Répondre aux attentes des métiers ? 2 démarches... très différentes pour les applications informatiques
14/03/2016
Deux démarches différentes ? La culture classique informatique nous a habitué à l’unicité dans tous les domaines, postes de travail, ERP, logiciels de gestion de projet...
Ce mode de pensée unique se retrouvait aussi dans la manière d’aborder les demandes formulées par les métiers pour de nouvelles applications, de nouveaux usages.
Je vous propose aujourd’hui d’abandonner cette culture ancienne de l’unicité et de la remplacer par deux approches très, mais vraiment très différentes.
L’ancien monde : une seule démarche, une catastrophe
La majorité des entreprises et des DSI vivent encore sous la tyrannie de la démarche maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre (MOA/MOE) utilisée dans le monde de l’informatique.
J’avais écrit un billet entier pour dire tout le bien que je pense de la démarche MOA/MOE, et vais aller ici à l’essentiel.
MOA/MOE est une démarche «paléontologique», valable il y a 20 ans quand l’offre de solutions était très peu développée.
C’est une spécificité française dont on se passerait bien volontiers et qui a beaucoup de mal à mourir.
Il est temps de tourner la page et de laisser ce cauchemar derrière nous en prenant une décision forte :
Suppression immédiate de toutes les activités
MOA/MOE dans mon entreprise
Deux familles d’usages = deux démarches
Une fois de plus, le modèle B I S va me servir de référence ; chaque jour, je lui découvre de nouvelles qualités !
Le modèle B I S fait la différence entre :
- Les usages S, fonctions Support, transverses et que l’on trouve dans toutes les entreprises.
- Les usages B, Business, cœur métiers, spécifiques des activités de chaque entreprise.
Mettre en œuvre deux démarches totalement différentes, une pour les usages S et l’autre pour les usages B, permet de révolutionner le mode de collaboration entre une DSI et ses clients internes, les directions métiers.
Lorsqu’une demande est exprimée par une direction métier, la première étape, capitale, consiste à déterminer à quelle famille, Support ou Business cœur métier, elle appartient.
Dans l’immense majorité des cas, la réponse sera simple et immédiate.
Si le choix n’est pas évident, une analyse plus fine de la demande devrait permettre de la couper en deux, une partie S et une partie B.
La taille et les métiers d’une entreprise, privée ou publique, vont influer sur le pourcentage du Système d’Information que sera S ou B. Mes analyses sur le terrain montrent que la partie S représente entre 60 % et 80 % de la surface du SI.
Il y a bien sur des exceptions à cette règle de Pareto. Un bon exemple se trouve dans le secteur public : villes et régions ont des usages cœur métiers très variés, très nombreux, ce qui augmente beaucoup la partie B de leur SI.
DUS : Démarche Usages Support
Métiers et DSI, ensemble, ont déterminé que la demande était de la famille S, Support.
Métiers et DSI, ensemble, vont maintenant choisir la solution... SaaS qui convient.
La Démarche Usages Support (DUS) s’appuie sur l’hypothèse suivante :
il existe toujours sur le marché des solutions SaaS «good enough», suffisantes, pour répondre aux attentes exprimées par les métiers.
En clair : l’offre s’impose à la demande.
La démarche DUS se décompose en trois étapes, dont j’avais parlé en quelques lignes dans un billet récent :
1 - Présélection par la DSI, avec l’aide de la direction métier, des solutions SaaS qui couvrent le périmètre fonctionnel étudié, que ce soit, finances, marketing, RH ou autres.
La DSI a un rôle prioritaire : éliminer, sur des critères techniques, toutes les solutions qui ne sont pas strictement SaaS multitenant. L’intransigeance de la DSI doit être absolue : elle ne peut pas permettre l’entrée dans l’entreprise d’une seule application support non SaaS. D’autres critères techniques, tels que la capacité à utiliser le SSO (SIngle Sign On) ou le MFA (Multi Facteur Authentification) peuvent être utiliser pour accepter ou éliminer des solutions.
DSI et direction métier acceptent cette liste des solutions SaaS pré-sélectionnées. Dans la majorité des cas, elle comprendra de 2 à 5 solutions.
Cette étape ne doit pas durer plus de 1 à 4 semaines, selon la complexité du sujet.
A partir de ce moment, la DSI s’engage à accepter le choix qui sera fait par la direction métier dans la suite de la démarche DUS.
2 - Evaluation des solutions, par la direction métier
C’est maintenant la direction métier qui prend la main. Elle va comparer les solutions présélectionnées pour établir un classement fonctionnel.
La majorité des fournisseurs SaaS permettent de faire des POC (Proof of Concept) gratuits, en mettant à la disposition des personnes concernées la solution pendant une période qui peut aller de 2 à 6 semaines.
La direction métier s’engage à donner son classement dans un délai de 4 à 8 semaines maximum.
