Numérique, technologies, au service de la planète ?
16/12/2019
Et si la croissance du numérique et de toutes les technologies innovantes était bonne pour la planète ?
En cette période de COP25, se poser la question a du sens.
Je viens de terminer la lecture de “More From Less”, de Andrew McAfee, économiste et chercheur au MIT de Boston, publié il y a quelques semaines.
Dans une période où le pessimisme l’emporte, en particulier sur l’avenir de notre planète, il est réconfortant de lire un ouvrage qui propose une vision optimiste, positive de ce qu’il est possible de faire, rapidement.
Comme le dit un commentaire de Christine Lagarde sur la couverture, son contenu est “vraiment contre-intuitif”. J’ai moi aussi eu souvent des réactions de surprise ou de rejet devant certaines des affirmations et démonstrations d’Andrew McAfee.
Cet ouvrage n’est pas la seule source que j’ai utilisée pour écrire ce billet, trois fois plus long que d’habitude, mais c’est lui qui m’a donné envie de l’écrire.
Je vous demande aussi d’avoir le “courage” de ne pas rejeter les idées que je présente avant de l'avoir lu dans son intégralité.
Un peu d’histoire économique : avant la révolution industrielle
“More From Less” est un livre d’économiste, et l’on s’en rend compte rapidement : il y a de nombreuses références à des études scientifiques et beaucoup de graphiques qui illustrent des tendances à long terme.
Face aux défis posés par le réchauffement climatique, beaucoup pensent que la solution de tous les maux de la planète est dans le retour au passé, à l’époque qui a précédé la révolution industrielle, qui a commencé vers les années 1800.
Auriez-vous souhaité vivre avant l’année 1800 ? Moi, non !
En 1800, il y avait un milliard de personnes sur terre, dont l’espérance de vie moyenne était de... 40 années.
Comme le montre ce graphique, cette espérance de vie avait des hauts et des bas prononcés ; les graves crises sanitaires, telles que la peste, déclenchaient des baisses brutales de l’espérance de vie des humains.
Sur la période 1000 - 1800, cette espérance de vie a été en moyenne de 28 années !
Sur cette même période, 1000 - 1800, le revenu par personne avait augmenté de 50%, en… 800 ans, un taux de croissance exceptionnel !
La première révolution industrielle, à partir de l'année 1800
La première machine à vapeur de Watt et Boulton date de l’année 1776. C’est pour de nombreux historiens de l’économie “l’idée la plus puissante au monde”, et elle annonce la première révolution industrielle.
La croissance économique décolle rapidement à partir de l’année 1800. L’une des caractéristiques essentielles de cette première révolution industrielle, c’est le parallélisme entre cette croissance économique et la consommation de ressources matérielles extraites de la terre, comme le démontre Andrew McAfee dans son livre.
J’en ai extrait deux graphiques qui illustrent ce parallélisme :
- Croissance économique des USA et la consommation d’acier, d’aluminium et d’engrais, entre les années 1900 et 1970.
- Croissance économique des USA et la consommation d’énergie, entre les années 1800 et 1970.
Il n’a pas fallu très longtemps pour que des économistes s’inquiètent de cette forte croissance ; ce pessimisme se retrouve dans deux ouvrages cités par Andrew McAfee.
- William Jevons publie en 1865 “la question du charbon”. Il prédit qu’au rythme actuel de croissance de sa consommation, tout le charbon disponible aura disparu en moins de 100 ans.
- Alfred Marshall publie “Principes de l’économie” en 1890. Ce livre de 800 pages, un grand texte à la base de l’économie moderne, annonce que “we want more”, que l’humanité en demande toujours plus et que les ressources de la terre ne sont pas infinies.
L’année 1970 marque un tournant majeur dans cette prise de conscience des impacts négatifs d’une croissance parallèle de l’économie et des ressources consommées.
Le 22 avril 1970, le premier “Earth Day”, jour de la terre, est organisé aux USA. Plus de 20 millions de personnes défilent dans les rues. Républicains et démocrates, pour une fois unis, y participent et les premières lois environnementales sont votées avant la fin de l’année 1970 :
- Création de l’agence de protection de l’environnement, EPA.
- Lois de protection des espèces en danger.
- Lois sur air propre et eau propre : clean air, clean water.
