Le document le plus ridicule sur les usages numériques que j’ai lu depuis longtemps
18/01/2023
Il y a longtemps que je n’avais pas lu un “chef d’œuvre” numérique aussi nul.
L’auteur de ce texte d’une rare bêtise, que je n’aurais même pas osé écrire en 1990:
Le ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse (MEN)
Voici ce texte dans son intégralité, avec quelques commentaires personnels…
10 conseils pour adopter des gestes reponsables pour un usage partagé des outils numériques
Cela commence bien ! Il y a une faute d'orthographe dans le titre. C’est probablement pour se mettre au niveau des plus mauvais élèves de nos écoles et leur montrer que les fautes d’orthographe, ce n’est pas grave, même le ministère en fait.
- Sur mon poste de travail professionnel, je réserve mes consultations internet à un usage strictement professionnel.
Tout le monde sait que les élèves sont super équipés en outils numériques et ont deux smartphones, deux PC portables, un pour les usages personnels, un autre pour les activités éducatives.
C’est aussi leur donner d”’excellents” réflexes pour optimiser leur frugalité numérique. J’ai une information qui pourrait être utile pour le MEN:
- Pour un smartphone utilisé 3 ans, l’énergie nécessaire pour sa fabrication est trois fois plus grande que pour ses usages.
- Pour un PC portable c’est 50% fabrication, 50% usages.
- En utiliser deux, c’est la plus mauvaise solution pour la planète.
- Je limite le nombre de mes terminaux (ordinateur ou mobile) connectés en même temps aux services numériques du ministère.
Autre décision idiote: je ne vais pas faire la même activité deux fois sur deux terminaux différents et il est souvent utile de travailler en parallèle sur deux activités différentes.
A moins que… la bande passante des réseaux internes des établissements scolaires ne soit pas suffisante.
N’oublions pas que le MEN n’a pas encore compris que gérer en interne, “On Premise”, des infrastructures numériques est une absurdité totale, une gabegie financière et une source de risques maximaux de cyberattaques.
- Lorsque c’est possible, je privilégie la connexion internet de mon domicile plutôt que le réseau de téléphonie mobile.
Sur ce point, je suis d’accord. Utiliser le WiFi à la place d’un réseau mobile quand c’est possible est une bonne recommandation.
Question? Pourquoi réserver cette recommandation à son domicile, et ne pas la promouvoir aussi dans les établissements scolaires?
- Quand je peux gérer mes messages dans mon client mail, je n’utilise pas le webmail.
Utiliser un client lourd pour la messagerie? Oui, je le faisais avant l’arrivée des solutions natives Cloud comme Google Workspace en 2007.
Quelle belle préparation aux usages modernes du numérique en 2023 que de déconseiller le client Webmail, le plus universel, le plus performant.
Ah oui, j’oubliais! Il y a encore des établissements scolaires qui utilisent des messageries installées en interne comme Exchange de Microsoft…
- Pour les mails : je limite le nombre et la taille des pièces jointes, je supprime les images de ma signature. Je partage mes fichiers via les espaces partagés ou les sites collaboratifs.
J’avoue ne pas comprendre : faut-il continuer à envoyer des pièces jointes ou utiliser des espaces collaboratifs comme Google Drive qui… évitent d’envoyer des pièces jointes?
Dites-moi combien de pièces jointes vous envoyez par jour: j’en déduirai le niveau d’archaïsme de vos modes de travail.
- Pour bien préparer mes réunions, je partage les documents en amont afin de pouvoir étaler les téléchargements.
Encore une recommandation des années 1990.
Tous les documents dont on a besoin pour une réunion sont disponibles dans un espace partagé, dans les Clouds Publics de Microsoft ou Google, les deux seules solutions opérationnelles en 2023.
On n’a pas besoin d’étaler les téléchargements, car… on ne télécharge plus rien!
Le mot téléchargement est rayé de mon vocabulaire, et depuis longtemps.
Autre avantage: ces solutions sont encore gratuites pour le monde éducatif.
- J’utilise des messageries instantanées comme Tchap pour garder le contact avec mes collègues.
Tchap? Vous connaissez ? Moi, non.
J’ose à peine imaginer la tête des élèves et des étudiants à qui on demanderait d’utiliser cet outil à diffusion confidentielle.
WhatsApp, Messenger, Google Chat… Quel scandale si on acceptait au MEN de recommander les outils que tout le monde connaît et utilise de manière permanente dans ses usages personnels.
- Pour aller plus vite, je n’hésite pas à envoyer des SMS.
Aller plus vite ? Plus vite par rapport à quoi ? Je ne comprends pas.
Oui, il y a des moments ou l’usage d’un SMS fait sens, mais ce ne sera jamais un substitut à la messagerie électronique ou à une messagerie instantanée. Tous les outils de communications numériques ont une place dans la vie numérique d’une personne.
- Pour tenir une réunion à distance, je privilégie le téléphone ou l’audioconférence.
Une réunion téléphonique à plusieurs?
Une audioconférence?
Je ne savais pas que ces solutions techniques existaient encore en 2023.
L’efficacité d’une réunion téléphonique à distance avec 10 personnes, vous y croyez?
Moi, pas du tout!
- Lors d'une visioconférence, je n'utilise la fonction vidéo que si elle est nécessaire.
Il y a deux raisons principales pour couper la vidéo dans une visioconférence:
- La bande passante disponible n’est pas suffisante. Cette situation ne se produit “jamais” dans les établissements scolaires : ils disposent tous d’une capacité exceptionnelle permettant à tout le monde de garder la vidéo active.
- Ne pas souhaiter que les autres participants “voient” comment vous êtes habillés ou ce que vous faites en même temps… car cette réunion ne vous intéresse pas.
Dans la majorité des visioconférences, quand le nombre de participants est raisonnable, la convivialité des réunions est améliorée par l’usage de la vidéo.
J’arrête là ce jeu de massacre.
Que le MEN, le ministère français qui emploie le plus grand nombre de salariés, ose laisser publier en 2023 un document aussi désespérément nul, ce n’est pas un signal très encourageant sur la capacité des responsables politiques à promouvoir des usages numériques efficaces.
Quand peut-on espérer voir le MEN publier un document faisant la promotion d’usages numériques modernes?
- En 2030
- En 2050
- Jamais.
Je vous laisse répondre à cette question.