Un Système d’information performant : aujourd’hui, avec les solutions d’aujourd’hui
30/04/2014
Il y a quelques semaines, j’ai eu l’honneur de déjeuner avec le jeune DSI d’un grand groupe français, membre du CAC 40. Nous parlions des révolutions informatiques en cours et, bien entendu, du Cloud Computing. Pendant nos échanges, il a prononcé une phrase qui m’a marqué pour sa simplicité et sa profondeur : « On peut améliorer profondément son système d’information, aujourd’hui, avec les solutions d’aujourd’hui. »
Ma passion pour l’innovation fait que je me laisse parfois emporter par mon enthousiasme pour les nouveaux produits ou solutions en émergence, telles que les Google Glass, l’impression 3D ou le « wearable computing ».
La tentation, c’est de penser qu’un produit, une solution qui sont apparus sur le marché il y a 2 ou 3 ans ce sont largement répandus dans les entreprises ; la vérité est tout autre...
Ne pas attendre les prochains « miracles » de la technologie
La remarque faite par ce DSI est un excellent rappel au bon sens : en 2014, il n’est pas nécessaire d’attendre les prochains « miracles » de la technologie pour passer à l’action et construire des Systèmes d’Information profondément innovants.
C’est une excellente nouvelle pour les entreprises et leurs équipes informatiques qui ont la volonté d’améliorer immédiatement leur S.I. ; c’est une moins bonne nouvelle pour les entreprises et leurs équipes informatiques qui recherchent des alibis pour maintenir l’existant le plus longtemps possible.
La célèbre expression « Si ce n’est pas cassé, ne le répare pas » doit être affichée dans de très nombreux bureaux d’informaticiens.
Il existe un double décalage entre ce qu’il est possible de faire aujourd’hui et la réalité des Systèmes d’Information des entreprises :
- Le premier est lié aux écarts de plus en plus grands entre le temps que met le grand public à s’approprier une technologie et celui nécessaire pour qu’elle obtienne droit de cité dans les entreprises.
- Le second est lié au cycle de vie des solutions professionnelles ; les entreprises mettent plus de temps à les déployer, mais ce n’est pas le plus grave ; elles mettent surtout beaucoup, mais beaucoup plus de temps à les éliminer !
Cette longévité des infrastructures et applications dans les entreprises dépasse l’entendement. On vient de fêter le cinquantenaire des Mainframe IBM ; fêtera-t-on, en 2064, leur centenaire ?
Quand on sait qu’IBM est la seule grande entreprise du secteur informatique à avoir célébré son centenaire en 2011 ....
Analysons plus en profondeur ce double décalage.
Décalage grand public et entreprise
Depuis le début des années 2000, l’innovation informatique a abandonné le monde professionnel. Toutes les innovations de rupture, Internet, WebMail, smartphones, tablettes, VoIP... se déploient en priorité dans le grand public.
Ce décalage dépasse souvent de 2 ou 3 années :
- Gmail est né en 2004, Google Apps, son cousin germain professionnel est arrivé en 2007.
- Apple a lancé l’iPad en 2010 ; Mr Jean-Christophe Lalanne, le DSI du groupe Air France-KLM a été nommé DSI de l’année en 2013 par la revue 01 Informatique pour avoir, entre autres réussites, équipé les personnels navigants d’Air France avec des iPad.
La meilleure stratégie, pour les équipes informatiques, c’est de ... positiver ce décalage de 2 ou 3 années. Ceci permet de déployer dans les entreprises des solutions qui ont déjà fait leurs preuves dans le marché le plus exigeant qui soit, celui du grand public.
En clair, pour innover, il suffit à la DSI de « surfer » sur la vague des innovations dans le grand public et de les déployer, avec un léger décalage, derrière le firewall, ou ce qu’il en reste.
En résumé : la majorité des innovations, dans les systèmes d’information professionnels, proviennent du déploiement de solutions informatiques qui ont plus de 2 ou 3 ans d’ancienneté. Il n’est donc pas nécessaire d’attendre le produit miracle qui va sortir ... dans 2 ou 3 ans.
Longévité des solutions professionnelles « historiques »
Mainframe, Cobol, SAP, Citrix, Windows, Oracle Applications, Client/Serveur, réseaux filaires, Office... Elle est longue la liste de ces solutions informatiques « historiques » qui auraient dû, depuis longtemps, être rangées au musée des antiquités et qui sont encore trop présentes dans la majorité des entreprises. Je vous renvoie à un texte récent où je faisais la liste des « ex bonnes pratiques » pour une analyse plus complète de ce phénomène.