Il y a un avant et un après “Earth Day”, qui est célébré tous les ans le 22 avril.
Andrew McAfee note dans son livre que l’humanité a toujours tendance à donner plus de valeur aux visions pessimistes face à celles qui sont optimistes. Nostradamus en est un bon exemple.
Ceci se vérifie dans les années qui suivent “Earth Day”. Cet article regroupe 18 prédictions de catastrophes qui, heureusement, ne se sont pas produites.
J’en ai extrait trois, à titre d’exemple :
- Paul Ehrlich était l’un des plus pessimistes : il annonçait que, entre 1980 et 1989 (admirez la précision) 4 milliards de personnes, dont 65 millions d’Américains, allaient mourir de faim.
- L’écologiste Kenneth Watt, l’organisateur de la Earth Day, prédisait que l’on allait vers un “âge de glace” avec une température qui baisserait de 4° d’ici à 1990 et de 11° en 2000 !
- Un scientifique de l’académie des sciences, Harrison Brown, annonçait que les réserves d’or, d’argent, de plomb et de zinc auraient disparu en 1990, et celles de cuivre en 2000.
Cette année 1970 est aussi emblématique, car l’économie mondiale allait basculer dans la deuxième vague de la révolution industrielle, et personne ne s’en était rendu compte...
Révolution industrielle : l’après 1970, la dématérialisation de l’économie
C’est à mon avis l’apport principal de Andrew McAfee dans son livre, “More From Less”.
Il met clairement en évidence que, depuis 1970, il n’y a plus de parallélisme entre la croissance économique et l’usage des ressources finies de la terre.
Il a donné le nom de “dématérialisation” à ce phénomène majeur qui lui permet d’être raisonnablement optimiste sur l’avenir de la planète.
Il avait abordé le sujet dans son livre précédent, “Second Machine Age”, publié en 2015 et co-écrit avec Eric Brynjolfsson.
Un autre texte essentiel sur ce sujet a été publié en 2015 par Jesse Ausubel : “Le retour de la nature, comment la technologie libère l’environnement”. Quelques graphiques utilisés dans ce billet en sont extraits.
C’est un document de quelques pages, dont la lecture est indispensable pour toute personne qui souhaite comprendre “rationnellement” les mutations positives et rapides de l’économie mondiale. Vous ne sortirez pas “indemne” de cette lecture !
Ces trois graphiques, choisis parmi plusieurs dizaines, illustrent ce découplage entre la croissance économique et la consommation de ressources physiques limitées, qui a commencé, je le rappelle, dès 1970, il y a 50 ans.
Découplage de la consommation d’énergie et de l’émission de CO2 aux USA (1800 à 2017).
Décroissance des usages de matières premières aux USA (1900 à 2015)
Maïs aux USA : découplage entre surfaces plantées et production (1870 à 2015)
Un autre phénomène remarquable et positif c’est produit depuis 1970 : les conditions de vie de l’immense majorité de l’humanité se sont améliorées de manière exceptionnellement rapide.
En voici deux exemples :
- Le nombre de personnes vivant en situation d’extrême pauvreté, avec moins de 1,25$ par jour, a fortement baissé depuis les années… 1970.
- Nourriture, en Kcalories, disponible par personne, par continent. En 1970, l’Amérique du Sud, l’Asie et l’Afrique et la moyenne du Monde étaient sous le niveau de 2 500 Kcalories, correspondant aux besoins d’une personne qui travaille à temps plein. Depuis 2013, plus aucun continent n’est sous ce seuil.
L’image de l’évolution du monde que me renvoient ces statistiques est… encourageante, alors que le discours dominant que j’entends tous les jours est anxiogène.
Qui croire ?
Deux visions du futur
Deux visions opposées du futur de la planète s’opposent aujourd’hui.
La première, pessimiste, alarmiste, considère que nous avons choisi le mauvais chemin, celui de la croissance, et qu’il est urgent de faire marche arrière.
Dans cette vision négative, les quatre cavaliers de l’apocalypse qui menacent le monde d’une mort rapide sont :
- La croissance économique sans limites.
- La mondialisation.
- Les inégalités sociales.
- La surpopulation.
La deuxième, défendue avec brio par Andrew McAfee, considère que l’on est sur la bonne voie, que la dématérialisation de l’économie est une réalité en 2019 et que c’est au contraire… en accélérant que l’on pourra créer un monde où les futures générations pourront dire merci à leurs parents pour les actions qu’ils ont menées.
