Google Apps vs Microsoft Office 365 : un seul vainqueur... le Cloud ! Première partie
23/02/2015
Je publie cette analyse en deux parties, pour traiter en profondeur un sujet qui concerne 100 % des entreprises, quel que soit leur taille ou leur secteur d’activité.
- Première partie : la situation en 2015.
- Deuxième partie : critères de choix.
En février 2007, un « intrus de rupture », Google, faisait son entrée dans le marché de la bureautique et des outils de communication en proposant, avec Google Apps, une solution SaaS, native Cloud. Google vient de changer le nom de son produit en Google for Work (G4W), expression que je vais garder dans la suite de ce billet.
J’ai proposé d’utiliser le mot « participatique » pour désigner tous ces outils de nouvelle génération et c’est celui que je vais garder dans la suite de ce texte.
Nous sommes aujourd’hui en 2015, exactement 8 ans après cette annonce « historique » ; beaucoup de choses ont changé depuis et il est important de refaire le point sur ce sujet important.
Le premier septennat : 2007 - 2014
La période 2007 - 2014 a été un septennat pendant lequel la majorité des outils innovants que nous considérons aujourd’hui comme « normaux » sont arrivés, et j’ai écrit un long billet sur cette extraordinaire période. G4W fait bien sur partie de ces innovations majeures.
Comme toujours, les leaders historiques sur ce marché, IBM et Microsoft, n’ont pas voulu ou pas su comprendre l’importance de G4W, cette « innovation de rupture », au sens de Christensen, et ont traité ce nouvel entrant avec condescendance ou mépris.
Dès l’annonce de G4W, quelques rares entreprises innovantes, souvent françaises, ont décidé de déployer cette solution ; Valeo a été la première grande entreprise au monde de plus de 30 000 utilisateurs à faire le saut.
Elles l’ont fait en étant conscientes des limites initiales de G4W, mais en ayant aussi compris que des améliorations rapides et permanentes allaient vite transformer cette solution en un produit bien adapté aux attentes des clients internes faisant un usage « normal » des outils de participatique.
Je préfère, par charité, ne pas m’étendre sur le premier essai de Microsoft dans ce domaine, BPOS, Business Productivity Online Suite, qui a eu le succès planétaire que l’on connait.
Il a fallu attendre juin 2011, plus de 4 ans après l’annonce de G4W, pour que Microsoft réagisse sérieusement et annonce Office 365.
J’avais immédiatement publié un billet pour comparer ce « nouvel arrivant » face au vétéran G4W, et dire tout le « bien » que j’en pensais.
Il avait déclenché un très grand nombre de commentaires...
L’époque où la participatique était la chasse gardée des entreprises innovantes est révolue ; nous rentrons maintenant dans l’âge de la maturité, et la majorité des entreprises vont prendre ce virage participatique Cloud entre 2015 et 2021, le deuxième septennat !
2015 : Un duopole chasse l’autre
Entre 1990 et 2010, les entreprises avaient le choix entre les solutions de deux grands acteurs :
- Microsoft, avec Exchange et Office.
- IBM, avec Lotus Notes et Domino.
Ces deux familles de produits sont définitivement obsolètes, basées sur des solutions déployées en interne ou hébergées, ce qui n’a plus aucun sens dans les entreprises aujourd’hui. Il n’existe heureusement plus un seul DSI, digne de ce titre, qui fasse la bêtise « éneaurme » de continuer à gérer en interne sa messagerie.
En 2015, le duopole Microsoft - IBM a été remplacé par le duopole Microsoft - Google.
D’autres solutions sont théoriquement disponibles, chez IBM, Zoho ou Zimbra. Dans la pratique, les jeux sont faits et les grandes entreprises qui décident de faire le saut se focalisent uniquement sur les solutions de Google ou de Microsoft.
C’est ce qu’a confirmé en 2013 la société d’études Radicati dans son « quadrant magique ». Aucun des autres fournisseurs cités dans ce quadrant n’a la moindre crédibilité.
En ce début d’année 2015, AWS, Amazon Web Services, autre géant du Cloud public, se lance dans l’arène avec une offre qui comprend deux produits :
Il est trop tôt pour savoir si AWS a une probabilité raisonnable de transformer le duopole actuel en triumvirat. Nul ne conteste la capacité technique d’AWS à fournir un service fiable et sécurisé. Par contre, face à des géants aussi puissants que lui, et sans l’appui d’une solution grand public comme Gmail ou Outlook.com, la bataille s’annonce très compliquée.
Amazon a déjà essayé de s’attaquer à un duopole, en lançant en 2014 son smartphone Firephone contre iOS d’Apple et Android de Google. C’est pour l’instant un échec majeur, mais Jeff Bezos a toujours dit qu’il avait une vision très long terme des activités d’Amazon.
Pour le moment, les entreprises, et en particulier les grandes, vont devoir choisir entre G4W et Microsoft Office 365.
Les prix de vente, théoriques et pratiques
Microsoft devrait, rapidement, arrêter de faire semblant de commercialiser la solution E3, la seule qui intéresse vraiment les entreprises, à 18 € par mois et par personne, quand aucune grande entreprise ne paye ce prix.
Tous les commerciaux de Microsoft ont reçu l’ordre de ne jamais perdre une affaire contre Google et s’aligneront systématiquement sur les prix proposés par Google. Ils feront bien sur signer au DSI un document lui interdisant de communiquer sur le prix auquel il a signé le contrat, mais plus personne n’est dupe.
Les DSI et leurs redoutables services achats l’ont bien compris : même s’ils n’ont pas la moindre envie de mettre en œuvre G4W, ils vont demander à Google ou l’un de ses partenaires, comme Revevol, une proposition commerciale.
En recevant leur commercial Microsoft, ces DSI vont laisser traîner sur la table la proposition « G4W », ce qui leur donne immédiatement un pouvoir de négociation... accru !
Je suis persuadé que Microsoft se rendra rapidement compte du ridicule de la situation actuelle : proposer une solution à 18 € par mois et par personne et la « solder » à 4 €. Cela rappelle les pratiques archaïques des éditeurs de logiciels historiques qui faisaient des remises de 60 % à 80 % dans les dernières heures du « Quarter ».
Dans un monde informatique moderne, industriel et sérieux, c’est faire injure aux DSI et aux services achats que de continuer à pratiquer ces méthodes d’un autre siècle. Les grandes entreprises négocient bien sur des réductions sur les prix catalogues des solutions SaaS/Cloud, mais elles atteignent des pourcentages raisonnables.
Ceci signifie, en pratique, que le prix ne sera jamais un critère réel de choix entre ces deux solutions.
Dans la deuxième partie de cette analyse, je vous aiderai à faire un choix rationnel entre G4W et Office 365.