Dirigeants, vos rôles dans la transformation numérique au service des équipes terrain
05/04/2022
Dans un billet récent, j’ai abordé la dimension financière de l’équipement numérique des équipes terrain.
J’en reprends uniquement le tableau final, qui donne le coût complet d’une solution frontique, à savoir un smartphone et des applications numériques universelles.
Le coût mensuel par personne est compris entre 8 € et 25 €.
Je terminais en disant que la dimension financière était la plus simple à régler et que les dimensions management sont les plus complexes à régler.
C’est le thème de ce billet.
Les défis posés par l’équipement numérique des équipes terrain
Remarque préliminaire: ce que j'écris dans ce billet ne concerne pas votre entreprise !
Chez vous, tout est parfait, impeccable et les équipes terrain disposent des meilleurs outils numériques du monde.
C’est chez les autres que l’on rencontre les problèmes que j’expose ici:
● Dans la majorité des entreprises, les équipes terrain n’ont pas leur mot à dire sur le choix des outils numériques que l’on met à leur disposition.
● Dans la majorité des entreprises, les dirigeants n’ont pas la moindre idée de la réalité des activités des équipes terrain.
● Dans la majorité des entreprises, les équipes informatiques et numériques achètent ou développent des solutions numériques pour les équipes terrain sans faire le moindre effort pour aller sur le terrain et essayer de comprendre quelles sont leurs véritables attentes.
● Dans la majorité des entreprises, équiper tous les cols blancs d’un PC haut de gamme et d’un smartphone est une évidence quand on refuse trop souvent de fournir aux équipes terrain un smartphone professionnel, les obligeant à utiliser des formulaires papier, en 2022!
Dans toutes ces entreprises, cette fracture numérique entre les cols blancs et les équipes terrain doit cesser, et vite.
Comment ? En demandant aux dirigeants de prendre le problème en main et… de le résoudre.
La bonne nouvelle: c’est possible, rapidement.
Démarche Top Down - Bottom Up
La démarche proposée a déjà été suivie avec succès par un petit nombre d’entreprises innovantes.
Elle répond aux quatre défis que j’ai identifiés dans le paragraphe précédent et s’appuie sur un double mouvement, “Top-Down” et “Bottom-up”.
Pour la partie Top-down, les équipes dirigeantes ont la responsabilité d’impulser une stratégie claire, avec plusieurs objectifs:
● Faire de la réduction de la fracture numérique entre cols blancs et équipes terrain une priorité.
● Proposer des outils numériques qui encouragent une collaboration entre ces deux populations et rendent plus facile le partage d’information.
● Choisir des outils qui garantissent la pérennité des solutions proposées et évitent la prolifération d’un “Numérique Fantôme” comme on l’a connue pour les cols blancs.
● Mettre la sécurité et la protection des données au cœur des préoccupations.
Pour les équipes terrain, la démarche bottom-up répond à d’autres objectifs:
● Accepter le fait que les solutions numériques n’ont pas pour premier objectif de contrôler l’activité des équipes terrain, mais de les rendre plus efficaces dans leurs métiers.
● Ceux qui font, savent. Ce sont les équipes terrain qui sont les mieux placées pour déterminer quels sont les outils numériques qui peuvent les aider dans leurs activités.
● Comprendre que la variété des activités demandées aux équipes terrain est beaucoup plus grande que ne le pensent les dirigeants.
● Instaurer une confiance réciproque entre les équipes terrain et les cols blancs.
● C’est en mettant entre les mains des équipes terrain des outils numériques universels, “frontiques”, qu’elles seront capables d’imaginer les dizaines de cas d’usage simples, à forte valeur ajoutée, qui les aideront dans leurs activités quotidiennes.
Les dirigeants acteurs
J’ai identifié quatre familles de dirigeants dont les rôles sont prioritaires pour assurer le succès d’une transformation numérique au service des équipes terrain.
L’ordre dans lequel je les présente n’ai pas dû au hasard; il va du plus important au moins important:
1. DRH, Direction des Ressources Humaines.
2. Directions métiers opérationnels, où travaillent les équipes terrain.
3. DSIN, Direction des Systèmes d’Information et du numérique.
4. DG, Direction Générale.
Par contre, la chronologie de l’ordre des interventions n’est pas la même: DRH, DSI, DG et Directions métiers opérationnels. C’est celui que je vais suivre dans mon analyse.
Rôle de la Direction des Ressources Humaines
Quand on parle d’équipes terrain, on fait référence à des personnes. Il est logique que la DRH d’une entreprise soit en première ligne pour orchestrer la disparition de la fracture numérique interne entre les cols blancs et les équipes terrain.