Il ne suffit pas d’avoir choisi la bonne direction, il faut continuer à agir avec force pour que les très nombreux problèmes qui restent à régler, et en priorité les évolutions du climat, trouvent des solutions pérennes.
Les “quatre chevaux de l’optimisme”, définis par Andrew McAfee comme moteurs de ces évolutions vers un monde meilleur sont :
- Le capitalisme.
- Le progrès technologique, et en priorité le numérique. (Technological progress)
- Des gouvernements responsables. (Responsive Government)
- La prise de conscience du public. (Public Awareness)
Quelles sont les meilleures pistes, les plus grands dangers qui menacent cette dématérialisation de nos activités économiques ?
Accélérer la dématérialisation de l’économie
C’est le thème central du livre “More From Less” ; je vous en conseille fortement la lecture pour en comprendre dans le détail les modalités, que je vais résumer dans ce paragraphe.
Capitalisme
Liberté d’entreprendre, faire confiance au marché, encourager et rémunérer les entrepreneurs qui prennent des risques, investir pour réduire ses coûts, rechercher des profits… ce ne sont pas des démarches “honteuses”.
La situation est limpide : toutes les économies “riches” sont capitalistes en 2019.
Le contre-exemple parfait est celui du Venezuela. C’était, en 2001, le plus riche des pays d’Amérique du Sud avant qu'il ne bascule dans le socialisme pour devenir en moins de 20 ans un enfer pour ses citoyens. En 2018, 5 000 personnes par jour ont fui en Colombie. Le taux d’inflation de septembre 2019 n’était que de 39113 %, en “progrès” par rapport à celui d’août qui avait atteint 58561 %.
Deuxième exemple : l’Afrique subsaharienne a un retard économique majeur par rapport au reste du monde ; c’est dans cette région que le nombre de régimes politiques ouverts et capitalistes est le plus faible.
A l’inverse, entre 1978 pour la Chine, et 1991 pour l’Inde, 40% de la population mondiale est devenue “plus capitaliste”, avec à la clef les extraordinaires résultats économiques obtenus par ces deux pays.
Le niveau de dématérialisation de l’économie, le niveau de santé varie fortement en fonction du niveau de développement économique des pays comme le montrent ces deux exemples :
- Les rendements agricoles, bœuf et lait, ont fait des progrès spectaculaires dans les pays riches, beaucoup moins dans les autres.
Les taux de mortalité des mères et des enfants en bas âge ont baissé beaucoup plus vite dans les pays riches que dans les pays peu développés.
Les impacts de ces inégalités sur l’état de la planète ? Indira Gandhi l’a bien compris en disant lors de la première conférence de l’ONU sur l’environnement en 1972 que “la pauvreté est le plus grand pollueur”. Les économies riches polluent beaucoup moins que les pauvres. C’est en créant plus de croissance, plus de richesse, avec plus d’innovation et de capitalisme que l’on peut améliorer la situation mondiale.
Innovations technologiques et numériques
Nous sommes devenus meilleurs dans ce que nous faisions ! La deuxième vague de la révolution industrielle, poussée en priorité par la croissance exponentielle de la puissance des outils numériques accélère ce découplement de la croissance économique et de l’extraction de ressources de la terre.
L’exemple le plus emblématique est celui du smartphone, apparu en 2007 : un smartphone de 200 g et quelques centaines d’euros remplace aujourd’hui :
- De nombreux objets physiques :
- Téléphone classique
- Appareil de photo
- Caméscope
- Lecteur de cassettes audio ou de CD
- Lecteur de DVD
- GPS
- Réveil
- Montre
- Radio
- Calculatrice
- …
Oui, un smartphone consomme des métaux nobles et rares et de l’énergie pour être fabriqué. Oui, il consomme aussi de l’énergie pendant ses usages. Dans les deux cas, c’est beaucoup moins que ce que consommaient l’ensemble des outils qu’il remplace.
Merci, le smartphone ! Grâce à vous, la planète se porte mieux !
- De nombreux supports “physiques” d’information :
- Cartes routières imprimées
- Album de photos
- Encyclopédies et dictionnaires
- Guides de voyages, de restaurants, d’hôtels...
