Se libérer de ses Mainframe IBM, rapidement. Première partie
29/08/2016
Ce billet ne concerne que... les informaticiens des 5 000 grandes entreprises dans le monde qui utilisent encore des Mainframe IBM. Les autres professionnels de l’informatique peuvent aussi le lire ; cela les aidera à comprendre les difficultés que rencontrent les entreprises quand elles doivent se libérer de solutions très anciennes.
(Les quelques lignes qui suivent sont pour la majorité des informaticiens qui n’ont jamais travaillé dans le monde Mainframe.)
Il y a plus de 50 années, IBM a lancé une gamme d’ordinateurs universels révolutionnaires, les System 360, ancêtres des Mainframe actuels. Les modèles les plus récents de cette gamme ont pour nom z13 ; ils sont disponibles depuis l’année 2015.
Le système d’exploitation des IBM Mainframe a pour nom z/OS.
La majorité des applications historiques utilisées sur des Mainframe IBM sont écrites en Cobol ou en PL/1.
Situation 2016 : informatique «legacy» Mainframe IBM
Plus de 5 000 grandes et très grandes entreprises dans le monde dépendent encore des Mainframe IBM pour un volume important d’applications informatiques.
Cette liste, incomplète, des entreprises, publiques et privées, qui utilisent des Mainframe IBM est impressionnante.
Il est difficile de savoir avec précision ce que représente pour IBM la ligne de produits Mainframe. Les chiffres officiels publiés regroupent cette offre avec celle des «Systems Power», en clair les «ex AS/400» et les solutions de stockage.
Comme le montre ce graphique, cette division «Systems» a réalisé 9,5 B$ de CA en 2015 ; 1/3 est représenté par le stockage, les 2/3 par les serveurs.
J’estime donc que la ligne de produits Mainframe représente environ 50 % du total de cette division, soit 5 B$ de CA. C’est encore, ou seulement, 6 % du CA cumulé d’IBM.
Que, 50 ans après leur apparition, ces solutions informatiques soient encore très présentes dans les grandes entreprises est un phénomène unique, et préoccupant.
MicroFocus est le principal éditeur de logiciel dans le monde Cobol. Il a réalisé en 2015 une enquête mondiale auprès de milliers de clients Mainframe ; j’utiliserai des résultats de cette enquête dans ce billet.
A une question sur «l’importance» des applications Mainframe, 80 % ont répondu qu’elles étaient très ou moyennement stratégiques.
Les entreprises qui utilisent encore des Mainframe IBM sont confrontées à des challenges majeurs, de plus en plus pressants :
- Un monde fermé, propriétaire : il n’existe pas d’alternatives à z/OS et les fabricants de «compatibles» Mainframe ont disparu.
- Coûts : en situation de quasi-monopole, IBM peut facturer au prix fort ces matériels et ses logiciels.
- Disparition rapide des compétences, matérielles et logicielles : ce point est le plus critique. Les professionnels qui maîtrisent les matériels et logiciels Mainframe IBM partent en grand nombre à la retraite et la relève n’est pas assurée. IBM a essayé, sans grand succès, de créer des «Mainframe Academy» mais les jeunes informaticiens, la génération «Z», montrent très peu d’appétence pour cette carrière sur des matériels... Z. Ce graphique, tiré de l’étude MicroFocus, montre que 60 % des développeurs Cobol ont plus de 45 ans. C’est vraiment un cas unique dans cette profession !
- Vente par IBM de sa division Mainframe à Hitachi : ceci n’est qu’une hypothèse, mais elle est crédible. N’oublions pas qu’IBM a déjà vendu sa division serveurs x86 à Lenovo. J’imagine assez bien la réaction des DSI de ces grandes organisations qui rassuraient leurs Directions Générales en leur disant que leur informatique était basée sur des solutions IBM. Quelle sera leur réaction quand ils devront annoncer que le «parapluie» IBM a disparu ?
La bonne nouvelle, que je vais présenter dans ce billet, c’est qu’il y a maintenant une lumière à la fin du tunnel Mainframe.
Et si, pour la première fois, il y avait une réelle lueur d’espoir pour les entreprises qui ont compris que l’informatique Mainframe doit disparaître, rapidement, et souhaitent passer à l’action ?
La société LzLabs
Depuis une dizaine d’années, de nombreux fournisseurs ont proposé des solutions de migration, mais sans grand succès ; la majorité des organisations qui avaient des Mainframe IBM en 2000 les ont toujours, en 2016.
Début juillet 2016, j’ai eu l’honneur d’être invité à l’annonce officielle du lancement des solutions proposées par la société LzLabs, à Zurich en Suisse, où elle est installée. La réunion c’est déroulé dans les bureaux de Microsoft, la démonstration étant réalisée sur Azure.
