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Pour en finir avec l’Informatique fantôme : les 3 B (Première partie)

 

GostL’informatique fantôme (Ghost IT en anglais) ? Ce sont toutes les infrastructures, les applications informatiques déployées dans les entreprises hors de la vue de la DSI, sans son accord.

Est-ce que l’informatique fantôme est un phénomène récent ? Non, bien sûr, mais nous avons assisté à une accélération depuis une dizaine d’années avec l’arrivée d’outils logiciels et matériels puissants, légers et faciles à déployer.

Ce que je vous propose, aujourd’hui, c’est de réconcilier les directions métiers et les informaticiens en remplaçant l’informatique fantôme, source permanente de conflits et d’incompréhension, par.. l’informatique flexible, mise en œuvre de manière harmonieuse et efficace, les équipes informatiques et les métiers collaborant de manière transparente, pour que l’informatique des entreprises soit plus performante et économique.

Une utopie ? Non, comme je vais vous l’expliquer.

 

Informatique fantôme : état des lieux

La société Netskope publie tous les trimestres un rapport très instructif sur le déploiement du Cloud Computing et des applications SaaS dans les entreprises ; ses dernières mesures ont été faites à la fin de l’année 2013.

Netskope More Cloud Apps than DSI thinkCe graphique, tiré de leur étude de janvier 2014, montre que les équipes informatiques sous-estiment beaucoup le nombre d’applications SaaS utilisées par leur entreprise. Ce nombre approche des 400 alors que leurs estimations sont de 40 à 50, un ordre de grandeur de différence !

La question qui fâche : pourquoi l’informatique fantôme c’est-elle développée aussi fortement dans toutes les entreprises, quelles que soient leur taille ou leur secteur d’activité ?

Je n’obtiens pas les mêmes réponses quand je pose la question aux informaticiens et aux directions métiers !

  • Pour mes amis informaticiens, ce sont des utilisateurs dissidents, indisciplinés, désobéissants, qui se moquent des contraintes de sécurité... qui ne respectent pas les directives et les choix de la DSI.
  • Pour les directions métiers, ce sont les contraintes irréalistes de la DSI, leurs schémas directeurs, les temps de réponse démesurément longs, leurs consignes de sécurité déraisonnables qui les « obligent » à recourir à l’informatique fantôme.

J’ai une bonne nouvelle : informaticiens et directions métiers peuvent se réconcilier, travailler ensemble et remplacer l’informatique fantôme par ... l’informatique flexible.


Informatique flexible : les fondamentaux

Flexible ITEntre des outils bureautiques universels, peu structurés, et des applications informatiques classiques, très structurées, il existe un très grand champ médian où l’on trouve des demandes universelles pour des usages « semi-structurés ».

L’excellente nouvelle ? Trois familles d’outils, bien sur tous disponibles dans un monde Cloud et mobile, permettent aujourd’hui de répondre à cette demande :

  • BPaaS (Business Process as a Service) : des processus métiers, clefs en main.
  • BPM (Business Process Modeling) : Des outils permettant, très rapidement de modéliser les processus simples que l’on rencontre dans toutes les entreprises.
  • BI (Business Intelligence) : c’est le monde du décisionnel, de l’analyse des données.

Ce sont ces trois B, BPaaS, BI et BPM qui ont donné leur nom à ce billet.

En utilisant intelligemment ces trois familles de solutions, il devient possible d’éradiquer cette dangereuse épidémie d’informatique fantôme.

 

BPaaS (Business Process as a Service)

Logo BPaaSLes éditeurs de solutions BPaaS proposent aux entreprises des processus simples, prêts à l’emploi, et qui demandent très peu de configuration. La frontière avec les solutions SaaS n’est pas très étanche ; s’il faut souvent quelques mois pour déployer des logiciels SaaS tels que Saleforce ou TalentSoft, une solution BPaaS demande, au plus, quelques jours pour être opérationnelle.