- Agenda papier, à renouveler tous les ans
- Annuaire téléphonique de ses contacts
- Collections de disques vinyle, de CD et de DVD
- ...
Quel est le coût pour la planète d’un DVD que l’on achète pour visionner un film, que l’on garde et que l’on ne “re-garde” jamais plus ? Les dizaines de kilos de papier de l’Encyclopedia Universalis que personne ne consultera plus jamais, car les informations qu’elle contient sont obsolètes ont représenté beaucoup de bois et d’énergie pour être fabriqués.
Il existe de nombreuses démarches d’innovations techniques possibles pour accélérer cette dématérialisation de l’économie. Les quatre principales sont bien identifiées :
- Réduire les usages : les premières boîtes de Coca-Cola en aluminium pesaient 85 g en 1996 ; elles pèsent 12,85 g en 2011. Cela représente une diminution du poids de 85 %.
- Remplacer : un kilogramme d’Uranium 235 dans une centrale nucléaire procure autant d’énergie que 2 à 3 millions de tonnes de charbon. C’est aussi une ressource non renouvelable, oui, mais de plus en plus recyclable, et elle n’émet aucun gaz à effet de serre.
- Optimiser : le taux de remplissage des avions est passé de 56 % en 1971 à 81% en 2018 avec le développement des programmes informatiques de “Yield Management” qui optimisent ce taux de remplissage en faisant varier les prix de vente. Une augmentation de 44 % de l’efficacité du transport aérien mondial, c’est tout sauf marginal. Ils sont hélas encore nombreux ceux qui regrettent la “bonne vieille époque” où le prix d’un billet de train ou d’avion était stable et prévisible...
- Supprimer : les énergies hydrauliques, éoliennes et solaires ne consomment aucune ressource terrestre périssable pendant leur fonctionnement. Elles consomment des ressources pour leur fabrication, oui, mais comme toutes les sources d’énergie, telles que les turbines à gaz ou les moteurs diesels. Le numérique est un très bon élève dans ce domaine. Comme le montre ce graphique, les entreprises GAFAM, si souvent décriées, sont les plus vertueuses du monde dans leurs usages d’énergies renouvelables. Elles représentent 5 des 6 meilleurs au monde ; Google est maintenant à 100 %. Merci aux GAFAM, de la part de la planète reconnaissante…
Gouvernements responsables
Le capitalisme, l’innovation sans aucun contrôle peuvent engendrer des catastrophes et la majorité des économistes responsables disent que les gouvernements ont des rôles clefs à jouer pour fixer des règles fortes qui protègent les personnes et la planète.
Ce sont les gouvernements qui doivent prendre en compte les “externalités négatives”, aussi appelées les “spillovers”. Une entreprise qui pollue l’air ambiant ou la rivière où elle déverse ses déchets chimiques sans pénalités ne fera probablement pas beaucoup d’efforts pour réduire ses nuisances.
Tout n’est pas noir dans ce domaine, et plusieurs succès majeurs ont déjà été obtenus.
La suppression des émissions de CFC, pour protéger la couche d’ozone, en est un bon exemple. Le protocole de Montréal signé en 1987 prévoyait au départ une réduction de 50% des émissions ; il a été étendu rapidement à 100%. Les entreprises qui utilisaient ces gaz pour leurs produits tels que les aérosols ont rapidement trouvé des substituts et ont, en même temps, réduit leurs prix de revient !
Autre succès majeur : les émissions de polluants par les voitures, y compris les SUV et les Pick-up, ont été réduites de 99% aux USA entre 1970 et 2019, avec des moteurs qui en plus sont 42% plus légers. Et c’est aux USA ! L’Europe a fait beaucoup mieux.
Il reste beaucoup de problèmes majeurs pour lesquels il n’existe pas, aujourd’hui, de solutions satisfaisantes.
Andrew McAfee a clairement identifié le domaine où le rôle des états est primordial : gérer la “tragédie” des ressources communes, accessible par tous, n’appartenant à personne, comme les océans et les problèmes de sur-pêche. Dans ce domaine aussi, nous avons fait des progrès, insuffisants, mais réels.
Le rejet des plastiques dans les mers est l’un de ces sujets à régler de toute urgence ; on estime ce volume à 8 millions de tonnes par an. Ce chiffre fait peur, et c’est bien sur l’objectif.