3 - Sélection de la solution à retenir
La direction métier rend son verdict : 2 ou 3 des solutions analysées répondent raisonnablement bien à ses attentes et elle est prête à s’engager à les utiliser.
La direction des achats peut alors intervenir et demander aux fournisseurs des réponses contractuelles, incluant les dimensions financières.
La direction métier aura toujours le dernier mot, après avoir pris en compte toutes les dimensions du projet.
Temps moyen de cette étape 3 : de 2 à 8 semaines.
Résumé : en s’appuyant sur DUS, DSI et directions métiers, ensemble, sont capables de sélectionner, parmi les offres SaaS opérationnelles, une solution SaaS qui répond aux besoins métiers tout en respectant les contraintes techniques de la DSI.
DUS + SaaS = 100 % de réponses positives pour les usages Support.
DUM : Démarche Usages Métiers
DSI et Direction Métier ont maintenant devant eux un besoin clairement identifié comme Business, cœur métier.
L’entreprise doit se poser deux questions :
- Est-ce que ce processus métier est un facteur clef de compétitivité ou une commodité ? Un bon exemple de processus «commodité» est celui de l’AMM, Autorisation de Mise sur le Marché, pour les médicaments. C’est clairement métier, car il ne concerne que les laboratoires pharmaceutiques, et c’est un processus standardisé au niveau mondial.
- Existe-t-il une solution SaaS verticale qui correspond à cette demande ? Cette question ne se pose que pour les processus métiers «commodités».
L’offre de solutions SaaS métiers est encore jeune, mais s’enrichit très vite, comme je l’ai écrit dans un billet dédié à ce sujet.
Si la réponse est oui, il ne faut pas hésiter à privilégier cette piste. A l’inverse de ce qui se passe pour les solutions SaaS Support, l’offre sera très limitée. Dans la majorité des situations, il y aura au maximum 2 solutions disponibles à analyser.
La démarche DUS, simplifiée, plus rapide, peut être utilisée en répondant aux deux questions :
- Est-ce vraiment une application SaaS Multitenant ?
- Est-ce qu’elle répond raisonnablement bien aux besoins métiers identifiés ?
Aujourd’hui, dans la majorité des situations, il n’existe pas de solutions SaaS verticales adaptées aux processus cœur métiers.
La deuxième démarche, DUM, Démarche Usages Métiers, peut s’enclencher.
DUM est basée sur un constat de bons sens : s’il n’y a pas sur le marché de réponse à mes attentes, il faut... la construire ! Elle part aussi du principe que l’entreprise souhaite utiliser ces processus cœurs métiers comme des armes de compétitivité, de différentiation.
La bonne réponse pour des applications cœur métiers sera... de construire une véritable application sur mesure.
Quelles sont les étapes de la démarche DUM ?
1 - Reengineering du processus métier
Le mot reengineering n’est plus à la mode, mais reste une priorité, appliqué aux seuls processus cœur métiers :
- Proposer des services innovants, différents à ses clients.
- Simplifier, repenser les processus existants, avant de construire une nouvelle solution informatique.
- Mettre les clients dans la boucle, privilégier le «self service informatique».
2 - S’appuyer sur des ressources internes d’ingénieurs logiciels
C’est indispensable, pour construire des applications sur mesure, comme je l’ai expliqué dans un billet récent.
3 - Utiliser uniquement des outils PaaS, Platform as a Service, sur Clouds Publics, pour construire ces applications.
4 - Créer des équipes de projets mixtes
Ingénieurs logiciels et directions métiers, construisent en continu, en mode Devops, en s’appuyant sur les nouveaux processus définis lors de l’étape «réengineering» .
5 - Permettre aux ingénieurs logiciels d’acquérir des compétences métiers
Il est essentiel de privilégier la pérennité dans leurs activités, en garantissant qu’ils pourront faire carrière dans un métier qu’ils aiment. J’espère rencontrer de plus en plus souvent des personnes qui me diront : Je suis «ingénieur logiciel, banquier, assureur...», et fier de l’être !
En concentrant l’essentiel de ses ressources humaines et financières sur les seuls processus cœur métiers, une entreprise peut construire rapidement des «armes de compétitivité massives» à l’aide de commandos mixtes, métiers et ingénieurs logiciels.
Deux démarches, clef de la réussite
MOA/MOE contre DUS/DUM : c’est le combat des anciens et des modernes. Je suis persuadé que votre entreprise choisira cette nouvelle approche proposée pour gagner en efficacité et en compétitivité.
Répondre avec des solutions différentes, des démarches différentes pour répondre à des attentes différentes... Et si le bon sens et le pragmatisme remplaçaient enfin des visions et démarches théoriques qui ont fait tant de mal à l’informatique dans les entreprises.
DUS et MUM sont en version ß ; je compte sur vous pour m'aider à améliorer ces démarches.