Dire adieu aux technologies « fin de vie », que c’est difficile !
16/03/2015
Moderniser son Système d’Information, cela veut dire, entre autres, prendre deux familles de décisions :
- - Mettre en œuvre des solutions innovantes.
- - Supprimer des solutions anciennes, en fin de vie.
Quelle est la plus difficile des décisions ? Je constate avec étonnement que c’est la deuxième, « supprimer », qui pose le plus de problèmes.
Accepter la vision stratégique innovante, le plus facile
J’anime des dizaines de séminaires et conférences par an, pour des organismes tels que CapGemini Institut ou des associations de DSI.
Je le fais surtout en « intra-entreprise » pour les équipes informatiques internes et/ou les dirigeants, ce qui permet d’adapter la durée et le contenu de l’intervention aux contextes spécifiques de chaque entreprise.
Une vision claire des tendances, de la passion, beaucoup de préparation... dans la majorité des cas, j’arrive à obtenir l’adhésion des participants et à leur faire partager la pertinence de cette vision stratégique.
Cette prise de conscience est indispensable, mais ce n’est que la première étape d’une démarche complexe qui permettra à l’entreprise de faire évoluer son SI.
Passer à l’action : le plus dur reste à faire
Aujourd’hui, en 2015, les solutions innovantes disponibles sont très en avance sur les usages professionnels, comme je l’ai souvent expliqué dans ce blog.
Les entreprises ont l’embarras du choix pour sélectionner les solutions d’infrastructures IaaS ou d’applications SaaS à déployer en priorité, et c’est une excellente nouvelle.
Les nouvelles solutions se substituent souvent à des outils anciens :
- Des Chromebook pour remplacer des PC Windows.
- Une solution SaaS de gestion budgétaire remplace l’une des fonctions d’un ERP intégré.
- Un réseau WiFi qui prend la place d’un réseau Ethernet.
- ....
Pour éviter les doublons, avant d’investir sur les nouvelles solutions (« From ideas to invoice » de l’idée à la facture), il faut éliminer les solutions anciennes et c’est là que les difficultés commencent.
Nous avons tous des milliers de bonnes raisons pour avoir encore besoin, un peu, pour quelques mois, de nos fidèles compagnons technologiques :
- J’ai encore beaucoup de présentations Keynote sur mon Macintosh.
- Cette application sur mon iPhone est indispensable et je ne trouve pas la même sur Android.
- Notre centre de calcul vient d’être rénové.
- ....
Comment éviter que ces « bonnes raisons » ne bloquent trop longtemps les évolutions nécessaires ?
Je vous propose une démarche radicale : agir sur les budgets.
Supprimer les solutions anciennes : couper les budgets
Une décision « simple » permet d’accélérer la migration vers les solutions innovantes : couper le robinet budgétaire pour toutes les solutions considérées « fin de vie ».
Je vous en propose une première liste, qui couvre des technologies présentes dans la majorité des entreprises ; chacun d’entre vous rajoutera des éléments spécifiques à son entreprise.
A partir de la semaine prochaine :
Plus un euro investi sur un serveur. Acheter un serveur en 2015 veut dire qu’il faudrait attendre au minimum 3 à 5 ans pour qu’il soit amorti et pouvoir le sortir des centres de calcul.
Plus un euro investi sur un routeur, un commutateur. Les réseaux d’entreprises verront leur taille se réduire rapidement et il doit être possible de fonctionner avec le parc existant.
Plus un euro investi sur un autocommutateur (PABX). La téléphonie, traditionnelle ou IP, va disparaître, avec en particulier l’arrivée des solutions construites autour du standard WebRTC.
Plus un euro investi sur des réseaux Ethernet LAN. Tous les lieux de travail, bureaux, usines, magasins peuvent être équipés de réseaux sans fil à base de WiFi et de Femtocells 3G et 4G.
Plus un euro investi sur un réseau MPLS. C’est l’une des dernières « vaches à lait » des opérateurs télécoms, qui vendent, très cher, des solutions peu performantes et inflexibles, remplacées rapidement par des accès direct à Internet.
Plus un euro investi sur un téléphone filaire, traditionnel ou IP. Dans le complément de la décision relative aux PABX, on peut supprimer tous les téléphones fixes et les remplacer par des smartphones, plus ergonomiques et beaucoup moins chers. Il peut y avoir quelques exceptions, comme les centres d’appel.
Plus un euro investi sur les logiciels « on premise », ERP en priorité. C’est l’un des plus gros budgets IT des grandes entreprises, d’où l’intérêt de s’y attaquer le plus vite possible. Comme il faudra quand même garder pendant quelques années certains composants de ces ERP, les entreprises n’auront pas d’autre choix, travaillant à budget constant, que d’en réduire la voilure en remplaçant le maximum de fonctionnalités par des solutions SaaS.
Plus un euro investi sur un schéma directeur. Cette invention très française, semblable aux célèbres plans quinquennaux de l’ancienne Union Soviétique, est l’une des principales causes de la rigidité de l’informatique des très grandes organisations. Demandez à Facebook, Google, Apple ou Amazon, entreprises bien connues pour avoir des informatiques « nulles », s’ils ont un schéma directeur !
Plus un euro investi sur... (je vous laisse compléter).
En synthèse
Avec cette petite liste d’arrêts d’investissements dans quelques technologies « fin de vie », je me suis mis à dos :
- 90 % des fournisseurs historiques qui font tout ce qu’ils peuvent pour convaincre les grandes entreprises que ces solutions sont encore très pertinentes.
- Un grand nombre d’équipes informatiques qui maîtrisent ces technologies anciennes, ne sont pas forcément très à l’aise avec les solutions innovantes et comprennent que leurs beaux diplômes « certified engineer... » qui sont sur les murs de leurs bureaux n’auront bientôt plus beaucoup de valeur.
Quand on propose de véritables changements et que personne ne dit : « c’est impossible », c’est que l’on n’est pas assez ambitieux.
Ce risque, il est faible avec ce billet...