7 questions sur vos outils informatiques... pour évaluer votre capacité d’innovation
01/03/2017
Et si les outils informatiques que vous utilisez étaient des prédicteurs forts de la capacité d’innovation de votre entreprise ?
C’est une question que je me pose de plus en plus, ayant l’opportunité de rencontrer de nombreuses entreprises en France et à l’étranger.
Je suis aujourd’hui arrivé à la conclusion que je peux rapidement, et avec une marge d’erreur faible, déterminer la capacité d’innovation d’une entreprise en utilisant sept grandes options technologiques universelles.
Ceci me permet de calculer un «indice d’innovation» qui va de 0 à 7, en fonction des choix faits par une entreprise pour chaque grande option.
Alors, êtes-vous une entreprise traditionnelle ou une entreprise innovante ? Après avoir indiqué quels sont vos choix dans ces 7 options technologiques, vous serez capables de calculer l’indice d’innovation de votre entreprise.
Outils de communication et collaboration
La majorité des entreprises ont enfin compris que la gestion en interne de leur messagerie n’était plus d’actualité. Elles ont déployé, ou vont déployer, l’une des deux solutions dominantes dans le monde, G Suite de Google (nouveau nom de Google Apps) ou Office 365 de Microsoft.
J’ai souvent écrit sur ce sujet, en particulier dans ces deux billets, ici et là.
En 2017, la situation est claire :
- G Suite et Office 365 sont deux solutions solides, pérennes et qui répondent aux attentes de toutes les entreprises.
- Le choix ne se fait plus sur des critères «objectifs» tels que coût, fonctionnalités ou sécurité.
- Le seul véritable critère de choix est la volonté d’affronter ou pas les résistances au changement. Il y a deux approches possibles :
- Minimiser les changements d’usages, ne pas créer de vagues et faire une croix sur l’innovation ; on choisit Office 365.
- Accepter des changements significatifs dans les usages, promouvoir le collaboratif natif et l’innovation : on choisit G Suite.
Infrastructures Cloud
Depuis l’arrivée en 2006 sur le marché des infrastructures Cloud d’AWS, Amazon Web Services, le débat fait rage entre les partisans du Cloud Public et ceux du Cloud Privé.
J’ai toujours défendu dans ce blog l’idée que la seule réponse raisonnable est celle du Cloud Public, le Cloud Privé étant condamné à l’échec.
Dix ans après, je rencontre encore trop souvent des entreprises qui envisagent de déployer des solutions de Cloud Privé. Sécurité, confidentialité des données, dépendance de solutions américaines ou chinoises... tous ces arguments utilisés par les partisans du Cloud Privé ne sont que des alibis qui permettent de masquer une incapacité à innover.
En 2017, les jeux sont faits :
- Seules les entreprises traditionnelles envisagent encore de déployer des solutions de Clouds Privés.
- Toutes les entreprises innovantes ont fait le choix prioritaire du Cloud Public.
Applications informatiques structurées
Cela fait plus de 25 ans que les entreprises sont tombées dans le piège mortel des «ERP intégrés» ; ces ERP sont aujourd’hui présents dans la majorité des entreprises, grandes ou moyennes.
Ces ERP intégrés sont des boulets qui freinent l’innovation et absorbent une trop grande partie des ressources de la DSI.
Face à cette situation préoccupante, il y a deux démarches possibles :
- Continuer dans l’erreur ERP, investir sur de nouvelles versions, essayer de créer une version «unique» pour remplacer les dizaines de versions différentes présentes dans les pays. C’est la démarche suivie par les entreprises traditionnelles qui n’ont pas le courage de reconnaître qu’un ERP intégré est un cul-de-sac très dangereux.
- Prendre le taureau par les cornes et choisir une démarche de solutions SaaS, «best of breed», pour remplacer, progressivement, des éléments de l’ERP intégré. Les entreprises qui choisissent ce chemin, difficile et courageux, sont les seules qui seront capables d’innover dans leurs usages informatiques structurés.
Postes de travail
Cela fait aussi plus de 25 ans, depuis l’arrivée du tandem Windows/office, que les PC «Wintel» sont et restent le poste de travail dominant dans les entreprises.
Il y a deux approches possibles pour les choix de postes de travail :
- La démarche traditionnelle, qui consiste à accepter la dépendance aux Systèmes d’Exploitation (OS), qu’ils soient Windows, iOS ou Android, et à accepter de continuer à déployer des applications qui dépendent de ces OS.
- La démarche innovante, qui privilégie l’indépendance entre les choix d’infrastructures, postes de travail, et les choix d’applications. La réponse pragmatique actuelle est d’exiger que les applications soient accessibles par un navigateur moderne. D’autres interfaces Web, autour des Chatbots et des VoiceBots, vont rapidement s’imposer dans les entreprises, mais ils seront eux aussi disponibles sur toutes les familles de postes de travail, indépendamment de leur OS.
C’est un sujet que j’abordais déjà en... 2008, et qui reste, hélas, d’actualité.
- L’entreprise traditionnelle accepte les dépendances aux OS des applications.