Il existe de très nombreuses offres BPaaS, et j’en ai souvent parlé dans ce blog

Je vais en citer seulement deux dans ce billet :

  • Interview Jason Fried BasecampBasecamp : Basecamp est le gestionnaire de projets légers le plus simple à utiliser que je connaisse. Le fondateur de cette société, Jason Fried, a choisi de rester focalisé sur une seule application, mais de faire très bien son métier, comme il l’explique dans cet entretien récent. Beaucoup d’autres éditeurs ont voulu se diversifier, sans succès, et auraient intérêt à méditer cet entretien.
  • SurveyMonkey : C’est le BPaaS dont ont besoin toutes les entreprises qui réalisent des enquêtes, en interne ou vers leurs clients externes. Quelles que soient la complexité ou la variété des questions que vous souhaitez poser, SurveyMonkey répond à vos besoins. Si ce n’est pas le cas, vous faites certainement fausse route en imaginant des enquêtes déraisonnables.

Ces solutions BPaaS ont toutes les mêmes avantages :

  • Déploiement immédiat.
  • Capacité par les métiers de les utiliser sans avoir besoin de se faire aider par la DSI.
  • Des prix très bas : la version la plus chère de Basecamp coûte 3000 $ par an et celle de SurveyMonkey, 800 € par an, pour un usage illimité et un nombre d’utilisateurs illimités.

Survey Monkey prix France

 

Je propose à toutes les DSI de prendre immédiatement les décisions suivantes : 

  • Signer un contrat avec quelques éditeurs BPaaS tels que Basecamp et SurveyMonkey.
  • Mettre ces offres sur leur place de marché interne.
  • Ne pas les facturer en interne en « offrant » ces solutions à tous les métiers.
  • Assurer la promotion interne de ces solutions BPaaS.

DPC WIn-WIn 62841550Ceci leur permettra d’améliorer très vite leur image à l’intérieur de l’entreprise, de réduire la probabilité que d’autres outils équivalents soient utilisés et réduira le volume d’informatique fantôme.

Comme toutes les solutions d’informatique flexible, le BPaaS permet de créer des situations « gagnant-gagnant » entre les métiers et les DSI ; il serait vraiment dommage de ne pas en profiter.

Dans la deuxième partie de cette série, j’aborderai les thèmes BPM et BI.

  

 


La vérité sur les usages de Microsoft Office : la plus grande escroquerie informatique des 25 dernières années !

 

DPC ombre voleur 57520062(Texte un peu plus long que d’habitude, rendu nécessaire par l’importance du sujet et l’urgence des décisions à prendre.)

Entre 1990 et 2000, toutes les entreprises ont équipé leurs salariés qui disposaient d’un PC Windows de la suite bureautique Office. Depuis, elles renouvellent, consciencieusement, sans se poser trop de questions, leurs licences Office, pour le plus grand bonheur des finances de Microsoft.

  

LA vache à lait de Microsoft : Office

Office Cash CowOffice a été et reste encore la « vache à lait » numéro un de Microsoft. 

Cela fait plus de 15 ans qu'Office représente, avec Windows, les deux principales sources de bénéfices de Microsoft. Depuis plusieurs années, et surtout depuis 2010, les bénéfices générés par Windows diminuent tous les ans, et le mouvement s’accélère, comme le montre clairement ce graphique. 

Microsoft Profits:divisions

En 2013, les bénéfices venant d’Office sont 1,6 fois plus grands que ceux de Windows.

Si l’on analyse avec plus de détails les chiffres du deuxième trimestre 2013, on constate que :

  • La division Office dégage une marche brute de 68 %. Pour un produit qui a plus de 20 ans d’âge, c’est du jamais vu.
  • Cette division Office représente 62 % de tous les bénéfices de Microsoft, Windows et Serveurs fournissant, ensemble, 70 % des bénéfices de la division Office. 
  • Les deux autres divisions, Entertainment (XBox) et Online (Outlook.com, Bing...) sont en perte.

Résultats Microsoft : Division Q3 2013 

La vérité sur les usages, enfin !

Softwatch HP
Une jeune société, Softwatch, basée en Israël, a créé CloudIT, solution SaaS bien entendu, qui permet de mesurer la réalité des usages de Microsoft Office sur tous les PC, fixes ou portables

Softwatch resultsIl suffit d’installer un petit agent logiciel sur chaque poste de travail et de mener une campagne de mesure pendant un ou deux mois. L’entreprise dispose alors de tableaux de bord très détaillés permettant de comprendre comment est utilisé chaque composant de cette suite intégrée, personne par personne.

Softwatch vient de publier un document passionnant, disponible en PDF, qui fait la synthèse de plusieurs séries de mesures, couvrant :

  • 51 entreprises.
  • 148 500 personnes
  • Trois mois de mesures.

