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août 2019

 B I S D : la version 2 du modèle B I S

 

AdS DPC Version 2 V2 S 36888272En janvier 2015, il y a plus de 4 ans, j’ai publié sur ce blog un billet présentant le modèle B I S, une approche innovante pour définir les principaux composants d’un Système d’Information.

Ce modèle B I S est rapidement devenu une référence pour nombre d’entreprises innovantes. Il est aussi l’une des bases du livre que j’ai co-écrit avec Dominique Mockly, P-DG de Teréga :

Dirigeants, Acteurs de la Transformation Numérique

La mise en œuvre du modèle B I S m’a permis de réussir de nombreuses missions d’accompagnement de la Transformation Numérique d’entreprises. Mais, progressivement, je me suis rendu compte qu’une dimension majeure n’était pas prise en compte de manière satisfaisante par ce modèle : la gestion des données.

Je suis aujourd’hui convaincu que les entreprises doivent mettre les données au cœur de leur stratégie numérique et que le modèle B I S initial n’accordait pas suffisamment d’importance à cette dimension données.

Je vous propose, aujourd’hui, une version 2 du modèle B I S, qui ajoute cette dimension D, pour Données.

Il devient le modèle... B I S D.

 

Rappel : le modèle B I S, version initiale

(Pour les lecteurs qui ne sont pas familier avec le modèle B I S)

Les fondamentaux

Les trois composants du modèle B I S sont :

Modèle B I S

I = Infrastructures. Serveurs, réseaux, objets d’accès, les fondations d’un Système d’Information, sur lesquelles sont construits les usages.

S = Support. les usages universels, que l’on rencontre dans toutes les entreprises : messagerie, budgets, gestion des ressources humaines, achats…

B = Business (cœur métier en français). Les usages spécifiques d’une activité : équilibrage offre et demande d’énergie chez EDF, gestion des prêts immobiliers dans une banque, gestion des wagons pour la SNCF…

 

B I S et Cloud Public

Le Cloud Public est aujourd’hui la seule réponse pérenne pour construire un Système d’Information en s’appuyant sur le modèle B I S.

I : infrastructures. Les entreprises basculent leurs usages sur les solutions IaaS, Infrastructures as a Service, des grands acteurs mondiaux : AWS d’Amazon, Google GCP ou Microsoft Azure.

S : Usages Support. Pour 99 % des usages support il existe des solutions SaaS, Software as a Service. Des dizaines de milliers de solutions SaaS sont disponibles pour les usages support.

B : Business. L’offre de solutions SaaS verticales, spécialisées pour un métier, s’enrichit tous les jours. Quand les entreprises souhaitent créer de la compétitivité ou se différencier de leurs concurrents, elles construisent des applications sur mesure en utilisant les outils PaaS, Plateforme as a Service, disponibles dans le Cloud Public.

 BIS Cloud Public - Infra  Soutien  Métiers

Comme le démontre ce graphique, les clouds publics peuvent accueillir tous les composants d’un Système d’Information, organisé autour du modèle B I S.

 

Le modèle B I S D

En relisant mon billet de 2015 qui présentait le modèle B I S, j’ai noté avec intérêt que l’un des premiers commentaires posait déjà la question… des données. 

Commentaire Données sur blog B I SAvec un peu de retard, j’y répond, aujourd’hui !

Les trois composants du modèle B I S initial ne changent pas et leurs rôles restent identiques.

La composante D, Données, s’intercale entre les infrastructures et les usages.

Nouveau modèle BISD - Infra  Soutien  Métiers -Data

L’objectif prioritaire est de donner leur indépendance aux données. Les données sont créées et utilisées par les applications, S et B, hébergées et gérées par les infrastructures, I. Les données n’appartiennent plus aux infrastructures ou aux usages, elles doivent avoir leur vie propre.

Donner leur indépendance aux données aura des impacts majeurs sur les choix d’architecture d’un Système d’Information ; ils sont présentés dans les prochains paragraphes.

 

Différentes familles de données, différents outils logiciels

AdS DPC SQL S 138586261Poser la question suivante à un informaticien : quels sont les outils à utiliser pour gérer des données. Dans la majorité des cas la réponse sera : une base de données SQL.

Oracle, SQL Server, MySQL et quelques autres seront les solutions les plus souvent citées.

Depuis plus de 30 ans, ces outils ont été utilisés dans les entreprises pour gérer des données structurées, et ils répondent très bien à cette demande.

Aujourd’hui, cette réponse n’est plus satisfaisante :

  • La nature des données utilisées est devenue très variée.
  • De nombreuses familles de données sont peu structurées.
  • Utiliser un seul outil pour des familles de données différentes devient une aberration.

AdS DPC Marteau et vis S 102413693“Pour un marteau, tout devient un clou” : cette expression correspond très bien au réflexe de beaucoup de professionnels de la gestion des données. Je maîtrise très bien les bases de données SQL, je vais les utiliser pour toutes les familles de données.

Une fois de plus, privilégier l’unicité des solutions pour “simplifier la vie” des informaticiens est une très mauvaise idée.

Les entreprises auront de plus en plus besoin de gérer des données de natures très différentes. 

Six familles techniques de données

Sans prétendre à l’exhaustivité, j’ai identifié six familles principales de données :

  • Données numériques structurées : financières,  commerciales, RH...
  • Documents bureautiques : textes, tableaux, présentations…
  • Données multimédia : photos, images, vidéos, sons…
  • Séries temporelles : financières, techniques…
  • Données géographiques : plans, cartes, représentations de réseaux de distribution…
  • Données modèles 3D : ingénierie, aviation...