C’est à la suite de cette passionnante journée que m’est venue l’idée de travailler sur le thème de ce billet ; j’ai été impressionné par les potentiels de cette solution, appelée « Software Defined Mainframe ».
Je reviendrai longuement sur les potentiels de cet outil logiciel dans la suite de mon analyse. Ce qu’il permet : porter toutes les applications hébergées par un Mainframe IBM sur des serveurs x86, sans toucher au code.
Chaque fois que je parle de LzLabs à des responsables informatiques, leur première réaction est toujours la même : c’est impossible, cela ne peut pas fonctionner, et je comprends cette incrédulité. Ce qu’a réalisé LzLabs est très complexe. C’est le fruit de 5 ans d’investissements dans ces logiciels, avec une équipe de 100 personnes, dont les 3/4 sont des ingénieurs logiciels.
Les personnes que j’ai rencontrées à Zurich ont des dizaines d’années d’expérience dans le monde des Mainframe IBM. Le financement de ce projet, que j’estime entre 50 à 100 M€, a été possible avec l’aide de plusieurs VC (Venture Capitalists) basés aux Etats-Unis.
Aujourd’hui, la première version du logiciel est disponible. La V2, prévue d’ici la fin de l’année 2016, prendra en charge plus de composants, comme le langage PL/1.
Une dizaine de grands clients, principalement en Europe, sont en phase de tests avancés, avec les premiers déploiements prévus d’ici la fin de l’année 2016.
A ma connaissance, il n’y a pas aujourd’hui d’alternatives à LzLabs ; la «barrière à l’entrée» est très forte, en temps, compétences et investissements.
L’arrivée de la solution LzLabs permet, pour la première fois, d’envisager un basculement progressif de l’informatique Mainframe vers des solutions plus modernes et pérennes. Comment ? C’est ce que je vous propose de découvrir avec moi.
Indépendance Infrastructures / Usages
Une fois de plus, cette idée clef que je défends en permanence dans mon blog, créer une indépendance aussi forte que possible entre les infrastructures et les usages, permet d’aborder efficacement la problématique de la migration d’une informatique Mainframe.
Sur ce schéma, j’ai représenté les deux composants d’une informatique Mainframe :
- Infrastructures : serveurs IBM Z, fonctionnant sous le Système d’exploitation z/OS.
- Usages : des applications Cobol ou PL/1, en mode transactionnel ou batch, utilisant des bases de données DB2 et des moniteurs transactionnels tels que CICS. Il y a bien sur beaucoup d’autres usages déployés sur ces serveurs Z.
L’une des idées fortes de LzLabs, et qui devrait assurer son succès, a consisté à faire porter tous ses efforts sur la seule dimension infrastructures.
Infrastructures
L’objectif premier de LzLabs est de permettre aux entreprises de remplacer l’infrastructure Mainframe IBM par une autre infrastructure, sans toucher à la dimension usages.
LzLabs a développé des composants qui remplacent les quatre briques clefs d’une infrastructure IBM :
- CICS, remplacé par LzOnline.
- VSAM (fichiers séquentiels), remplacé par LzDataset.
- DB2 (Base de données relationnelle), remplacé par LzRelational.
- IMS (Base de données hiérarchique), remplacé par LzHierarchical.
L’infrastructure cible proposée par LzLabs est la suivante :
- Serveurs x86.
- Système d’exploitation : Red Hat Linux.
L’avantage majeur de cette migration de l’infrastructure ? Elle peut se réaliser sans toucher aux applications. Il n’est pas nécessaire de recompiler les programmes ou de les modifier. L’ensemble du parc applicatif est porté sur la nouvelle infrastructure, à l’identique.
Les entreprises ont le choix entre deux options pour leur nouvelle infrastructure x86/Linux, comme indiqué sur le schéma ci-dessus :
- Elles peuvent installer ces nouveaux serveurs dans leurs centres de calcul ou chez un hébergeur classique.
- Elles peuvent déployer ces serveurs dans un Cloud Public. La démonstration à laquelle j’ai assisté a eu lieu sur Microsoft Azure.
La solution LzLabs est proposée «as a Service», avec une facturation à l’usage. La réduction annoncée du coût du «Run» est dans un rapport de 5 à 10.
C’est une proposition de valeur qui devrait intéresser les DSI des 5 000 entreprises concernées ! Ce n’est pas tous les jours que l’on peut aller voir sa DG et lui dire : «Je vous propose de réduire de 80 % le coût d’exploitation de notre informatique ; est-ce que ce projet vous intéresse ?»
Dans la deuxième partie de cette analyse, je propose des solutions pour s'attaquer au deuxième composant d’une informatique Mainframe IBM, les applications.