C’est, à mon avis, un échantillon suffisamment grand pour fournir des résultats synthétiques généralisables à la majorité des entreprises.  

Je vous en propose une analyse globale, mettant en évidence les résultats qui me paraissent les plus significatifs, que j’ai résumés dans le schéma ci-dessous.

Usages Microsoft Office

  • Temps moyen d’utilisation de Microsoft Office : 48 minutes par jour, ce qui correspond à exactement 10 % d’une journée de 8 heures de travail.
  • Outlook, la fonction liée à la messagerie et l’agenda, représente 68 % du temps d’utilisation d’Office, soit 33 minutes par jour. C’est plus des 2/3 du temps total d’usage, pour des fonctions autres que les textes, tableaux ou présentations.
  • Les trois fonctions « classiques » d’Office, ensemble, ne représentent que 15 minutes d’usage par jour !
  •     Word, avec 8 minutes par jour, est la fonction la « plus utilisée » ; cela représente une minute par heure.
  •     Excel, quant à lui, à droit à 5 minutes par jour.
  •     PowerPoint, le parent pauvre de la famille : 2 minutes par jour. Cela fait, sur une année entière, 6 heures d’utilisation, même pas une journée complète.

Vous êtes surpris ? Je l’ai été ! J’avais constaté depuis longtemps que l’usage d’Office était beaucoup moins fréquent que l’imaginaient les entreprises, mais ce niveau très bas d’usage m’interpelle, comme il devrait interpeller tous les responsables informatiques qui dépensent des fortunes pour les licences Office.

  

 Office : typologie des utilisateurs

La segmentation des personnes par leur niveau d’usages de Microsoft Office donne des résultats au moins aussi intéressants que ceux sur les niveaux moyens d’utilisation.

Softwatch permet une analyse fine par « niveau » d’utilisation de chacun de ces outils. Je trouve leur typologie très pertinente :

Softwatch Office users treshold

  • Utilisateurs intensifs (Heavy users) : Softwatch place la barre très bas : pour être dans la catégorie intensif, il suffit d’utiliser Word ou PowerPoint 12 minutes par jour, et Excel 18 minutes par jour. Ceci correspond à 2 à 3 minutes... par heure.
  • Tous les autres, regroupés dans la famille des utilisateurs légers (light users), elle-même segmentée en trois sous-familles :
  •     Non-utilisateurs (Inactive users) : n’ouvrent jamais Word, Excel ou PowerPoint.
  •     Visualisateurs (Viewers) : regardent des documents Office mais n’y apportent aucune modification, un peu comme le font les lecteurs de documents PDF (Rappel, PDF reader est... gratuit.).
  •     Modifications légères (Light Editors) : apportent, de manière très épisodique, quelques modifications aux documents Office.

Dans le tableau ci-dessus, qui présente la matrice utilisateurs intensifs/légers pour les trois produits Office, les chiffres sont sans appel :

  • Pour PowerPoint, 98 % des personnes sont dans la catégorie « légers ».
  • Word fait un peu mieux :  ils ne sont « que » 91 % de « légers ».
  • C’est Excel qui a droit à la plus grande population d’utilisateurs intensifs, toutes proportions gardées. Ils sont 19 % à utiliser Excel plus de 18  minutes par jour.

L’analyse plus fine des « utilisateurs légers » enfonce le clou : Microsoft Office est un outil dont les fonctions traditionnelles sont vraiment très, très très peu utilisées.

Softwatch Office light users treshold

Laissons parler les chiffres :

  • La « vedette » reste PowerPoint : 50 % des salariés n’ouvrent jamais PPT, qui est pourtant installé sur tous les PC. Il faut y ajouter les 18 % qui s’en servent uniquement pour visualiser une présentation.
  • Word : la majorité des personnes, 56 % (91 % x 62 %) utilisent Word pour faire des modifications légères à des documents existants.
  • Une fois encore, c’est Excel qui s’en sort le moins mal : 43 % (81 % x 53 %) des salariés apportent des changements légers à des feuilles de calcul.

Que nous disent ces chiffres ? Les solutions « Cloud », alternatives économiques et collaboratives aux produits Office + Exchange ou Notes, peuvent aujourd’hui répondre aux besoins réels de la grande majorité des salariés des entreprises. Par précaution, et pour ne pas créer de fausses polémiques, je fais l’hypothèse que les outils traitement de texte, tableur et présentation des solutions Cloud ne répondent pas aux attentes des « utilisateurs intensifs », même si ce n’est probablement pas le cas.