Et si, sur ce défi précis, l’on regardait avec un peu de pragmatisme et de rationalité la réalité.
Pour résoudre ce problème, un jeune hollandais de 18 ans, Boyan Slat, a créé en 2013 la société OceanCleanUp. Son histoire est passionnante, inspirante et confirme qu’il faut faire confiance à la jeunesse, à l’entreprise et la technologie pour s’attaquer aux grands problèmes du monde.
Sa première idée était de récupérer les plastiques déjà dans l’océan et il a construit des bateaux qui sont opérationnels pour cela.
Il s’est ensuite posé une excellente question : et si l’on prenait le problème à la base : que ce passerait-il si on pouvait intercepter ces plastiques dans les rivières avant qu’ils n’atteignent la mer ?
Des caméras posées sur les ponts des rivières, aidées par des logiciels d’intelligence artificielle, ont mesuré le volume de plastique charrié par les rivières du monde. Ces mesures, loi de Pareto oblige, ont montré que 1 000 rivières étaient responsables de 80 % des rejets de plastique dans la mer.
Un peu d’arithmétique simple, partant du chiffre de 8 millions de tonnes par an, montre que ces 1 000 rivières transportent chacune en moyenne 6 400 tonnes par an, soit 17 tonnes par jour.
La nouvelle version de leur bateau, baptisé “interceptor”, annoncé en fin 2019, est capable d’ingurgiter entre 50 et 100 tonnes de plastiques par jour. Il est alimenté à 100 % en énergie solaire et peut fonctionner 24h/24. Le premier bateau a été testé avec succès aux Pays-Bas, qui n’est pas le pays le plus ensoleillé du monde !
Regardez cette vidéo de 25 minutes,
c’est une excellente cure d’optimisme avant le début de la nouvelle année !
En prenant l’hypothèse basse de 50 tonnes, et sans tenir compte des progrès qui seront réalisés au cours des prochaines années, il suffirait de 1000 bateaux OceanCleanUp dans le monde pour que le flux de plastiques nouveaux dans la mer soit tari. Boyan Slat c’est fixé comme objectif de fabriquer ces 1 000 bateaux en 5 ans ! Bravo pour l’ambition.
Les trois premiers sont déjà opérationnels en Indonésie, Malaisie et Vietnam ; les deux prochains seront en République Dominicaine et à … Los Angeles.
Je ne connais pas le prix de vente d’une tonne de plastique aux entreprises qui les recyclent, mais chaque bateau peut récupérer jusqu’à 18 000 tonnes de plastiques par an. Je suis prêt à parier que cette opération sera économiquement rentable, sans avoir besoin de subventions des états.
J’ai choisi d’analyser pour vous en détail ce problème précis pour montrer que l’on peut, que l’on doit être optimiste.
J’aimerais bien que toutes les personnes qui se plaignent en permanence de la pollution des mers par les plastiques et qui en parlent dans les médias se fassent le relais de ce projet “OceanCleanUp” pour que tous les gouvernements des pays où sont ces 1 000 rivières commandent immédiatement leur “Interceptor”. Ce que je crains, c’est qu’ils ne le fassent pas en prétextant que “cela ne peut pas fonctionner” alors que leur véritable motivation est toute autre, hélas. Si cela fonctionne, mon métier de lanceur d’alerte disparaît !
Andrew McAfee confirme la tendance de l’humanité à donner plus de valeur aux visions pessimistes face à celles qui sont optimistes. Il cite dans son livre plusieurs économistes qui essaient d’aller contre ce biais négatif, mais avec beaucoup de difficultés : Simon, Rosling, Pinker, Roser….
Le défi le plus urgent : réchauffement climatique
LE problème le plus urgent, non réglé aujourd’hui est celui du climat. Il a été remarquablement résumé par le scientifique Kim Nicolas :
- Ça se réchauffe.
- C’est nous.
- Nous en sommes sûrs.
- C’est mauvais.
- Nous pouvons trouver des solutions.
De premières solutions sont connues, telles qu’une taxe carbone mondiale. En faisant payer, cher, les pollueurs, qui sont pour l’essentiel des acteurs économiques “capitalistes”, on peut leur faire confiance pour trouver des moyens techniques et numériques innovants pour réduire leur facture.