Elles ont depuis très longtemps perdu de leur importance dans le grand public.
« Dieu a créé le monde en 7 jours, car il n’avait pas d’historique ». Tout le monde connait cette phrase célèbre et qui explique pourquoi il est si difficile d’innover dans le monde de l’informatique professionnelle, en particulier dans les pays développés comme la France qui ont commencé leurs déploiements informatiques il y a environ 50 ans.
Se libérer des solutions historiques prend beaucoup de temps ? Raison de plus pour commencer... immédiatement !
De la veille technologique à la « veille usages »
Smartphones et tablettes très puissants, réseaux sans fil haut-débit, la partie « visible » de l’innovation informatique grand public, dans les infrastructures, est la plus facile à déployer en entreprise, et c’est par cela qu’il faut bien sur commencer.
Par contre, l’essentiel des bénéfices que peuvent retirer les entreprises de la l’innovation technologique informatique viennent des usages, et c’est là que se retrouve aussi... l’essentiel des difficultés.
Il y a deux pistes principales pour améliorer rapidement la situation actuelle :
1 - Usages universels qui ont tous un « équivalent » grand public : Webmail, Chat et VidéoChat, Blogs, Microblogging (Tweeter), partage de vidéos ou de présentations, Réseaux sociaux.... Pour tous ces usages, la solution est simple et immédiate : déployer pour les usages professionnels ... les outils grands publics, tous disponibles sur des clouds publics.
Pour chacun de ces usages, les réponses sont connues :
- WebMail : Google Apps, cousin germain de Gmail.
- Chat et VidéoChat : HangOut de Google aujourd’hui, WebRTC demain.
- Blog : Typepad, Wordpress...
- Microblogging : Tweeter.
- Vidéo : canal privé YouTube.
- Présentations : SlideShare.
- Réseaux sociaux : LinkedIn ou Google+.
- ....
Ce sont des décisions faciles à prendre, aux résultats rapides ; ceci permet aux « clients internes » d’avoir, pour leurs usages professionnels, les mêmes outils que ceux qu’ils utilisent dans leur vie personnelle.
Ces décisions libèrent aussi beaucoup de temps, de ressources et d’argent à la DSI, qui pourront être utilisés pour s’attaquer à la deuxième partie du problème, beaucoup plus ardu.
2 - Usages professionnels sans équivalent grand public : gestion commerciale ou des ressources humaines, gestion de production, e-commerce... La liste est longue des applications qui répondent à des usages professionnels dont n’ont pas besoin les particuliers.
La majorité des grandes entreprises ont essayé de répondre à tous ces besoins en déployant des « ERP intégrés », avec tout le succès que l’on connait en matière de coûts légers, d’ergonomie exceptionnelle, de délais de mise en œuvre rapide et de flexibilité d’évolution.
Il faut maintenant « des-ERPiser » les entreprises comme on a « des-Amianté » les bâtiments : ce sera une tâche longue et coûteuse, mais il existe maintenant des solutions pour y arriver :
Remplacer toutes les fonctions « transverses » gérées par ces ERP par des solutions SaaS (Software as a Service) « best of breed ». La bonne nouvelle, c’est qu’il existe aujourd’hui d’excellentes solutions SaaS pour toutes ces fonctions transverses.
Lorsque les ERP historiques ne seront plus utilisés que pour la gestion de leurs applications « cœur métier », les entreprises auront le choix entre deux démarches :
- Garder ce qui reste de l’ERP s’il répond raisonnablement bien aux besoins et permet à l’entreprise de proposer des usages porteurs de compétitivité.
- Dans le cas contraire, développer « sur mesure » des applications innovantes et très spécialisées qui permettront à l’entreprise de retrouver cette compétitivité perdue pour cause d’ERP universel et inflexible.
De quoi s’occuper, immédiatement !
Avec les outils d’infrastructures d’aujourd’hui, les usages d’aujourd’hui, les plateformes de développement d’aujourd’hui, les équipes informatiques ont en main tout ce dont elles ont besoin pour démarrer, aujourd’hui, le grand chantier de la rénovation du Système d’Information de leurs entreprises.
Elles pourront ainsi faire profiter leurs entreprises des bénéfices de la R2I, Révolution Industrielle Informatique.
Alors, après le pont du 1er mai, fête du Travail... au travail !