  • 100 % des utilisateurs de messagerie et agenda : les versions navigateurs de Google Apps disposent de la fonction Off-Line et sont disponibles sur tout objet d’accès, PC, Macintosh, smartphones et tablettes.
  • 98 % des salariés n’ont pas besoin de PowerPoint sur leur poste de travail.
  • 91 % des salariés peuvent vivre, très bien, sans Word.
  • Pour Excel, ils sont 19 % à devoir garder ce logiciel sur leur PC.

Office 2:3 outSoftwatch donne une autre statistique très intéressante :

  • 68 % des salariés ne sont « utilisateurs intensifs » d’aucun des trois produits, Word, Excel et PowerPoint. Ceci veut dire que l’on peut éliminer Office sur les 2/3 des PC sans aucun risque.
  • Il n’y a que 2 % de la population qui est utilisateur intensif de deux des trois produits. Il n’y en a aucun qui soit intensif sur les trois. En clair, ceci veut dire que le « contrôleur de gestion fou » qui fait des tableaux Excel de 634 lignes et 197 colonnes, que personne ne lit, peut basculer sur le Cloud pour ses documents textes et ses présentations.

Oui, je vous entends déjà me dire : ces statistiques sont très intéressantes, mais, dans mon entreprise,... c’est différent ! La réponse est très simple, et je la détaillerai dans la dernière partie de ce texte : faites vos propres mesures avec Softwatch.

  

Office 365 : le piège mortel

Cela fait quelques années que les entreprises ont compris au moins une chose : quelle que soit la version de Microsoft Office utilisée, elle est déjà surdimensionnée par rapport aux besoins réels. Celles qui avaient eu la sagesse de ne pas signer des contrats de type « Software Assurance » ont pu garder des versions anciennes, sans risques, et en réduisant fortement leurs budgets de licences Microsoft.

Office 365 E3 prix eurosLa vache à lait Office est menacée ; Microsoft pensait avoir trouvé la parade en inventant un piège génial et... mortel, qui a pour nom Office 365.

Comme plus personne ne souhaite acheter Office, un produit obèse, hors de prix et inutile, Microsoft  essaye de vous le faire avaler en mode « indolore » en vous le louant au sein d’une suite encore plus intégrée, qui a pour nom Office 365.

Le prix annuel, 228 € peut, à juste raison, faire peur, Microsoft préfère annoncer sa solution à 19 € par mois, un chiffre moins dissuasif, même si l’annonce précise bien qu’il s’agit d’un contrat annuel. 

Un petit rappel : depuis 2007, Google Apps est commercialisé à 40 € / an, prix qui n’a pas bougé depuis 6 ans. Office 365 n’est que... 5,7 fois plus cher que Google Apps.

L’argument massue de Microsoft, avec Office 365 vous pouvez continuer à utiliser Office sur vos PC, vient de tomber, merci Softwatch ! 

  

Ce scandale financier peut, et doit cesser

Aucun DSI ne peut aujourd’hui, continuer à ignorer l’évidence : en maintenant Microsoft Office sur les PC de tous ces clients internes, il dilapide tous les ans des milliers, des millions d’euros. 

DPC euros trashcan 44850605A l’heure où tous les DSI sont sous la pression des dirigeants pour réduire les coûts de l’informatique, ils peuvent répondre, immédiatement, à cette demande, en trois étapes simples :

  • Lancer une campagne de mesure de la réalité des usages de Microsoft Office dans leur entreprise.
  • Basculer toute l’entreprise sur de véritables solutions SaaS économiques, et Google Apps est aujourd’hui la seule option industrielle crédible.
  • Maintenir, pour la petite minorité des clients internes qui ont encore, objectivement, besoin d’un outil de création de contenu très puissant, les versions existantes de Word, Excel ou PowerPoint, déjà payées. 

Ces clients auront été clairement identifiés, un par un, à l’aide de la campagne de mesure.

Ne pas le faire, immédiatement ? Ce serait une faute professionnelle grave qui pourrait mener, rapidement, de nombreux responsables informatiques, devenus des irresponsables informatiques, à l’ANPE.