L’absence totale de résultats significatifs après la COP25 qui vient de se terminer à Madrid n’est pas un signal positif. 25 000 personnes se sont réunies pendant 2 semaines, sans trouver le moindre accord sérieux. En 2020, à l’inverse de ce qui c’était passé en 1970 après le “Jour de la terre” ou à Montréal en 1987 pour le CFC, il existe trop de gouvernements “irresponsables”, tels que les USA ou le Brésil, dont les dirigeants incompétents refusent les évidences scientifiques et croient, ou font semblant de croire que le réchauffement de la terre n’est pas lié aux activités humaines.
Un accord sur une taxe carbone n’a pas pu être signé ; c’était pourtant l’objectif prioritaire de cette COP25...
Défis pour les années 2020 - 2025
Nous connaissons les quatre chevaux de l’optimisme qui peuvent, ou non, nous faire avancer rapidement vers un monde meilleur.
Où en sommes-nous, à la veille de l’année 2020 ?
Je sens profondément qu’il y a d’excellentes raisons de garder espoir.
Je suis très optimiste sur la dimension technologique et numérique, raisonnablement optimiste sur la dimension capitalisme, prudent sur la dimension politique et très inquiet en ce qui concerne le grand public.
Technologie et numérique
Des milliers d’entreprises existantes, des milliers d’entrepreneurs travaillent tous les jours, dans le monde entier, pour imaginer des innovations technologiques de rupture qui apporteront des réponses aux nombreux défis qu’il faut affronter pour permettre à notre planète de rester un lieu de vie exceptionnel pour tous les humains.
Sur cette dimension “technologie”, je ne suis pas inquiet, au contraire. Nous aurons à notre disposition de plus en plus de solutions performantes pour continuer à dématérialiser notre économie.
Capitalisme
Le capitalisme moderne fonctionne bien, plutôt mieux qu’il y a des dizaines d’années. Le financement des startups en est un bon exemple : il est plus facile en 2020 de lancer des entreprises innovantes qu’il y a 20 ans.
Appuyer sur les accélérateurs de l’innovation technologique et numérique et de plus de capitalisme est la meilleure solution pour améliorer la situation de la planète, et non pas un ralentissement et un retour à monde ancien, perçu comme meilleur, alors que ce n’était absolument pas le cas.
Gouvernements responsables
Je n’ai pas envie de sombrer dans un pessimisme noir que l’absence totale de résultats de la COP25 pourrait déclencher. Les décisions du continent Europe de devenir “neutre carbone” en 2050 sont encourageants, même si la Pologne a refusé de s’engager. Des pays comme la Hongrie et la République tchèque ont obtenu que le nucléaire fasse partie des solutions envisageables ; il faut les remercier de cette position qui pourrait permettre à d’autres pays, comme la France, de “redécouvrir” les vertus des solutions nucléaires pour apporter rapidement des solutions fiables et sûres aux enjeux climatiques mondiaux.
Prise de conscience du public
Je suis beaucoup plus inquiet sur la dimension prise de conscience du public.
La volonté des jeunes générations de s’attaquer au problème du réchauffement climatique me remplit d’espoir. En même temps, le suis consterné par leur trop forte sensibilité aux “fake news” et leur tendance à rechercher des solutions dans le passé plutôt que de se projeter dans un futur où l’innovation technologique est l’une des clefs du succès.
Les croyances qui ont bloqué et bloquent encore l’évolution raisonnable, raisonnée des innovations et d’une croissance “More From Less” sont de plus en plus nombreuses, fortes et inquiétantes.
Quelques illustrations :
- La terre est plate. Même s’ils sont ultra-minoritaires, il est quand même très “surprenant” de constater qu’il existe encore des personnes qui sont convaincues que la terre est plate, quand des millions d’images venant des satellites démontrent le contraire.
- Le créationnisme, persuadé que le monde c’est créé comme l’indique la Bible. Ce mouvement est très présent aux USA comme le démontre, hélas, la création en 2016 du parc d’attractions Ark au Kentucky. Il présente aux visiteurs, heureusement moins nombreux que prévu, l’histoire de l’humanité en suivant à la lettre les enseignements de la Bible.