En 2019, la bonne démarche consiste à proposer un outil logiciel différent pour chacune de ces familles de données. Ce seront, bien sur, toutes des solutions dans les clouds publics !

Chaque entreprise devra sélectionner un ensemble de solutions de gestion de données qui répond le mieux possible à leurs besoins. Une banque n’aura pas besoin de choisir un outil de gestion de modèles 3D si elle n’en a pas l’usage.

Dans certains domaines, les offres sont bien connues et pérennes. C’est le cas des données structurées, des modèles 3D ou des documents bureautiques.

C’est plus difficile dans des domaines comme les données géographiques, temporelles ou multimédia. Les offres qui dominent aujourd’hui le marché ont été construites sur des architectures anciennes, le plus souvent client/serveur. Les solutions “natives cloud” sont peu nombreuses et, souvent, moins abouties. C’est particulièrement vrai pour la gestion des actifs multimédia : la grande majorité des solutions existantes DAM, Digital Asset Management, sont en fin de vie.

 

Double vision des données, infrastructures et usages

N’essayez pas d’expliquer aux collaborateurs de votre entreprise les avantages d’une démarche multi-solutions logicielles pour gérer les données de leur entreprise ; ce n’est pas leur préoccupation principale ! Comme pour tous les choix d’infrastructures, il faut accepter d’être “invisible” et que les métiers ne souhaitent qu’une chose, que les contraintes “techniques” n’interfèrent pas avec leurs usages.

Les métiers ont une vision… métier des données : ils souhaitent parler de clients, de salariés, de produits ou d’objets industriels.

Vision métiers des données

Je vous propose un exemple simple pour illustrer cette double vision, technique et métiers, dans les ressources humaines. Le responsable RH de l’entreprise souhaite “tout savoir” sur Louis Naugès :

  • Sa date d’entrée dans l’entreprise et son salaire : ces données seront dans des bases structurées SQL.
  • Une photo récente : elle est dans la base multimédia.
  • Le support qu’il a utilisé pour la présentation de l’entreprise aux nouveaux embauchés ; il est dans la base des documents bureautiques.

Répondre de manière transparente à cette requête est tout sauf simple, mais les équipes d’infrastructures données devront être capables de le faire.

 

Un lien entre ces deux visions : le catalogue de données

Etre capable de trouver et accéder les données dont on a besoin, à un instant donné, pour un usage donné spécifique, en toute transparence et sans avoir à connaître les moyens techniques utilisés pour les gérer, c’est un défi majeur auquel toutes les entreprises vont se confronter dans les années qui viennent.

La démarche que je propose est de créer un catalogue de données de nouvelle génération, capable d’établir un pont transparent entre la vision métiers et la vision technique des données.

Deux visions données + Catalogue données

Ce sera tout sauf simple : le client principal de ce catalogue de données est un collaborateur de l’entreprise, sans compétences particulières en informatique, qui souhaite :

  • Savoir quelles sont les données disponibles qui pourraient l’intéresser.
  • Y accéder facilement.
  • Les visualiser, rapidement, dans son navigateur favori.

Metadata, Intelligence Artificielle, souplesse, ergonomie orienté en priorité vers les clients internes et externes du SI, tout reste à inventer aujourd’hui pour créer ces nouveaux outils de gestion de catalogues de données.

Je n’ai pas encore trouvé de solutions SaaS catalogue de données qui répondent bien à ces besoins. Dans une première étape, les entreprises qui souhaitent les mettre en œuvre devront s’appuyer sur des équipes de développement internes pour les construire.

Je prédis un succès exceptionnel au premier éditeur de logiciels capable de proposer un outil SaaS universel pour créer un catalogue de données.

 

Responsable les données : un métier d’avenir

Ads DPC Data Management & people S 104880742Difficile d’utiliser CDO, Chief Data Officer, pour définir ce métier ; ces initiales évoquent le métier de Chief Digital Officer. Il faudra trouver un autre acronyme !

DMO, Data Management Officer pourrait être une option, similaire à PMO, pour la gestion des projets.

N’hésitez pas à me proposer d’autres options.

Bien au delà des fonctions actuelles d’administrateur de bases de donnés, ce nouveau métier demande des doubles compétences, techniques et métiers.

DMO half man half womanComprendre et maîtriser toute la richesse et la variété des données d’une entreprise, gérer ce capital donnée dans la durée, le faire vivre et évoluer en permanence, assurer une veille technologique pour profiter des innovations majeures qui vont arriver dans ces domaines… ce nouveau métier a des potentiels majeurs.

Aux premières personnes qui vont participer à la création de ce poste, capables d’en comprendre les défis et les potentiels, je prédis un avenir professionnel radieux !

 

Résumé

Ads DPC Data Vision S 116698217Le capital données est aujourd’hui un actif essentiel de toutes les entreprises. Elles doivent en reprendre le contrôle et gérer leurs données de manière aussi indépendante que possible des infrastructures, des applications et des fournisseurs.

En ajoutant la dimension D au modèle B I S initial, le modèle B I S D a pour ambition d’aider les entreprises à être encore plus performantes dans leur Transformation Numérique.

Je reprends la célèbre devise des mousquetaires en l’adaptant au monde des données de l’entreprise :

La donnée au service de tous, tous au service de la donnée 

Dans une prochaine série de billets, je reviendrai sur ces thèmes de l’indépendance et du contrôle de leur destin numérique par les entreprises.