 2013, le projet Internet.org, qui a, lui aussi, comme objectif de fournir des accès internet à très bas coût dans les pays en émergence.

  Zuckerberg-MWC14Mark Zuckerberg a profité de sa présence à Barcelone lors du Mobile World Congress de février 2014 pour faire la promotion de son projet internet.org, en lançant un appel aux opérateurs pour qu’ils l’aident.

Est-ce que les efforts de Facebook et Google sont uniquement pilotés par la volonté d’aider les pays en émergence ? Bien sur que non ! Plus d’internautes signifie plus d’utilisateurs de leurs services et cela ne me choque absolument pas, au contraire. Tout le monde sera gagnant, les « non-internautes » actuels et les fournisseurs de services.

 MIse à jour du 4 mars 2014

Techcrunch vient d'annoncer que Facebook va acheter Titan Aerospace, une société qui fabrique des drones à énergie électrique qui peuvent voler pendant 5 ans à ... 20 km, comme les ballons LOON de Google !

Titan Aerospace Atmospheric DroneC'est très cohérent avec la nouvelle mission assignée à Facebook par Mark Zuckerberg : "Connecting the World".

 

Whatsapp : 500 millions d’utilisateurs en 4 ans

C’est dans ce contexte de milliards de clients potentiels que le rachat de WhatsApp par Facebook prend tout son sens.

Growth number of users : 4 yearsWhatsApp est l’entreprise qui a eu la plus rapide croissance de son nombre de clients, comme le montre ce graphique. Le milliard de clients pourrait être atteint dans les 2 ou 3 ans qui viennent.

WhatsApp est aussi très présent dans les pays en émergence, où la gratuité des échanges est un argument-choc !

MIT Value of a Social media userSur le plan financier, la remarquable revue « Technology Review », publiée par le MIT, a construit un graphique intéressant ; il montre que le prix payé par Facebook, environ 42$ par abonné, est presque « raisonnable » si on le compare aux chiffres de Twitter ou de Pinterest. 

C’est encore plus vrai si l’on tient compte de « l’effet réseau » qui considère que la valeur d’une entreprise croît comme le carré du nombre de ses clients ; WhatsApp a deux fois plus de clients que Twitter. 

 

Synthèse : la grande valeur des usages universels

Les plus grands succès de l’informatique se sont construits autour des applications « universelles » capables d’intéresser des millions, des milliards de personnes :

  • Office sur les PC.
  • Les Webmail pour Internet.
  • Les communications : Skype, WhatsApp...
  • Les réseaux sociaux :  LinkedIn, Facebook...

Le rapprochement du mobile et d’Internet va créer, avant la fin de cette décennie, un marché de 5 à 7 milliards de personnes connectées en permanence, et en priorité depuis un objet mobile, smartphone ou tablette.

India desktop-vs-mobileL’exemple de l’Inde est intéressant : depuis 2012, le nombre d’internautes mobiles a dépassé celui de ceux qui naviguent depuis un PC de bureau.

Etre l’un des fournisseurs de ces marchés mondiaux, avec des clients dont le nombre dépasse le milliard, ce sera l’une des clefs de la réussite pour les fournisseurs qui veulent rester leaders. 


Combien seront-ils, capables d’atteindre cet objectif ? GAMA (Google, Amazon, Microsoft et Apple), auxquels on peut rajouter Facebook ont déjà atteint cet objectif.

Logo Leaders Chinois InternetD’où viendront les prochains leaders ? Très probablement d’Asie avec des sociétés comme China Telecom, Baidu ou Alibaba qui peuvent compter sur leurs gigantesques marchés nationaux pour atteindre cette masse critique du milliard de clients.

Y aura-t-il de la place pour beaucoup d’autres acteurs ? Je n’en suis pas certain.