- Les vaccins sont dangereux pour les enfants. Apprendre que la France fait partie des pays champions du monde des anti vaccins ne me rend pas très fier d’être français. Bravo, l’Europe ! Le nombre de cas de rougeole a doublé sur les six premiers mois de 2019 par rapport à 2018, avec déjà une centaine de morts qui auraient pu être évités. Et si l’on passait une loi permettant que les parents qui ne vaccinent pas leurs enfants puissent être jugés comme assassins de ces autres enfants morts par leur faute ?
- L’énergie nucléaire est dangereuse. La France est l’un des pays d’Europe qui a le meilleur bilan carbone grâce au pari politique et économique audacieux du Général de Gaulle dans les années 1970 de promouvoir une énergie électrique avec une forte composante nucléaire. Rationnellement, c’est l’énergie la moins dangereuse du monde, mais essayer d’en convaincre des organismes comme Greenpeace, c’est tout sauf simple ! Que c’est difficile pour ces personnes, ces organismes qui ne prennent en compte que l’affectif de faire des choix cartésiens ! La fusion nucléaire, les nouvelles “petites” centrales sont des pistes d’amélioration exceptionnelles. Ne pas soutenir ces innovations, ne pas y investir, c’est rendre un très très mauvais service à la planète.
- Tous les OGM doivent être interdits. Le “golden rice” est un riz génétiquement modifié pour apporter des vitamines A aux personnes qui en manquent. L’UNICEF estime que 670 000 personnes meurent et 500 000 enfants deviennent aveugles chaque année à cause de cette carence. Les progrès sont tels que le "golden rice" version 2 est disponible depuis 2005 et produit 23 fois plus de vitamine A que la version 1. 107 prix Nobel sont pour, la Fondation Bill et Melinda Gates soutient le projet, mais Greenpeace est contre, car… cela ouvrirait la porte à d’autres OGM ! Ils font croire que les “grands méchants” industriels vont utiliser le "golden rice" comme un cheval de Troie pour inonder ensuite la planète d’autres OGM. Avoir ces millions de morts sur la conscience, cela ne les empêche pas de dormir ? Ces raisonnements “extrémistes” sont mortellement dangereux. Oui, il est réaliste de penser que certains OGM vont créer des crises alimentaires, oui, mais d’autres, beaucoup d’autres vont sauver des millions de vie. Cette culture assassine du risque zéro est l’une des plus grandes menaces pour l’humanité.
Comment éviter que ces croyances dangereuses, superstitions colportées par des inconscients qui ignorent la rationalité et la science ne bloquent des solutions qui peuvent rapidement sauver notre planète ?
Il faudra beaucoup de courage aux gouvernants de tous les pays du monde pour s’engager dans ces combats.
Synthèse
Merci à tous ceux qui auront fait l’effort de lire jusqu’à la fin ce long billet. A l’aube de l’année 2020, il pose beaucoup de questions essentielles sur l’avenir de l’humanité.
Je vous propose un nouveau “Pari de Pascal” pour la planète :
- Hypothèse “Dieu Existe” = la dématérialisation existe. L’accélération du mouvement industriel de dématérialisation de l’économie permet de préparer un avenir positif, le dérèglement climatique restant une priorité absolue.
- Hypothèse “Dieu n’existe pas” : il faut appuyer sur le frein, ralentir la croissance, la mondialisation, l’innovation technologique et numérique, freiner la croissance démographique pour espérer revenir à un monde meilleur, dans lequel nous étions auparavant.
Je vous souhaite à tous une excellente année 2020, en exprimant le souhait que cette nouvelle année se termine avec un maximum d’avancées positives, rendues possibles par de belles innovations numériques et technologiques de rupture, que ni vous ni moi ne connaissons encore.
Mises à jour permanentes : je vais ajouter périodiquement des informations qui peuvent enrichir le débat sur ce sujet essentiel.
18 décembre 2019. De manière volontaire, toute la profession du transport maritime mondial vient de décider d'établir une taxe de 2$ par tonne sur le combustible très polluant utilisé par les navires qui font du transport international. Le "Capitalisme" va investir sur 10 ans 5 milliards de dollars avec pour objectif de devenir neutre carbone en 2050. Ils n'ont pas attendu des subventions des états, bravo.
18 décembre 2019. Une remarquable liste de 99 événements positifs pour la planète qui se sont déroulés en 2019 dans tous les domaines abordés dans ce billet : climat, santé, standard de vie, numérique, énergie...