En France, les collaborateurs des équipes terrain, les personnes qui ne peuvent pas télétravailler, représentent environ 60% des salariés. C’est très variable selon les secteurs d’activités.
Faire rentrer les équipes terrain dans le monde numérique, toutes les personnes de ces équipes, quelle que soit leur formation initiale, ou souvent leur absence de formation, c’est investir sur la capacité de ces hommes et de ces femmes à progresser dans leurs compétences et leurs apports à l’entreprise.
C’est l’une des plus belles missions que puisse prendre en charge une DRH innovante.
J’ai participé il y a quelques semaines à un débat organisé par l’UODC, Université ouverte des compétences, qui avait invité Sandra Hazelart, DRH du Groupe Monoprix.
Avec l’accord total du DG du Groupe, la démarche qu’elle pousse pour prendre en compte les attentes des équipes terrain est exceptionnelle par sa portée et les innovations qu’elle porte.
Gérer les évolutions de carrière, en particulier pour les caissières dont on sait que le nombre va baisser, mettre plus de collaborateurs au contact des clients, équiper 22000 collaborateurs de smartphones sont quelques-unes des actions les plus spectaculaires poussées par Sandra Hazelart.
Les entreprises françaises ont besoin de beaucoup plus de DRH aussi exceptionnelles!
Rôle de la Direction des Systèmes d’Information et du Numérique
Quand on parle d’informatique et de numérique au service des équipes terrain, il est essentiel que les équipes de la DSIN soient impliquées dès le début du projet.
Dans le cas des usages frontiques à destination des équipes terrain, leurs rôles sont orientés en priorité vers les infrastructures.
Pourquoi? Les usages seront imaginés dans une démarche bottom-up par les équipes terrain, sans que les équipes de la DSIN n’aient à s’en occuper.
La DSIN doit proposer une plateforme numérique pérenne qui servira de support à tous les usages déployés par et pour les équipes terrain.
Une fois de plus, le modèle B I S D (Business, Infrastructures, Support, Données) que je propose depuis des années s’applique très bien pour les usages au service des équipes terrain:
● I = Infrastructures Cloud pour la puissance et la pérennité.
● S = Usages support, ce que sont les applications frontiques.
● D = Base de données indépendante des usages.
● B = Usages métiers, pour des applications métiers spécifiques des équipes terrain.
La DSIN doit garantir:
● La cohérence de tous les usages qui seront imaginés par les équipes terrain.
● Que ces usages ne vont pas générer une nouvelle vague d’informatique fantôme comme cela c’est passé avec les cols blancs.
● Que la solution proposée ne va pas créer un nouveau “silo de données”.
● Que les échanges entre les solutions existantes au service des cols blancs et celles construites pour les équipes terrain seront possibles, chaque fois que nécessaire.
C’est avec tous ces objectifs en tête dès le premier jour et en travaillant en étroite collaboration avec les équipes informatiques et numériques d’entreprises innovantes comme Teréga que Wizy.io a construit la solution frontique WizyVision.
WizyVision a tout pour répondre aux attentes d’une DSIN:
● Basé sur GCP, le Cloud Public de Google: garantit une puissance sans limites et la possibilité de déployer les solutions sur tous les continents.
● DAC, Digital Asset Center: la seule base de données professionnelle au monde construite pour gérer et sécuriser tous les contenus photos créés par les équipes terrain.
● Frontspace: application mobile au service des équipes terrain.
● ML Studio: permet de construire des applications de Machine Learning en mode No-Code, permettant de reconnaître des objets métiers spécifiques.
● API: toutes les fonctionnalités de WizyVision sont ouvertes par API pour échanger, dans les deux sens, avec les applications existantes.
Oui, il est possible en 2022 à une DSIN de proposer rapidement une plateforme technologique moderne et pérenne qui permet de construire des dizaines de cas d’usages pour les équipes terrain.
Rôle de la Direction Générale
Il est classique de dire que toute action dans une entreprise doit être initiée par la Direction Générale. Dans la pratique, il est illusoire de demander à une Direction Générale d’être le chef d’orchestre de toute transformation; ils n’en ont matériellement pas le temps.
Sur ce grand chantier de la suppression de la fracture numérique des équipes terrain, comme sur beaucoup d’autres, la DG doit être une facilitatrice et une coordinatrice des actions menées par les dirigeants plus directement impliqués.
Rôle directions métiers opérationnelles
Les équipes terrain travaillent dans ces directions opérationnelles, que ce soit dans l’industrie, le transport, la logistique, la distribution, l’hospitalité, la santé, la construction ou l’agriculture.