- L’entreprise innovante impose une indépendance postes de travail / Applications.
Usages du WiFi
Le WiFi existe depuis 15 ans. C’est devenu le moyen le plus universel et le plus économique pour connecter tous les postes de travail, PC, Macintosh, Chromebooks, smartphones ou tablettes.
Je rencontre trop souvent, en 2017, un grand nombre d’entreprises où les usages du WiFi sont interdits, limités ou très contrôlés. Ce sont toujours les mêmes alibis ridicules qui essaient de justifier ces blocages : la sécurité, le temps perdu par les collaborateurs...
L’usage du WiFi est encore en 2017 un indicateur fort de différences culturelles entre les entreprises :
- Les entreprises innovantes permettent à leurs collaborateurs d’utiliser le WiFi en permanence, au bureau, chez eux ou en déplacement.
- Les entreprises traditionnelles interdisent ou mettent beaucoup de contraintes aux usages du WiFi.
Choix des objets d’accès
Dans les temps très anciens de l’informatique, beaucoup d’entreprises avaient standardisé les postes de travail de tous les salariés en créant un «Master PC».
Ce Master, chargé de toutes les applications utilisables dans l’entreprise, était livré à chaque collaborateur. Chaque mise à jour du Master devenait un projet important, surtout quand il fallait changer la version de Windows utilisée.
L’unicité est un mot qui doit disparaître du vocabulaire de tout DSI ; la variété des usages, la variété des attentes demande une... variété raisonnable des objets d’accès.
Je rencontre les deux approches des postes de travail :
- Unicité, prédominance d’un Master PC, situation encore très présente dans les entreprises traditionnelles.
- La variété des objets d’accès, proposée par la DSI ou rendue possible par une démarche BYOD, Bring Your Own Device, signe fort d’une culture d’innovation.
Développement d’applications sur mesure
Aucune innovation n’est possible sans la création de logiciels métiers sur mesure, porteurs de compétitivité. Ces logiciels métiers doivent être construits par des collaborateurs de l’entreprise, des ingénieurs logiciels travaillant au plus près des métiers.
La re-internalisation du développement d’applications cœur métier au sein des entreprises est une condition «sine qua non» de l’innovation, quel que soit le métier de l’entreprise.
Depuis les premiers billets que j’ai écrits sur ce sujet, j’ai constaté avec grand plaisir que je prêchai de moins en moins dans le désert ; le message semble passer et être compris par des DSI, de plus en nombreuses.
Sur le sujet des développements logiciels sur mesure, la situation est claire :
- Les entreprises traditionnelles n’en voient pas le besoin ou utilisent des «chefs de projets», gestionnaires de contrats de sous-traitance à des ESN qui font réaliser ces applications par des développeurs situés dans des pays à bas coût et qui n’ont pas la moindre idée des problèmes qu’ils sont censés résoudre.
- Les entreprises innovantes réinvestissent dans des équipes internes d’ingénieurs logiciels de haut niveau, maîtrisant les démarches innovantes Devops et Serverless. Ces ingénieurs logiciels connaissent, comprennent les métiers de leur entreprise et travaillent au sein des directions métiers.
Mesurez vous-même votre indice d’innovation
J’ai préparé ce tableau de synthèse pour que vous puissiez calculer facilement l’«indice d’innovation» de votre entreprise ; il reprend les sept dimensions présentées dans ce billet.
Utilisez la dernière ligne pour calculer votre nombre de points.
Le mode d’emploi est raisonnablement simple :
- Les réponses dans la colonne «traditionnelle» valent 0 point.
- Les réponses dans la colonne «innovation» valent 1 point.
- Compter le nombre de réponses dans chaque colonne.
- Vous obtenez ainsi votre indice d’innovation, compris entre 0 et 7 points.
Comme toutes les échelles comprenant un nombre impair d’options, il est impossible d’avoir une réponse 50/50 ; vous êtes obligatoirement traditionnel ou innovant.
La grille d’analyse est la suivante :
- Indice = 0 ou 1 : difficile de faire plus traditionnel ; tirez le signal d’alarme, immédiatement ! Il est difficile de créer un environnement informatique plus bloquant pour l’innovation que le votre.
- Indice = 2 ou 3 : tout n’est pas perdu, mais il vous reste beaucoup de chemin à parcourir pour proposer des solutions propices à l’innovation.
- Indice = 4 ou 5 : vous êtes sur la bonne voie, la majorité des indicateurs sont au vert.
- Indice = 6 ou 7 : bravo ! Vous avez mis en œuvre un environnement technologique qui favorise au maximum l’innovation.
Résumé
J’entends déjà les critiques qui vont pleuvoir sur cette mesure simple et rapide de la capacité d’une DSI à favoriser l’innovation : simpliste, incomplète, ne tient pas compte de la complexité des situations...
Cette mesure d’un indice d’innovation est imparfaite, oui, mais elle très efficace pour élaborer un diagnostic fiable et rapide ; j’ai pu le vérifier dans la majorité des entreprises avec lesquelles j’ai récemment travaillé.