J’inclus aussi dans les directions métiers les managers de premier niveau, en contact direct avec les équipes terrain. Ce sont eux qui ont le plus de capacité à piloter la transformation numérique opérationnelle des équipes terrain.
Les objectifs de ces directions métiers sont clairs:
● Augmenter les compétences de leurs équipes terrain.
● Accroître leur efficience.
● Accepter que la démarche “bottom-up” soit la plus efficace.
Pour y parvenir, le plus efficace est de mener une première opération d’expérimentation, par échantillonnage:
● Mettre entre les mains d’un groupe le plus représentatif possible de collaborateurs des outils numériques universels frontiques.
● Leur demander de trouver les premiers cas d’usages.
● Faire la synthèse des meilleures pratiques nées sur le terrain.
L’entreprise peut ensuite industrialiser la diffusion des solutions numériques et généraliser les cas d’usage identifiés comme les plus pertinents à l’ensemble des collaborateurs.
Comme le montre ce schéma, de nouveaux cas d’usages naîtront en permanence, au fur et à mesure que les collaborateurs s’approprient ces outils frontiques.
Illustration de la démarche sur un cas concret
Pour illustrer cette démarche, je vous propose un exemple concret: une entreprise du secteur de la distribution qui emploie 4000 collaborateurs dans les équipes terrain, répartis entre 150 points de vente, 100 supermarchés et 50 supérettes de centre-ville.
Quelles sont les étapes de la phase d’expérimentation de l’équipement numérique des équipes terrain de cette entreprise?
● Sélectionner 20 supermarchés et 10 supérettes, les plus différents possibles en matière de localisation, de taille et de marché.
● Choisir 200 collaborateurs volontaires et motivés, 5% des effectifs, dans ces 30 points de vente, aux profils et activités les plus variés possibles.
● Équiper ces 200 personnes d’outils frontiques de base: un smartphone et une application telle que WizyVision.
● Leur donner carte blanche, pendant 15 jours, pour trouver et documenter des cas d’usages pertinents qui les aideraient dans leurs activités quotidiennes.
● Faire ensuite l’inventaire de toutes les propositions de cas d’usages.
Les chiffres qui suivent sont une estimation, mais ils sont basés sur des réalisations de ce type déjà menées à bien:
● Nombre moyen de cas d’usages proposés par chacun des 200 collaborateurs: 4.
● Nombre total de cas d’usages proposés: 200 x 4 = 800.
● Des cas d’usages similaires seront proposés par ces 200 collaborateurs. En faisant l’hypothèse que le taux de redondance des cas d’usages proposés est de 70%, on aura quand même identifié 240 cas d’usages différents!
Il est alors possible de passer à la phase industrialisation avec la certitude que ce sera un succès pour l’entreprise:
● Equiper les 4 000 collaborateurs avec un smartphone et les cas d’usages pertinents. Selon les métiers, on peut décider:
○ D’équiper la personne d’un smartphone individuel.
○ De la mise à disposition d’un smartphone partagé, en particulier pour les personnes qui travaillent à tour de rôle sur les mêmes métiers.
● Présenter, par petits groupes, métier par métier, à tous les collaborateurs les cas d’usages proposés. Ce sont les salariés qui ont identifié les cas d’usages qui seront chargés d’en faire la promotion et la démonstration.
● Demander à tous les salariés maintenant équipés de proposer eux aussi des cas d’usages qui n’avaient pas encore été identifiés. Ceci devrait rapidement générer un minimum une centaine de nouveaux cas d’usages.
● À la fin de ce processus en deux étapes, qui peut se réaliser en moins d’une année, 350 applications simples, à forte valeur ajoutée auront été déployées pour les 4 000 collaborateurs, dans les 150 points de vente.
Synthèse: réduire la fracture numérique pour les équipes terrain, un beau défi management des 5 prochaines années
Ils sont 2 700 millions dans le monde, ils sont dramatiquement sous-équipés en outils numériques, les collaborateurs des équipes terrain vous demandent à vous, les dirigeants, d’enfin penser à eux.
DG, DRH, DSIN, Dirigeants métiers, vous avez une responsabilité forte, une obligation morale devant vous: faire que, d’ici à 2025, il n’y ait plus de fractures numériques entre les cols blancs et les équipes terrain dans vos entreprises.
Ce billet est le cinquième que je publie sur ce sujet essentiel, et voici, en rappel, les quatre premiers:
● Problème : après les cols blancs, priorité aux FLW, Front Line Workers.
● Comment : après un ordinateur pour chaque col blanc, un smartphone pour chaque FLW.
● Pourquoi : fractures numériques.
● Finances : coûts des solutions numériques: cols blancs et équipes terrain.
● Management : ce billet.
Il ne vous reste plus... qu’à passer à l’action.